Les lois des rendements en concurrence par P. Sraffa

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Les lois des rendements en concurrence (t)
par Piero SRAFFA
traduit par PatrickMAURlssoN (2)
Assistant à l'lJniversité d'Amiens
Un trait frappant de l'état présent de la science économique_
es! liaccord
quasi unanime auquel sont parvenusles économistesa propos de la théorie de
la valeur dans un systèmepurement concurrentiel.Celle-ci,inspirée par I'idée
d'une symétriefondamentaleentre les forces de la demandeet cêllesde l'of[r'e,
reposesur l'hypothèseque l'on peut dégageret regrouperles causesessentielles
qui déterminent le prix d'une marchandiseparticulière de,telle sorte qu'elles
puissentêtre représentées
par deux courbescledemandeet d'offre globalesayant
une intersection.
Le contraste est tel entre cette situation d'unanimité et les controverses
sur la théorie de la valeur qui ont caractérisél'Economie Politique au siècle
delnier, qu'il serait presque permis de croire que de cet affrontementd'idées
l'étincelle d'une véritê définitive avait enfin jaillie. Sans doute les sceptiques
pourront-ilspenserque l'accord en questionesl dû non pas tant à la conïiciion
de tous les économistesqu'à f indifférenceactuelie de la majorité d'entre eux
vis-à-vis de la théorie de- la valeur - indifférence qui se justifie par le fait
que cette partie de la théorie économiqueplus qu'aucunê autre a perdu
la plupart de ses implications directes d'ordre pratique (notamment pour ce
qui est des doctrines des changementssociaux), qui lui avaient été attribuées
jadis par Ricardo puis par Marx et en réaction par les économistesbourgeois.
De plus en plus la théorie de la valeur a été réduite à une constructionde l'esprit, une méihode de penser<<qui ne saurait fournir > aucune conclusioncatégorique immédiatementapplicable à la politique économique3.
Essentiellementinstrument pédagogiquecomparableà l'étude des auteurs
ciassiques,ayant pour objet exclusif, à la différencedes sciencesexactesou du
droit, d'exercerl'esprit, elle ne peut guèresusciter,pour cette raison, la passion
des hommes mêmei s'ils sont irniveisitaires.En bief c'est une théorie qui ne
vaut pas ia peine que l'on s'écarte d'une traduction qui somme toute
est acceptée.Quoi qu'il en soit le fait est que l'accord subsiste.Et pourtant,
--_
1. The Economicjournal,Vol. XXXVI, 1,926;
pp. 535-550.
I-es premières pages de ce texte contiennent un résumé des conclusions de l'article < Relazioqi fra costo e quantita prodotta u publié dans u Annali di Economica r.
(Università Bocconi Milano), II,192J, I, 277-328:
/ / Trinity College,Cambridge University, England.
2. Nous exprimons notre gratitude à M. Ducros, professeurà l'université de Paris I,
pour ses précieuses suggestions et à Jacques Léonard pour son amicalé sévérité.
3. Keynes.Introduction to CambridgeEconomic Handbooks.
168
Patrick Maurisson
sous l'aspect paisible que nous ofire la théorie moderne de la valeur se dissimule un- vice qui trouble son harmonie d'ensembleà savoir la courbe d'oflre
elle-même,construiteà partir des lois des reudementscroissantset décroissants.
Que ces fondementssoient moins solidesque ceux des autres élémentsde
la structure d'ensembleest généralementreconnu. Qu'ils soient en fait si flagiles qu'ils ne puissentsupporter le poids qui leur incombe est un doute qui
mais qu'ils réusdemeurelatent-dansla consciencede beaucoup<i'économistes
sissentpour la plupart à refouler.De temps en temps l'un d'entre eux incapable
Ce contenir ses-doutesles exprime ouverternent; alors pour éviter que le scandale se propage,on le réduit promptementau silence,le plgs souvent au prix
de quelquescbncessionset l'acceptationpartielle de ses objections dont naturellementla théorie était censéeavoir implicitementtenu compte. Ainsi avec le
restrictionset exceptionsse sont accumuléeset ont miné sinon
temps,prééisions,
-certainement
la plus grandepartie de la théorie. Si leur effet d'ensemble
detruit
n'apparaît pas immédiatementc'est qu'elles_son-téparpilléesdans des notes de
isolés les uns des autres.
fin dè page et des articles soigneusement
L'objet de cet article n'est pas d'ajouter quoi que ce soit à cet ensemble
en distinguant
mais simplementde tenter de coordonnercertainsde sesélém_ents
de
courbe
d'offre et
plus
concept
le
dans
cc qui dêmeurede ce qui nè subsiste
concurrentiel.
prix
un
système
dans
des
dans seseffetssur la détermination
Actuellementles lois des rendementsrevêtentune importancetoute spéciale
en raison du rôle qu'elles jouent dans l'étude du problème de la valeur. Mais
elles sont naturellementplus anciennesque la théorie particulière de la valeur
qui les utilise et c'est préiisémentde leui anciennetéséculaireet de leurs usages
frimitifs qu'elles tireht et leur prestige et leur_faibless_edans- leur applièation modlerne.Nous sommesdisposésà accepterles lois des rendements,cela
va de soi, en reconnaissancedes grands et incontestablesservicesqu'elles rendirent lorsqu'ellesremplissaientleurs anciennesfonctions,mais -nousnégligeons
la question de savoir si les vieux fûts sont encore
trop souvent de nous |ooer
-nouveau.
