
des pays producteurs à coûts élevés. Il en résulterait l’équivalent fonctionnel d’une hausse d’impôts 
pour les ménages américains de la classe moyenne, déjà éprouvés. 
En somme, il n’existe pas de remède bilatéral à un problème multilatéral. En 2015, les États-Unis 
enregistraient un déficit commercial auprès de 101 pays du monde – problématique multilatérale 
liée à une pénurie d’épargne, et qui ne saurait être résolue efficacement au moyen de « correctifs » 
appliqués pays par pays. Il ne s’agit pas d’affirmer que les partenaires commerciaux de l’Amérique 
devraient pouvoir se livrer librement à des pratiques déloyales. Il s’agit de souligner le peu d’espoir 
de résolution d’un problème semble-t-il chronique de déficits – ainsi que de l’érosion de 
l’embauche nationale, qui découle de ces déséquilibres – si les États-Unis ne se remettent pas à 
épargner. 
Le phénomène s’apprête malheureusement à s’accentuer. Au cours des prochaines années, il faut 
s’attendre à ce que les Trumponomics aggravent la pénurie d’épargne dont souffre l’Amérique. 
Comme l’indiquent les analyses publiées par le Tax Policy Center, la Tax Foundation, et Moody’s 
Analytics, les déficits budgétaires fédéraux, eu égard au programme économique de Trump, 
devraient renouer avec un niveau d’au moins 7 % du PIB pour les dix prochaines années. Peter 
Navarro et Wilbur Ross, hauts conseillers de Trump en matière de politique économique, ont fait 
valoir au mois de septembre dans une déclaration de principes que ces estimations étaient 
erronées, aux motifs qu’elles ne prendraient pas en compte les « retombées génératrices de 
croissance » liées aux réformes réglementaires et énergétiques, ni la dynamique favorable 
susceptible de découler d’une réduction significative du déficit commercial de l’Amérique. 
En effet, l’analyse formulée par Navarro et Ross attribue pas moins de 73 % des retombées 
favorables permises par les Trumponomics, en termes de croissance et de revenus, à une 
amélioration considérable de la balance commerciale globale au cours des dix prochaines années. 
Or, comme souligné précédemment, sauf augmentation miraculeuse de l’épargne nationale, ces 
prévisions sont extrêmement douteuses. La comptabilité créative, qui fonde depuis longtemps 
l’économie de l’offre, n’a jamais été aussi imaginative. 
Intervient ici l’une des plus flagrantes distorsions caractéristiques des Trumponomics. Durcir le ton 
en matière d’échanges commerciaux, alors même que l’épargne nationale est vouée à subir une 
pression croissante, ne revêt tout simplement aucune logique. Les estimations même les plus 
optimistes quant au déficit du budget fédéral indiquent que le taux d’épargne nette nationale, 
d’ores et déjà en berne, pourrait pénétrer à nouveau en territoire négatif au cours de la période 
2018-2019. Une telle évolution viendrait accentuer la pression sur les déficits commerciaux et de 
balance courante, rendant extrêmement difficile la possibilité d’inverser ce phénomène de perte 
d’emplois et de revenus que les dirigeants politiques, par un raccourci hasardeux, ne cessent de 
reprocher aux partenaires commerciaux de l’Amérique. 
Ironiquement, au cours d’une période prochaine d’épargne négative, les États-Unis vont se 
retrouver de plus en plus dépendants des surplus d’épargne présents l’étranger. Si l’administration 
Trump venait à cibler les grands prêteurs étrangers – et plus précisément la Chine – sa stratégie 
pourraient rapidement se retourner l’Amérique. À tout le moins, il faudrait alors s’attendre à un 
impact défavorable sur les modalités en vertu desquelles le pays emprunte à l’étranger, ce qui 
pourrait être synonyme de taux d’intérêt plus élevés – que plusieurs signaux évidents annoncent 
d’ores et déjà – et en fin de compte synonyme d’une pression baissière sur le dollar. Et bien 
entendu, le scénario du pire, celui de l’escalade d’une guerre commerciale mondiale, est également 
possible.