introduction à la philosophie de l`esprit

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Cours: Introduction à la philosophie de l’esprit, et lecture de textes
Université de Fribourg, semestre d’été 2003
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Vendredi : 13-17hrs
INTRODUCTION À LA PHILOSOPHIE DE L’ESPRIT
Cours V (9 mai 2003) : (1) Le monisme anomal de Donald Davidson comme forme de
matérialisme non réductionniste ; l’identité des token événements mentaux
et des token événements physiques. – (2) Le concept de supervenience
(dépendance systématique ; survenance, surimposition)
Idées de base chez Davidson (*1917) : A cause de l’anomalie essentielle (absence de lois strictes), de
la normativité et des principes de rationalité du mental, celui-ci ne peut pas être objet d’une
investigation scientifique sérieuse et appartient pour cette raison à un tout autre niveau que le
physique. L’anomalie vis-à-vis du physique, en particulier – plus précisément parlant, l’impossibilité
de lois psycho-physiques strictes reliant des espèces mentales et des espèces physiques – semblait
impliquer la non-réductibilité des espèces mentales (p.ex., les croyances, les désirs, bref : les attitudes
propositionnelles) à des espèces physiques.
La position de Davidson rejette la thèse de l’identité des types mentaux et physiques d’un J.J.C. Smart
et autres ; car pour Davidson, les espèces mentales (ou types de phénomènes mentaux ; ou les
propriétés mentales) sont à distinguer des espèces physiques ou biologiques.
En conséquence, la position de Davidson procure une certaine autonomie au mental ; mais cela pour
des raisons différentes du fonctionnalisme (cf. cours IV, 2 mai 03).
Avec la composante du ‘monisme’ dans le monisme anomal, Davidson insiste toutefois sur une
certaine identité du mental et du physique, à savoir en ce sens qu’il affirme l’identité des token
événements mentaux et des token événements physiques, les derniers étant sujets aux lois de la
physique (voir plus loin). Dans l’ontologie des choses, Davidson attribue une priorité au physique.
Le monisme anomal et le problème des relations esprit-corps :
Davidson (1970 ; voir texte de 1980, p. 208) formule le monisme anomal à partir des trois prémisses
suivantes :
(P1) au moins certains événements mentaux ont une interaction causale avec des événements
physiques (the Principle of Causal Interaction) – ex. de D. : faire couler le bateau Bismarck ! (une
action) ; voir approcher un bateau (perception)
(P2) Là où il y a causalité, il doit y avoir loi : des événements reliés par la relation de cause et
d’effet doivent tomber sous des lois strictes (the Principle of the Nomological Character of Causality)
(P3) il n’y a pas de lois déterministes strictes sur la base desquelles on puisse prédire et
expliquer les événements mentaux (the Anomalism of the Mental)
Ces trois principes ne semblent pas pouvoir être vrais tous les trois à la fois ; l’un ou l’autre semble
devoir être sacrifié.
La position de D. : On peut montrer que la causalité mentale, le caractère légal de la causalité et
l’anomalie du mental peuvent bien coexister. Pour mieux comprendre cette position, il faut faire un
petit détour et jeter un regard sur les points suivants : l’ontologie des événements ; la théorie de la
causalité de D. ; le holisme du mental, pour revenir à l’anomalie et la causalité du mental selon D.
L’ontologie des événements :
- Les événements (events) sont les entités fondamentales. Il n’est pas possible de réduire des
événements à des propriétés de choses. Au contraire, ce que nous tenons pour des propriétés se laisse
ontologiquement réduire à des événements.
- Les événements sont localisés dans l’espace et le temps ; ils se trouvent dans des relations de cause
et effet. Des événements ayant les mêmes causes et effets sont identiquement les mêmes événements.
- Des événements qui peuvent être décrits par un énoncé contenant un prédicat mental essentiellement
sont des événements mentaux.
- Des événements qui peuvent être décrits par un énoncé contenant un prédicat physique
essentiellement sont des événements physiques.
Eduard Marbach (Université de Berne): [email protected]
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La théorie de la causalité :
- L’événement singulier E1 cause l’événement singulier E2 ssi : E1 satisfait à une description D1, E2
satisfait à une description D2, et il existe une loi stricte telle que tous les événements satisfaisants à D1
entraînent sans exception des événements satisfaisants à D2.
- Des événements ne se trouvent pas soumis à des lois en tant que tels, mais bien seulement en tant
qu’ils sont décrits d’une certaine manière.
- La relation causale existe parmi les événements en tant que tels. Elle existe indépendamment de la
manière dont les événements sont décrits ; mais elle ne se manifeste que dans certaines descriptions.