La loi des rendementsdécroissants-alo-ngtemps
le
vin
à
contenir
aptes
éié liée, avant tout, au problèmede la rente et de ce point de vue la loi formulée
par les économistesclàssiquesloraqu'ils se référaient à la terre était absolument pertinente. Il a toujoïrs été parfaitement évident que. cette loi afÏectait
non séulementla rente mâis aussile cott du produit ; cependantcette dernière
influence n'était pas considéréecomme susceptible d'entraîner une variatiott
dans les prix relàitifs des marchandisesproduits car le je3 des. rendements
décroissantsaugmentaitleur cott individuei de façon proportionnelle. Ceci resta
vrai même lors{ue les ClassiquesAnglais apqliquèrentla-loi-à la production du
blé : en eftet comme Marshali l'a môntré, ,,-le terme blé " était utilisé par €ux
.o-." terme génériquedes produits de l'agriculture (Principe VI, i, 2, note).
La place tenue dans l'économie classiquepar_la loi. des rendementscroissants était beaucoupmoins remarquablecar cette loi était simplementconsidérée comme un aspèct important de la division du travail et donc davantage
comme un résultat du prbgrès économique général que de l'élargissement de
l'échellede la production.
fut, que dans les loie des rendementstelles qu'elles étaicnt
La conséquence
à l'origine, I'id^éegên&aleï'une relation fonctionnelleentre le coût et le niveau
de proîuction ne tenait pas une place,marquante.A vrai dire il semble bien
que les économistesclassiquesavaient-beaucôup moins.présente.à I'esprit cette
ôlation que la notion d'un lien entre le niveau et le prix de la demande.
Le développementthéoriquequi a mis en relief dans les lois desrendements
cette relation iônctionnelle est reiativementrécent. Il a ce faisant déplacé les
deux lois des positions qu'elles occupaienthabituellementselon le découpage
Les Lois des rendementsen concurrence
169
traditionnel de I'Economie Politique, I'une sous le titre < répartition > I'autre
sousle titre < production> pour les transférerdans le chapitrerelatif à la valeur
d'échange.Là, de leur fusion en une loi unique ciesrendementsnon-proportionnels, on obtint une loi d'ofïre sur le marché susceptibled'être confrontée à la
loi de la demandecorrespondante.
C'est sur la symétriede ces deux forces opposéesque reposela théorie modernede la valeur.
Afin d'atteindre ce résultat on se trouva dans I'obligation d'apporter certaines modificationsà la forme des deux lois.
Pour la loi des rendementsdécroissants,
il suffisaitde peu de chose: il était
simplementnécessairede l'étendre du cas particulier de la terre à tous ceux cù
il existe un facteur de production dont la quantité disponible est constante.La
ioi des rendementscroissantspar contre dût subir des transformationsbeaucottp
plus radicales: la part qu'y jouait la division du travail - alors limitée au cas
des filiales indépendantescrééeslors de l'augmentationde la production d'une
branche d'activité - fut notablement réduite ; tandis que l'idée d'une plus
grande division du travail consécutiveà un élargissementde la dimensionde la
firme fut entièrementabandonnéeen raison de son incompatibilité avec les
conditiôns de la concurrence.Par contre l'importance des économiesexternes,
à savoir les avantagesqu'un producteur individuel tire de la croissancenon
de sa propre entreprisemais de l'activité économiqueglobale, fut de plus en
plus soulignée.
Présentéesde la sorte les deux lois conservaientcependantla caractéristique de provenir de forces de nature profondémentdistinctes.Une telle hétérogénéité- bien que ne constituant pas en elle-mêmeun obstacleinsurmontable lorsqu'il s'agit d'essayerde coordonnercesforces et de les faire intervenir
conjointement dans des problèmes principalement en rapport non avec les
causesmais avec les effets de la variation des coûts - entraîne une nouvelle
difficulté quand on chercheà classerles différentesbranchesd'activité suivant
qu'elles sont soumisesprincipalementà l'une ou I'autre des lois. En fait il est
d-ansla nature même dèsfondementsde ces deux lois que plus large est la définition que l'on se donne de la branche d'activité >>- c'est-à-direplus elle est
apte à englober les entreprisesqui utilisent un facteur de production_donné
cômme pai exemplel'agriculture ou la métallurgie - plus il est probable que
les forcés à l'ceuvre dans le sens des rendementsdécroissantsy joueront urt
r.ôleimportant. A f inverse,plus cettedéfinition sera restrictive,jusqu'à n'inclure
que les entreprisesproduisànt un type donné de bien de consommation: Par
exemple des lruits ôu des clous, plus grande sera la probabilité pour_que les
forceS responsablesdes rendemenfscroissantsprédominentdans cette branche.
Dans ses èonséquencesla difficulté que nous évoquons et semblableà-celle qui
résulte,comme l'on sait, de la prise en considérationdu temps dans I'analyse:
plus courte est la période d'ajustementretenue, plus vraisemblablessont les
iendementsdécroissânts; inversementplus elle est longue plus serontprobables
les rendementscroissants.
Les difficultésréellementsérieusessurgissentquand on soulèvele problème
de savoir dans quelle mesureles courbesd'ofÏre, régiespar les lois des rendenlents, satisfont les conditions nécessaires
à leur utilisation dans l'étude de la
valeur d'équilibre d'une marchandiseunique produite dans une situation concurrentielle.Ce point de vue supposeque les conditionsde la production et de
la demande d'une marchandisepuissent être considérés,eu égard à de faibles
variations, comme pratiquementindépendants,d'une part les uns des auttes et
d'autre part de l'offre et de la demandede toutes les autresmarchandises.Chacun sait qu'une hypothèsede ce genre ne devrait pas être condamnéepour la
simple raiion que f indépendance-nepeut être tenue pour parfaite puisqu'elle
t70
Patrick Maurisson
ne l'est pratiquement jamais. Plus précisément,un faible degré d'interdépendance peut être négligé sans dommages'il ne concerneque des quantitésrelativement faibles, comme ce serait le cas si l'effet d'un changement(par exemple
i'accroissementd'un coût) dans la brancheque l'on isole devait réagir partiellement sur le prix des produits des autresbranches,et si cette réaction à son tour
irrfluençaitla demandedu produit de la branche considérée.Mais évidemment
il s'agit de tout autre chose,et dans ce cas l'hypothèsedevient illégitime, lorsqu'une variation dans la quantité produite par une branche susciteune force
agissantdirectementnon seulementsur son propre cott mais aussisur ceux des
autres branches d'activité ; dans une telle situation les conditions de < l'équilibre particulier > que l'on se proposait d'isoler ne sont pius respectéeset il
n'est plus possiblesans contradiction de négligerles effetscollatéraux.
