MARDI 6 SEPTEMBRE 2016 LE TEMPS
Les temps demeurent incertains pour la deu-
xième économie mondiale. Après plus de six
ans de ralentissement, il y a désormais des
signes de stabilisation de sa croissance. Les
dernières données économiques suggèrent que
le produit intérieur brut (PIB) se situe environ
à 6,7%, tout de même très près de l’objectif de
6,5%, fixé par le gouvernement chinois pour
2016. De plus, les données industrielles de ce
mois-ci montrent que la Chine connaît en ce
moment sa plus forte expansion économique
sur ces deux dernières années.
C’est évidemment une bonne nouvelle qui peut
potentiellement aider la Chine à sortir de cet
affaiblissement économique. En effet, il est de
notoriété publique que la Chine a une dee gigan-
tesque, en constante augmentation et qui pourrait
devenir un problème d’ordre mondial.
C’est durant sa période d’expansion ultrara-
pide au début des années 2000 que la Chine a
vu son endettement s’envoler. La croissance du
crédit a augmenté pendant cette période deux
fois plus vite que le produit intérieur brut pour
se trouver en 2015 à 282% de ce dernier. Bien
qu’il soit vrai qu’un ratio plus élevé de dette par
rapport au PIB nentraîne pas automatiquement
une instabilité financière, il est tout de même
important de signaler que les risques sont d’au-
tant plus grands que la Chine est en train de
changer son paradigme économique tout en
voyant la croissance de sa dette continuer à
gonfler.
Ce qui est inquiétant pour la plupart des ana-
lystes est la composition de la dette chinoise,
principalement de la dee commerciale. Le haut
pourcentage de dee relié aux entreprises locales
par rapport à la dee des ménages et du gouver-
nement ainsi que la structure du système ban-
caire chinois font que le risque de contagion nest
pas négligeable. Il faut dire que les emprunteurs
institutionnels composent la majeure partie des
engagements existants et pèsent aux alentours
de 150% du PIB.
Lavenir s’annonce difficile car la croissance
décélère, et ce même si l’objectif de croissance
pour 2017 se situe entre 6,5 et 7,2%. Malgré le
ralentissement, les banques de l’Etat chinois
continuent d’injecter du capital à faible coût afin
de soutenir un secteur industriel souffrant de
surcapacité. Ces structures créent de moins en
moins de valeur et sont très gourmandes en
capital.
Il est vrai que les dees commerciales peuvent
réduire le risque de devises étant donné que ces
réserves restent en Chine. Le désavantage est que
les entreprises domestiques n’ont souvent pas
d’autres options de financement pour continuer
à honorer leurs obligations. Au contraire, l’Etat
peut s’il le souhaite augmenter les taxes, aller sur
les marchés internationaux ou simplement impri-
mer de l’argent. Les institutionnels n’ont alors
que le choix d’accroître leur profit afin de rem-
bourser leurs dees.
La Chine connaît sa plus grande mutation éco-
nomique depuis sa révolution industrielle. Un
problème important est que beaucoup de sociétés
se retrouvent au centre de ce changement. Une
majorité de ces entreprises opère dans l’industrie
ou dans l’immobilier, où le besoin en capital est
très important. Ces entreprises de vraient donc
vivre le plus grand ralentissement de leur crois-
sance dans un futur proche.
La réalité est que la Chine entame une phase de
transition, s’éloignant d’une économie basée sur
l’industrie lourde pour devenir une économie
essentiellement basée sur la consommation/ser-
vice. Le besoin intensif en capital toujours très
important de ces entreprises les place dans des
situations de plus en plus risquées car la diminu-
tion de leur profit rend encore plus difficile le
remboursement de leurs obligations.
Selon Reuters, 14% de la dee chinoise ont été
souscrits par des sociétés dont le niveau de pro-
fit était en deçà de leur capacité de rembourse-
ment. Par conséquent, avec une croissance offi-
ciellement stagnante et des coûts fixes qui
peuvent difficilement être plus bas, les prêteurs
chinois sont quasiment forcés d’aider les emprun-
teurs. Par la même occasion, cela met de plus en
plus de banques chinoises sous la pression d’un
défaut.
n
Chine, la croissance
stagne et la dee
saccroît
La chronique des changes
YANN QUELENN
ANALYSTE MARCHÉ,
SWISSQUOTE
PROPOSÉ PAR
MARCHÉ DE ZURICH
Le SMI grignote
quelques points
La bourse suisse
a démarré la
première séance
de la semaine en
repli de 0,13% à
8283 points,
après avoir
terminé la
journée de
vendredi sur une
bonne
performance. Les
indications préalables étaient positives.