Le holisme du mental et les principes de rationalité comme principes régulateurs de l’attribution de
propriétés mentales :
Holisme : Il n’est pas possible d’attribuer une seule attitude propositionnelle ou intentionnelle à une
personne (croyance, désir, etc.). Si l’on attribue une croyance à une personne, on doit attribuer toute
une série d’autres croyances à cette personne lesquelles sont constitutives pour la signification de la
croyance en question.
Rationalité : le principe de la non-contradiction et le principe de fermeture par rapport aux
conséquences évidentes. Une personne ne peut pas avoir n’importe quelles croyances irrationnelles. Si
tant est qu’une personne a des croyances, alors celles-ci doivent dans l’ensemble être rationnelles car
seulement alors elles ont une signification. Rationalité veut dire : non-contradiction concernant les
croyances attribuées et fermeture par rapport aux conséquences évidentes (quand on attribue la
croyance que p à une personne, et si q est une conséquence évidente de p, alors il faut aussi lui
attribuer la croyance que q).
Exemple :
(1) Timo croit que Nadine est plus âgée que Valentin.
(2) Timo croit que Valentin est le père de Nadine.
(3) Timo croit que les pères sont toujours plus âgés que leurs enfants.
La conjonction de (1), (2) et (3) constituerait une attribution de croyances contradictoires.. Pour
respecter la rationalité de la personne, il faudra réviser l’une ou l’autre de ces croyances. Pour D., le
respect des principes de rationalité est constitutif pour l’attribution de croyances et d’états mentaux en
général.
Indulgence (principle of charity): Il faut interpréter les paroles d’une personne de manière telle que
l’on attribue dans l’ensemble un système rationnel de croyances.
Possibilité de révision : Pour chaque croyance attribuée à une personne il faut admettre qu’il soit
possible de la réviser à la lumière d’autres paroles de la personne ; chaque attribution d’une croyance
est à faire sous réserve de rationalité.
L’anomalie du mental :
- Seulement les descriptions physiques satisfont à la condition pour des lois strictes mentionnée cidessus. Dans la mesure où des événements sont décrits en tant qu’événements mentaux, ils sont à
prendre sous réserve de rationalité laquelle entraîne la possibilité de révision de toute description de ce
genre.
- Il n’y a pas de lois strictes incluant des descriptions mentales. Toutes les descriptions mentales
ressemblant à une loi permettent des exceptions.
- Il n’y a pas de lois psycho-physiques strictes. Les prédicats mentaux et les prédicats physiques ne
peuvent s’accorder ; autrement dit : le vocabulaire mental et le vocabulaire physique ne sont pas
compatibles.
L’idée de base derrière cette thèse de D. : Contrairement à l’attribution de propriétés mentales,
l’attribution de propriétés physiques n’est pas réglée par des principes de rationalité. Tentative de
reconstruction du raisonnement (voir Beckermann, p. 196ff.) :
(1) Il existe la loi psycho-physique stricte suivante : Une personne croit que Fribourg est une
belle ville ssi son cerveau exemplifie la propriété neuronale N. (Prémisse à réfuter)
(2) Lorsque le cerveau d’une personne exemplifie la propriété neuronale N, on doit admettre
que cette personne croit que Fribourg est une belle ville. (conséquence de (1))
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(3) La propriété (N) est attribuée sans égards pour les principes de rationalité. (prémisse de D.)
(4) Des évidences ultérieures concernant d’autres croyances de la personne en question ne
peuvent pas justifier l’abandon de l’attribution de la propriété N. (conséquence de (3))
(de (2) et (4) nous aurions ) :
(5) Des évidences ultérieures concernant d’autres croyances de la personne en question ne
peuvent pas non plus justifier l’abandon de l’attribution de la croyance que Fribourg est une belle
ville.
(6) Cependant, (5) contredit le holisme du mental soutenu par D. En conséquence, le point de
départ (1) est faux dans la perspective de D.
La causalité du mental :
Comme tous les événements se trouvent dans des relations causales, et comme la causalité
(pour D.) est soumise à des lois strictes, tous les événements tombent sous une description physique.
Pour tous les événements mentaux, il y a une description physique.
Chaque événement mental individuel est identique à un événement physique individuel.
Plus précisément parlant (cf. Engel, p. 41f.): Si un événement mental m est causé par, ou cause, un
événement physique p (par (P1), voir ci-dessus), alors m et p doivent instancier une loi déterministe
stricte (par (P2)). Par conséquent m doit avoir une description physique, et donc être un événement
physique (voir Davidson, 1980, p. 224). Il y a donc identité des événements mentaux et des
événements physiques (monisme), mais ceci n’implique pas que les événements physiques, quand ils
sont décrits sous des descriptions mentales, instancient des lois « mentales » (voir (P3), anomalisme
du mental).
