
3
examinée en évaluant le rôle de diverses techniques telles que le juste à temps, la lean
production, l’activity-based costing, etc. (Gunasekaran et al., 2004 ; Askarany al., 2010).
Encore plus rarement est abordée la profitabilité des preneurs d’ordres dans un contexte de
transformations des relations verticales, (Dyer, 1996). En effet, la performance financière des
entreprises parties prenantes de la supply chain doit être mesurée, étant entendu que ces
dernières s’y insèrent, certes pour améliorer leur performance organisationnelle, mais aussi
pour accroître leur performance financière (Mentzer et al., 2001 ; Gunasekaran et al., 2004).
Déjà, certains travaux ont montré que les acteurs voient dans la mise en œuvre d’une supply
chain une possible source de profits (Giannoccaro, Pontrandolfo, 2004 ; El Ouardighi et al.,
2008), profits qui dépendent d’ailleurs de la performance des autres membres de la chaîne de
valeur (Xu, Beamon, 2006). D’un point de vue financier, si les architectes intégrateurs sont a
priori les premiers bénéficiaires des changements relationnels qu’ils imposent en leur
permettant de capter de la valeur, les conséquences pour les fournisseurs qui répondent à ces
exigences sont probablement différentes (Donada, Dostaler, 2005). Si l’on se place du seul
point de vue des preneurs d’ordres, et ce sera notre démarche ici, les analyses ont déjà
démontré qu’en contrepartie d’une prise de risque grandissante, les firmes pivots se voyaient
attribuer des tâches à la fois plus complètes et plus durables (la contractualisation à long terme
renvoyant à une forme d’exclusivité), renforçant par là-même leur position stratégique dans la
chaîne de valeur par rapport à un avionneur de facto plus dépendant. Dans le secteur
automobile, il est parfois suggéré qu’à long terme cette répartition serait plus profitable
financièrement aux fournisseurs qui s’inscriraient dans ce nouveau type de relation, sous
réserve d’un succès commercial (Naulleau, Guth, 2000). Dans le secteur aéronautique, un tel
travail reste à réaliser.
La question que nous posons dans cet article est alors la suivante : en quoi les spécificités
organisationnelles des firmes pivots et leur place dans la supply chain impactent-elles leur
rentabilité et leurs risques ? En particulier, le transfert du risque de l’architecte intégrateur
vers la firme pivot s’accompagne-t-il d’une augmentation du risque de faillite ? Les firmes
pivots obtiennent-elles en retour une amélioration de leur rentabilité ?
Pour répondre à ces questions, nous procédons en deux temps. Dans une première partie, nous
caractérisons la firme pivot à travers ces spécificités organisationnelles et en tirons les
conséquences d’un point de vue financier. Dans une seconde partie, nous procédons à une
analyse statistique approfondie de la structure du bilan et du compte de résultat des firmes
pivots localisés dans les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, conjointement à une analyse de