Cours: Introduction à la philosophie de l’esprit, et lecture de textes 4
Université de Fribourg, semestre d’été 2003 Vendredi : 13-17hrs
Le concept de supervenience
Transition de Davidson au concept de « supervenience »
Davidson dans „Mental Events“: „Although the position I describe denies there are psychophysical laws, it is
consistent with the view that mental characteristics are in some sense dependent, or supervenient, on physical
characteristics. Such supervenience might be taken to mean that there cannot be two events alike in all physical
respects but differing in some mental respects, or that an object cannot alter in some mental respect without
altering in some physical respect. Dependence or supervenience of this kind does not entail reducibility through
law or definition” (p. 214)
La motivation de la notion de “supervenience” (dépendance systématique; survenance; surimposition):
- La tâche de la philosophie dans la perspective des représentants de thèses de supervenience :
on rate la tâche de la philosophie si l’on situe le mental dans un domaine autonome à part et comprend
la philosophie comme une théorie de ce domaine. La philosophie a plutôt pour tâche de servir de
médiatrice entre notre conception de nous-mêmes en tant qu’êtres pensants et agissants d’une part et
ce que nous savons du monde d’autre part.
- Le réalisme scientifique : Dans la mesure où nous avons un savoir sur le monde, c’est les
sciences naturelles qui nous disent en quoi il consiste. Il n’y a pas de voie du savoir sur le monde
indépendante des sciences de la nature. A base de cette position philosophique on peut motiver le
principe philosophique de la fermeture causale du monde physique.
- Le matérialisme ou physicalisme minimal : Le mental n’est pas un étant distinct du physique.
La tâche consiste à rendre intelligible comment et dans quel sens le mental peut être physique. En
d’autres termes : Le contraste entre matérialistes et dualistes revient à accepter ou à ne pas accepter
que les composantes dont nous avons besoin pour expliquer le côté physique ou matérielle du monde –
donc les composantes physiques : les particules élémentaires, etc. – suffisent en principe à également
rendre compte du côté mental. La question étant : que veut dire, plus précisément, que les
composantes physiques sont suffisantes, qu’il n’en faut pas d’autres ?
L’idée de base de la supervenience :
Pour les matérialistes, il peut y avoir une histoire complète sur le côté mental de nous-mêmes
et de notre monde en termes de propriétés (relations, entités, etc.) physiques. Ou inversement : que
signifie-t-il si les dualistes disent qu’une telle histoire est incomplète, qu’elle laisse de côté le mental
en laissant de côté les propriétés spécifiquement mentales ?
Ce que les matérialistes doivent affirmer : la nature mentale, le côté psychologique dans ce que les
choses sont, survient sur les propriétés physiques. Que veut dire ce concept de ‘survenance’ plus
précisément ? Comment est-il lié aux questions de l’histoire complète et de l’inclusion de l’histoire
mentale dans l’histoire physique du monde ?
Formulation préliminaire (technicités mises à part) de la notion de supervenience (cf. Engel) :
Une propriété M d’un objet survient ou est survenante sur une propriété P de cet objet, s’il ne
peut y avoir de changement de M dans cet objet sans qu’il y ait un changement de P dans cet
objet.
Dans le cas du mental et du physique : les propriétés mentales surviennent sur les propriétés physiques
s’il ne peut y avoir de différences mentales sans qu’il y ait de différences physiques (chez un
individu – problème des contenus mentaux individualisés de façon interne (étroite) ou externe
(large!).
A titre d’illustration de l’idée de survenance : la relation entre calvitie et distribution des cheveux
comme relation de survenance (voir Braddon-Mitchell et Jackson, p.15ff.).
Autre exemple : propriétés esthétiques survenant sur propriétés physiques (d’une peinture, sculpture).
Rapport avec les questions de complétude et d’inclusion :
L’idée est la suivante : Puisque, par exemple, la calvitie survient sur la distribution des cheveux, les
faits concernants la calvitie sont inclus dans les faits concernant la distribution des cheveux, dans ce
sens que la calvitie n’est rien de plus au-delà de la manière dont les cheveux sont distribués.
En somme : Les thèses de supervenience peuvent servir pour exprimer des vues concernant ce qui rend
vrai que les choses sont ainsi et pas autrement, ou ce qui est contenu ou inclus dans quoi.