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Archives départementales du Cher
La Seconde Guerre mondiale
dans le Cher
Fonds de la sous-préfecture
de Saint-Amand-Montrond
(1940-1945)
Versement 5 W
Répertoire numérique détaillé
établi par Didier Arnold
sous la direction de Claude Jeay,
conservateur du patrimoine,
directeur des Archives départementales
Bourges
Conseil général du Cher
2008
(version mise à jour octobre 2016)
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Couverture : conception Didier Arnold – réalisation : Alain Quisfix
Photographies : A. D. du Cher, François Lauginie
Ouvrage publié avec le visa de la Direction des archives de France
(ministère de la Culture et de la Communication)
en date du 10 octobre 2007
© Archives départementales du Cher, 2008
ISBN :
3
AVANT-PROPOS
La publication en 2004 du répertoire du fonds du Cabinet du préfet du Cher (1 W, 1940-1945) marquait le début
d’une ambitieuse opération de classement portant sur l’ensemble des archives administratives de la Seconde
Guerre mondiale. Le répertoire numérique détaillé du fonds de la sous-préfecture de Saint-Amand-Montrond
pour cette même période (5 W) s’inscrit ainsi directement dans le sillage du précédent, avec lequel il partage la
volonté de mettre à disposition du public les archives de cette période si difficile et troublée.
Les archives de la sous-préfecture de Saint-Amand sont particulièrement intéressantes en ceci qu’elles montrent
l’importance acquise de fait par l’arrondissement, consécutivement à la mise en place de la ligne de démarcation.
Le sous-préfet se voit ainsi confier des attributions qui relèvent d’ordinaire d’un préfet de département,
notamment dans les domaines de police administrative, de surveillance de l’opinion publique et de maintien de
l’ordre. En dépit de certaines lacunes, l’ensemble documentaire porté aujourd’hui à la connaissance du public
s’en fait largement l’écho.
Les archives de la sous-préfecture ont été versées aux Archives départementales au gré de plusieurs opérations
successives, parfois parmi des archives de la préfecture proprement dite. Il convenait dès lors de reconstituer
l’ensemble documentaire originel, dans le strict respect du principe de provenance, et de le structurer avec le
souci de s’approcher au plus près du fonctionnement de cette administration tout en facilitant l’accès au fonds en
déclinant, dans une large mesure, le plan de classement adopté pour le fonds du Cabinet du préfet.
Le traitement des archives de la préfecture se poursuit dès à présent par le classement des documents émanant des
différentes divisions de la préfecture, qui s’étendra sur plusieurs années. C’est ainsi qu’il appartient aux Archives
départementales de contribuer au travail de mémoire en substituant à des bordereaux de versement trop souvent
erronés ou elliptiques des instruments de recherche qui se veulent à la fois clairs et descriptifs.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Didier Arnold qui a traité ce fonds et rédigé le présent répertoire dans
son entier.
Claude JEAY
Directeur des Archives départementales du Cher
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INTRODUCTION
L'arrondissement de Saint-Amand dans la guerre
L'armistice et la création de l'État Français
Après la désastreuse campagne de mai-juin 1940, l'armistice, signé le 22 juin, entre en vigueur le 25 juin. C'est un
coup de tonnerre pour la France et ses alliés. Le pays, encore tout auréode sa victoire dans le premier conflit
mondial, a été mis à genou en un mois par une Allemagne nazie conquérante. Une « étrange défaite » qui
alimente, aujourd'hui encore, bien des flexions et suscite nombre d'ouvrages tant elle a profondément marqué
l'imaginaire collectif.
Le 10 juillet, c'est la fin de la Troisième République et l'avènement de l'État Français. Chef de l'État et chef du
gouvernement, le Maréchal Pétain détient désormais tous les pouvoirs : constituant, gislatif et exécutif. Et il
interviendra sans états d'âme dans le judiciaire.
De 1940 à 1945, le gouvernement s'engage alors dans une politique collaborationniste, symbolisée par la poignée
de main de Montoire (24 octobre 1940). Il va même parfois au-delà des demandes de l'occupant, comme dans le
cas des juifs qui font l'objet de lois raciales spécifiques, organisant leur déchéance progressive au sein de la
communauté nationale, puis leur déportation.
