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CH 3. KANT!
Connaissance de soi dans la !
déduction transcendantale!
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Le cadre théorique de la déduction transcendantale!
Dans la CrP Kant veut démontrer, de façon générale, la possibilité
des connaissances synthétiques a priori. Ce n’est qu’à cette condition
que la métaphysique, et ainsi la philosophie théorique, est possible.!
Des connaissances synthétiques a priori sont des connaissances qui
ne sont obtenues ni par analyse des concepts, ni par vérification
empirique. Les connaissances mathématiques sont de ce type
selon Kant.!
Kant pense que la connaissance en général possède deux sources:
l’intuition sensible et la représentation conceptue!e. !
Dans l’intuition sensible un objet particulier nous est directement
donné; dans la représentation conceptuelle un objet est pensé
comme appartenant à une certaine généralité. L’entendement est
discursif, il s’exerce en forme de jugement. Un jugement a une forme
prédicative: a est F.!
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Les deux sources de la connaissance!
Notre connaissance dérive dans l'esprit (Gemüth) de
deux sources fondamentales; la première est le pouvoir
de recevoir les représentations (la réceptivité des
impressions), la seconde, celui de connaître un objet au
moyen de ces représentations (spontanéité des concepts).
Par la première un objet nous est donné ; par la seconde
il est pensé en rapport avec cette représentation (comme
simple détermination de l'esprit).
Intuitions et concepts constituent donc les éléments de
toute notre connaissance; de sorte que ni des concepts,
sans une intuition qui leur corresponde de quelque
manière, ni une intuition sans concepts, ne peuvent
donner une connaissance.
(A50/B74)
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Les deux sources de la connaissance!
Pour qu’il y ait de la connaissance il faut donc que l’intuition sensible et
l’entendement interagissent. Il faut non seulement que l’objet soit donné
dans l’intuition sensible, il faut que ce même objet soit aussi ce à propos
de quoi le sujet peux former un jugement.!
Le projet de Kant est alors celui de déterminer:!
1.Les conditions a priori pour qu’un objet soit donné dans l’intuition sensible;!
2.Les conditions a priori pour qu’jugement puisse porter sur un objet;!
3.Les conditions a priori pour que le jugement puisse porter sur l’objet présenté
dans l’intuition.!
Le fruit de cette enquête va être la détermination des conditions de
possibilité de la connaissance du monde. !
On peut exprimer cela aussi en disant que par cette enquête nous
déterminons ce que nous pouvons connaître a priori du monde. !
Puisque l’enquête ne se réduit pas à l’analyse des concepts, on peut dire
que nous déterminons ainsi l’étendue de notre connaissance synthétique a
priori (du monde). !
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Esthétique et analytique transcendantale!
Kant pense avoir démontré dans lesthétique transcendantale que
l’espace et le temps sont les deux formes de l’intuition sensible, des
formes qui sont accessibles a priori.!
Cela veut dire que selon Kant le temps est l’espace sont les deux
conditions que toute intuition sensible doit satisfaire pour pouvoir
présenter un objet. !
Mais l’intuition toute seule ne sut pas pour la connaissance. Il
faut encore être en mesure d’appliquer des concepts.!
Donc:!
Pour que l’intuition sensible me présente un objet il faut que cet objet me soit
donné comme étant situé dans le temps et dans l’espace.!
Pour que je puisse obtenir une connaissance à propos de cet objet il me faut
pouvoir appliquer des concepts à cet objet.!
Il nous faut alors déterminer quelles sont les conditions a priori du jugement en
général et je dois prouver ensuite qu’un jugement qui satisfait ces conditions
peut bel et bien s’appliquer au données de l’intuition sensible. !
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Esthétique et analytique transcendantale!
Dans lanalytique transcendantale Kant veut alors déterminer
les formes a priori du jugement et les conditions qui doivent
être satisfaites pour pouvoir appliquer des concepts aux
données du sensible.!
Kant pense qu’il n’y a pas d’intuition inte!ectue!e: il n’y a donc pas d’accès
direct à un objet par le seul entendement. On ne peut jamais penser un
objet: on pense toujours que un objet est F (caractère discursif de
l’entendement). !
Il est donc nécessaire de trouver des concepts qui s’appliquent que sur
la base des formes de l’intuition sensible et qui ne dépendent dans leur
application d’aucune évidence empirique. Quels sont les concepts qui
s’appliquent à tout ce qui est dans l’espace et dans le temps?!
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L’ a n a l y s e t r a n s c e n d a n t a l e d e s c o n c e p t s !
Kant pense qu’il existe un ensemble de concepts qui
détermines les conditions formelle de tout jugement. Tout
jugement doit être déterminé par rapport à ces conditions. !
L’origine des ces conditions réside dans une faculté de synthèse
(cf. plus bas) qui rend possible le jugement, l’attribution
d’une propriété à un objet.!
