Florent GERBENS N° de candidat : 1027815 La Polysensorialité du Point de Vente MASTER Européen en Management et Stratégies d’Entreprise Thèse Professionnelle Session 2011 RESUME L’économie mondiale évolue sans cesse, ainsi que les besoins et demandes des consommateurs. A cet effet, les industriels doivent mettre en œuvre des moyens toujours plus congruents avec les besoins de leurs clients. Ces dernières années, de nombreuses évolutions du marketing ont vu le jour. Comme le marketing sensoriel qui a commencé à être utiliser dans les points de vente et qui a encore de beaux jours devant lui. De nombreuses auteurs ou professeurs se sont penchés sur le sujet et on en retiendra des points négatifs et positifs. MOTS CLES Polysensoriel, marketing, nouvelle technologie, sens, besoins primaires, olfactif, visuel, sonore, tactile. SUMMARY The world economy is constantly evolving as well as the needs and demands of consumers. To this end, manufacturers must implement techniques and means coherent with the growing needs of their customers. In recent years, many marketing trends have emerged. Like sensory marketing, this recently began to be used in stores and still has a bright future ahead of it. Many authors and teachers have studied the subject and we will retain the negative and positive sides of it. KEYWORDS Polysensorial, marketing, new technologies, senses, primary needs, olfactory, visual, auditory, tactile. 2 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Sommaire Introduction ......................................................................................................... P3 Première partie : historique et définitions des termes du sujet 1. Définitions ................................................................................................ P5 2. Les raisons .............................................................................................. P6 3. Du marketing classique au marketing sensoriel ....................................... P10 4. Historiques, références ............................................................................ P12 5. Contraintes et limites du marketing sensoriel .......................................... P13 Deuxième partie : le marketing sensoriel, étude des quatre sens 1. Marketing olfactif ...................................................................................... P16 a) Syndrome de Proust ..................................................................... P17 b) Impacts des stimuli olfactifs........................................................... P21 c) Benchmarking ............................................................................... P25 2. Marketing auditif....................................................................................... P33 a) La musique d’ambiance et le comportement des clients ............... P33 b) Les trois composantes de la musique d’ambiance ........................ P36 c) La musique d’ambiance et les employés ...................................... P39 3. Marketing tactile ....................................................................................... P40 a) L’expérience tactile dans le point de vente.................................... P41 b) Les objectifs du toucher ................................................................ P42 c) Le comportement des consommateurs ......................................... P43 4. Marketing visuel ....................................................................................... P48 a) L’aspect visuel : son importance dans le point de vente ............... P50 b) Comment l’aspect visuel (couleurs, lumières) affecte le comportement du consommateur ......................................................................... P56 Troisième partie : le marketing sensoriel et la théâtralisation des lieux de vente 1. La thématisation : nouveaux facteurs clés du succès .............................. P61 2. Le discount se met au marketing sensoriel .............................................. P62 Conclusion .......................................................................................................... P64 3 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Introduction Le marketing mute très rapidement et de nombreux spécialistes réfléchissent sans cesse à de nouveaux moyens de susciter l’intérêt des consommateurs afin de faire face à une concurrence toujours grandissante .Le marketing a toujours eu une place à part entière au sein des stratégies des entreprises. Le marketing a pour objectif de cibler une clientèle potentielle, de sonder les besoins du marché afin de se créer une place, quasi certaine, sur le marché en cause. En somme le marketing pourrait s’apparenter à un « parachute de sécurité » pour les firmes afin de limiter les risques tant financiers qu’au niveau de leur image de marque. Mais la concurrence s’intensifie et les entreprises doivent redoubler