Pour mener à bien la Révolution Nationale, Vichy s'appuie avant tout sur l'administration qui met en application,
avec plus ou moins de zèle selon les personnes, les mesures édictées par l'État Français. Les préfets et sous-
préfets jugés peu fiables politiquement sont remplacés. La chasse aux communistes, déjà entamée par la
Troisième République pour cause de pacte germano-soviétique, continue de plus belle.
Pour soutenir la Révolution Nationale, le Maréchal compte aussi s'appuyer sur les anciens combattants. Toutes
les associations existantes sont dissoutes, et par la loi du 29 août 1940 il crée la Légion française des
combattants. Cette organisation comprend un Service d'Ordre Légionnaire, organe de sécurité qui devient Milice
française par la loi du 30 janvier 1943.
Par ailleurs, une politique très volontariste en faveur de la famille, d'importantes mesures sociales et une
réglementation très stricte dans tous les secteurs d'activité (commerce et industrie, travail, ravitaillement,
éducation, jeunesse et sport…) vont aussi caractériser cette période.
Dans le département du Cher, l'arrondissement de Saint-Amand a été épargné par la guerre. Un rapport des ponts
et chaussées du 17 juillet 1940 confirme qu'aucune destruction n'est à déplorer, contrairement à la zone occupée
certaines localités ont été bombardées par la Luftwaffe. Par contre, on dénombre de nombreux prisonniers. Le
gouvernement de Vichy effectue auprès des mairies, en 1941, un recensement professionnel général des
prisonniers. Cette étude initiée par le commissariat à la lutte contre le chômage, porte aussi sur les disparus et les
tués. Elle doit permettre d'éviter que le retour des prisonniers n'aggrave le chômage en nombrant ceux qui
auraient pu retrouver immédiatement leur place dans l'économie nationale, et ceux qui risquaient de grossir le
nombre des demandeurs d'emploi. Pour la zone non occupée (ZNO) du Cher on dénombre 3856 prisonniers, 57
disparus et 109 décédés. A noter que le Secours National recense quant à lui 4534 prisonniers.
L'Occupation et la ligne de démarcation
La ville de Saint-Amand est brièvement occupée du 20 juin au 6 juillet 1940 par deux unités composées en
majorité de Badois et de Würtembergeois. Il n'y aura ensuite plus de troupes d'Occupation stationnées dans le
Cher sud, même après l'Occupation de la zone libre. La Gestapo de Bourges et la Milice locale feront régner
l'ordre allemand.
Par ailleurs, la ligne de démarcation a pour conséquence d'agrandir considérablement le champ de compétence
géographique et administratif de la sous-préfecture. Avant guerre, l'arrondissement compte onze cantons
regroupant 116 communes pour un total de 85 946 habitants (dénombrement de 1936). Le tracé de la ligne de
démarcation va sensiblement modifier cela. Certaines communes se retrouvent en effet situées en zone occupée,
principalement dans les cantons de Nérondes et de La Guerche-sur-l'Aubois. Elles sont alors administrativement
rattachées à la préfecture de Bourges. A contrario, tout ou partie de certains cantons sont désormais situés en
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zone non occupée, et la sous-préfecture de Saint-Amand administre alors 156 communes ainsi que le quartier de
Vierzon-Bourgneuf. La population est quant à elle de 105 509 habitants (chiffre obtenu d'après le nombre de
cartes d'alimentation distribuées, février 1943).
Cette ligne est une véritable frontière les passages sont strictement réglementés. Cette entrave à la libre
circulation des marchandises n'est pas sans conséquence pour la zone occupée du Cher qui se voit privée des
ressources alimentaires (agriculture et élevage) de la zone sud du département.
Résistance et Libération
Dans la zone non occupée du Cher, plusieurs mouvements de Résistance ont été créés : Libération-Sud, FTP,
Combat et bien d'autres. Par ailleurs, la zone d'opération du Premier Bataillon du groupe Indre-Est des Forces
Françaises de l'Intérieur s'étend jusqu'au sud-ouest du département du Cher.
