Physiologie d’un arbre La physiologie végétale est la science qui étudie le fonctionnement des organes et des tissus végétaux et cherche à préciser la nature des mécanismes grâce auxquels les organes remplissent leurs fonctions. Après un bref rappel sur les principales parties d’un arbre, nous verrons sa nutrition, la respiration, la circulation de l’eau et de la sève, et sa reproduction. Les principales parties d’un arbre L’arbre est un être vivant qui se distingue des plantes herbacées par la structure ligneuse de sa partie aérienne (tiges, rameaux). Il est constitué d’organes distincts aux fonctions complémentaires : les racines, réseau ramifié souterrain qui joue un rôle d’absorption et d’ancrage ainsi que de stockage des réserves, avec les racines ligneuses (diamètre de quelques millimètres à quelques décimètres) qui accroissent le volume du sol exploré et exploité par l'arbre et sui stockent des réserves, et les racines fines (diamètre d'un dixième à 1 millimètre) qui sont les plus nombreuses, mais aussi les plus fragiles. Ces dernières vivent une saison de végétation, sauf pour celle qui vont se lignifier pour devenir une racine ligneuse ; elles ne représentent que 5% de la masse racinaire, mais 90% de la longueur totale. les feuilles, qui sont des capteurs solaires pour la plante, des transformateurs d’énergie ainsi que des surfaces d’échanges gazeux entre l’arbre et l’air environnant, les fleurs et les fruits qui sont des organes de reproduction, les troncs et les branches qui sont le squelette de l’arbre et qui ont aussi un rôle de stockage des réserves. Physiologie d’un arbre – 08/04/2011 1 Houppier ou couronne Sa vie dépend de phénomènes extérieurs : les facteurs atmosphériques (lumière, pluie, température, vent, …), les qualités physiques et chimiques du sol, ainsi que de la roche située en dessous du sol, les êtres vivants qui les entourent : végétaux (dont les champignons et les lichens) et animaux (dont l’homme). Sa vie dépend aussi de phénomènes internes complexes que sont sa nutrition et sa croissance. La nutrition de l’arbre La photosynthèse Principes généraux Ce processus est commun à toutes les plantes. Elle a lieu dans la feuille qui est un organe aplati, en relation étroite avec la tige ; Sa morphologie lui permet de présenter une grande surface vis à vis de l'environnement ; en particulier pour la captation de la lumière. Physiologie d’un arbre – 08/04/2011 2 L’énergie lumineuse y est piégée par des pigments dont l’essentiel est la chlorophylle, pigment de couleur verte présente en grande quantité dans la feuille. Cette énergie est utilisée pour la fabrication, à partir de l’eau pompée par les racines ainsi que de gaz carbonique contenu dans l’air, de sucres qui vont jouer un rôle de « combustible » pour la plante. Cette réaction s’accompagne d’un dégagement d’oxygène au niveau des feuilles. La réaction de photosynthèse se résume ainsi : Gaz carbonique de l’air + eau absorbée par les racines + énergie lumineuse = matière organique + oxygène + eau Pour les chimistes, l’équation de la photosynthèse s’établit comme suit : Physiologie d’un arbre – 08/04/2011 3 L’activité chlorophyllienne s’exerce donc uniquement le jour, et elle est d’autant plus intense que la luminosité est forte (été). Elle joue un rôle considérable dans la vie de l’arbre, car son importance détermine l’accroissement de celui-ci. C’est pourquoi l’arbre doit avoir une quantité suffisante de feuilles avec une cime bien développée et dégagée pour recevoir les rayons solaires. C’est le résultat visé en pratiquant les éclaircies. Cas des essences d’ombre et de lumière Selon les espèces d’arbres, la chlorophylle peut fonctionner avec un éclairement plus ou moins intense. C’est ce qui distingue les essences d’ombre, telles que le hêtre ou le sapin pectiné capables de croître sous un couvert relativement épais, et les essences de lumière telles que le chêne, le pin et le douglas qui exigent la pleine lumière pour prospérer. Le schéma ci-après, réalisé par l’université Pierre et Marie Curie, permet de quantifier le phénomène pour ceux qui le désirent : Courbes de saturation de la photosynthèse en fonction de la densité du flux de photons chez une plante de lumière et une plante d'ombre. Les autres facteurs (concentration en CO 2 atmosphérique, température 25°C) sont maintenus constants. IC, intensité de compensation, ; IS, intensité saturante ; Φ, Rendement quantique foliaire. En bleu : plantes d'ombre ; en rouge : plantes de lumière. Quand on compare le comportement de ces deux types de plantes, on constate que : • • • ICO (ombre) est inférieur à ICL (lumière) ΦO(ombre) est supérieure à ΦL (lumière) ISO (ombre) est inférieur à ISL (lumière) Physiologie d’un arbre – 08/04/2011 4 En d'autres termes, les plantes d'ombre présentent une intensité photosynthétique optimale et une intensité de compensation plus faible, mais une efficacité dans l'absorption des photons plus élevée (plantes des sous bois). Inversement, les plantes de lumière sont moins efficaces dans la capture