MARDI 31 MAI 2016 LE TEMPS
Une start-up vaudoise séduit la Chine
Ghislaine Bloch
t @BlochGhislaine
Une délégation chinoise a rendu
officiellement visite lundi à Green
Motion sur le site de l’EPFL, ainsi
qu’à l’horloger Jaeger-LeCoultre à
la vallée de Joux, qui possède des
bornes de recharge de la start-up
vaudoise. Jun Han, le maire de la
ville de Xuancheng, située dans la
province de Anhui (à l’ouest de
Shanghai), était accompagné de
différents représentants poli-
tiques. Yingsong Xia, directeur
général d’Anhui Zhongding, une
multinationale qui réalise un
chiffre d’affaires de quelque
1,74milliard de francs et compte
14#000employés, était également
présent. Son entreprise a investi
plusieurs millions de francs dans
la technologie de la start-up Green
Motion, qui conçoit et fabrique des
systèmes de recharge pour véhi-
cules électriques.
Pas de royalties
L’accord de licence entre l’entre-
prise de Bussigny (VD) et le géant
industriel chinois, actif dans la
sous-traitance automobile, a été
signé en avril. Cee transaction,
dont le montant n’a pas été dévoilé,
a permis à Green Motion d’investir
plusieurs dizaines de millions de
francs dans son réseau de recharge
en Suisse. L’accord conclu avec
Anhui Zhongding ne permettra
toutefois pas d’obtenir des royalties
sur les ventes, quel que soit le
concurrentielle. Il faut compter 8
à 10francs pour effectuer 100kilo-
mètres, ce qui correspond au prix
d’une voiture à essence qui par-
courrait la même distance», précise
François Randin.
Volontarisme de Pékin
De son côté, la Chine souhaite
mettre en place d’ici à 2020 un
réseau capable d’alimenter 5mil-
lions de voitures électriques, ce qui
correspond à 5 à 10millions de
bornes. La start-up romande
livrera sa technologie ces dix-huit
prochains mois dans la province
d’Anhui.
«Green Motion est en mesure de
construire une relation à long
terme avec Anhui Zhongding. Je
pense que, dans une ville comme
Shanghai, il y aura bientôt plus de
voitures électriques que de voitures
à essence», estime Philippe Ley-
vraz. La Chine est en effet très
volontariste sur le développement
des voitures électriques, avec des
facilités offertes aux automobilistes
qui choisissent de rouler de la sorte.
Quant à Green Motion, l’accord
pourrait être répliqué à d’autres
pays. Lorsque la technologie évo-
luera, d’autres licences pourraient
également être renégociées.
■
nombre de bornes installées en
Chine.
Selon Philippe Leyvraz, conseiller
en liaison industrielle à l’EPFL: «Il
s’agit d’un contrat extrêmement
intelligent. Le potentiel est énorme
d’ici à trois ou quatre ans.» «Nous
Toutes les négociations ont eu lieu
avec leur filiale allemande.»
Grâce aux fonds obtenus, Green
Motion, qui garde le contrôle de
l’entreprise, va pouvoir déployer
dans toute la Suisse 1600points de
recharge publics d’ici à 2019, dont
400 d’ici à la fin de l’année. Ce
réseau, dont le déploiement sera
confié à cablex (filiale de Swisscom),
sera baptisé «evpass».
Plus de 750bornes déjà
installées en Suisse
Depuis 2010, Green Motion a déjà
installé 752bornes auprès de
clients privés (l’installation se
chiffre à environ 2000francs) mais
également auprès d’entreprises
telles que Nestlé, Reuters, Swiss Re
ou différents fabricants horlogers.
«Nous nous attendons à une
conversion du parc automobile de
4 à 5% en faveur de l’électrique d’ici
à 2020. Actuellement, le manque
de bornes constitue un frein
majeur», dit François Randin, qui
prévoit d’augmenter ses effectifs de
douze à vingt personnes. Autre
frein: l’autonomie des voitures élec-
triques, qui est encore limitée en
moyenne à 200kilomètres environ
(500kilomètres pour une Tesla).
«Par contre, la technologie est
avions besoin d’argent rapidement
pour déployer nos bornes et ver-
rouiller le marché suisse, explique
François Randin, cofondateur de
Green Motion, qui n’avait jamais
rencontré le directeur général de
Anhui Zhongding avant lundi.
AUTOMOBILE Une délégation chinoise a découvert lundi les bornes de recharge pour véhicules électriques de Green Motion.
Un contrat portant sur plusieurs dizaines de millions de francs a été signé en avril
La délégation chinoise – notamment composée du maire de Xuancheng, Jun Han (2e en partant de la droite), et du directeur général
de Zhongding, Yingsong Xia (2e en partant de la gauche), s’est rendue sur le site de l’EPFL pour découvrir le système de recharge pour
véhicule électrique de la start-up vaudoise cofondée par François Randin (à droite). (GREEN MOTION)
Economie 15
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