la syntaxe fonctionnelle des proverbes olombo

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Annales FLSH N° 16(2012)
LA SYNTAXE FONCTIONNELLE DES PROVERBES OLOMBO
Par
Roger CHEKO OTAKEWAE
Professeur Associé à l’Université de Kisangani
et
Jacques-Riverain LOFEMBA BONINGOLI
Assistant à l’Université de Kisangani
ABSTRACT
« This study concerns basically olombo functional syntax proverbs.
From proverbial sentences, analysis, it results that olombo as
bantu language gets a syntactic richness total functions applied on
verb such as: subject, complement and objet. So in this
investigation, we have made up the analysis of olombo proverbial
sentences constituents means (NS, VS, PS)”.
0. INTRODUCTION
Cette recherche a pour objet, la syntaxe fonctionnelle des proverbes
olombo. Elle est une langue bantu parlée dans la Province Orientale,
District de la Tshopo, Territoire d’Isangi.
Pour GREENBERG J. (1966 ; p. 24), la langue olombo appartient à
la famille Congo-Kordofanienne, branche Niger-Congo, sous famille
Benné-Congo et groupe bantuide.
GUTHRIE M. (1967 ; p. 36) classe le olombo dans la zone
linguistique C, sous le sigle C54, au sein du groupe Soko-Kele.
Aussi, KADIMA K. (1983 ; p. 23) place-t-il le olombo dans la zone
linguistique C, sous le code 324.
0.1. ABREVIATIONS
SN
SV
S
P
EX
TL
VL
EC
N
PV
: syntagme nominal
: syntagme verbal
: sujet
: phrase
: Exemple
: traduction littérale
: version littéraire
: explication contextuelle
: nom
: préfixe verbal
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V
: verbe
Préd. : prédicat
Prép. :préposition
Infin. : infinitif
Dét. : déterminant
C.C.T : complément circonstanciel du temps
C.C.L : complément circonstanciel de lieu
C.C.M : complément circonstanciel de manière
C.O.I. : complément d’objet indirect
C.O.D. : complément d’objet direct
Nég. : négatif
Adv. : adverbe
Attr. : attribut
0.2. DEVELOPPEMENT
2.1. Conception personnelle de la syntaxe fonctionnelle
Notre conception de la syntaxe fonctionnelle se résume dans le cadre
du courant structuraliste. Considérant la nouvelle tendance d’analyse
fonctionnelle, nous utilisons les « arbres fonctionnels » pour bien réaliser
l’analyse en constituants immédiats dans les proverbes olombo. La
méthode d’analyse fonctionnelle et les techniques complémentaires, à
savoir : l’interview et la technique documentaire étaient d’usage.
2.2. Fonctions qui s’appuient sur le verbe
Les fonctions qui s’appuient sur le verbe sont : le sujet, l’attribut et le
complément.
a) Fonction sujet
Le sujet, point de départ de l’énoncé, est constitué du mot ou groupe de
mots désignant l’être ou la chose dont on exprime l’action ou l’état. Le
sujet désigne ce à propos de quoi on doit dire quelque chose. En olombo,
la fonction sujet peut être exercée par un nom, un pronom et une
proposition.
- Le nom simple : il n’appartient pas à une classe sémantique particulière.
2
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Ex. : « Afá asiongbá laboni »
P
SN(S)
N
« Afá
SV(Préd.)
PV
V
a-
siongbá
SP(C.C.T)
laboni »
T.L. : Papa lui mourir aujourd’hui
V.L : Papa est mort aujourd’hui
E.C. : Ce proverbe se dit pour signifier la mort d’une personne
importante. C’est pourquoi, les Olombo souhaitent que chaque jeune se
prenne en charge car demain, il restera seul responsable de la famille.
- Un anthroponyme : il s’agit du nom désignant une personne dans une
communauté déterminée : nom de famille, prénom, surnom. La
dénomination des personnes, selon DUBOIS J. et al (2007, p. 40) régie
autrefois par l’usage, est réglementée aujourd’hui par l’état civil.
