Troubles d’accès et/ou atteinte des représentations sémantiques.
La dissociation inverse, c’est-à-dire l’existence de troubles de compréhension orale,
alors que les épreuves explorant le niveau phonologique sont réussies, ou la préservation de
capacités phonologiques de répétition associée à une insensibilité aux paramètres sémantiques
qui influencent habituellement cette épreuve (surface dysphasia, McCarthy et Warrington, 20)
fait évoquer un trouble d’accès aux représentations sémantiques. En désignation d’images, la
compréhension de mots isolés dépend de leur fréquence dans le lexique, de leur caractère
familier ou rare, et de leur catégorie sémantique (objets, verbes d’action, symboles, noms de
couleurs…). Les ordres simples sont bien exécutés, mais des troubles apparaissent dans
l’exécution d’ordres complexes, la compréhension d’histoires longues et/ou logiques, la
perturbation d’épreuves explorant le niveau sémantique verbal: classement catégoriel de mots
entendus, identification de synonymes ou d’antonymes, recherche d’intrus, attributs de
propriétés, de caractéristiques morphologiques ou d’usage de mots entendus. La persistance
de capacités de traitement sémantique non conscient (par exemple, effet priming : activation
automatique d’items sémantiquement voisins) suggère qu’il existe principalement chez
l’aphasique un trouble d’accès à des représentations sémantiques conservées, alors que ces
dernières seraient altérées dans la démence. L’association aux déficits de production lexico-
sémantique est habituelle.
Troubles de compréhension syntaxique.
Dans de nombreux cas, la compréhension des items isolés est conservée ou restaurée,
mais des difficultés apparaissent dans la compréhension des items syntaxiques et des phrases
(6). On sait depuis longtemps que la compréhension syntaxique est plus vulnérable dans
l’aphasie que la compréhension lexicale : difficultés pour comprendre les verbes par rapport
aux substantifs, les articles, les flexions, les prépositions spatiales, difficultés pour
comprendre les phrases syntaxiquement ambiguës, par exemple lorsque l’ordre habituel :
sujet-verbe-complément, qui permet un traitement linéaire, n’est pas respecté. En pratique, la
désignation en choix multiples d’images illustrant des phrases différant par un seul composant
syntaxique, la compréhension de phrases réversibles et la compréhension des rôles
thématiques, liés au sentence mapping : qui fait quoi, et à qui ?(35) dans des phrases actives /
passives, réversibles ou enchâssées, le repérage du déplacement de l’agent par rapport au
verbe sont, malgré une très grande variabilité inter-individuelle, les épreuves les plus fidèles
(15). L’existence d’un trouble unique, central, de la syntaxe, par opposition à l’existence de
troubles séparés de production (agrammatisme et dysyntaxie) et de décodage des messages