Les Repr´esentations du Groupe
Sym´etrique
L. Pirutka - N. de Saxc´e
Table des mati`eres
1 Repr´esentations lin´eaires des groupes finis 2
1.1 D´efinitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Th´eorie des caract`eres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 Repr´esentation r´eguli`ere et nombre de repr´esentations irr´eductibles 7
1.4 Repr´esentations restreintes et induites . . . . . . . . . . . . . 9
2 Repr´esentations du groupe sym´etrique 11
2.1 Tableaux de Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.2 Modules de Specht . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.3 Tableaux standards et base de Sλ................ 18
2.4 Repr´esentation naturelle de Young . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.5 La d´ecomposition de Mµ..................... 23
2.6 Loi de la ramification (”Branching rule”) . . . . . . . . . . . . 26
3 La formule des crochets 30
4 Conclusion 33
5 Bibliographie 33
1
1 Repr´esentations lin´eaires des groupes finis
1.1 D´efinitions et exemples
Afin de mieux comprendre les propri´et´es d’un groupe, on peut tenter de
voir ce groupe comme un sous-groupe de GLn(C). Cela conduit `a la notion
suivante :
efinition 1. On appelle repr´esentation lin´eaire d’un groupe Gla donn´ee
d’un espace vectoriel Vet d’un morphisme de groupes :
ρ:GGL(V).
L’espace vectoriel Vest l’espace de la repr´esentation et la dimension de
Vson degr´e. Dans toute la suite, nous n’´etudierons que des repr´esentations
de groupes finis, `a valeurs dans des C-espaces vectoriels de dimension finie.
On peut alors raisonner en termes de matrices puisque l’image de Gpar ρest
un sous-groupe de GL(V), qui s’identifie, par le choix d’une base, `a GLn(C),
o`u n est la dimension de V.
efinition 2. On dit que deux repr´esentations lin´eaires d’un mˆeme groupe
G,ρi:GGL(Vi), i = 1,2, sont ´equivalentes s’il existe un isomorphisme
d’espaces vectoriels, f:V1V2, tel que :
gG, ρ2(g)f=fρ1(g)
En termes de matrices, cela signifie que les matrices associ´ees `a la premi`ere
repr´esentation sont semblables `a leurs homologues dans la seconde, via la
mˆeme matrice de passage.
Exemple
1. Tous les groupes poss`edent la repr´esentation triviale (ou repr´esentation
identit´e), qui envoie tout ´el´ement de Gsur IdC. (L’espace de la repr´esentation
est C.)
2. Si Gop`ere `a gauche sur A, on dispose d’une repr´esentation de Gdans
l’espace vectoriel des combinaisons lin´eaires formelles d’´el´ements de A
d´efinie par :
ρ(g)(a) = g.a , g G, a A.
C’est la repr´esentation de permutation associ´ee `a A.
2
(On peut prendre par exemple G=Snet A={1, ..., n}, ce qui permet
d’identifier Snau sous-groupe de GLn(C) constitu´e des matrices de
permutation.)
3. Un cas particulier important de l’exemple pr´ec´edent est celui de la
repr´esentation r´eguli`ere (`a gauche) de G, qu’on obtient en faisant agir
Gsur lui-mˆeme par translation `a gauche.
efinition 3. Soit Vun espace vectoriel et Gun groupe. On dit que Vest
un G-module s’il est muni un morphisme de groupes ρ:GGL(V).
Cela ´equivaut `a la donn´ee d’une multiplication externe G×VVtelle que :
1. gvV
2. g(cv+dw) = c(gv) + d(gw)
3. (gh)v=g(hv)
4. 1Gv=v
Pour tous g,hG;v,wV;c,dC.
Une repr´esentation de Gcorrespond donc `a un G-module.
efinition 4. Soit ρ:GGL(V) une repr´esentation lin´eaire de G, et W
un sous-espace vectoriel de V. On dit que West stable par Gsi West stable
par tous les ρ(g), g G. La restriction de ρ`a West alors une repr´esentation
de Gdans W. Cela correspond `a dire que West un sous-G-module de V.
Th´eor`eme 5. Soit ρ:GGL(V) une repr´esentation de G, et Wun sous-
espace stable par G. Alors, il existe un suppl´ementaire W0de Wstable par G.
emonstration. Soit W1un suppl´ementaire quelconque de Wdans V, et ple
projecteur de Vsur Wcorrespondant. Posons :
p0=1
|G|X
tG
ρ(t)(t)1,|G|´etant l’ordre de G.
