Une start-up vaudoise séduit la Chine

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MARDI 31 MAI 2016
LE TEMPS
Economie 15
Une start-up vaudoise séduit la Chine
AUTOMOBILE Une délégation chinoise a découvert lundi les bornes de recharge pour véhicules électriques de Green Motion.
Un contrat portant sur plusieurs dizaines de millions de francs a été signé en avril
Toutes les négociations ont eu lieu
avec leur filiale allemande.»
Grâce aux fonds obtenus, Green
Motion, qui garde le contrôle de
l’entreprise, va pouvoir déployer
dans toute la Suisse 1600 points de
recharge publics d’ici à 2019, dont
400 d’ici à la fin de l’année. Ce
réseau, dont le déploiement sera
confié à cablex (filiale de Swisscom),
sera baptisé «evpass».
Ghislaine Bloch
t @BlochGhislaine
Une délégation chinoise a rendu
officiellement visite lundi à Green
Motion sur le site de l’EPFL, ainsi
qu’à l’horloger Jaeger-LeCoultre à
la vallée de Joux, qui possède des
bornes de recharge de la start-up
vaudoise. Jun Han, le maire de la
ville de Xuancheng, située dans la
province de Anhui (à l’ouest de
Shanghai), était accompagné de
différents représentants politiques. Yingsong Xia, directeur
général d’Anhui Zhongding, une
multinationale qui réalise un
chiffre d’affaires de quelque
1,74 milliard de francs et compte
14#000 employés, était également
présent. Son entreprise a investi
plusieurs millions de francs dans
la technologie de la start-up Green
Motion, qui conçoit et fabrique des
systèmes de recharge pour véhicules électriques.
Pas de royalties
L’accord de licence entre l’entreprise de Bussigny (VD) et le géant
industriel chinois, actif dans la
sous-traitance automobile, a été
signé en avril. Cette transaction,
dont le montant n’a pas été dévoilé,
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Plus de 750 bornes déjà
installées en Suisse
La délégation chinoise – notamment composée du maire de Xuancheng, Jun Han (2e en partant de la droite), et du directeur général
de Zhongding, Yingsong Xia (2e en partant de la gauche), s’est rendue sur le site de l’EPFL pour découvrir le système de recharge pour
véhicule électrique de la start-up vaudoise cofondée par François Randin (à droite). (GREEN MOTION)
a permis à Green Motion d’investir
plusieurs dizaines de millions de
francs dans son réseau de recharge
en Suisse. L’accord conclu avec
Anhui Zhongding ne permettra
toutefois pas d’obtenir des royalties
sur les ventes, quel que soit le
nombre de bornes installées en
Chine.
Selon Philippe Leyvraz, conseiller
en liaison industrielle à l’EPFL: «Il
s’agit d’un contrat extrêmement
intelligent. Le potentiel est énorme
d’ici à trois ou quatre ans.» «Nous
avions besoin d’argent rapidement
pour déployer nos bornes et verrouiller le marché suisse, explique
François Randin, cofondateur de
Green Motion, qui n’avait jamais
rencontré le directeur général de
Anhui Zhongding avant lundi.
Depuis 2010, Green Motion a déjà
installé 752 bornes auprès de
clients privés (l’installation se
chiffre à environ 2000 francs) mais
également auprès d’entreprises
telles que Nestlé, Reuters, Swiss Re
ou différents fabricants horlogers.
«Nous nous attendons à une
conversion du parc automobile de
4 à 5% en faveur de l’électrique d’ici
à 2020. Actuellement, le manque
de bornes constitue un frein
majeur», dit François Randin, qui
prévoit d’augmenter ses effectifs de
douze à vingt personnes. Autre
frein: l’autonomie des voitures électriques, qui est encore limitée en
moyenne à 200 kilomètres environ
(500 kilomètres pour une Tesla).
«Par contre, la technologie est
concurrentielle. Il faut compter 8
à 10 francs pour effectuer 100 kilomètres, ce qui correspond au prix
d’une voiture à essence qui parcourrait la même distance», précise
François Randin.
Volontarisme de Pékin
De son côté, la Chine souhaite
mettre en place d’ici à 2020 un
réseau capable d’alimenter 5 millions de voitures électriques, ce qui
correspond à 5 à 10 millions de
bornes. La start-up romande
livrera sa technologie ces dix-huit
prochains mois dans la province
d’Anhui.
«Green Motion est en mesure de
construire une relation à long
terme avec Anhui Zhongding. Je
pense que, dans une ville comme
Shanghai, il y aura bientôt plus de
voitures électriques que de voitures
à essence», estime Philippe Leyvraz. La Chine est en effet très
volontariste sur le développement
des voitures électriques, avec des
facilités offertes aux automobilistes
qui choisissent de rouler de la sorte.
Quant à Green Motion, l’accord
pourrait être répliqué à d’autres
pays. Lorsque la technologie évoluera, d’autres licences pourraient
également être renégociées. ■
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