d’efforts afin de conforter leur place sur un marché ou garder leur image de marque face à un nouveau produit qu’elle pourrait proposer. C’est dans ce sens que le marketing sensoriel peut être utilisé afin de garantir un succès commercial. Nous sommes tentés de croire que le prix ou l’usage premier du produit ne sont pas exclusivement les seuls facteurs de choix pour les consommateurs. Mais le facteur émotionnel a aussi son rôle à jouer de par des perceptions par rapport au produit en lui-même, ou par rapport à l’environnement où il est vendu. Le marketing sensoriel a pour objet de susciter un ou plusieurs sens du consommateur pour le séduire en accroissant son bien-être. Trois de ces sens sont très communément utilisés tels que le goût, le toucher, la vue, mais les deux derniers sens, tels que le son et l’odeur, ont été délaissés. Fragrances et goût subtils, sonorité et toucher évocateur, les entreprises jouent sur tous les tableaux. Or, nous avons de bonnes raisons de penser que les stimulations sensorielles pourraient, pour les enseignes prêtes à les utiliser, être une marque de différenciation par rapport à la concurrence toujours plus croissante, et être un moyen supplémentaire de répondre toujours au mieux aux attentes des consommateurs, tant extrinsèques (fonctionnalité, efficacité), qu’intrinsèques (recherche de plaisir, de théâtralisation). 4 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Les consommateurs ne se limitent plus à l’achat d’un produit, d’une marque, d’un logo ou d’une renommée, mais leur motivation d’achat est de plus en plus axée sur le plaisir de posséder un concept, une sensation, une expérience, connue et/ou reconnue. Nous sommes bien loin de l’achat solitaire, réfléchi grâce aux sites de ecommerce, les consommateurs sont à la recherche de plus de sentiments, plus d’émotions. Plus qu’un produit banal, les ménages recherchent une expérience insolite et unique, tout cela grâce à une odeur, une ambiance, une musique dans un environnement où il pourra se sentir bien, c’est le concept de la polysensorialité. En ce qui concerne la polysensorialité, il est important de préciser d’ores et déjà que tous les sens ne pourront, ou ne doivent pas, être utilisés tous en même temps. De plus, le fait d’utiliser le marketing sensoriel au sein des points de vente n’est pas une science exacte et ne devra pas être interprété de manière stricte. Une odeur, une ambiance, ne pourra pas être interprétée de la même manière par toutes les personnes étant en contact avec le concept. Ce dossier vise à démontrer pourquoi les enseignes, ou les marques doivent incorporer le marketing polysensoriel dans leurs stratégies afin de se rapprocher ou de toucher le consommateur par des moyens divers en utilisant les quatre sens. Comment faire vivre une expérience insolite et unique aux consommateurs grâce au marketing polysensoriel ? A cette fin, dans une première partie nous aborderons le concept du marketing, nous en donnerons une définition détaillée, nous expliquerons les raisons de sa mise en place au sein des entreprises et ses objectifs. Puis, nous chercherons à comprendre comment le marketing des quatre sens peut être matérialisé, et comment les enseignes s’en servent afin de séduire davantage les consommateurs. Enfin, nous adapterons les différents sens au sein du point de vente, afin de mettre en exergue les différentes motivations des enseignes envers la polysensorialité. 5 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Première partie : Définitions et historique des termes du sujet. 1. Définitions Le marketing sensoriel a pour objectif de solliciter un ou plusieurs des cinq sens dont l’être humain est doté et qui lui permettent d’évoluer dans son environnement quotidien. Depuis longtemps, la vue, le toucher et le goût sont utilisés à des fins commerciales, mais ce qui est vraiment novateur, c’est d’impliquer l’olfactif et le sonore, et de les utiliser de manière simultanée. Le concept de polysensorialité est né. Ce concept a tendance à se développer au sein des points de vente. L’objectif sera de jouer avec les différents sens pourvus par les consommateurs. Il sera intéressant d’utiliser simultanément ces sens en mettant un point d’honneur sur ceux qui sont depuis trop longtemps inutilisés, tels que l’ouïe et l’odorat. Ces sens sont déjà sollicités dans différents secteurs tels que l’automobile ou la distribution de biens de loisirs créatifs. En effet, BMW emploie près de soixante ingénieurs acousticiens afin d’étudier les différents bruits que doivent faire leurs véhicules censés donner une image luxueuse, de qualité. Le bruit de fermeture de leurs portières en est un exemple. Ou encore, l’enseigne Nature et Découverte qui travaille beaucoup sur leur signature olfactive, afin de fidéliser leur clientèle à l’odeur significatrice de leur enseigne, en leur donnant une image de retour à une nature originelle, une sorte d’Eden. Mais comment