Le 6 juin 1944, la ville de Saint-Amand est libérée par les maquisards. Des miliciens sont exécutés, d'autres faits
prisonniers, et avec eux Simone Bout de l'An, épouse du secrétaire général de la Milice. Cette action prématurée
entraîne dès le 8 juin une réaction allemande sanglante : civils abattus, résistants fusillés, bâtiments détruits. Une
cinquantaine d’otages sont emmenés à Vichy par la Milice, qui serviront à négocier la libération de la chère
épouse. Les miliciens toujours prisonniers seront quant à eux pendus le 24 juillet par les résistants.
Dans la nuit du 21 au 22 juillet a lieu l'arrestation de 67 juifs de Saint-Amand. Conduits à la prison du Bordiot, à
Bourges, plus d'une trentaine seront ensuite exécutés aux puits de Guerry. Cette rafle a pu être effectuée en
représailles de la libération de Saint-Amand ou en réaction à l’assassinat de Philippe Henriot, ou pour ces deux
motifs à la fois. Quoiqu’il en soit, la cause première de cette action est sans nul doute l’antisémitisme virulent de
Joseph Lécussan.
Les mouvements de la Résistance vont cependant se distinguer plus particulièrement en jouant un rôle actif dans
la capitulation de la colonne Elster, après avoir harcelé sans répit les troupes allemandes en retraite. Le 10
septembre 1944, le général Elster signe à la sous-préfecture d'Issoudun une convention qui définit la capitulation
allemande, c'est-à-dire l'arrêt des combats et la reddition de ses vingt mille hommes. La reconnaissance de
l'action des maquis du Cher sud par le général allemand sera la signature le 11 septembre d'une deuxième
convention à Arçay, qui met en place les modalités de la retraite. La reddition « officielle » a finalement lieu le
16 septembre au pont de Beaugency, où Elster et ses troupes se rendent au général Macon de la 3
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Armée
américaine.
Un arrêté pris par le préfet du Cher le 4 octobre 1945 fixe la date de libération de l'arrondissement de Saint-
Amand au 13 septembre 1944. Pour la ville de Vierzon et les communes limitrophes, la date retenue est le 4
septembre 1944.
La sous-préfecture de Saint-Amand pendant l'Occupation
Rattachement territorial
La loi du 19 avril 1941 (complétée par celle du 20 mai 1941) institue les préfets régionaux pour la police et les
affaires économiques. Un décret daté du même jour rattache la zone non occupée du Cher à la région de
Clermont-Ferrand. Pourtant, la plupart des documents évoquent une correspondance avec la préfecture gionale
de Limoges et la préfecture de l'Indre. Ce n'est cependant que le 10 juin 1944 que l'arrondissement de Saint-
Amand est rattaché administrativement au département de l'Indre. Mais le chargé de mission nommé par Vichy,
Joseph Lécussan, ajourne cette décision par un arrêté du 22 juin 1944. Il s'attribue par cet arrêté les fonctions de
sous-préfet de Saint-Amand et de préfet pour la zone sud du Cher.
Compétences administratives
Vichy entame rapidement une modification des compétences administratives en renforçant les pouvoirs des
préfets et sous-préfets. La loi du 12 octobre 1940 suspend les conseils généraux et les commissions
départementales dont les pouvoirs sont exercés par le préfet. Les conseils d'arrondissement sont eux aussi
suspendus, et leurs attributions sont dévolues au sous-préfet. Une loi portant création du cadre des fonctionnaires
et agents des préfectures du 2 novembre 1940 transfère ces agents à l'administration centrale du ministère de
l'Intérieur. Par la dépêche du 10 juillet 1940 du ministre de l'Intérieur, le sous-préfet du Cher se voit en sus
investi de prérogatives normalement du ressort du préfet à cause de la ligne de démarcation. Le sous-préfet est
désormais en contact direct avec le gouvernement qui lui envoie textes officiels, demandes d'enquête et de
renseignements. Une note du 12 décembre 1940, probablement rédigée par le sous-préfet et reproduite
intégralement ci-après, expose de manière précise les changements qui sont intervenus.
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