Ex. : « Bolamba abekí la wána »
P
SN1(S)
N
« Bolamba
SV(préd.)
PV
V
a-
bekí
SN2 (COI)
wána »
T.L. : Balamba lui perler enfant
V.L : Balamba a parlé à l’enfant
E.C. : Les Olombo considèrent un enfant qui n’écoute pas les conseils
comme un enfant condamné à souffrir.
- Un toponyme : le toponyme est le nom désignant un lieu, leur rapport
avec la langue du pays ou des langues disparues.
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Ex. : « Yaboyá embέkέ bo bolombo »
P
SN1(S)
N
SV(préd.)
PV
V
SN2 (CCL)
Prép.
« Yaboyá
e-
mbέkέ
bo
N
bolombo
T.L. : Yaboyá lui (être) de bolombo.
V.L : Yaboyá est un village des bolombo.
E.C. : Lorsqu’il s’agit des intérêts, les Olombo cherchent à faire une
distinction claire des autres (étrangers) par souci de bénéficier eux-mêmes
de produits de la chasse, du champ et de la pêche.
- Un dendronyme : Par dendronyme, on sous entend le nom propre des
plantes.
Ex. : Litoko limbέ la bokpé ».
P
SN1(S)
N
SV(préd.)
PV
V
li -
mbέ
SN2 (COD)
Dét.
« Litoko
la
N
bokpé
T.L. : Palmier lui porter les régimes
V.L : Le palmier porte des régimes.
E.C. : Le palmier est une plante qui joue un rôle très important dans la
vie quotidienne des Olombo, car il donne des noix, de l’huile, du vin, des
balais, etc. Ce proverbe se dit pour signifier qu’aucune personne sur cette
terre ne peut se suffire à elle-même, elle a toujours besoin des autres.
- Un ichtyonyme : L’ichtyonyme est le nom propre des poissons. Dans les
eaux olombo, il existe plusieurs espèces de poissons.
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Ex. : Lotombé kongbá lofindola ».
P
SN1(S)
N
SV(préd.)
PV
« Lotombe
ko -
V
(intransitif)
ngbá
SN2 (C.C.C)
lofindola
T.L. : Fretin lui mourir (+ présent) de l’hameçon
V.L : Le fretin meurt de l’hameçon.
E.C. : Le fretin souvent négligé à cause de sa taille pour le capturer, il
faut utiliser un filet et rarement un hameçon. Ce poisson symbolise une
réalité chez les Olombo. Evitez de traiter un problème avec légèreté. De
petits problèmes peuvent amener au pire. Ce proverbe s’énonce pour
inviter le Olombo à être sérieux devant tous problèmes ou toutes
circonstances de la vie.
- Un zoonyme : Par « zoonyme », on sous entend le nom propre des
animaux. Dans la forêt Olombo, il existe plusieurs espèces d’animaux
sauvages. Toutefois, les animaux domestiques sont au village.
Ex. : Ingbá ali ikpá ».
P
SN1(S)
N
« Ingbá
SV(préd.)
PV
a-
V
li
SN2 (C.O.D)
ikpá
T.L. : Chien lui (+ présent) manger os.
V.L : Le chien ne mange que les os.
E.C. : Le chien est un mammifère carnivore digitigrade, généralement
domestiqué par les Olombo pour la chasse et la garde. Lorsqu’il attrape le
gibier, sa part est les os seulement. Ce proverbe se dit pour désigner en
réalité l’ingratitude envers l’homme qui pourtant, mérite plus. Dans la vie,
il faut reconnaître les capacités d’autrui.
- Un terme de parenté : Il s’agit d’un nom qui exerce la fonction
syntaxique de sujet. Ce terme exprime les relations familières ou
sociales.
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Ex. : « Tatangέ ambέ tá iló ko kpálá ».
P
SN1(S)
N1
PV
« Tatangέ
a-
SV(préd.)