La déduction ‘métaphysique’ (A66/B91-A84/B116) établit la
liste des ces concepts. !
C’est la table des catégories. !
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Ta b l e d e s c a té g o ri e s !
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Ta b le d e s c a t ég o r i es !
On peut comprendre la table des catégories comme contenant l’ensemble
de formes du jugement. Ainsi tout jugement est déterminé dans quatre
dimensions:!
1.dans la quantité: il porte sur un objet, sur plusieurs objets, ou sur tous les objets;!
2.dans la modalité: le jugement établit l’actualité d’un fait, sa possibilité ou sa
nécessité;!
3.dans la qualité, dans le sens qu’il établit que quelques chose est le cas, n’est
pas le cas, ou est indéterminé (?)!
4.dans la relation entre sujet et prédicat, qui peut être de détermination
unilatérale ou réciproque ou bien de inhérence.!
Kant ne donne pas de commentaire particulier à propos de cette table
des catégories. Elle contient des points problématiques. Dans notre
perspective cela n’est pas essentiel. !
Kant considère ces catégories comme étant les concepts les plus
généraux qui doivent s’appliquer au domaine du jugement. Ainsi, quand
on juge, il faut que le jugement soit déterminé dans les 4 dimensions des
catégories.!
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La déduction transcendantale!
Une fois que les formes du jugement sont établies, il reste à
montrer que des jugements qui remplissent ces conditions
formelles peuvent eectivement s’appliquer aux données du
sensible. !
La déduction transcendantale (à partir de A84/B116) a la fonction de
justifier lapplicabilité de ces catégories aux données de l’intuition
sensible.!
Contrairement à ce que croyaient les rationalistes, on ne peut pas
supposer que la réalité, telle qu’elle nous apparaît, soit conforme aux
formes du jugement.!
Par exemple: on ne peut pas supposer, comme le croyait Leibniz,
que tout événement ait une cause. Hume a montré que cela
pourrait être une illusion.!
Il faut donc démontrer la légitimité de l’application des catégories
aux données sensibles.!
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La déduction transcendantale!
La démarche de Kant est transcendantale. !
Cela veut dire que Kant ne veut pas démontrer que nous avons des
connaissances basées sur l’application des concepts aux données de
l’intuition sensible. Kant veut plutôt déterminer les conditions qui doivent
être satisfaites pour que nous puissions avoir de telles connaissances.!
La thèse centrale dans la déduction transcendantale est que ces conditions
sont satisfaites par un sujet qui est conscient de soi.!
Cela ne signifie pas que Kant entend démontrer que nous sommes
eectivement doués de conscience-de-soi. L’argument montre plutôt qu’un
sujet qui serait doué d’une telle conscience-de-soi aurait les moyens
d’appliquer de façon légitime les concepts aux données du sensible. !
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La déduction transcendantale!
La question de Kant concerne la relation entre la
subjectivité de lexpérience sensible et lobjectivité de la
connaissance.!
Kant formule cette question en se concentrant
dabord sur le concept dobjet.!
Pour que nous ayons une connaissance basée sur l’intuition
sensible, il est nécessaire que cette intuition concerne des
objets, qu’elle porte sur des objets. !
Cela veut dire que le concept d’objet doit pouvoir
s’appliquer au domaine de l’intuition sensible. La
connaissance empirique n’est possible que si le concept
d’objet s’applique au domaine des apparences sensibles. !
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La déduction transcendantale!
La première tâche de la déduction transcendantale est alors
de déterminer à quelle condition le concept d’objet
s’applique au domaine du sensible. !
Kant soutient que le concept d’objet ne s’applique au
domaine du sensible que si diérentes apparences sensibles
sont mises en relation entre elles, de façon
(quasi-)prédicative. Il appelle cette fonction la synthèse.!
Cette synthèse présuppose une unité de l’expérience
sensible: les apparences sensibles doivent faire partie d’une
seule conscience unifiée.!
La conscience-de-soi est ce qui garanti l’unité de la
conscience.!
Le sujet est ainsi la condition de possibilité de la connaissance du
monde externe. !
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La thèse centrale de B (B131, §16)!
Le je pense doit (muss) pouvoir accompagner toutes mes
représentations; car autrement serait représenté en moi
quelque chose qui ne pourrait pas du tout être pensé, ce qui
revient à dire ou que la représentation serait impossible, ou
que, du moins, elle ne serait rien pour moi. La
représentation qui peut être donnée avant toute pensée
s'appelle intuition. Par conséquent, tout le divers de
l'intuition a un rapport nécessaire au je pense dans le même
sujet où se rencontre ce divers. Mais cette représentation [je
pense?] est un acte de la spontanéité, c'est-à-dire qu'on ne
saurait la considérer comme appartenant à la sensibilité. Je
la nomme aperception pure pour la distinguer de
l'aperception empirique, ou encore aperception originaire
parce qu'elle est cette conscience de soi qui, en produisant la
représentation je pense, doit (muss) pouvoir accompagner
toutes les autres, et qui, une et identique en toute
conscience, ne peut être accompagnée d'aucune autre.