des photons mais elle fixent davantage de CO2 (ex : plantes cultivées). Selon l'origine des plantes, l'optimum de température de leur activité photosynthétique est différent. Les plantes des régions tempérées ont un maximum qui se situe entre 15°C et 25°C, tandis que les plantes d'origine tropicale peuvent avoir un maximum qui se situe entre 30 et 45°C. De même, les limites à la tolérance au froid et au chaud sont différentes -2°C à 0°C et 40 - 50°C, pour les plantes des régions tempérées, +5°C à 7°C et +50 à 60°C, pour les plantes tropicales. La respiration Les sucres vont être transportés dans la plante grâce à la sève élaborée. Leur énergie va être ensuite libérée au fur et à mesure des besoins pour permettre la confection des produits nécessaire à la vie de l’arbre et à sa croissance. Le processus des destruction des sucres s’appelle la respiration. Alors que la photosynthèse est limitée essentiellement aux feuilles, toutes les parties de l’arbre respirent, même les racines. A ce niveau, la respiration n’est pas compensée par un apport d’oxygène puisqu’il n’y a pas de photosynthèse. C’est le sol qui doit fournir l’oxygène nécessaire à la respiration. Il doit donc être suffisamment aéré pour permettre cette réaction. La consommation d'oxygène est maximale au printemps, en période de croissance et elle a tendance à ralentir avec l’âge de l’arbre. Les plantes respirent le jour et la nuit. Le tassement des sols, la présence d’eau stagnante, la remontée d’un nappe d’eau souterraine peuvent créer des conditions asphyxiantes et entraîner la mort de l’arbre. La transpiration Les végétaux contiennent une grande quantité d’eau et, sous l’action de la chaleur fournie par le rayonnement solaire, les feuilles des transpirent énormément : 90% de l'eau extraite du sol s'évapore par les stomates, en laissant sur place divers minéraux nécessaires pour le développement de l'arbre. Ce processus d’évapotranspiration permet aussi de réguler la température des plantes. En effet les plantes ne peuvent pas se protéger du rayonnement solaire en se mettant à l'ombre... Cette transpiration est essentielle pour l'approvisionnement en carbone de la plante. En effet le carbone entre par les stomates, mais en contre-partie, la plante perd de l'eau pour le laisser entrer. L’eau est le solvant vital pour les réactions biochimiques végétales. C'est aussi elle qui permet le transport des sucres synthétisés, des sels minéraux, des hormones et de toutes les substances d'une cellule à l'autre. Mais surtout, l'eau est le substrat de la photosynthèse. C'est d'ailleurs l'oxygène de l'eau qui est libéré par les plantes au cours de la photosynthèse. Physiologie d’un arbre – 08/04/2011 5 Quelques chiffres : - 97% de l'eau ne fait que transiter dans une plante et est transpirée par cette dernière. - 2% est conservé pour la croissance en volume. - 1% est utilisé par la photosynthèse. On voit donc l’intérêt de la transpiration, car elle permet le transport des éléments évoqués ci-dessus, et donc la croissance de l’arbre. Si l'eau manque, l'arbre va fermer ses stomate pour éviter de la perdre, mais manquera de carbone. Il manquera aussi de sels minéraux puisque c'est l'eau qui les transporte. Le stress hydrique Pour un arbre, il y a deux types de stress hydrique : - Si l'eau est trop abondante, les racines pourrissent. L'arbre n'est plus alimenté en eau et meurt. - En cas de manque d'eau, la plante ferme ses stomates. Les échanges nécessaires à la photosynthèse sont stoppés, l'arbre ne peut plus faire de photosynthèse et ne produit plus. En effet si l'eau n'est pas assez disponible dans le sol, la transpiration sera supérieure à l'absorption. Ce stress hydrique provoque une baisse de la productivité de la photosynthèse et peut même endommager l'arbre de façon sévère. La cavitation (correspond à l'embolie chez les animaux) peut survenir. En effet sous l'effet de la tension entre l'eau perdue et l'eau absorbée, la colonne d'eau entre les racines et les feuilles peut être interrompue et des bulles d'air peuvent apparaître. Ces vaisseaux sont perdus pour la plante et peuvent mener à la mort d'un arbre si la cavitation se généralise. Ce phénomène est favorisé par une forte transpiration, donc lorsque il fait chaud et sec, mais aussi lorsque l'eau n'est pas disponible dans le sol. En cas de sécheresse prolongée, les plantes vont même perdre de la biomasse et émettre du carbone: la végétation meurt. Le transport des substances organiques et des éléments minéraux Principes généraux L’eau est absorbée par les racines, par l’intermédiaire de poils absorbants situés sur le pourtour des radicelles. Elle entraîne des sels minéraux contenus dans le sol, et par phénomène de capillarité, est absorbée en direction des feuilles. Selon le type de sol, certains sels minéraux seront plus ou moins disponibles. La disponibilité des sels minéraux est énormément facilitée par les microorganismes du sol (bactéries, mycorhizes et invertébrés), d'où leur importance. Cette eau constitue la sève brute. A l’intérieur des