V
SP (C.C.T)
SN2
Prép.
N2
Prép.
N3
ta
ilo
ko
kpálá »
mbέ
T.L. : Oncle lui (décédé) dans sommeil depuis heure.
V.L : L’oncle est décédé dans le sommeil depuis des heures.
E.C. : La mort a été définie par plusieurs auteurs chacun selon sa propre
conception. Pour les uns, la mort est ‘un départ qui rompt le rythme de la
vie sans y mettre fin » NAZI B. (1962, p. 40). Elle est souvent reçue
comme « une délivrance, car elle sauve l’être humain de cet insupportable
cauchemar de l’existence ici bas ». Ce proverbe se dit pour signifier le
grand silence d’un problème.
- Un panégyrique
Par panégyrique, on sous entend un nom laudatif utilisé comme nom
propre de personne.
Ex. : « Esíso ndoshishá bonangá ».
P
SN1(S)
N
« Esíso
SV(préd.)
PV
V
ndo-
shishá
SN2 (C.O.I)
bonangá »
T.L. : « Esíso (fort, miracle) il menace pagayeurs »
V.L : Esíso attaque les pagayeurs.
E.C. : Dans la société olombo, il exizte des gens (griots, féticheurs,
huérisseurs) qui conservent les us et coutumes de ce peuple. Ainsi, ils sont
capables de protéger le village contre u :ne agression, une épidémie, etc.
« Esíso »signifie miracle, « force » est le nom attribué aux jeunes qui se
sacrifient pour sauver l’honneur du village.
Ce proverbe s’énonce pour encourager les jeunes disponibles à défendre
les intérêts du peuple Olombo.
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- Un hydronyme
Ex. : « Londé koítá baíto ».
P
SN1(S)
SV(préd.)
N
PV
V
SN2 (C.O.I)
« Londé
ko-
ítá
baíto »
T.L. : Londé elle (tuer + présent habituel) personnes.
V.L : Londé tue les personnes.
E.C. : Ce proverbe se dit pour prévenir le danger qui peut survenir à une
personne qui n’accepte pas sa faute ou ses défauts.
- Le syntagme nominal
Le syntagme nominal est un nom accompagné d’autres éléments
linguistiques et qui peut exercer la fonction sujet (FAIK S, 1969, p. 38). Il
est constitué de manières diversifiées.
Ex. : « Losingé ndongbá fͻlↄ ».
P
SN1(S)
N
« Losingé
SV(préd.)
PV
V
ndo-
ngbá
SN2 (C.O.I)
fͻlↄ »
T.L. : Corbeille de elle (rentrer + présent) vide pêche
V.L : La corbeille de pêche rentre vide.
E.C. : Ce proverbe se prononce pour encourager un visiteur qui n’a rien
amené pour les gens qui le reçoivent. Le Olombo est solidaire, il croit vite
que le visiteur peut donner un cadeau un autre jour.
- Le pronom
Le pronom se substitue au groupe nominal dans l’énoncé. Il occupe
donc les mêmes fonctions dans la phrase.
Pour DUBOIS J. et al. (2007, p. 74), dans toutes les langues, il existe
des mots qui s’emploient pour renvoyer et se substituer à un autre déjà
utilisé dans le discours ou pour présenter un participant à la
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communication, un être ou un objet présent au moment de l’énoncé. Selon
les contextes, le mot remplacé peut être n’importe quel nom d’où le
pronom.
Ex. : « Toongbá tolé iboki ».
P
SN1(S)
N
SV(préd.)
PV
V
Pron.
« To
SN2 (C.C.Cause)
Loc. Préd.
o-
ngbá
tolé
N
iboki »
T.L. : Nous nous (mourir + futur) à cause de village
V.L : Nous combattrons pour le village.
E.C. : Chaque personne a son identité villageoise. Ainsi, nous devons
bien veiller sur nos villages. Ce proverbe s’énonce pour amener les jeunes
à prendre conscience pour sauver l’honneur du village.