Malheureusementc'est précisément dans cette dernière catégorie que
rentrent les applicationsdes lois des rendementsdans la grande majorité des
cas concrets.Pour ce qui est des rendementsdécroissants,si dans la production
d'une marchandisedonnéeest employéeune fraction considérabled'un facteur
dont la quantité est fixe ou ne peut être augmentéeque par des coûts plus que
proportionnels,un faible accroissementde la production de cette marchandise
requerraune utilisation plus intensivede ce facteur, ce qui affecterade la même
manièreet son coût et celui des autresmarchandisesproduites grâceà son concours. Or les marchandisesdont la production nécessiteun mêmefacteur déterniné sont fréquemmentdes biens substituables(par exempledifférentesespèces
la modificationde leurs prix ne sera-t-elle
de produits agiicoles).En conséquence
pas sans avoir des effets appréciablessur la demandedes marchandisesde ia
branche. Si nous envisageonsmaintenant une branche qui n'utilise qu'une fraction réduite du < facteur constant> (ce qui sembleplus approprié à l'étude de
l'équilibre particulier d'une branche unique) nous constatonsqu'une (légère)
augmentationde sa production est en général beaucoup plus souvent réalisée
pai prélévementsur les autresbranchesde < dosesmarginales> du facteur constant que par intensificationde I'utilisation de ce facteur. Aussi l'accroissement
du coût sera-t-ilpratiquementnégligeableet de toute façon il afÏectera,colnme
précédemment,dans une mêmemesuretoutes les branchesconcernées.Ecartant
ces possibilitéset excluant - si nous raisonnonsen longue période- lss n61nbreux cas où les quantitésde moyensde production peuventêtre considérésprovisoirementconstantsface à une variation imprévue de demande,peu de chose
subsiste: l'imposante structure des rendementsdécroissantss'avèren'être utilisableque pour l'étude de cette classeinfime de marchandisesqui absorbentdans
leurs proCessusde production la totalité d'un facteur. Evidemment,e11l'occurence irar u marchaÀdise> il faut entendreun article pour lequel il est possible
de construire ou du moins de concevoirune courbe de demandequi soit relativement homogèneet indép.endantedes conditions de l'o{Tre et non comrneon
le supposefréquemmentun ensemblede divers articlestels les produits agricoles
ou céux de la métallurgie.
Ce n'est pas par pur hasard si, en dépit de la nature profondémentdifférente des'deux lois des rendements,ces mêmes di{ficultéssurgissentsous une
semblablequand on abordela loi des rendementscroissants.Ici
forme presqu€
encore noui constatonsqu'en réàlité les économiesde la production à grande
échellene sont pas appropriéesaux conditionsrequisespar la courbe de l'offre ;
leur champ d'aôtionlest soit plus large soit plus restreint qu'il ne devrait être.
D'rrne part, les réductionsde'ôotts duèsà < ces économiesexternesqui résultent
du progrès gên&al de l'environnement industriel > que Marshall meritionne
(principle, V, XI, 1) doivent évidemrnentêtre ignoréesétant clairementincompatibles avec les conditions de l'équilibre particulier relatif à une marchandise.
D'autre part les réductions de cott liées à l'élargissementde l'échelle de pro-
Les Lots aeg renaements en concurrence
t7l
duction d'une firme, provenant d'économiesinternes ou de la possibilité deÉpaftir les frais généraux sur un nombre plus grand d'unités de production ne
peuvent être retenuespuisqu'ellessont inconciliablesavec les conditions de la
concurrence.Les seuleséconomiesqui pourraient être prises en considération
devraient occuper une position intermédiaireentre ces deux extrêmes; mais
c'est justement dans oette zone que rien ou presque rien de concret ne peut
être trouvé. Des économiesqui sont externesdu point de vue de la firme individuelle, mais internespar rapport à la brancheconstituentprécisérnentla catégorie la moins fréquente. Dans un ouvrage dont le but était de cerner au mieux
les conditions effectivesde l'industrie Marshall remarquait: <<les économiesde
la production à grande échelle peuvent rarement être attribuéesexactementà
telle ou telle industrie : pour une grandepart ellessont liées à des groupessou> 3. De toutes les manières,pour
vent nombreux d'industries interdépendantes
autant que les économiesexternesde cette catégorieexistent,il est peu vraisempar de laibles accroissements
blable qu'ellessoient engendrées
de la production.
Ainsi il apparaît que les courbesd'ofïre à coûts décroissantsne se rencontrent
pas plus souvent que les courbesà coûts croissants.
Réduite à un domaine si restreint la courbe d'ofÏre à coûts variables ne
peut prétendreaux statutsde concept gén&alapplicableaux branchesd'activité
courantes.Elle peut être un instrument utile seulementpour l'étude de ces
brancheshors du commun qui satisfont raisonnablementsesconditions de validité. Dans les cas ordinaires le coût de production des marchandisesproduites
en concurrence- puisque nous ne sommespas en droit de prendre en considération les causesqui sont suceptiblesde le faire varier - doit être considéré
comme constantvis-à-visde faibles variationsdu niveau de productiona. Ainsi
en tant que procédésimple d'approchedu problème de la valeur en concurrence
la théoriè ancienne,aujourd'hui désuète,qui reposaitsur les seulscoûts de production apparaît au regard des autrescommela plus solidementfondée.