feuilles, les substances minérales transportées par la sève brute entrent en contact avec le carbone absorbé par la photosynthèse. C’est là, dans le tissu chlorophyllien, que se situe le point de départ du phénomène d’élaboration. Il consiste en la production de composés organiques variés (glucides, protides et en moindre quantité lipides) utilisés pour la formation de nouveaux tissus et pour l’accroissement de l’arbre. Physiologie d’un arbre – 08/04/2011 6 Cette sève est bien plus concentrée que la sève brute: la concentration en glucides (saccharose) peut atteindre 300 grammes par litre. La sève élaborée contient aussi des substances azotées et diverses hormones végétales. Cette sève descendante alimente toutes les parties de la plante et retourne jusqu’aux racines de l’arbre en empruntant les vaisseaux conducteur du phloème (ou liber). Les substances ainsi élaborées prennent le chemin inverse, une partie des substances étant utilisées tandis que le surplus est accumulé dans les tissus de réserve du bois et notamment les racines où elles serviront à nourrir l’arbre sans feuille au printemps. Au printemps, le développement de l’arbre est très rapide, et il y a déstockage des matières élaborées, tandis qu’en été, on a un stockage de celles-ci dans le tronc et les racines. Comment la sève est-elle transportée ? Plusieurs éléments se conjuguent pour permettre à la sève de monter des racines vers les feuilles. La capillarité La première idée qui vient à l'esprit est de faire intervenir les forces de capillarité. En effet, chez les Angiospermes1, le diamètre des vaisseaux est inférieur au millimètre et les éléments de vaisseaux mis bout à bout (par des perforations complètes) constituent un tube continu. De plus, leur paroi lignifiée est hydrophobe et cela limite les pertes latérales par diffusion. Cependant, chez les Gymnospermes, les trachéides ont une longueur limitée et sont reliées entre elles par de simples ponctuations (la sève est obligée de traverser une paroi cellulosique). La simple capillarité est incapable d'expliquer la montée de la sève sur plusieurs mètres, voire sur plusieurs dizaines de mètres. La cohésion des molécules d'eau Les molécules d'eau entretiennent des relations inter-moléculaires qui permettent à une colonne d'eau située dans un tube capillaire de ne pas se "rompre". Cette propriété de l'eau est fondamentale pour expliquer la montée de la sève. La poussée racinaire Pour qu'il y ait montée de la sève, il faut qu'il existe une entrée et une sortie. L'entrée s'effectue au niveau des jeunes racines grâce à la surface absorbante importante réalisée par la multiplicité des poils absorbants ou par l'existence d'un feutrage de champignons symbiotiques (mycorhizes). L'absorption de l'eau, dans les conditions standard, s'effectue spontanément par suite de la différence de potentiel hydrique entre l'extérieur et l'intérieur de la racine. La charge de l'eau et des substances dissoutes de la racine vers le système conducteur nécessite par contre des processus actifs (au niveau de l'endoderme des racines). Ces processus provoquent une charge sous pression en bas de la colonne de sève. Cependant, cette "poussée racinaire" semble insuffisante pour permettre la montée de la sève à de grandes hauteurs. L'aspiration foliaire C'est la transpiration des feuilles qui semble être le moteur principal de la sève brute. Les pertes d'eau par la transpiration ne sont pas néfastes (sauf en cas de grande sécheresse) mais au contraire permettent de créer une différence de potentiel hydrique entre le haut et 1 Angiospermes : Végétaux dont les graines sont enfermées dans des cavités closes, à l'intérieur d'un fruit, et appelé couramment plante à fleur. Physiologie d’un arbre – 08/04/2011 7 le bas de la colonne de sève. Ceci ne peut se réaliser que grâce aux propriétés remarquables de l'eau (cohésion des molécules). La reproduction Selon les essences, on rencontre deux types de reproduction chez les arbres : - La reproduction sexuée s’effectue par l’intermédiaire d’une fleur mâle et d’un femelle. Le pollen dégagé par la fleur mâle est transporté par le vent ou par les insectes. Après fécondation, la fleur femelle va produire un fruit contenant les graines. Ces graines pourront donner naissance à un nouvel arbre ayant ses propres gènes provenant du brassage de ceux de ses parents. - La reproduction asexuée ou végétative ne concerne que quelques arbres (platane, érable, charme, frêne, le tilleul...) mais elle est utilisée par l’homme pour produire toutes les espèces par marcottage. Dans la nature, des rejets de souches (les cépées) ou des rejets de racines (les drageons) peuvent produire un nouvel arbre après la coupe mais les gènes sont identiques à son unique parent. Retour vers : - Connaissance des arbres – généralités Voir aussi : - Anatomie des bois - Anatomie des feuillus - Anatomie des conifères - Chimie du bois - Technologie des bois - La forêt et les changements climatiques - Les principales maladies des arbres en Limousin Physiologie d’un arbre – 08/04/2011 8