- Le possessif
Le possessif peut jouer aussi la fonction du sujet dans une phrase.
Ainsi, le syntagme nominal sujet regroupe le possessif et le préfixe verbal.
Selon DUBOIS J. et al (2007, p. 75), les possessifs sont des adjectifs ou
des pronoms indiquant que les êtres ou les objets auxquels ils s’ajoutent
(adjectif) ou dont ils représentent le nom (pronom) appartiennent à
quelqu’un ou à quelque chose.
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Ex. : « Mbέlɛ ɛnέ ɛmbέ yaísé ».
P
SN1(S)
Pron.
N
SV(préd.)
PV
V
SN2 (C.C.L)
Préd.
« ɛnέ
mbέlɛ
ɛ-
mbέ
ya
N
ísé »
T.L. : Cette case elle appartient (+ présent) à papa
V.L : Cette case appartient à papa.
E.C. : Dans la société traditionnelle Olombo, la case est l’endroit
propice pour cacher la nourriture, les ustensiles, les habits, etc.
En réalité, la case symbolise une femme. D’après la sagesse Olombo,
une épouse et/ou mère symbolise la vie dans le foyer. Les adultes
prononcent ce proverbe pour signifier aussi qu’une femme ne peut avoir
deux maris car, elle est propriété privée d’une seule personne.
- L’infinitif
L’infinitif exprime purement et simplement l’idée de l’action sans indication
de personne ni de nombre ; il ne fait pas connaître si l’action est réelle ou nom.
 L’infinitif simple
Ex. : « Omwa ongbá lingbá ».
P
SN1(S)
Pron.
SV(préd.)
PV
V
SN2 (C.O.D.)
Infin.
« Omwa
T.L.
V.L
o-
ngbá
lingbá »
: Boire ça conduire (+ présent) mort.
: La boisson (alcool) conduit à la mort.
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E.C. : Ce proverbe s’énonce pour prévenir l’homme qu’en buvant
beaucoup d’alcools, il peut oublier l’essentiel. Donc, il vaut mieux profiter
de son séjour sur terre pour réaliser ce qu’on peut.
 L’infinitif négatif
Ex. : « Oíbikíbeki aitindoétá nama ».
P
SN1(S)
N
Infin.
SV(préd.)
PV
V
SN2 (C.O.D.)
a-
itindoétá
nama »
Nég.
« Oíbikíbeki ne…pas
T.L. : Parler ça laisse (+ présent) animal.
V.L : Ne pas parler l’animal passe.
E.C. : Ce proverbe s’énonce lorsqu’on remarque un mal qui peut ronger
la société ; il faut en parler et faire des remarques à ce sujet pour éviter la
récidive.
 La proposition
Quant à DUBOIS J. et al (2007, p. 78), on donne le nom de proposition
aux phrases élémentaires dont la réunion par coordination ou
subordination constitue la phrase effectivement réalisée. La proposition est
une unité syntaxique élémentaire constituée d’un sujet et d’un prédicat.
Une proposition peut remplir la fonction sujet dans une phrase
proverbiale.
- La proposition infinitive
Elle est celle dont le verbe est à la forme infinitive et dont le sujet est
suivi d’un préfixe verbal.
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Ex. : « Omwa baáná ongbá loéwa ».
P
SN(S)
SV(préd.)
Prop. Inf. N
PV
V
« Omwa baáná
o-
ngbá
SN2 (C.O.D.)
loéwa »
T.L. : Boire alcool ça conduit (+ présent habituel) ivresse.
V.L : Boire l’alcool enivre.
E.C. : Ce proverbe s’énonce pour prévenir l’homme que tout excès peut
amener à des dégâts et surtout à la santé.
- La proposition relative
Une proposition relative peut, elle aussi, remplir la fonction sujet dans
une phrase proverbiale.
Ex. : « Olukaokósha onoataluka lisíyo ».
P
SN(S)
Prop. Rel.
