CERVEAU & LANGAGE l’imitation et la cognition linguistique, et poursuivant par l’examen de la coopération des archéologues et neurobiologistes autour des relations entre le cerveau humain, le langage et la culture matérielle, de la « co-évolution » du cerveau humain et du langage, des avancées de l’ingénierie neuromimétique sur l’évolution de la parole, et des mutations génétiques susceptibles d’avoir facilité l’émergence du langage chez les primates humains. En conclusion les deux grandes questions pendantes sont rappelées : origine gestuelle ou vocale du langage articulé, par adaptation (sans intervention de mutations génétiques) ou par exaptation (avec mutations). Jounée scientifique du CRISCO EA 4255 Université de Caen, 11 décembre 2014 RÉSUMÉS (dans l’ordre des communications) Jean-Luc NESPOULOUS Paul Broca, Carl Wernicke et leurs successeurs ont mis en place, de la fin du 19 ème jusqu’au milieu du 20ème siècle, un ‘dogme’, aux fondements anatomo-cliniques, qui a connu d’emblée un franc succès suivi de bon nombre de vicissitudes. Le réductionnisme initial de la version ‘standard’ de la zone du langage dans le cerveau humain et le simplisme des conceptions en matière de langage émanant des seuls neurologues/pionniers n’ont pas tardé à devoir affronter de nombreuses ‘exceptions’ qu’il convient d’examiner encore aujourd’hui, environ 150 ans après la mort de Paul Broca. L’examen de ces nombreux ‘bémols’ au dogme initial, plus que jamais d’actualité, constituera l’épine dorsale de l'exposé introductif de la journée du 11 décembre. Halima SAHRAOUI URI Octogone-Lordat, E.A 4156 & Institut des Sciences du Cerveau de Toulouse (ISCT) ÊTRE PATIENT APHASIQUE ET LOCUTEUR ‘STRATÉGIQUE’ : une analyse de corpus agrammatiques en syntaxe et discours En situation de difficulté neuropathologique, un patient déficitaire aphasique est aussi, potentiellement, un locuteur stratégique (Nespoulous et Virbel, 2004). Je présenterai les résultats d’une étude ayant porté sur la dimension adaptative du comportement verbal chez le patient aphasique de Broca avec agrammatisme (Sahraoui et Nespoulous, 2012). En production, ce trouble se traduit en particulier par une réduction quantitative du discours affectant en particulier la fluence verbale (ralentissement du débit et dysfluences) et de manière assez spécifique les aspects morpho-syntaxiques (style “télégraphique” avec omission de morphèmes grammaticaux et simplification syntaxique). Les analyses de corpus oraux portant sur les aspects morpho-syntaxiques et discursifs ont permis de montrer que les patients agrammatiques ajustent les formulations linguistiques selon la tâche, et ce en dépit des limitations de capacités de traitement causées par le déficit sous-jacent. Ces ajustements résultent de compromis entre la fluence verbale et la structuration/correction morpho-syntaxique/discursive visées (phénomènes d’ellipses, auto-corrections, reformulations, planification participant à une amélioration de l’aisance verbale ou de la précision grammaticale). La discussion s’ouvrira sur l’impact des fonctions exécutives impliquées pour le recours aux stratégies adaptatives instanciées in situ, rendues possibles notamment par un haut degré de contrôle de la production orale. Jacques FRANÇOIS Université de Caen & LATTICE, UMR 8094 (Paris 3 – ENS) L’ÉMERGENCE ET L’ÉVOLUTION DU LANGAGE HUMAIN DU POINT DE VUE DES NEUROSCIENCES L’exposé de J. François s’appuiera sur un article de même intitulé qui paraît au même moment dans la revue électronique CoReLa (http://corela.revues.org/). Il se composera de trois sections : la première est consacrée à la démonstration à partir de 200 ans d’histoire de la linguistique depuis le début du 19° siècle, que l’origine des langues, celle de