L’ÉMERGENCE DE LA CHINE 5
Introduction
Il faut faire le pari de la Chine, car c’est là-bas que vont se décider le sort
de la croissance et l’avenir de la mondialisation. Tel est l’un des messages
forts du rapport qui suit.
Du côté des défis, il faut les envisager aux différents niveaux. D’abord,
la Chine elle-même va devoir poursuivre sa réforme agraire, lever certains
obstacles à la mobilité intérieure, réduire le rôle dominant des entreprises
d’État et développer l’État de droit. Elle pose aussi des défis aux autres
zones, tout spécialement les pays les plus avancés, grâce à la rapidité de son
rattrapage technologique et aux efforts consentis en faveur de l’éducation
et de la recherche.
Aujourd’hui, la Chine est déjà sur la « frontière technologique » pour
un certain nombre d’activités (lanceurs de satellites, matériel de télécoms,
train à grande vitesse, puis bientôt aéronautique, nucléaire…), et le rythme
de la mise à niveau a été, en règle générale, sous-estimé. L’innovation n’est
pas que technologique ; elle concerne aussi, de la part de la Chine, la mon-
tée en gamme vers des produits à plus forte valeur ajoutée.
Au confluent des défis et des opportunités se trouve la nouvelle straté-
gie de croissance de la Chine, affirmée depuis plusieurs années et dont on
voit les premiers fruits, visant à passer d’un modèle reposant sur l’essor des
exportations à un modèle fondé sur la solidité de la demande intérieure (en
particulier de la consommation des ménages). Une telle transition passe par
l’augmentation des salaires et par le développement de la protection so-
ciale. Si les ménages chinois épargnent entre 40 et 50 % de leur revenu
disponible, cela tient en grande partie à l’absence d’un système de sécurité
sociale digne de ce nom. Mettre en place un tel système prendra du temps,
mais soutiendra dans la durée la consommation, avec des ménages rassurés
par la création de filets de protection sociale (pour le risque de chômage, la
maladie, la retraite…). La quête d’une croissance plus équilibrée passe éga-
lement par la promotion des services et une moindre domination du secteur
industriel, l’essor des PME mais aussi la prise en compte des dégâts
environnementaux.
Personne n’aurait intérêt à ce que la croissance chinoise ralentisse trop
vite et trop fort, ni la Chine ni ses partenaires. Ce qui suggère que, dans le
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