« Olukaokósha
PV
o-
SV(préd.)
V
noataluka
SP (C.C.T)
Adv.
lisíyo ».
T.L. : Qui vouloir découvrir lui chercher (+ futur) toujours.
V.L : Qui veut découvrir cherchera toujours.
E.C. : Dans la Communauté Olombo, la paresse est un vice. Un jeune
qui sait par exemple se construire une case, pratiquer la chasse etc, doit
quitter le toit paternel pour fonder seul sa famille. Ce proverbe s’énonce
pour encourager l’autonomie.
b) FONCTION ATTRIBUT
L’attribut est un mot rattaché au sujet par le verbe d’état au
complément d’objet. L’attribut du sujet offre ainsi une étroite relation de
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sens avec le sujet dont il représente un aspect ou une qualité. Cette relation
de sens se réalise par l’intermédiaire d’un verbe.
Dans le même ordre d’idées, DUBOIS J. et al. (2007, p. 07) disent que
l’attribut est la manière d’être ou la qualité dont l’énoncé reconnaît
l’appartenance à quelqu’un ou à quelque chose par le moyen d’un verbe
exprimé ou sans entendre (…), il peut être un nom précédé ou non de
l’article, un pronom, une proposition conjoncture (…).
Nous précisons qu’en Olombo, la copule marque le rapport entre les
deux concepts. Cependant, l’attribut dans la phrase proverbiale peut être :
un nom ou un infinitif.
- Nom
Le nom doit être relié au sujet par un verbe (copule) ou d’autres
verbes similaires pour exercer la fonction sujet.
Ex. : « Boóló ambέ amboko boóló ».
P
SN1(S)
N1
« Boóló
SV(préd.)
PV
a-
V
SN2 (Attribut)
Copule
Adv.
mbέ
amboko
N2
boóló »
T.L. : Aîné lui (être présent) toujours aîné.
V.L : L’aîné est toujours l’héritier.
E.C. : Il existe une certaine hiérarchie d’enfants au sein de la société
olombo. Ce proverbe s’énonce pour désigner que le droit d’aînesse ne se
discute pas : même si l’on a la même taille.
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- Infinitif
Ex. : « Obali eití oweshá ».
P
SN1(S)
N1
SV(préd.)
PV
V
SN2 (Attrib. Inf.)
Copule
Nég.
« Obali
e-
ití
oweshá ».
T.L. : Fusil il (ne pas être) jouer.
V.L : Le fusil n’est pas pour jouer.
E.C. : Il est conseillé de la prudence dans la vie. Ce proverbe se dit pour
prévenir une personne contre un danger. On ne peut s’amuser avec un fusil
car, la mort est permanente.
c) FONCTION COMPLEMENT
Nous précisons avec MOUNIN G., cité par DUGENNE C.P. (1977, p.
59) que le complément est ce qu’on ajoute à un mot pour déterminer la
signification ; c’est un mot complétant le sens d’un autre mot.
 Le complément d’objet direct
Pour FAIK S. (1969, p. 65) soutient qu’un groupe de mots ou
proposition est un complément d’objet direct lorsqu’il constitue la réponse
à l’une des questions « qui ? » ou « quoi ? ». Pour en être tout à fait sûr,
retourner la proposition au passif : ce mot, ce groupe, cette proposition ou
cette unité en citation deviendra sujet de la proposition ainsi mise au
passif.
La fonction de complément d’objet direct peut être remplie par un
nom.
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1. Nom simple
Ex. : « Baíso baolá mata ».
P
SN1(S)
SV(préd.)
N
PV
V
« Baíso
ba-
olá
SN2 (C.O.D)
mata ».
T.L. : Les yeux eux (+ présent) maniocs
V.L : Les yeux mangent les maisons.
E.C. : Il existe dans toute société des abus de confiance. Ce proverbe
s’énonce lorsqu’il s’agit d’un désespoir après une longue attente et/ou
promesse. Il traduit une durée trop prolongé d’une action et qui amène un
désespoir et à l’impatience.