Cette première approximation,dans le cadrede seslimites, est aussiimportante qu'utile ; elle met en relief un fait essentielà savoir : l'influenceprépondérante du coût de production dans la déterminationde la valeur normale des
marchandises- sanspour autant nous induire en erreur lorsque nous désirons
étudier plus précisémentles circonstancesqui conditionnent les échangesdans
ciescas particuliers; elle ne masquepas le fait que nous ne pouvons trouver
à oetteétude dans les limites de seshypothèses.
les éléméntsnécessaires
Lorsque nous procédonsà une approximationplus poussée,tout en restant
dans le domaine de la libre concurrence,les complications n'adviennent pas
progressivementcomme il serait souhaitable; elles se présententsimultanément
3. Industry and Trade, p. 188.
4. L'absence de cause pouvant entraîner soit I'augmentation soit la diminution des
coûts apparaît comme la plus évidente et la plus plausible façon de justifier leur
constance. Mais comme cette constance constitue le démenti le mieux justifié de la
symétrie entre I'offre et la demande, ceux des auteurs qui soutiennent cette doctrine, afin d'être en mesure de reléguer les coûts constants dans la catégorie des
cas théoriques limites sans existence concrète se sont persuadés qu'ils sont choses
complexes et improbables puisqu'ils < ne peuvent résulter que de I'équilibre accidentel de deux tendances opposées: la tendance à la réduction des coûts et la tendance
à leur augmentation > (Sidgwick, " Principles of Political Economy ', L st. ed., p. 207,
voir aussi dans le même sens Marshall : Principles IV, XIII et " Palgraves Dictionary ), sub voce Law of Constant return). La maxime d'Edgeworth suivant laquelle :
le fait de traiter les variablès comme des constants, est le vice caractéristique des
"
économistes non-mathématiciens D, peut aujourd'hui être ilversé; les économistes
mathématiciens ont été si loin dans la correction de ce vice qu'ils ne peuvent plus
concevoir une constante qui ne soit le résultat de la compensation de deux variables
opposées et d'égale force.
172
FatrtcK MaurÆsotl
en bloc. Si l'on tient compte des rendementsdécroissantsrésultant de la constance d'un facteur il devieht nécessaired'étendrele champ d'investigationafin
d'examiner les conditions de l'équilibre simultané d'un nombre important de
branches.Conceptionbien connue qui par sa complexité toutefois ne saurait
qui ne nous Perêtre féconde,du moins dans l'état actuel de nos connaissances
met même pas de recourir pour l'étude des conditions réelles à des schémas
beaucoupplus simples.Si nous nous tournonsvers les économiesexternes,nous
nous heùrions au même obstacleet de plus nous sommesdans f impossibilité
d'étudier dans un cadre statiqueles circonstancesqui sont à leur origine.
Il est en conséquencenécessaired'abandonnerla voie de la libre concurrence et d'emprunterla voie opposéedu monopole.Nous disposonsalors d'une
théorie nettementdéfinie dans laquelle les variations de coûts consécutivesaux
modificationsde la dimensiondes entreprisesparticulièresjouent un rôle important.
Bien entendu,lorsque nous avons à notre dispositionles théoriesrelatives
aux deux cas ,extrêmesdu monopole et de la concurrence,qui tiennent lieu
d'instrumentpour étudier les conditions concrètesdans les différentesbranches
d'activité, nous sommesprévenus que celles-cigénéralementne correspondent
pas €xactementà I'un ou à l'autre de cescas : elles se situentdans la zone interinédiaire.Leurs caractèresseront au mieux décrits par la structure monopoliste
ou la structure concurrentielleselon les circonstancesparticulièresqui les spécifient; par exempleselon l'importance du nombre d'entreprisesautonomesou
suivant que les entreprisessont ou ne sont pas liéespar des accord*partiels, etc.
En suivaht cette conèeption,nous sommesamenés,à croire que lorque la production est entre les mâins d'un grand nombre d'entreprisesentièrementindépendantesles unes des autrespour èe qui est de leur direction, les conclusionsadé'
quates sont celles de la côncurrencèmême si le marchén'est pas parfaitement
cbncurrentiel ; car sesimperfections étant généralementconstituéespar des frot'
tements peuvent simplemementretarder ou modifier légèrementles efiets des
forces aciives de la concurrncesanspour autant les empêcherde s'imposeren
fin de compte. Cette optique s'avère fondamentalementinadmissible.Bien des
obstaclesà-cetteunité du marché, qui est la condition essentiellede la concurrence,ne participent pas de la naturé des frottements; elles sont en elles-mêmes
voire cumulatifs. En
des forceô activès qùi produisent des effets permanen_ls,
pour faire l'objet
suffisante
stabilité
d'une
douées
outre elles sont fréqïemment
statiques.
des
hypothèses
sur
reposant
d'analyse
Parmi ces effets deux, qui sont étroitement associés,ont une importance
dans des
toute particulière en ce qu'ils se rencontrent très fréqy_emm_ent
l'emporter.
Ils
semblent
la
concurrence
de
les
cônditions
où
branchèsd'activité
plus-caracdes
traits-les
à
certains
rapporter
plus
de
se
l'avantage
présentent
de
^téristiques
de la conceptionthéorique de la concurrenceet révèlent ainsi combien ii ,estrare que cès conditions soient pleinementréaliséessans restriction
et comment un lêger écart suffit à rendre extrêmement proche du cas particuiier du monopoleIa manière dont l'équilibre se réalise.Ce,sdeu4 points par lesquels la théorie de la concurr€ncediffère radicalement de la réalitê qui est plus
g-énéralesont premièrement; I'idée que le producteur en concurrencene Peut
Iélibérément agir sur le prix du marché et qu'eg conséquenceil doit le considé'
rer comme fixà quelle qire soit la quantité de biens qu'il peut jeter sur le marché ; deuxièmemènt,f iàée que les 'conditions normales de production pour
cellesdes coûts croissants.
chaque concurrent sont nécessairement
-
L'expérience quotidienne montre qu'un très grand nombre d'entreprises
et la majorité dè celles qui produisent des biens de consommationmanufac-
Les Lois des rendementsen concurrence
t73
turés - fonctionnent dans des conditions de coûts industriels décroissants.