Aux Etats-Unis, Wall Street avait
progressé vendredi, malgré des chiffres
de l’emploi assez décevants. Les experts
s’accordent à penser que la Fed renoncera
à relever son taux directeur en septembre
déjà et même avant la fin de l’année. En
Asie, le Nikkei a gagné 0,7% à 17 037
points. Le SMI a clôturé en légère hausse
de 0,19% à 8310 points et le SPI de 0,25% à
9035 points. Aux bancaires, Credit
Suisse (+0,5% à 13,06 francs) a dévoilé
lundi la future composition du conseil
d’administration de sa banque
universelle. Lorgane de surveillance sera
supervisé par l’actuel président de SIX
Group, Alexandre Zeller. Ce dernier
quiera ses fonctions au sein de SIX d’ici
à fin septembre. Dans le même secteur,
UBS a cédé 0,55% à 14,34 francs et Julius
Baer 0,05% à 42,58 francs. Parmi les
poids lourds défensifs, Roche a grappillé
0,08% à 243,10 francs et Novartis 0,19% à
77,95 francs. Le géant alimentaire Nestlé
a grignoté 0,06% à 79,10 francs. Côté luxe,
le spécialiste en horlogerie, Swatch s’est
apprécié de 0,85% à 262,20 francs. Le
patron Nick Hayek a affirmé au Financial
Times que le vote en faveur du Brexit et
l’affaiblissement de la livre étaient
positifs pour les ventes de l’horloger au
Royaume-Uni. Richemont (+1,2% à
59,25 francs) a également figuré parmi les
gagnants. Les cycliques, Adecco (+0,9% à
57,10 francs) et Geberit (+0,7% à
430,10 francs) ont soutenu le SMI. ABB
(+0,14% à 21,83 francs) a nommé Guido
Jouret au poste de directeur Digital dans
le but de faire progresser sa stratégie
numérique. Enfin, SGS (–0,05% à
2206 francs) a finalisé le rachat du
taïwanais Compliance Certification
Services (CCSrf).
n
BCGE, SALLE DES MARCHÉS
BOURSE
59,3
59
58,7
58,4
LE TITRE VEDETTE
Source: Bloomberg
Richemont (en francs)
17h30
+1,20%
9h00
La super-banque, «une bonne idée
qui arrive trop tard»
SÉBASTIEN RUCHE
t @sebruche
Les banques suisses devraient
«converger» pour «partager des
économies d’échelle»: mi-août, le
patron d’UBS, Sergio Ermoi, a
relancé l’idée d’une super-
banque. Cee entité spécialisée,
à qui les banques suisses sous-trai-
teraient leurs tâches administra-
tives, permerait d’économiser
des coûts et de restaurer les
marges dans le secteur bancaire.
SIX, l’opérateur de la bourse
suisse, s’est profilé sur ce créneau
il y a quelques jours dans la presse
alémanique. Ce regain d’intérêt
pour une vieille solution se heurte
à un problème fondamental de
timing: ces cinq dernières années,
de nombreuses banques ont beau-
coup investi dans de nouveaux
systèmes, qu’elles auraient du mal
à abandonner rapidement.
Une super-banque remplirait
une sorte de service public à des-
tination des autres établisse-
ments de la place financière:
effectuer à leur place toutes les
opérations administratives qui ne
permeent pas d’offrir un service
différencié.
Des économies de 30%
Cette sous-traitance à grande
échelle des tâches plus ou moins
ingrates devrait permettre des
économies de l’ordre de 30%, esti-
mait récemment, sur le site
Finews.ch, le patron de SIX Swiss
Exchange, Urs Ruegsegger, qui
voyait l’opérateur de la bourse
suisse comme un candidat idéal
pour remplir ce rôle de super-
banque.
Ce genre d’économies serait
bienvenu pour les banques,
confrontées à des coûts en aug-
mentation et des revenus sous
pression. La plupart d’entre elles
ont déjà effectué les économies les
plus faciles à aeindre, expliquait
récemment au Temps Christian
Hintermann, associé de KPMG.