Ex. : « Lesi oítá fele ».
P
SN1(S)
SV(préd.)
N
PV
V
SN2 (C.O.D)
« Lesi
o-
ítá
fele ».
T.L. : Lesi lui tue (+ présent) serpent
V.L : Lesi tue le serpent.
E.C. : Les sages Olombo prononcent ce proverbe pour identifier un
homme courageux, fort et consciencieux. Le proverbe s’énonce pour un
homme qui dit souvent la vérité aux gens.
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2. Nom composé
Ex. : « Akaitá likalá ngongo ».
P
SN1(S)
N
SV(préd.)
PV
V
SN2 (C.O.D)
Pro
N
«A
ka-
itá
likalá ngongo ».
T.L. : Il ça tuer (+ futur) serpent de plusieurs couleurs.
V.L : Il a tué le serpent multicolore.
E.C. : Chez les Olombo, ce proverbe s’énonce pour désigner l’adultère
(avec une femme d’autrui). On désigne aussi un homme pour une femme
de mauvais comportement par ce proverbe. La case est considérée ici
comme la propriété privée d’un homme.
 Le complément d’objet indirect
Pour FAIK S. (1969, p. 67), le complément d’objet indirect constitue
la réponse à l’une des questions telles que «à qui ? » ou « à quoi ? », «
de qui ? » ou « de quoi ? ».
Ex. : « Abekí laBolamba ».
P
SN1(S)
N
SV(préd.)
PV
V
Pro
«A
SN2 (C.O.I.)
Prép.
bek-
kí
la
N
Bolamba ».
T.L. : Il lui (+ présent) à Bolamba.
V.L : Il s’est adressé à Bolamba.
E.C. : La sorcellerie connue selon l’homme blanc par l’appellation de
« magie noire » joue un rôle diabolique dans la société Olombo. Ce
15
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proverbe « dire à Bolamba » signifie « homme sorcier ». Il s’énonce aussi
pour identifier la famille réputée pour la sorcellerie.
3. Nom commun
Ex. : « Toóngbá toléibána ».
P
SN1(S)
N
SV(préd.)
PV
V
SN2 (C.C.Cause)
Prép. Con.
« To
ó-
ngbá
tolé
i
N
bána ».
T.L. : Nous sommes mourir (futur) à cause des enfants.
V.L : Nous combattons à cause de nos enfants.
E.C. : Les adultes prononcent ce proverbe pour amener les jeunes gens à
prendre à leur tour conscience de sauver l’honneur du clan.
2.1.4. SYNTAGME PREPOSITIONNEL
Ex. : «Batotináná libandé kola cobou ».
P
SN1(S)
PV
SV(préd.)
V
SP (CCM)
N(C.O.D) Prép. N2
«Ba
totináná
libandé kola cobou ».
T.L. : On traverse (présent habituel) rivière par nage.
V.L : On traverse la rivière par la nage.
E.C. : Ce proverbe s’énonce à titre d’encouragement. Il faut être
persévérant dans la vie. En effet, le bonheur est le fruit de la peine ou de la
souffrance.
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Annales FLSH N° 16(2012)
3. CONCLUSION
Comme nous pouvons le remarquer, les phrases proverbiales olombo
peuvent subir l’analyse structurale.
De cette analyse, il ressort qu’on peut retrouver dans le proverbe des
fonctions grammaticales (sujet, prédicat et objet). Aussi, des relations
grammaticales c’est-à-dire (relation entre le sujet/prédicat, verbe
transitif/objet), ainsi que des catégories de constituants immédiats,
notamment le syntagme nominal, le syntagme verbal et le syntagme
prépositionnel connu comme un élément mobile.
En résumé, pour bien appliquer l’analyse en constituants immédiats
des proverbes Olombo, nous avons utilisé chaque fois l’ordre fonctionnel.
BIBLIOGRAPHIE
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