Presqye tous les producteurs des biens de cette catégorie,s'ils pouvaient être
assurésque le_marchésur lequel ils vendent leurs pioduits constitue au prix
courant, un débouchépour n'importe quel niveau dè production, sans d'autre
difficulté que celle d'assurerle niveau de vente correspondant,augmenteraient
értormémentleur production. En période d'activité nolmale il n'eét pas facile
de trouver un entrepreneur qui à la fois limiterait systématiquementsa production à une quantité inférieure à celle qu'il pourrait écoulerau prix courant et
serait empêché par la concurrence d'imposer un prix supérieur. Les hommes
d'aflaires qui se tiennent pour soumis au régime de la coniunence trouveraient
absurdela proportion suivant laquelle la limite du niveau de leur production
est à chercher dans les conditions internes à leur firme, conditionsqui ne leur
permettraient pas d'atteindre des niveaux plus élevés sans accroissementdes
coûts. L'obstacle majeur auquel ils se heurtent quand ils souhaitentaccroître
progressivement
la production, ne provient pas tant de son coût - qui en e{Iet,
généralement,
leur estplutôt favorableen ce sens,mais de la difficulté de vendre
une quantité plus importante de biens sans en réduire le prix ou sans avoir à
faire face à des dépensesaccrues de commercialisation.Cette nécessitéde
réduire les prix afin d'écoulerun montant plus élevé de son propre produit est
simplementun aspect de la décroissancehabituelle de la courbe de demande
en fonction des prix, à cette différenceprès que celle-ci au lieu de s'appliquer
à l'ensemblede la production d'un marchandise,quelle que soit son origine,
ne concerneque les biens produits par une entrepriseparticulière.Les dépenses
de commercialisationqu'exigel'extensionde son propre marchésont simplement
de coûteux efforts (sous forme de publicité, représentationcommerciale,facilités accordéesaux clients) entreprispar la firme afin de réorienterle marché à
son profit, autrementdit de relever artificiellementla courbe de demande qui
lui est propre.
Cette façon d'envisagerles r'elationsentre l'ofÏre et la demande apparaît
comme la méthodela plus naturelle et semble adhérer à la réalité des èhoses.
Sansnul doute il est possible,du point de vue formel, d'inverserces relations
et de considérerque chaqueacheteurest parfaitementindifférent quand il s'agit
de choisir entre les divers producteurs,pourvu que chacun d'enlre eux, pour
I'attirer, soit prêt à encourir des dépensesde cômmercialisationsupplémentaires, variant largementsuivant les cas, et à les inclure dans le cott de production correspondant.De cette manièreon peut obtenir, dans la mesurevoulue,
des coûts individuels croissants,et un marché parf.ait sur lequel la demande
est illimitée au prix courant pour les articles de chaque producteur. Mais le
problème de l'imputation des dépensesde commercialisationne peut être réglé
ni d'un point de vue de logique formelle - car à cet égard les deux méthodes
sont équivalentes- ni en tenant compte du fait que ces chargessont eflectivement payéestantôt par l'acheteurtantôt par le vendeur - car ceci n'aflecte
d'aucune manière leur incidence ou leurs effets. Ce qui est important est de
savoir par quelle méthode les diversesforces à l'ceuvrepeuventêtre regroupées
de la façon la plus homogèneafin que l'influence de chacuned'entre elles sur
l'équilibre résultant de leur opposition puisse être aisèmentappréciée.De ce
point cle vue, la secondeméthodedoit être écaftéecar elle dissimuletotalement
les efiets que les circonstances à l'origine des dépensesde commercialisation
exercent en perturbant l'unité du marché. De plus elle fausse la signification
habituelle et parfaitement définie de l'expression < cott de production >, puisque
celui-ci se trouve alors dépendred'élémentstout à fait étrangers aux conditions
qui régissentla production dans une entreprisedonnée.Il s'ensuitqu'elle dénature la façon doht est aflecté le processuseffectif de déterminationdu prix et
de la quantité produite par chaque entreprise.
174
Patrick Maurisson
A l'inverse, en adoptAnt la première méthode nous somrnesconduits à
attribuer à l'obstacle majeur qui entrave le libre jeu de la concurrenceson
juste poids (mêmelà où elle sembleêtre prédominante).touten rendant possible
i:n eqïitibre stable dans tous les cas y compris lorsquela courbe de l'offre, relative âux produits de chaquefirme particulière est décroissante- à savoir l'absenced'indifférence de là part des acheteursface aux producteurs.Les motifs
de la préférence marquée-par certains_groupesd'acheteurs pour une firme
de naturesles plus diverses.Ils peuventreleverdes notions de cliendonnée^sont
tèle traditionnelle; relations personnelles,confiancedans la qualité du produit,
des bèsoinsparticuliers.,possibilité d'obtenir du crédit,
voisinage,connaissance
jusqu,à-celles de réputation dlune marque.,.4'tt. emblème ou d'un nom de
ii.iit" tradition ; enfin ces motifs peuv€nt résiderdans certainescaractéristiques
spécialesde la conceptionou de faspect du produit qYi - sansle modifier au
p^ointd'en faire un article distinct propre à satisfairedes besoinsspécifiquesprincipal de le dilTérèncierdes biens concurrents.produitspar
ànt pour objectif ^Ces
motifs et les multiples autres raisonsqui déterminentla
les âutres fiimes.
préférence ont en commun de se manifester.par.le comportement..(quin'est
iouvent que l'expensionde la nécessité)qu'exprime un gToupe d'acheteurs,
oonstituantla clièntèle de la firme, en acceptant,s'il en est besoin,une somme
supplémentairealin d'acquérir les produits de cette firme plutôt que ceux des
autresqui lui sont concurrentes.
