L’énonciation Tout énoncé (ou message) message est produit par un énonciateur (locuteur ou scripteur) et adressé à un destinataire. L’énonciation est l’action par laquelle quelqu’un dit quelque chose à quelqu’un d’autre, à un moment et en lieu donnés. L’étude de l’énonciation consiste à identifier la présence de l’énonciateur et du destinataire dans l’énoncé ainsi que le contexte d’énonciation (où et quand ) I – la situation d’énonciation A – Enonciateur, destinataire : Qui, à qui ? Indices dans le texte. -Pronoms personnels, sujet : je…, ou objet : me… -Adjectifs (ou déterminant) possessifs : mon, notre… -Pronoms possessifs : le mien, le nôtre… Etude : Les aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre, P 415. Destinataire, énonciateur ? Nature de ce texte ? L’énonciateur est le voyageur enthousiaste, le destinataire ETA Hoffmann, il lui écrit une lettre : scission du narrateur et de l’auteur, dualité marquée. B – Indicateurs de temps et de lieu Ils permettent de situer le contexte de l’énoncé, le lieu et le moment. -Adverbes (ou locutions adverbiales) : ici, demain, dans deux jours… -Adjectifs : actuel, passé… -Prépositions : devant, derrière… -Groupes Nominaux : grand jour… -Verbes, selon leur aspect -accompli : tous les V à un temps composé (avec un auxiliaire) -inaccompli : tous les V à un temps simple Etude : Les aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre, P 377 : la situation d’énonciation ? Le voyageur enthousiaste raconte son aventure à Hoffmann (narrateur et destinataires fictifs : Hoffmann=lecteur). Il vient de quitter la maison du conseiller après avoir rencontré son ancien amour, Juliette, marié à un être grotesque. Il arrive dans un « salle basse », une taverne où il entend soudain, « d’en haut » une voix qui crie « ouvrez». II – la subjectivité : présence de l’énonciateur dans l’énoncé Tout discours porte la trace de celui qui le produit, comme un enfant ressemble à ses parents.. A – Les marques de l’émotion, de l’affectif L’énonciateur manifeste ses émotions et ses sentiments par une foule de détails : -Interjections : ah ! hélas !… -Signes typographiques, ponctuation : modalité exclamative( !) oui interrogative dans certains cas ( ?), points de suspension qui indiquent un trouble, italique (« elle » p.370) -Phrases non verbales : « Julie, ici ? » p.370 -Adjectifs (souvent antéposés) : pauvre homme -A l’oral : intonations (reproduites par les marques typographiques à l’écrit) Etude : Les aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre, P 370 ; marques d’émotion. B – Les marques du jugement, aspect évaluatif L’émotion relève de la passion, et le jugement de la raison. L’énonciateur pour porter un jugement sur ce dont il parle, pour évaluer le bon et le mauvais, dispose d’une quantité de moyens : -Les noms : en plus de leur dénotation, il sont chargés d’un connotation. *Péjoratif : imbécile, Mélioratif : génie. * Les suffixes apportent une connotation : -ard, -asse (fuyard, paperasse…) *dérivés d’adjectifs de jugement (la corruption<corrompu, vanité<vain, vaniteux) -Adjectifs : belle/laide, … -Verbes : mériter, récidiver, ricaner. Un suffixe parfois donne une connotation péjorative : criailler -Adverbes : vilainement, superbement… -Niveau de langue : bas, moyen, élevé, caractérise la personne qui parle. Etude : Les aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre, P 375 ; marques du jugement. Adj : grotesque, bête, aigre, amusant, cher, originale, perdue, très cher N : (de) crapaud, (d’)araignée, faquin, hombre, codille V : « fourrée », « ménagez-vous », en riant, brailla, jouait Interj : « diantre », « eh » P. non verbale : « perdue pour l’éternité » (perdue=PP adj.) C – Les termes modalisateurs Ils indiquent le degrés de certitude de l’énonciateur vis-à-vis de son énoncé. Catégories : vrai, faux, incertain. -Verbes : douter, assurer, croire, sembler. Modes du verbe (conditionnel ou subjonctif marquent l’éventualité ou la condition) -Adverbes : sûrement, sans aucun doute, peut-être D – Les types de discours Selon le type de discours, l’énonciateur s’efface plus ou moins derrière les paroles d’autrui. 1-discours direct. L’énonciateur reproduit les paroles de quelqu’un telles quelles, comme si nous étions au théâtre. 2-discours indirect. Paroles d’autrui filtrées par l’énonciateur, not. Grâce aux verbes introducteurs (brailler etc.) 3-discours indirect libre. Paroles prononcées intégrées dans le discours de l’énonciateur. Ambiguïté fondamentale, qui dit quoi ? Flaubert se sert beaucoup de ce procédé.