Alors, p0est un projecteur de Vsur Wqui commute `a tous les ´el´ements de
G, donc son noyau, W0est stable par G.
efinition 6. Une repr´esentation ρ:GGL(V) (resp. un G-module) est
dit(e) irr´eductible (ou simple) si Vn’est pas r´eduit `a z´ero, et si aucun sous-
espace vectoriel strict non nul de Vn’est stable par G(resp. si Vn’admet
aucun sous-module autre que lui-mˆeme et {0}).
On v´erifie ais´ement qu’une repr´esentation est irr´eductible si et seulement si
3
le module associ´e l’est.
Th´eor`eme 7. Toute repr´esentation est somme directe de repr´esentations
simples.
emonstration. On raisonne par r´ecurrence sur dim(V). Si dim(V) = 0, le
r´esultat est clair. Supposons dim(V)>1. Si Vest irr´eductible, il n’y a rien
`a d´emontrer. Sinon, on peut d´ecomposer Ven VV′′ , avec Vet V′′ de
dimensions strictement inf´erieures `a dim(V), ce qui permet de passer `a la
r´ecurrence.
Th´eor`eme 8. Lemme de Schur
Soient Vet Wdeux modules irr´eductibles de G, et f:VWun mor-
phisme de G-modules. Alors, f= 0 ou fest un isomorphisme de G-modules.
emonstration. Comme ker fest un sous-module de V, qui est irr´eductible
ce ne peut ˆetre que {0}ou V. De mˆeme, grˆace `a l’irr´eductibilit´e de W,
Im f={0}ou Im f=W, ce qui prouve ce qu’on veut.
Corollaire 9. Si ρ1et ρ2sont deux repr´esentations irr´eductibles non ´equivalentes,
et si f:V1V2est lin´eaire et v´erifie gG, f1(g) = ρ2(g).f, alors,
f= 0.
emonstration. Il suffit de traduire le lemme de Schur en termes de repr´esentations.
Corollaire 10. Soit ρ:GGL(V) une repr´esentation irr´eductible de
G(V´etant un C-espace vectoriel de dimension finie). Un endomorphisme f
(d’espace vectoriel) de Vqui commute `a tous les ρ(g), gGest une ho-
moth´etie.
emonstration. Comme Cest alg´ebriquement clos, fadmet une valeur propre
λ. Mais alors fλidVcommute aussi `a tous les ρ(g), gGdonc c’est un
morphisme de G-modules. Or fλidVn’est pas injectif, d’apr`es le lemme
de Schur, il est nul : f=λidVest une homoth´etie.
4
1.2 Th´eorie des caract`eres
efinition 11. Soit ρ:GGL(V) une repr´esentation de G. Pour tout
sG, posons :
χρ(s) = Tr (ρ(s))
On obtient ainsi une fonction χρsur G, `a valeurs complexes, appel´ee caract`ere
de la repr´esentation ρ.
On d´emontre alors ais´ement les propri´et´es suivantes :
Proposition 12. Si χest le caract`ere d’une repr´esentation ρde degr´e n, on
a :
1. χ(1) = n
2. χ(s1) = χ(s)(conjugu´e complexe de χ(s)), pour tout sG
3. χ(tst1) = χ(s), pour tous s,tG
4. Si ρ1et ρ2sont deux repr´esentations irr´eductibles ´equivalentes, alors,
χρ1=χρ2.
efinition 13. Soient χet ψdeux fonctions de Gdans C. On d´efinit le
produit scalaire de χet ψpar :
hχ, ψi=1
|G|X
tG
χ(t)ψ(t)=1
|G|X
tG
χ(t)ψ(t1)
Th´eor`eme 14. Soient χet ψdeux caract`eres irr´eductibles de G, alors :
hχ, ψi=δχ,ψ (symbole de Kronecker)
emonstration. Soient A= (aij ) et B= (bij ) les matrices des repr´esentations
associ´ees `a χet `a ψ, de degr´es det frespectivement (les aij et les bij sont
des fonctions de Gdans C). Soit X= (xij ) une matrice d×fquelconque.
Posons :
Y=1
|G|X
tG
A(t)XB(t1)
Alors, pour tout sG,
A(s)Y B(s1) = 1
|G|X
tG
A(st)XB((st)1) = Y
Donc, pour tout sG,A(s)Y=Y B(s).
En appliquant alors les corollaires 9 et 10, on obtient :
Y=λIdsi les repr´esentations sont ´equivalentes
0 sinon
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