Cours CQ4 – J. Joubert – PC* – Lycée J. B. Corot, Savigny-sur-Orge CQ4 – Réactivité des complexes de métaux de transition 1. Complexes 1.1. Définitions 1.2. Métaux et ligands 1.3. Nomenclature 1.4. Géométrie 1.5. Utilisation 2. Structure électronique des complexes octaédriques 2.1. Ligands σ-donneurs 2.2. Levée de dégénérescence 2.3. Effets π 2.4. Un peu de spectroscopie 3. Activation des ligands 3.1. Alcènes 3.2. Carbonyle 3.3. Réactions d'insertion et élimination 3.4. Addition oxydante et élimination réductrice 4. Catalyse organométallique 4.1. Catalyseurs et précurseurs 4.2. Hydrogénation 4.3. Hydroformylation 4.4. Métathèse des alcènes 4.5. Notion de chimie bio-inorganique Cours CQ4 – J. Joubert – PC* – Lycée J. B. Corot, Savigny-sur-Orge 1. Complexes 1.1 Définitions Un complexe est un édifice polyatomique regroupant autour d'un ou plusieurs atomes métalliques des sous-structures appelées ligands, liées au métal par au moins une liaison chimique dont la rupture nécessite un apport énergétique de l'ordre d'une centaine de kJ.mol−1. Les liaisons métal-ligand sont appelées liaisons de coordination (parfois liaisons datives). 1.2 Métaux et ligands La liaison métal-ligand est une interaction de type acide-base au sens de Lewis : le métal est un acide de Lewis et le ligand doit posséder un doublet électronique non liant (base de Lewis) à partager avec le métal. Exemples de ligands : ions halogénures, eau, ammoniac Certains ligands ont plusieurs doublets non liants à partager avec le métal. On parle de ligands polydentates. COO- N H2N NH2 -OOC COON -OOC éthylènediammine (bidentate) edta (hexadentate) Une liaison π, parce qu'elle est moins localisée entre deux atomes qu'une liaison σ, peut être mise en jeu dans une liaison métal-ligand (la densité se répartit de part et d'autre du plan nodal). Les alcènes ou les composés aromatiques sont des ligands potentiels. Ethylène (système π) Anion cyclopentadiényle (système π) OM π de l’éthylène et de l’anion cyclopentadiényle Cours CQ4 – J. Joubert – PC* – Lycée J. B. Corot, Savigny-sur-Orge Ce chapitre se focalisera sur les complexes de métaux de transition. Les liaisons que forment ces métaux sont fortement conditionnées par les orbitales de type d. On rappelle leur forme : z y x dyz dxz orbitale 3dxy orbitale 3dz² dxy orbitale 3dyz dx²-y² dz² orbitale 3dxz orbitale 3dx²-y² Orbitales 3d : surfaces iso-densité (calcul Jimp2) 1.3 Nomenclature 1.3.1 La formule On commence par écrire le métal central (les métaux s'il s'agit d'un composé polymétallique) avec son degré d'oxydation en chiffres romains en exposant à droite du symbole (cette information est facultative). Viennent ensuite les ligands en commençant par les espèces anioniques, citées par ordre alphabétique du premier symbole de leur formule, avec leur multiplicité, sans indiquer leur charge. On note ensuite les ligands neutres par ordre alphabétique avec leur multiplicité et enfin les ligands cationiques (rares) de même. Les ligands polyatomiques sont placés entre parenthèses. L'ensemble de la formule est encadré par des crochets après lesquels on indique la charge totale de l'édifice en exposant. Il est possible de préciser les contre-ions du complexe. Si le complexe est chargé positivement, ceuxci sont notés après le complexe. Si le complexe est chargé négativement, ils sont notés avant. Ils sont toujours placés hors des crochets. La formule ainsi écrite ne fera plus apparaître de charge. Exemples [Co(NH3)6]3+, [Co(NH3)6]Cl3, [CoCl(NH3)5)]2+, K2[PtCl4], [Mn2(CO)10] Cours CQ4 – J. Joubert – PC* – Lycée J. B. Corot, Savigny-sur-Orge 1.3.2 Le nom Les ligands arrivent d’abord, par ordre alphabétique, quelle que soit leur charge. Leur multiplicité est précisée par un préfixe qui n’intervient pas dans la détermination de l’ordre alphabétique. Vient ensuite le nom du centre métallique. Si le complexe est anionique, on ajoutera le suffixe –ate au nom du métal. Le degré d’oxydation du métal est ensuite ajouté en chiffres romains entre parenthèses, sans espace entre le nom et la parenthèse. Aucun espace, aucun tiret n’est requis dans l’écriture du nom Exemples Les noms des complexes dont les formules sont données plus haut sont donc, dans l’ordre : ion hexaamminecobalt(III) chlorure de hexaaamminecobalt(III) ion pentaamminechlorocobalt(III) tétrachloroplatinate(II) de potassium décacarbonyledimanganèse(0) Dans certains cas, le préfixe indiquant la multiplicité d’un ligand peut être ambigu comme dans le cas de deux ligands méthylamine : on utilisera l’appellation bis(méthylamine) et pas diméthylamine. Dans le cas de l’utilisation des préfixes bis-, tris-, tétrakis-, pentakis-, etc… on écrit le nom du ligand entre parenthèses. Quelques ligands usuels H2O aqua CO NH3 ammine CO32- - carbonyl - carbonato H hydruro HO hydroxo F- fluoro CH3CO2- acétato Cl- chloro C2O42- oxalato Br - - bromo SCN thiocyanato I- iodo CN- cyano O2- oxo Cp− cyclopentadiényl 1.4 Géométrie Les complexes hexacoordinés adoptent le plus souvent une géométrie octaédrique avec le métal au centre de l'ocatèdre (cf. AX6 dans le modèle VSEPR) Les complexes tétracoordinés adoptent une géométrie tétraédrique (AX4) ou plan-carré dérivée de l'octaèdre (surtout les métaux de transition) Remarque : la coordinence d'un métal au sein d'un complexe est déterminée par le nombre d'atomes (ou groupe d'atomes voisins) de ligands qui lui sont liés. 1.5 Utilisation des complexes • • • • Dosage (chimie analytique) Extraction de métaux Matériaux magnétiques Catalyse homogène Cours CQ4 – J. Joubert – PC* – Lycée J. B. Corot, Savigny-sur-Orge Forme de la HOMO de NH3 (E = −13,48 eV ; calculs Jimp2) : Représentation schématique des OM de symétrie adaptée pour le fragment L6 : 5 2 4 3 1 6 ϕ1 = 1 6 (σ 1 + σ 2 + σ 3 + σ 4 + σ 5 + σ 6 ) ϕ4 = 1 2 (σ 1 − σ 2 ) ϕ2 = 1 2 3 (2σ 5 + 2σ 6 − σ 1 − σ 2 − σ 3 − σ 4 ) ϕ5 = 1 2 ϕ3 = (σ 3 − σ 4 ) ψ1 ψ5 ψ2 (σ 1 + σ 2 − σ 3 − σ 4 ) ϕ6 = Orbitales frontalières (bloc d) du complexe Ni(NH3)62+ (calcul Jimp2) : ψ4 1 2 ψ3 1 2 (σ 5 − σ 6 ) Cours CQ4 – J. Joubert – PC* – Lycée J. B. Corot, Savigny-sur-Orge Orbitales moléculaires de quelques ligands et complexes (calculs Jimp2) : H2O : HOMO (−14,23 eV) HOMO−1 (−17,14 eV) CO : LUMO (0,48 eV, 2 OM dégénérées) HOMO (−12,76 eV) LUMO de Fe(CO)5 : Cours CQ4 – J. Joubert – PC* – Lycée J. B. Corot, Savigny-sur-Orge Hydrogénation catalytique de l'éthène par le catalyseur de Wilkinson-Osborn en absence de solvant coordinant : (Source : Chimie Organométallique, D. Astruc, EDP Sciences 2000) Procédé OXO (cycle modélisé : PPh3 remplacé par PH3 pour l'étude théorique) : Decker, S. A; Cunderni, T. R. Organometallics 20 (2001) pp. 2827-2841 Cours CQ4 – J. Joubert – PC* – Lycée J. B. Corot, Savigny-sur-Orge Quelques molécules d'intérêt biologique : (source SCF) Cytochrome P450 (catalyseur de la réaction d'oxydation des liaisons C−H en C−O−H) (image Wikipedia) Structuration de sous-parties protéiques par un "doigt de zinc" (image wikipedia)