Lorsque chaque firme produisant une marchandisedonnée est dans une
situation âe ce genre,le marchéglobal se trouve subdiviséen une sériede marchés distincts. Toute firme qui tente d'opérer au-delàde son propre marchéen
en empiétant sur celui de ses concurrentsdoit supporter de lourdes dépenses
commêrcialesafin de franchir les barrièresqui les protègent; mais inversement,
dans les limites de son marché et sous la protection de ses propres frontières,
chacunejouit d'une position privilégiée grâce à laquelle elle obtient des avautages qui - sinon par leur étendue, du moins par leur nature - sont sernbl;blei à ceux dont bénéficieun monopoleur au senshabituel du terme. Il n'est
pas nécessaired'ailleurs d'insistersur la conceptioncourantedu monopolepour
y insérer cette situation. En fait dans cette cdnceptionnous constatonsque la
inajorité des circonstancesqui affectent la.-puissanced'9n monopoleur (par
exemple la possessionde ressourcesnaturelles uniques, les privilèges légaux,
le contrôlediune plus ou moins grandeproportion de^laproduction totale, l'existence de marchandisesrivales etc...) eierôe son influence essentiellementeu
affectant|'élasticité de la demandedes biens monopolisés.Quelles que soient
sesdéterminants,celle-ciest le seul élémentdécisifpôur estimerle degréd'indépendancedont disposele monopoleur
-est pour fixer sesprix : moins e51flasfique la
grânde son emprisesur le marché. Le cas
àemandede son produit plus
appelé u.mônopoleabsolu> correspond
peut
àtre_
Àxtrêmequi à prôpr"-"nidit
produits de la firme égale à l'unité 5.
deJ
dernande
de
la
élâstiôité
àiors a uàe
Dans ce dernier casquelle que soit I'augmentationdesprix décidéepar le monoproduits ne
de.sespoleur, les sommespetiodiquementdépensées
.pour l'achat
et sa
dépense
iont pâs, même partiellementdétournéésvers d'autrescanaux de
coltd'une
par
la
crainte
politi'c1ue
de prix'ne peut d'aucunemanière être alt&êe
5. L'élasticité-prix de la demande des produits d'un monopoleur lp, nÇ]1tt9vi{9m*"tti eitéti"féïèure à I'unité pour les piix juste supérieurs au prix d'équilibr.e,,c'està-dire sur cette portion de la courbe de demande qui seule compte.pour lq.oete_rmrà
;^16;-dê ià piiisunôJan monopole,ursur son p-rôpremarché;,cette Quesfionest
-èaisoigttensementde celle du rhontant des gains que le monopoleur peut
àiitingu"r
ell aépen4ant non pa.s tant. du laux de variation de la
.ê -o"tu"t
6Ut*!"ii,
q"" a" ju -Jd".. âbrôtir" aè ta aemande et du prix de cette demande.
à;;;i"
Les Lois des rendements en concurrence
175
currencedes autres sourcesde l'ofÏre. Dès que l'élasticité de la demandeaugmente, la concurrencecommenceà se manlfesteret devient de plus en ptùs
intenseau fur et à mesureque l'élasticitécroît, jusqu'aumomentoù èele-ci dèvenant infinie la demande des produits d'une enirepriseparticulière correspondà
une situation de concurrenceparfaite. Dans les câs intermédiaires,une élàsticité
modéréede la demandesignifièque quoiquele monopoleurdétienneune certaine
liberté dans la fixation-.desespilx qôutesles fois qu-'il les augmenteil est privé
d'une fraction de sesclients qui préfèrent se détouiner vers lrachatd'autreiproduits. Peu importe au monopoleurs'ils efÏectuentces dépensespour l'achai de
biens très différents ou au contraire comparablesà ceirx qu'ii produit mais
oIÏerts par_d'autres producteurs n'ayant pas augmentéleuri prii. Dans tous
les cas il doit supporter,ne fût-ce que dans une fàible mesure,une concurrence
eflective de ce dernier type de biens puisque c'est précisèmentla possibilitéde
les acquérirqui conduit progressivement
lei acheteuisà sepasserdè son produit
lorsqu'il-a rgmente_son prix. Les effets directs sont ainsi identiques, que les
sommeslibéréesà la suite d'un accroissement
de prix par une entrèprise,soient
détournéesvers l'achat de bien différents ou qu'elles soient dirigéès principalement vers un ou _plusieursproduits rivaux plus ou moins disfonibies pôur
^qui,
les acheteurs.Ce dernier cas correspondà la situation d'une entreprise
bien que ne contrôlant qu'une faiblê part de la production totale diune marchandise,a l'avantage d'opérer sur un marché qui lui est réservé.Mais les
efÏets indirects dans les deux cas sont substantiellernent
différents.
La méthode indiquée par Marshall pour les entreprisesdont les produits
satisfont des besoins très précisémentspècifiéss'appliqïe dans l,étude du cas
évoqué-_en
dernier lieu. < Lorsque nous considéroni un producteur particulier
< écrit-il )>nous devonsassociersa courbe d'offre non à la èourbede lâ demande
globaledu produit correspondantau marché dans son ensemblemais à la courbe
de la demandespé-cifique
à son propremarché> (principlesv, XII, 2). Si nous
étendonscette méthodeaux branchesd'activité au seinàesquelleschaquefirme
détient plus.ou_moinsun,marché spécifiquenous ne devonspas en limiter le
recours à l'étude des producteurspàrticuliers, mais nous devôns aussi nous y
conformerlorsque nous examinonsla manière dont l'équilibre est atteint au
niveau de-l'échangedans sa totalité. Il est clair en effet que des courbesde ce
genre,-spécifiq're5aux firmes particulières,ne peuvent d'aucune manière être
agregées_
pour. former un couple unique de courbes globalesde demande et
d'o{Ire. La méthode que nous-venonsde mentionner ést celleJà même suivie
dans l'étude du < monopole ordinaire>>.Dans les deux types de situation, en
fait, le producteur partiôulier détermine son prix de vente suivant le prinôipe
bien connu de la màximisationdu revenu de monopole ou des profits.