Pas toujours suffisant pour conti-
nuer à exister: 10% des banques
privées ont disparu du marché
suisse l’an dernier et un tiers est
en déclin, avançait récemment le
cabinet de conseil.
Au même titre que les acteurs
privés déjà présents sur ce cré-
neau comme Crédit Agricole ou
Avaloq, SIX Swiss Exchange
semble bien positionnée, car la
société fournit déjà des services
aux banques suisses (administra-
tion des titres, informations fis-
cales sur les produits, traitement
de l’impôt à la source sur les divi-
dendes et intérêts), et elle prévoit
d’élargir sa palee, notamment
dans l’identification des clients.
Cette stratégie a bien fonc-
tionné, estime Sergio Uldry, de
BRP Tax à Genève, car elle répon-
dait à un véritable besoin: «Le
concept de super-banque est une
excellente idée, car les banques
ont dû adapter leurs services aux
exigences réglementaires des
pays de résidence de leurs clients,
concernant le reporting fiscal, les
dépôts, les produits autori-
sés, etc.»
Or, cette nouvelle manière de
travailler coûte plus cher que l’ap-
proche One size fits all en vigueur
auparavant, qui se résumait à pro-
poser la même offre à tous les
clients, sans tenir compte de leur
fiscalité.
Détricoter plusieurs années
d’eorts
«Ce changement de paradigme
a rendu obsolètes certaines
infrastructures des banques, qui
ont souvent dû changer de sys-
tème d’exploitation ou adopter de
nouveaux outils de reporting fis-
cal, voire sous-traiter leur back
office», poursuit l’ancien respon-
sable du service fiscal de la
banque Bordier.
Sa conclusion: l’idée de la super-
banque arrive trop tard. «Avant
de devenir clientes d’une struc-
ture de ce type, les banques
devraient défaire le nouvel édifice
qu’elles ont créé ces dernières
années, au prix d’importants
investissements en temps et en
argent. Certaines sont même en
train d’installer des systèmes
d’aide à la décision basés sur des
moteurs de règles, pour faire face
à l’explosion de la complexité.»
Sergio Uldry relève également
que plusieurs groupes bancaires
ont bien tenté de fournir des ser-
vices de super-banque, avec un
succès très variable: «Certaines
ont arrêté pour des problèmes de
compétences, d’autres peinaient
à être rentables dans cee activité
ultra-complexe.»
n
BACK-OFFICE Le concept d’une
entité assurant les tâches admi
-
nistratives pour toutes les
banques suisses revient dans lac-
tualité. Mais beaucoup d’établis-
sements ont déjà trouvé leurs
propres solutions
Deux banques
privées d’Iran
vont s’implanter
en Allemagne
Deux banques
privées iraniennes
– Kavarmianeh
(Middle East Bank)
et Sina Bank –
vont ouvrir des
succursales en
Allemagne.
Elles veulent
développer les
échanges entre
leur pays et
l’Europe à la suite
de la levée des
sanctions
internationales,
a précisé le
vice-président
de la Banque
centrale iranienne
(BCI), Akbar
Komeijani, à
loccasion d’une
rencontre
dimanche avec la
ministre de
l’Economie de la
Bavière, Ilse
Aigner. AFP
MAIS ENCORE
Une super-banque pourrait eectuer toutes les opérations administratives
qui ne permettent pas d’orir un service diérencié. (FANATIC STUDIO)
Finance 19
C M Y K
OBLIGATIONS
Taux à 10 ans
6 juin 5 septembre
Etats-Unis 1,602%
Europe –0,048%
Suisse –0,463%
TAUX DE CHANGE
En francs
1,10
1,05
1,00
0,95
0,90
2
1
0
-1
-2
6 juin 5 septembre
Euro 1,0929
Dollar 0,9800
STOXX EUROPE 600 / CLÔTURE: 350,62
Performance sur 3 mois: +2,40%
345
335
325
315
305
6 juin 5 septembre
SMI / CLÔTURE: 8310,37
Performance sur 3 mois: +1,77%
8300
8100
7900
7700
7500
6 juin 5 septembre
S&P 500 / 18H00: 2179,98
Performance sur 3 mois: +3,47%
2180
2135
2090
2045
2000
6 juin 5 septembre
TOPIX (TOKYO) / CLÔTURE: 1343,85
Performance sur 3 mois: +0,86%
1360
1320
1280
1240
1200
6 juin 5 septembre
Source: Bloomberg
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