Université de Paris-8
B. Lafite
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Toutes les formes du verbe, sauf la forme infinitive, sont des supports de référenciation de
l’information, dans la mesure où elles portent directement ou indirectement indice de la relation
chronologique que l’énonciateur établit entre la situation à laquelle son énoncé réfère et la situation
d’énonciation.
À noter par ailleurs que la fonction propre des prédicatifs est tout pareillement de référencer un
signifié en l’associant de façon nécessaire au champ référentiel et à la situation d’énonciation (tels
можно ou нельзя, ou encore стыдно ou хорошо dans мне стыдно ou мне хорошо).
5. La dimension syntaxique
Au principe de la syntaxe, il y a la proposition, définie comme collection pertinente de syntagmes
dans laquelle un syntagme (et un seul) remplit la fonction nucléo-référentielle.
Relativement au noyau de la proposition, qui a donc pour caractère propre de remplir en même temps
la fonction nucléale et la fonction référentielle, chaque syntagme remplit une fonction particulière
(sujet, complément, attribut, etc.), qui spécifie la valeur qui est la sienne dans la proposition.
Le noyau de la proposition remplit la fonction référentielle (cf. ci-dessus 3 et 4) dans la mesure où
c’est lui qui rattache ce qui est dit à une situation de référence, elle-même chronologiquement repérée
relativement à la situation d’énonciation. Mais il est en outre noyau (fonction nucléale) en tant que
c’est relativement à lui et à lui seul que tous les éléments constitutifs de la proposition voient définie,
en dernière instance, ce qu’est leur fonction propre.
Illustration :
Soit l’énoncé suivant : «Я вернулся в мой город, знакомый до слёз
(...)
» (Ja vernulsja v moj gorod, znakomyj
do slëz : « Je suis de retour dans ma ville, que je connais jusqu’aux larmes »).
7 mots, parmi les 8 qui composent cet énoncé, ont une valeur lexicale : vernulsja — {retour}, v —
{destination}, moj — {possession}, gorod — {ville}, znakomyj — {familiarité}, do — {limite atteinte}, slëzy —
{larmes}. Le 8
ème
(ja) est sans valeur lexicale. Il est de valeur purement énonciative (c’est un déictique).
3 de ces mots (ja, gorod et slëzy) ont statut substantival (ja en tant que pronom, gorod et slëzy en tant que
noms). 1 autre (vernulsja), qui a pour caractère propre de contraindre à associer son concept au champ
référentiel, est un verbe. 2 autres (moj et znakomyj), en tant que supports d’adjonction à des syntagmes
nominaux, sont des adjectifs. Les 2 derniers (v et do), en tant qu’instruments de subjonction (de
complémentation), sont des prépositions.
Le verbe (vernulsja), dans la mesure où il est à une forme (de passé) qui référencie la proposition (= la situe
chronologiquement relativement à la situation d’énonciation), est automatiquement désigné comme le noyau de
la proposition. C’est, à ce titre, relativement à lui que l’on peut déterminer la fonction syntaxique de tous les
autres éléments constitutifs de la proposition:
— de ja, qui lui est conjoint : fonction de sujet ;
— de v moj gorod, qui lui est subjoint : fonction de complément ;
(jonction directe)
— de znakomyj do slëz, qui est adjoint à gorod.
(jonction indirecte)
Dans le syntagme complément (v moj gorod), il y a adjonction au noyau du syntagme (gorod) d’un adjectif
(moj) dont la valeur se constitue au point d’intersection des 4 dimensions suivantes :
— la dimension lexicale : {possession}
— la dimension énonciative : 1
ère
personne
— la dimension syntagmatique : adjonctivité
— la dimension syntaxique : épithète.
Le syntagme znakomyj do slëz, qui a relativement à gorod la fonction d’épithète détachée, a pour
noyau une unité adjonctive (znakomyj) qui bénéficie d’une complémentation (par do slëz).