Le trait distinctif qui singularisela situation d'une firme qui ne détient pas
un véritable-monopole mais possèdesimplementun marché particulier réside
dans la courbe de demandedes biens qurelle produit : les acheteurséventuels
y sont classésdans un ordre décroissantsuivanf le prix qu'ils sont prêts à payer
non pour s'abstenird'achetermais plutôt pour renoncef au produit partiôuiier
de cette firme et s'adresser'àsesconcurrehts.Ceci signifi" qïe deui éléments
entrent dans la compositionde ces prix de demandej te priï auquelles biens
peuvent être achetésaux autres producteursqui dans l'ordre de préférencedu
consommateursuivent immédiatementle producterlr en question,et la mesure
monétaire de la valeur (une quantité qui peut être positive ou négative)que
l'acheteur associeà son goût plus partiôuliér pour le:produit offert iar ce pioqu,initiatem.r,, oun, ,rr,.
-producteur
-utttîJ;, la facilité de l'exposé on peut supposer
branche où règne de telles-conditions,chaquê
vend à un prix qui
couvre tout juste ses coûts. L'intérët individuel de chaqueproducteurlé pousie
176
Patrtck Maur$son
à accroîtreson prix rapidementafin d'obtenir un profit maximal. Mais à mesure
que ce comportèment se généralise_dansla branèhe, les différentes courbes de
demandesoirt en conséquèncemodifiées; en efiet puisque chaque acheteur--cons'
il sera
tate que le prix des substitutssur lesquelsil pouvait compter -aYgmente,
qui
avait
produit
antérieurement
pour
ce
prix
supplémentaire
payer
le
encliri à
prix
se
soit
initiale
de
què
l'augmèntation
préféience.
même
avant
Aiirsi
sa
entièrementachevée,se manifestentles conditionspermettantaux autresfirmes
d'effectuer des hausiesde prix supplémentaires- et ainsi de suite. Naturellement ce processusatteint ràpidemènt.salimite. Pour chaque haussede prix il
faut faire le départ dans l'e-nsembledes clients que perd une firme entre ceux
oui se détourneït provisoirementvers ses concurrentset qu'elle récupère dès
lbrs qu'ils augmentèntaussi leurs prix et ceux qui renoncentdéfinitivementau
prodriit de lairanche d'activité. Aihsi chaque entreprisea deux types de c,lients
inarginaux : ceux qui lui sont marginaux sirict senso.etqui se fixent une limite
a-lti.C. de son pri* rur le prix courant et ceux qui, se fixant une.limite supéri""rà à àe p.ii courant, sônt marginaux à la branche d'activité à laquelle
elle appartient.
du produit
Evidemmentil est possibleque l'augmentationgénérale_{u_prixde la branche puisse altecter les-conditionsde demândeet d'offre de certaines
firmes de telleiorte qu'il soit avantageuxpour elles de réduire-leurs_prixplutôt
que de se conformer à cette hausse.-MaiJdans une branche dont la structure
àên&alea atteint un certain degré de stabilité pour ce.qui est des méthodesde
iroduction, du nombre d'entreprisesqui la compose,de sespratiques commerèiul"r - pour laquelle par conséquentles hypoihèsesstatiguessont quasiment
justifiéesI cette êventuàlitéa beaucoup_moinsde chanced'advenir-que l'éveniualité contraire.En premier lieu elle implique une_forteélasticitéde la demande
J.r coûts rapidenientdécroissants,autrèment dit une situ-ationqui.aurait à
"i
la monopolisationabsolue,c-equ! ne saupour conséquence
très brève échêànce
rait arriver sur un àarché où ôpère normalernentun certain nombre de firmes
indépendantes.En secondlieu, lés forces qui entraînentles producteursà élever
.ont beaucoupplus efficacesqùe celles qui à l'inverse tendent à les
ilrr'pri*
iéâ"itË. C""i r" tient fad simplementà la crainte que cha-quevendeur a de
des profits
détériore6o1 m"."hé rirais priàcipalementparce que-le gonfleme^nt
;r*;ér par la réduction des prii est obtenu aui dépens des firmes concur'
-Ë lEs conduit à prendre des mesuresdéfensivessysceptiblesde com;;il;;,
ôui
"Ë
profit précédèmment garanti_; alors qu'une hausse des profits
;;;;t*
i.ésultant d'unô élévation des prix nôn seulementne nuit pas a-ux concurrents
-àir ftu. apporteun gain positif qui peut être.par suite considérécomme plus
Ei réiumé l'eïtréprise qui-afin.d'augmenterses,nrofls,elt
à*àli"..ni'"cquis.
confrontée à l'aÎternative suivante : ou élever ses prix de vente ou les redure'
sénéralementoptera pour la premièresolutîon à moins que le -profit.additionsupérieurà celui qu'assurela
aJ i" r"àonde soit considérablement
i;i;;iltÈ
première.
Les mêmes raisons peuvent être évoquéespour-dissiper le doute qui à pre'
mière vue s'attacheà la question de savoir si dans la situation que nous venons
â;ôttuir"g"r l'équilibre peut être indéterminé,ce qui généralementest admis dans
le cas aialoguê du moiropolemultiple. p'aglre part, même dans ce cas, comme
Èdseworth f"a remarquéo |'étenduede l'indétermination diminue avec la réduc'
tiof; a" degré de coriélation entre les biens > produits par les difiérents monooàl.u.. d : Ëe qui sisnifie dansla situationqui nôus intérêsse: avecla diminution
âà f;gUrti"ité de laîemande desproduits d'une firme particulière il faut ajou'
6. The pure theory of Monopoly in Papers Relating to P.E., Vol. 1, p. I2l.
Les Lois des rendementsen concurrence
177
ter que I'efficiencede cetterestriction est proportionnellementplus forte, comme
d'ailleurs la rapidité de la diminution des côûts individuels, lôrsque I'accroissement de la quantité produite devient moindre. Ces deux conditions,commeil a
été,dit plus haut, se rencontrent en général très largement dans la situation envisagée.D'autre part l'indétermination de l'équilibre d'un monopole multiple
repose nécessairementsur l'hypothèse qu'à tout moment chaque monopoleur
est également enclin soit à élever soit à réduire ses prix suivanf que c'est l'une
ou l'autre variation qui lui convient le plus du point de vue du gain immédiat
- hypothèsequi, nous l'avons vu, n'est pas justifiéedu moins dans la situation
qui nous intéresse7.