Le monisme anomal de D. est, comme le fonctionnalisme, compatible avec la « réalisabilité
multiple » des événements mentaux : un même événement mental (p.ex., une croyance) peut être
identique avec des événements physiques distincts dans des circonstances distinctes. Le monisme
anomal n’est donc pas un réductionnisme : il affirme l’irréductibilité de l’explication psychologique
(et psycho-physique) à l’explication physique. Mais c’est néanmoins un monisme ontologique : il n’y
a que des événements physiques. Parfois on dit de la position de D. que c’est un dualisme des
propriétés en même temps qu’un monisme des particuliers.
L’interprétationnisme comme présupposition du monisme anomal de Davidson :
- Le problème : est-ce que l’arguemt pour le monisme anomal est convaincant ? L’attribution du
physique, elle aussi, est sujette à des révisions à la lumière de nouvelles évidences. Le principe de
cohérence, lui aussi, est applicable pour toute théorie physique. Alors, où se situe la différence entre
une attribution de quelque chose de mental et de quelque chose de physique ?
- La réponse que l’on trouve dans les textes de D. : Dans le cas du physique, l’être est indépendant de
son attribution (ce qui est physique existe indépendamment du fait qu’il est connu ou non) ; dans le cas
du mental, l’attribution est essentiel à son existence.
- Présupposition pour le monisme anomal de D. : Dans le cas du mental, les conditions d’attribution
sont identiques aux conditions d’existence ; dans le cas du physique, ceci n’est pas le cas.
- Idée de base du réalisme par rapport à quelque chose, x : (1) l’existence de x est indépendante de nos
croyances concernant x ; (2) lesquelles de nos croyances concernant x sont vraies ou non est une
affaire de supervenience (voir plus loin) par rapport aux propriétés de x.
Le réalisme par rapport au physique : (1) le monde physique existe indépendamment de nos
croyances ; (2 lesquelles de nos croyances concernant le monde physique sont vraies ou non est une
affaire de supervenience par rapport aux propriétés du monde physique.
L’interprétationnisme : L’être de x n’est pas indépendant de nos croyances concernant x, en ce sensci : c’est une condition nécessaire pour être un x d’être connu/interprété en tant que x. – Par rapport au
mental : être interprété comme un état mental est une condition nécessaire pour être un tel etat.
Objections principales addressées à Davidson : 1) le mental comme intentionnel ; question des qualia.
(2) Epiphénoménalisme : question de la causalité des événements mentaux en tant que mentaux.
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Le concept de supervenience
Transition de Davidson au concept de « supervenience »
Davidson dans „Mental Events“: „Although the position I describe denies there are psychophysical laws, it is
consistent with the view that mental characteristics are in some sense dependent, or supervenient, on physical
characteristics. Such supervenience might be taken to mean that there cannot be two events alike in all physical
respects but differing in some mental respects, or that an object cannot alter in some mental respect without
altering in some physical respect. Dependence or supervenience of this kind does not entail reducibility through
law or definition” (p. 214)
La motivation de la notion de “supervenience” (dépendance systématique; survenance; surimposition):
- La tâche de la philosophie dans la perspective des représentants de thèses de supervenience :
on rate la tâche de la philosophie si l’on situe le mental dans un domaine autonome à part et comprend
la philosophie comme une théorie de ce domaine. La philosophie a plutôt pour tâche de servir de
médiatrice entre notre conception de nous-mêmes en tant qu’êtres pensants et agissants d’une part et
ce que nous savons du monde d’autre part.
- Le réalisme scientifique : Dans la mesure où nous avons un savoir sur le monde, c’est les
sciences naturelles qui nous disent en quoi il consiste. Il n’y a pas de voie du savoir sur le monde
indépendante des sciences de la nature. A base de cette position philosophique on peut motiver le
principe philosophique de la fermeture causale du monde physique.
- Le matérialisme ou physicalisme minimal : Le mental n’est pas un étant distinct du physique.
La tâche consiste à rendre intelligible comment et dans quel sens le mental peut être physique. En
d’autres termes : Le contraste entre matérialistes et dualistes revient à accepter ou à ne pas accepter
que les composantes dont nous avons besoin pour expliquer le côté physique ou matérielle du monde –
donc les composantes physiques : les particules élémentaires, etc. – suffisent en principe à également
rendre compte du côté mental. La question étant : que veut dire, plus précisément, que les
composantes physiques sont suffisantes, qu’il n’en faut pas d’autres ?