la grammaire et celle du langage humain constituent trois questionnements disjoints. La seconde mettra en valeur le caractère pluridisciplinaire de l’étude de l’évolution du langage humain et les aller-retour qui ont existé, en particulier au 19° siècle, entre linguistes et naturalistes. La troisième section, la plus développée, est consacrée à l’apport des neurosciences évolutionnaires à l’étude de l’origine du langage sous la forme d’une documentation classée, commençant par cinq théories sur le cerveau humain et le langage centrées respectivement sur la localisation des aires du langage, la parole, 1 Eva SOROLI S.T.L, UMR 8163 (CNRS & Université Lille 3/Lille 1) Peggy QUINETTE INSERM UMR 1077, EPHE, Université de Caen Basse-Normandie ; GIP Cyceron. LANGAGE ET REPRÉSENTATION SPATIALE CHEZ DES LOCUTEURS AVEC ET SANS AGRAMMATISME : Analyse des mouvements oculaires et comparaisons interlangues LA MÉMOIRE DE TRAVAIL ET LES FONCTIONS EXÉCUTIVES DANS L’APHASIE « Des troubles de la mémoire de travail (MDT) et des fonctions exécutives (FE) ont récemment été décrits chez les patients aphasiques en relation avec leurs difficultés langagières (Murray, 2012). Ces déficits seraient liés, soit à une atteinte isolée des modules langagiers de la MDT (boucle phonologique du modèle de Baddeley), soit à une atteinte générale des ressources de la MDT dans ses composantes de stockage et/ou de traitement (Potagas et al., 2011) s’étendant aux FE. Ces déficits pourraient être majorés par l’utilisation d’épreuves à contenu verbal. Nous rapportons les résultats d’une étude dont les objectifs étaient d’explorer de façon approfondie les différentes composantes de la MDT et des FE chez des patients aphasiques au moyen d’épreuves originales, majoritairement non verbales, adaptées aux déficits d’expression et de compréhension de ces patients. Les résultats des patients à ces épreuves seront mis en relation avec leurs plaintes mnésiques et leurs difficultés de communication. » (résumé en attente) Jany Lambert INSERM U 1077, Département d’orthophonie, Université de Caen Basse-Normandie, CHU Caen. TROUBLES LEXICO-SÉMANTIQUES DANS L’APHASIE : ÉVOLUTION DES INTERPRÉTATIONS Les troubles lexico-sémantiques recouvrent des perturbations cliniques fréquentes dans l’aphasie (manque du mot, erreurs sémantiques) qui résultent de déficits touchant les composants sémantique et/ou lexical. Nous nous focaliserons dans ce court exposé sur les atteintes de niveau sémantique. Nous rapporterons quelques travaux fondamentaux qui ont apporté des éclairages nouveaux dans la compréhension de ces perturbations dans l’aphasie avec les notions de déficit d’accès sémantique, d’état réfractaire, de contrôle sémantique et d’aphasie sémantique. Francis EUSTACHE INSERM UMR 1077, EPHE, Université de Caen Basse-Normandie ; GIP Cyceron. LANGAGE ET MÉMOIRE : LES LEÇONS DES MALADIES DÉGÉNÉRATIVES La mémoire sémantique est un cadre théorique qui se situe aux confins du langage et de la mémoire et que l'on peut définir comme la mémoire des concepts, des connaissances générales sur le monde et sur soi. Différentes études en neuropsychologie cognitive ont montré un profil particulier d'atteinte dans la maladie d'Alzheimer, qui peut expliquer certains éléments sémiologiques de cette pathologie. Les troubles de la mémoire sémantique sont exacerbés dans la démence sémantique et des travaux récents en imagerie cérébrale fonctionnelle suggèrent que les profils cliniques sont attribuables à l'atteinte de réseaux cérébraux en partie distincts de ceux observés dans la maladie d'Alzheimer. Notre exposé sera illustré de plusieurs résultats issus d'études de neuropsychologie et de neuroimagerie qui permettent de mieux comprendre les liens entre mémoire et langage." 2