La conclusionque l'équilibre est en principe déterminéne signifie pas que
l'on puisse affirmer quoique ce soit de général au sujet du prix d'équilibre ; il
peut être différent pour chaque entrepriseet dépendredans une large mesure
des conditions particulièresqui l'aflectent.
Il ne serait possible de parler d'un prix généralque dans un seul cas :
celui d'une branche telle que I'organisationde là produCtiondes diversesentreprises soit uniforme et que leurs marchés particuliers soient semblablesen ce
qui concernela nature et l'attachementde leurs clientèles.Dans ces conditions
il saute aux yeux que ce prix unique, à travers le jeu des actions indépendantes des firmes nombreuses,animées par leurs seuls intérêts particuliers,
devrait tendre vers le même niveau que celui que fixerait un cartel monopolistique, selon les principes normaux du monopole.Ce résultat loin de dépendre
de l'existence d'un cloisonnement quasiparfait des marchés particuliers
requière simplementun faible degré de préférencepour une firme donnée au
sein de chaquegrouped'acheteurs.En lui-mêmece cas est de peu d'importance
car il est extrêmementimprobable qu'une telle uniformité puisse concrétement
se trouver ; mais il dénote une tendance qui règne même dans les situations
réelles,où les conditions des diversesentreprisessont di{Ïérentesles unes des
autres, tendancequi traduit le fait que les obstaclesmineurs à la concurrence
par leur action cumulative produisent des effets sur les prix proches de ceux
du monopole.
On doit noter que dans ce qui précède,les influencesperturbatricesexercées par la concurrencedes nouvelles firmes attirées vers une branche dont
les conditionspermettentde prélever des pro{its monopolistiquesélevésont été
négligées.Ceci se justifie premièrementdu fait que l'entrée des nouveauxvenus
pour s'imest fréquemment entravéepar l'importance des dépensesnécessaires
planter sur le marché dans une activité où les firmes existantesdéjà installées
ont une clientèlebien établie- dépensesqui peuvent souventêtre supérieures
à Ia valeur capitaliséedesprofits escomptés.Deuxièmementl'apparition de nouveaux concurrentsest un élémentqui ne peut prendre de l'importance que si
les profits monopolistiquesde I'activité sont considérablementau-dessusdu
niveau normal des profits en général; ce qui toutefois n'empêchepas les prix
d'être déterminés,dans une certainemesure,de la façon qui a été exposée.
7.Le caractère déterminé de l'équilibre serait plus évident si, au lieu de considérer
les différentes unités du même article produit par diverses entreprises comme des
biens concurrents, nous admettions que chaque unité est composée de deux biens
auxquels correspondrait sur Ie marché une double demande. L'un serait vendu dans
les conditions de la concurrence pure et parfaite tandis que l'autre (le service spécial attaché au produit d'une entreprise donnée) serait offert dans les conditions du
monopole. Cette façon d'envisager le problème cependant est plus artificielle et
moins conforme à la méthode traditionnelle.
178
Patrick Maurtsson
Par ailleurs il pourrait semblerque I'importance des.difficultésde commercialisation en tant ôue limite au dévêloppemèntdes unités de production a été
sur-estiméepar rapport aux efiets similàiies qu'entraînent-lesdépensesplus que
proportionnôller
^oroduction q^ulunefirme doit parfois assumer afin d'acquérir des-moyens
additionnels dont ellè a besoin. Mais on constaterale plus souàe
qu"
de coûts de ce genresont un efiet et non une cause
accroissements
des
veni
déterniinantedes conditions du marché quf rendent nécessaireou désirablela
limitation de la production d'une firme. Ainsi la limitation du cré-dit ap'pr.liquée
à dr no-breusei firmes, qui ne permet à aucune d'entre elles d'obtenir plus
qu'un montant restreint de-capital au taux courant de f intérêt est souvent une
directe de ce qu'ùne firme donnéeest réputéene pouvoir accroître
conséquence
,e. ,reitt"r au-delàde son marché particulier sans encourir de lourdes_dépenses
commerciales: si l'on était assuré-qu'unefirme est en mesure de produire une
quantité accrue de biens à un coûf moins élevé tout en étant capable de les
vendre sans difficulté au prix courant, une telle firme ne rencontrerait aucun
obstaclesur le marchélibrè des capitaux.D'autre part si une banque,ou le propriétaire d'un terrain sur lequel une firme se pfopose .d'étendre ses propres
installations ou tout autre fou-rnisseurde moyens de production de cette firme,
est en position de force vis-à-visd'elle il peut certainementlui imposer un prix
d'offre'supérieur au prix courant ; mais cette éventualité sera ici encore la
directe dù fait que cettefirme était de son côté en position de force
"ottiéquettôe
sur soir marchéet vend aussi-sonproduit à un prix supérieuraux cotts.
En l'occurenceon doit dire qu'une fraction du profit monopolistiquerdela
firme est transféréen amont et non que son coût de production est accru.
Ces phénomènessont à titre principal des aspectsdu processusde diffusion
'du
du profit'à travers les divers stades dè la production .et de la formation
niveàu normal du profit. Leur influence sui la formation du prix particulier
cl'une marchandiseést relativementpeu important et c'est pourquoi il est hors
de propos de les prendre en considérationdàns le cadre de cet article.
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