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Le présent de l’indicatif
Même s’il est le temps le plus employé du français (du moins à l’oral), le
présent de l’indicatif se caractérise par sa complexité. Sa dimension
temporelle est ainsi assez floue, voire inexistante : un énoncé comportant un
verbe au présent peut en effet situer le procès dans n’importe quelle époque,
voire dans toutes (valeur omnitemporelle). tenter de délimiter les valeurs
temporelles du présent.
On désigne parfois le présent de l’indic. comme le temps zéro, c’est-à-dire la
forme de base du verbe à partir de laquelle les valeurs des autres temps
peuvent être dégagées. Le présent de l’indicatif est caractérisé par l’absence
de désinence temporelle, contrairement au futur par exemple. Ex : il part =
radical par- + -t marque de personne.
Le présent de l’indic. est une forme simple qui évoque un procès en cours
d’accomplissement, tendu de son point de départ à son terme (aspect non
accompli ou tensif). Cependant ses limites extérieures (début et fin) ne sont
pas prises en compte, l’événement étant observé de l’intérieur (aspect
sécant).
1. Valeur de base
Temps du discours, lié à l’énonciation, le présent constitue le seuil entre passé
et avenir. Il évoque donc normalement un événement qui se produit ( ou qui
est présenté comme se produisant) en même temps que l’acte d’énonciation
lui-même. Les marqueurs temporels, adverbes (maintenant, aujourd’hui) ou des
locutions temporelles soutiennent alors cette valeur (en ce moment, ces jours-
ci...).
L’illustration absolue de ce phénomène de contemporanéité est constituée par
les verbes performatifs : employés à la 1ère personne et à la modalité affirmative,
ils constituent des actes réalisés par le fait même de leur énonciation.
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Ex : Je te félicite, je te pardonne, je jure...
Mis à part ces verbes particuliers, la coïncidence entre événement et
énonciation n’est pas absolue.
Ex : Pierre marche dans la forêt. signifie que Pierre a déjà engagé sa
promenade au moment de l’énonciation et qu’il la poursuit.
Le présent inclut donc nécessairement une parcelle plus ou moins
grande d’instants réalisés, et une autre somme d’instants à venir.
a) présent momentané
Ex : On sonne ! Va ouvrir, s’il te plaît.
Dans ce cas, le procès étant étroitement limité dans sa durée, il coïncide
assez étroitement avec le moment de l’énonciation. Ce type de présent se
rencontre donc souvent avec les verbes perfectifs.
b) présent actuel
Ex : Pierre marche dans la forêt.
C’est la valeur la plus courante du présent : le procès s’intègre au moment
de l’énonciation mais le dépasse. Les verbes imperfectifs (qui ne comportent
en eux aucune limite temporelle) impliquent cet élargissement temporel. Des
compléments de temps peuvent d’ailleurs préciser l’extension dans le passé.
Ex : Pierre marche dans la forêt depuis une heure.
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c) présent omnitemporel ou permanent
L’emploi omnitemporel du présent est caractérisé par le fait qu’il évoque un
procès dont le point de départ dans le pas n’est pas précisé, non plus
que le borne finale.
Cet emploi peut alors servir à décrire une propriété conférée à un être, une
notion ou une chose, pour une durée indéterminée : c’est le présent de
caractérisation.
Ex : Marie a les yeux bleus.
Dans son extension maximale, ce présent dit élargi ou étendu peut évoluer
vers l’expression de vérités générales (proverbes, maximes, morales,
définitions...). C’est le présent gnomique.
Ex : - Une haquenée est un petit cheval ou une jument, de taille moyenne,
allant l’amble.
- Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Effet particulier de l’énoncé au présent lié au contexte, la valeur itérative est
liée à des indications contextuelles (généralement des complts de temps) et
peut être interprétée aussi bien avec des verbes perfectifs qu’imperfectifs.
Ex : Il sort tous les jours à cinq heures.
Rmq : noter l’ambiguïté d’une telle phrase hors-contexte : Il se réveille à huit
heures et part au bureau sans avoir déjeuné.
d) extension de la valeur de base
Dans le discours, le présent peut être employé pour évoquer un événement
appartenant à un passé très proche, encore actuel pour l’énonciateur (ex : Je
reviens d’Angleterre) ou un événement du futur intégré à l’actualité de
l’énonciateur (ex : Je descends à la prochaine station).
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Rmq : les périphrases verbales à valeur de futur comme de passé sont
formées d’un semi-auxiliaire conjugué au présent. Ex : Il vient de sortir
ou Je suis sur le point de partir.
A partir de cette valeur du présent, la Grammaire méthodique distingue le
présent prophétique que l’on trouve essentiellement dans la tragédie classique.
2. Emplois stylistiques
En contexte de récit, la forme verbale au présent est coupée de la situation
d’énonciation. Le présent historique ou de narration évoque ainsi des
événements situés dans le passé. Cette forme devient alors une variante
stylistique de l’imparfait ou du passé simple.
Ex : En 1789, le peuple de Paris prend la Bastille.
3. Valeur modale
a) dans le système hypothétique
Après la conjonction si, le présent s’associe au futur dans la principale pour
marquer l’éventualité.
Ex : Que ne fera-t-il pas, s’il peut vaincre le Comte ? (Corneille)
b) dans la modalité jussive
Considéré comme une variante de l’impératif, le présent peut exprimer la
volonté de l’énonciateur.
Ex : Tu finis ton assiette ou tu vas au lit tout de suite.
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Conclusion : La valeur temporelle du présent n’est donc pas aussi claire qu’il
y paraît : même s’il est conçu comme une frontière entre passé
et futur, le présent peut intégrer une part de l’une et de l’autre
dimension temporelle. D’où parfois un décalage de l’ensemble
du système.
Le présent est susceptible de se plier à un grand nombre
d’emplois : ainsi il rend moins compte du temps précis de
l’événement que de celui de sa prise en charge par
l’énonciateur.
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