L’idée de base de la supervenience :
Pour les matérialistes, il peut y avoir une histoire complète sur le côté mental de nous-mêmes
et de notre monde en termes de propriétés (relations, entités, etc.) physiques. Ou inversement : que
signifie-t-il si les dualistes disent qu’une telle histoire est incomplète, qu’elle laisse de côté le mental
en laissant de côté les propriétés spécifiquement mentales ?
Ce que les matérialistes doivent affirmer : la nature mentale, le côté psychologique dans ce que les
choses sont, survient sur les propriétés physiques. Que veut dire ce concept de ‘survenance’ plus
précisément ? Comment est-il lié aux questions de l’histoire complète et de l’inclusion de l’histoire
mentale dans l’histoire physique du monde ?
Formulation préliminaire (technicités mises à part) de la notion de supervenience (cf. Engel) :
Une propriété M d’un objet survient ou est survenante sur une propriété P de cet objet, s’il ne
peut y avoir de changement de M dans cet objet sans qu’il y ait un changement de P dans cet
objet.
Dans le cas du mental et du physique : les propriétés mentales surviennent sur les propriétés physiques
s’il ne peut y avoir de différences mentales sans qu’il y ait de différences physiques (chez un
individu – problème des contenus mentaux individualisés de façon interne (étroite) ou externe
(large!).
A titre d’illustration de l’idée de survenance : la relation entre calvitie et distribution des cheveux
comme relation de survenance (voir Braddon-Mitchell et Jackson, p.15ff.).
Autre exemple : propriétés esthétiques survenant sur propriétés physiques (d’une peinture, sculpture).
Rapport avec les questions de complétude et d’inclusion :
L’idée est la suivante : Puisque, par exemple, la calvitie survient sur la distribution des cheveux, les
faits concernants la calvitie sont inclus dans les faits concernant la distribution des cheveux, dans ce
sens que la calvitie n’est rien de plus au-delà de la manière dont les cheveux sont distribués.
En somme : Les thèses de supervenience peuvent servir pour exprimer des vues concernant ce qui rend
vrai que les choses sont ainsi et pas autrement, ou ce qui est contenu ou inclus dans quoi.
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Donc, la prétention des matérialistes que le mental, ou le psychologique, se laisse traiter complètement
en termes physiques se laisse formuler simplement comme une thèse de supervenience : le mental, ou
le psychologique, survient sur (dépend systématiquement du) physique. Similitude exacte au point de
vue physique garantit similitude exacte au point de vue mental.
Les thèses de supervenience se laissent préciser, bien entendu, et ceci surtout à l’aide du cadre des
« mondes possible » en tant que manières complètes dont les choses peuvent être, actuellement dans
notre monde, ou dans l’un ou l’autre monde possible. On distinguera alors des modes de
supervenience tels la supervenience « faible », « forte », « globale », « locale ».
La supervenience n’est elle-même pas un type de relation de dépendance à côté d’autres types, tels
la dépendance causale
la dépendance réductive
la dépendance méréologique
la dépendance basée sur une définition ou une conséquence logique.
Selon J. Kim, la supervenience n’est pas une relation métaphysique « profonde », mais seulement une
relation « phénoménologique » (i.e. au plan de ce qui apparaît, se manifeste) concernant des ‘patterns’
de co-variations de propriétés qui, elles, manifestent peut-être une dépendance plus profonde.
En fin de compte, il faut dire que contrairement aux espoirs que l’on avait mis dans l’idée de
supervenience pour résoudre le problème des relations corps-esprit, la supervenience ne fait que
permettre de poser ce problème de manière plus précise. Une solution – quelle qu’elle soit – devrait
préciser la relation de dépendance, par exemple en recourant à la dépendance méréologique entre
propriétés survenantes et subvenantes (voir Kim).
Littérature :
Beckermann, A. Analytische Einführung in die Philosophie des Geistes. de Gruyter, Berlin 1999.
Braddon-Mitchell, David et Frank Jackson. Philosophy of Mind and Cognition. Blackwell,
Oxford 1996.
Davidson, Donald (1970). “Mental Events”, réimprimé dans Block (éd.,1980), Readings
in the Philosophy of Psychology, vol. 1, pp. 107-119; et dans Davidson (1980), Essays
on Actions and Events, Clarendon Press Oxford, pp. 207-227.
Engel, Pascal. Etats d’Esprit. Questions de philosophie de l’esprit. Editions Alinea,
Aix-en-Provence 1992.
Heil, John. Philosophy of Mind. A contemporary introduction. Routledge, London 2002
(première édition 1998)
Jaegwon Kim (1996). Philosophy of Mind. Westview Press.
Eduard Marbach (Université de Berne): [email protected]
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