CURRICULUM Forum Med Suisse No5 29 janvier 2003 106
thyroïdiens. Une scintigraphie peut aider à
éclaircir le diagnostic dans ces cas rares.
Autonomie fonctionnelle
Une autonomie unifocale plus rare (adénome
toxique) est caractérisée par un nodule isolé de
cellules autonomes tandis que le reste du tissu
thyroïdien fonctionne normalement, c’est-à-
dire sous contrôle de la TSH. L’autonomie mul-
tifocale plus fréquente est caractérisée par plu-
sieurs foyers autonomes qui peuvent, dans la
forme extrême de forme disséminée, aller jus-
qu’à englober toute la thyroïde. Une mutation
activant le récepteur TSH est souvent à l’origine
de l’autonomie [5]. La forme clinique va du no-
dule solitaire (adénome toxique) jusqu’au goitre
nodulaire (toxique). L’autonomie fonctionnelle
devient particulièrement fréquente avec l’âge et
est responsable de 70–80% des hyperthyroïdies
dans cette classe d’âge.
Si l’on découvre un goitre uni/multinodulaire
chez le patient hyperthyroïdien vieillissant, on
peut, en l’absence d’anticorps antithyroïdiens,
conclure avec une grande probabilité à une au-
tonomie fonctionnelle. Une ultrasonographie
avec ponction à l’aiguille fine (du plus grand no-
dule thyroïdien) est utile dans ce cas, un cancer
thyroïdien pouvant en plus exceptionnellement
se développer dans un adénome autonome [6].
Thyroïdites
Les thyroïdites comme la thyroïdite subaiguë de
Quervain et la thyroïdite lymphocytaire chro-
nique d’Hashimoto peuvent dans un stade ini-
tial – par la destruction du parenchyme thyroï-
dien et la libération d’hormones thyroïdiennes
préformées – provoquer une hyperthyroïdie. Il
s’agit presque toujours d’un état d’hyperthy-
roïdie transitoire (autolimitée).
Le diagnostic d’une thyroïdite de Quervain est
simple lors de présentation classique (douleur
au niveau de la thyroïde irradiant dans la
mâchoire, sentiment de malaise général, tem-
pératures fébriles ou subfébriles, vitesse de
sédimentation accélérée). La distinction d’une
thyroïdite d’Hashimoto (initialement en hyper-
thyroïdie) avec une maladie de Basedow peut
occasionnellement être difficile (tab. 6). L’évo-
lution permet le diagnostic, la phase d’hyper-
thyroïdie d’une thyroïdite d’Hashimoto ne du-
rant que rarement plus de 4 à 6 semaines.
Hyperthyroïdies induites par l’iode
L’apport d’iode à haute dose peut déclencher
une hyperthyroïdie lors de maladie thyroï-
dienne préexistante (goitre nodulaire, maladie
de Basedow euthyroïdienne, status après thy-
roïdites entre autres exemples). Plus rarement,
une hyperthyroïdie à l’iode peut également être
induite en l’absence de maladie thyroïdienne
décelable [7]. Les facteurs déclenchant pos-
sibles sont les médicaments contenant de l’iode
(amiodarone), les produits désinfectants et les
produits de contraste radiologiques. En cas de
doute anamnestique, une mesure de l’excrétion
urinaire d’iode (dans les urines de 24 heures)
permet d’estimer la surcharge en iode.
Hyperthyroïdies rares
Si les investigations d’une hyperthyroïdie don-
nent des résultats apparemment contradic-
toires (comme par ex. des valeurs de TSH nor-
males chez un patient cliniquement hyperthy-
roïdien), ou si les investigations ne permettent
pas de classifier l’étiologie d’une hyperthyroï-
die, il faut songer à l’éventualité d’une forme
d’hyperthyroïdie rare (tableau 5) et faire appel
à un spécialiste.
Traitement
Une hyperthyroïdie manifeste est fondamen-
talement une indication à traiter. Les seules
exceptions sont les hyperthyroïdies peu symp-
tomatiques et autolimitées dans le cadre de
thyroïdites, qui peuvent être traitées sympto-
matiquement sans faire appel à une thérapie
thyréostatique.
Maladie de Basedow
L’hyperthyroïdie de la maladie de Basedow est
habituellement traitée en Europe – contraire-
ment aux Etats-Unis – primairement par des
thyréostatiques. On utilise des thionamides tels
que Carbimazol, Methimazol ou Propylthioura-
cil (ils sont considérés équivalents dans la pra-
tique clinique – le dernier médicament nommé
n’est pas disponible sur le marché suisse) qui
inhibent la synthèse des hormones thyroï-
diennes. Ils semblent posséder en plus des
propriétés immunosuppressives ou du moins
immunomodulatrices, expliquant la diminution
du taux d’anticorps antirécepteurs TSH (TRAK)
fréquemment observée sous thérapie thyréos-
tatique.
Les thyréostatiques sont initialement dosés à
hautes doses (Carbimazol 30–45 mg par jour,
Propylthiouracil 300–450 mg par jour); après
une première réduction après deux semaines,
le dosage est successivement adapté toutes les
4–6 semaines jusqu’à la normalisation des pa-
ramètres thyroïdiens. Un état euthyroïdien est
atteint dans le cas idéal après environ 3 mois,
et il est suivi par traitement d’entretien avec la
plus faible dose possible (5–10 mg Carbimazol
ou 50–100 mg Propylthiouracil par jour). Ce
traitement d’entretien est poursuivi au moins
durant 9 mois, la durée complète du traitement
allant donc de 12 à 18 mois.
Les récidives d’hyperthyroïdies surviennent le
plus souvent dans les 3–6 premiers mois après
la fin du traitement thyréostatique. Un nouveau
traitement médicamenteux est en principe pos-