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La thèse centrale de B (B131, §16)!
L’argument de Kant contient ici les étapes suivantes. !
1.Il y a une représentation qui accompagne toute mes autres
représentations, c’est le je pense. !
2.Le je pense est une condition nécessaire pour!
a.qu’une représentation puisse être pensée;!
b.qu’une représentation soit une représentation pour moi.!
3.Le je pense est commun à toutes les représentations d’un sujet.!
4.Le je pense est donné avant tout jugement, donc il s’agit d’une
intuition.!
5.Mais le je pense fait partie de la spontanéité, donc ce n’est pas
une intuition sensible. !
6.Kant la nomme apperception pure.!
1.De façon un peu plus précise Kant dit que qu’il existe une apperception
pure, une conscience de soi qui accompagne toute représentation, qui
peut ‘produire’ la représentation je pense. !
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La thèse centrale de B (B131, §16)!
On peut comprendre cela comme suit:!
1.Toutes mes expériences nous sont données comme mes
expériences. Cela pourrait vouloir dire diérentes choses.
Par exemple: cela pourrait vouloir dire que la pomme ne
paraît pas simplement rouge, elle me paraît rouge.!
2.Pour que cela soit le cas, il faut que les expériences elles-
mêmes me soient données comme étant les miennes.!
3.Or soit je découvre cela sur la base d’un jugement, soit cela
m’est donné comme un trait de l’expérience. !
4.Kant semble croire que qu’il existe une intuition non
sensible (mais pas intellectuelle non plus?) que j’ai de mes
propres expériences, une intuition qui me permet de juger
que ces expériences sont les miennes. !
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La thèse centrale de B (B131, §16)!
Cette identité totale (durchgängige) de l'aperception d'un
divers donné dans l'intuition renferme une synthèse des
représentations et n'est possible que par la conscience de cette
synthèse. Car la conscience empirique, qui accompagne
différentes représentations, est, en soi, dispersée et sans
relation avec l'identité du sujet. Cette relation ne s'opère donc
pas encore par le fait que j'accompagne de conscience toute
représentation, mais par le fait que j'ajoute une
représentation à une autre (zu der andern) et que j'ai
conscience de leur synthèse. Ce n'est donc qu'à la condition de
pouvoir lier dans une conscience un divers de représentations
données qu'il m'est possible de me représenter l'identité de la
conscience dans ces représentations mêmes, c'est-à-dire que
l'unité analytique de l'aperception n'est possible que sous la
supposition de quelque unité synthétique.
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La thèse centrale de B (B131, §16)!
Cette pensée que telles représentations données dans
l'intuition m'appartiennent toutes, n'exprime donc pas autre
chose (heisst demnach soviel) sinon que je les unis dans une
conscience (Selbstbewusstsein) ou que je puis du moins les y
unir; et, quoiqu'elle ne soit pas encore elle-même la
conscience de la synthèse des représentations, elle en
présuppose cependant la possibilité. !
Autrement dit, ce n'est que parce que je puis saisir en une
seule conscience le divers de ces représentations que je les
nomme, toutes, mes représentations; car, sans cela, j'aurais un
moi aussi divers et d'autant de couleurs qu'il y a de
représentations dont j'ai conscience. !
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La thèse centrale de B (B131, §16)!
L'unité synthétique du divers des intuitions, en tant que
donnée a priori, est donc le principe (Grund) de l'identité de
l'aperception elle-même qui précède a priori toute ma pensée
déterminée. Mais la liaison n'est pas dans les objets et n'en
peut pas en quelque sorte être tirée par la perception d'où la
recevrait tout d'abord l'entendement (und in den Verstand
dadurch allerest aufgenommen werden) ; elle n'est, au
contraire, qu'une opération de l'entendement qui lui-même
n'est rien de plus que le pouvoir de lier a priori et de ramener
le divers de représentations données à l'unité de
l'aperception ; c'est là le principe suprême dans la
connaissance humaine tout entière.!
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Un exemple de synthèse en A102!
Or, il est manifeste que, si je tire une ligne par la pensée ou
que je veuille penser le temps d'un midi à un autre, ou même
seulement me représenter un certain nombre, il faut d'abord
nécessairement que je saisisse une à une dans ma pensée ces
diverses représentations. Si je laissais toujours échapper de
ma pensée les représentations précédentes (les premières
parties de la ligne, les parties antérieures du temps, ou les
unités représentées successivement) et si je ne les
reproduisais pas à mesure que j'arrive aux suivantes, aucune
représentation entière, aucune des pensées susdites, pas
même les représentations fondamentales, les plus pures et
toutes premières, de l'espace et du temps, ne pourraient
jamais se produire.!
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