Et quand il ose jouer (José, apporter un truc nécessaire à l'action, faire un personnage
secondaire...) il le fait pleinement, naïvement comme un enfant, puis s'en excuse.
Cette indécision le caractérise et le frustre.
Du coup, quand il voit, par exemple, l'assurance de Lorka, l'affirmation de son désir de
jouer Loukas, ça le renvoie à sa nullité supposée, ça le fruste et l'énerve;
Du coup, pour oser jouer José, il boit.
Dans le début de la troisième partie, il ose alors jouer volontairement José. Il en est fier.
Un peu trop.
Il continue à boire, un peu trop, et avec l'alcool, il ose affirmer sa colère et son envie de
prendre une place en s'identifiant totalement à José, à la jalousie de celui-ci envers le
toréro.
C'est sa scène paroxystique à la fin de la partie III.
Il s'est complètement identifié, il a perdu l'humour, la distance du départ qui se
traduisait par sa maladresse et son indécision verbale.
Au final pour lui, il y a une évolution positive grâce au retour de Michaela, l'irruption de
la vie.
Comme "chez le personnage de Woody qui ne cesse d'hésiter, déchiré dans des aspirations
contradictoires. Il y a deux façons de vivre ses contradictions : en les subissant
passivement, en se laissant submerger par elles, en s'enfonçant dans la névrose ou le
ressentiment, (au début pour Zabio) mais aussi en les maitrisant, en parvenant à produire
à partir d'elle quelque chose d'humainement positif." (à la toute fin en partant avec
Michaela, et peut-être en revenant danser le final avec sa Carmen, comme les autres
membres du club)
Le parcours de Zabio serait une façon concrète de traduire :
"le décalage permanent entre son aspiration au sublime et son enracinement dans le
trivial, à ses innombrables contradictions. En faisant rire de lui-même et du personnage
qu'il a fabriqué à partir de ses propres inquiétudes. Il nous apprend à nous moquer de
nous même, car nous savons tous que derrière nos personnages sociaux, il y a toujours un
vieil enfant narcissique prêt à appeler au secours, il nous tend dans un miroir grossissant
de nos hésitations, nos phobies, nos obsessions sexuelles, nos rêves mégalomaniaques,
notre peur de la vie et de la mort".
Je sais que je dois chercher ce Woody Zabio sur le plateau et chez l'acteur en moi,
ne pas fabriquer par volonté un personnage de théâtre, figé dans le masque et dans des
intentions trop marquées ou une voix trop sonore.
Je me permets de te faire part de ces réflexions car je crois que c'est plus facile pour moi
de d'abord théoriser, écrire, oser exprimer l'idée, pour m'en "débarrasser", m'en libérer
pour, enfin, oser plonger et la jouer.
Je crois que cette hésitation allenienne est en moi et qu'elle pourrait être porteuse de
jeu et de sens chez Zabio dans Carmen.
Cela se traduirait concrètement par l'insécurité, la maladresse, l'indécision verbale,
mais aussi le désir de Carmen et la peur de la voir venir, comme l'envie et la peur de
jouer José ou tel personnage dans une séquence...
Pour terminer, je ne peux résister à écrire quelques citations de Woody, juste pour le