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INTRODUCTION
L'arrondissement de Saint-Amand dans la guerre
L'armistice et la création de l'État Français
Après la désastreuse campagne de mai-juin 1940, l'armistice, signé le 22 juin, entre en vigueur le 25 juin. C'est un
coup de tonnerre pour la France et ses alliés. Le pays, encore tout auréolé de sa victoire dans le premier conflit
mondial, a été mis à genou en un mois par une Allemagne nazie conquérante. Une « étrange défaite » qui
alimente, aujourd'hui encore, bien des réflexions et suscite nombre d'ouvrages tant elle a profondément marqué
l'imaginaire collectif.
Le 10 juillet, c'est la fin de la Troisième République et l'avènement de l'État Français. Chef de l'État et chef du
gouvernement, le Maréchal Pétain détient désormais tous les pouvoirs : constituant, législatif et exécutif. Et il
interviendra sans états d'âme dans le judiciaire.
De 1940 à 1945, le gouvernement s'engage alors dans une politique collaborationniste, symbolisée par la poignée
de main de Montoire (24 octobre 1940). Il va même parfois au-delà des demandes de l'occupant, comme dans le
cas des juifs qui font l'objet de lois raciales spécifiques, organisant leur déchéance progressive au sein de la
communauté nationale, puis leur déportation.
Pour mener à bien la Révolution Nationale, Vichy s'appuie avant tout sur l'administration qui met en application,
avec plus ou moins de zèle selon les personnes, les mesures édictées par l'État Français. Les préfets et sous-
préfets jugés peu fiables politiquement sont remplacés. La chasse aux communistes, déjà entamée par la
Troisième République pour cause de pacte germano-soviétique, continue de plus belle.
Pour soutenir la Révolution Nationale, le Maréchal compte aussi s'appuyer sur les anciens combattants. Toutes
les associations existantes sont dissoutes, et par la loi du 29 août 1940 il crée la Légion française des
combattants. Cette organisation comprend un Service d'Ordre Légionnaire, organe de sécurité qui devient Milice
française par la loi du 30 janvier 1943.
Par ailleurs, une politique très volontariste en faveur de la famille, d'importantes mesures sociales et une
réglementation très stricte dans tous les secteurs d'activité (commerce et industrie, travail, ravitaillement,
éducation, jeunesse et sport…) vont aussi caractériser cette période.
Dans le département du Cher, l'arrondissement de Saint-Amand a été épargné par la guerre. Un rapport des ponts
et chaussées du 17 juillet 1940 confirme qu'aucune destruction n'est à déplorer, contrairement à la zone occupée
où certaines localités ont été bombardées par la Luftwaffe. Par contre, on dénombre de nombreux prisonniers. Le
gouvernement de Vichy effectue auprès des mairies, en 1941, un recensement professionnel général des
prisonniers. Cette étude initiée par le commissariat à la lutte contre le chômage, porte aussi sur les disparus et les
tués. Elle doit permettre d'éviter que le retour des prisonniers n'aggrave le chômage en dénombrant ceux qui
auraient pu retrouver immédiatement leur place dans l'économie nationale, et ceux qui risquaient de grossir le
nombre des demandeurs d'emploi. Pour la zone non occupée (ZNO) du Cher on dénombre 3856 prisonniers, 57
disparus et 109 décédés. A noter que le Secours National recense quant à lui 4534 prisonniers.
L'Occupation et la ligne de démarcation
La ville de Saint-Amand est brièvement occupée du 20 juin au 6 juillet 1940 par deux unités composées en
majorité de Badois et de Würtembergeois. Il n'y aura ensuite plus de troupes d'Occupation stationnées dans le
Cher sud, même après l'Occupation de la zone libre. La Gestapo de Bourges et la Milice locale feront régner
l'ordre allemand.
Par ailleurs, la ligne de démarcation a pour conséquence d'agrandir considérablement le champ de compétence
géographique et administratif de la sous-préfecture. Avant guerre, l'arrondissement compte onze cantons
regroupant 116 communes pour un total de 85 946 habitants (dénombrement de 1936). Le tracé de la ligne de
démarcation va sensiblement modifier cela. Certaines communes se retrouvent en effet situées en zone occupée,
principalement dans les cantons de Nérondes et de La Guerche-sur-l'Aubois. Elles sont alors administrativement
rattachées à la préfecture de Bourges. A contrario, tout ou partie de certains cantons sont désormais situés en