définir ce bruit synonyme de qualité et de robustesse ou cette odeur naturelle et apaisante ? Le marketing sensoriel tente de donner des réponses à ces questions en intégrant aux stratégies commerciales des entreprises la compréhension des perceptions humaines et leur subjectivité. Chaque expérience des consommateurs peut être différente. Le marketing sensoriel vise à sublimer les produits et à augmenter la qualité perçue de ces derniers afin de créer une relation intime et personnalisée avec le consommateur. Les acheteurs ne se contentent plus d’acheter une marque, un produit ou logo mais de plus en plus une sensation, dans un contexte sociétal où une dynamique de plus en plus oppressante et morose s’installe et dans lequel le virtuel (e-shopping) occupe une place prépondérante. 6 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Le consommateur s’anime de plaisirs simples mais intenses, novateurs et uniques afin de fuir un désenchantement social que l’achat sur Internet est en train de mettre en avant, en laissant ses adeptes seuls face à leur ordinateur. 2. Les raisons Des contraintes commerciales de plus en plus oppressantes. A l’heure de la mondialisation, de la libération des échanges, ou de crise économique, ces dernières années ont été marquées par un fort accroissement de la concurrence. A ce jour, la plupart des produits en concurrence, sur les différents marchés, se valent quasiment, techniquement, qualitativement. Il est donc nécessaire que les enseignes réussissent à faire face à cette concurrence, non plus en rivalisant sur la qualité, le prix, ou le produit en lui-même, mais tentent de dénicher de nouveaux procédés afin de solliciter, séduire et convaincre leurs clientèles. C’est à cet effet, que les enseignes doivent revoir l’aménagement de leur point de vente et doivent les rendre de plus en plus attractifs, remarquables, ou marquants, en sollicitant différents sens. Les produits, se valent, à ce jour, or il est nécessaire de faire tout de même la différence par rapport à la concurrence, et le marketing des sens est capable de faire une différence notable, encore faut-il que les enseignes connaissent les sensations dégagée par le produit auprès des consommateurs. 7 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Ainsi, la bouteille d’Orangina, afin d’évoquer le soleil, les agrumes, réussit à susciter un intérêt visuel grâce à sa forme arrondie et à sa couleur jauneorangé, mais aussi tactile, avec la sensation rugueuse que procure la bouteille faisant penser à la peau d’une orange. De plus, le consommateur recherche à pallier au manque de sensation naturelle que la sphère urbanisée, ainsi que son univers virtuel, ne lui procurent plus, ne faisant que pallier à un manque de temps. Ce manque de sensation peut être comblé en partie par la consommation de produits permettant l’évasion, et en procurant à la personne concernée, des sensations uniques, personnalisées, car ces dernières seront interprétées de manière différente par chaque individu, en fonction, de son passé, de son vécu, de son caractère et de ses goûts. Des consommateurs en quête d’un nouveau mode de consommation, d’une expérience insolite et nouvelle. Il est possible de trouver plusieurs catégories de personnes (acheteurs ou non) présentes dans un point de vente. Mais l’objectif de la marque ou de l’enseigne sera de susciter l’acte d’achat des consommateurs pour que la « balade du samedi après-midi » devienne une expérience agréable, unique et personnelle. C’est justement à cet effet que les marques mettent en place des offres suivant les cinq sens. 8 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente De plus, les individus d’aujourd’hui sont confrontés, de plus en plus, à la pression des contraintes de nos sociétés industrielles. Ainsi, l’individu se lance à la conquête du plaisir pour soi, du bien-être et du confort. Aujourd’hui consommer pour posséder est devenu « ringard », or à ce jour, consommer est une forme de « savoir-être », l’expression d’une personnalité unique ou partagée par un petit groupe, cela devient une expérience enrichissante au même titre qu’un loisir. Le marketing sensoriel intègre dans la démarche marketing de l’entreprise la compréhension des perceptions humaines et de leur subjectivité ; il analyse la situation commerciale, corrélée à l’attente des clients et comprend la manière de concevoir les produits, de les emballer et de les valoriser au sein du point de vente. Ce dernier devra aussi être aménagé en fonction des attentes du client, afin de les rendre attrayants pour les consommateurs. Dans ce contexte, les clients se laissent plus volontiers guider par leurs sens, leurs impulsions, ainsi que leurs émotions plutôt que par leur raison économique ou autre. Prenons l’exemple d’une marque très peu représentée en France mais qui fait fureur outre Atlantique, il s’agit de la marque « Abercrombie&Fitch ». Cette entreprise regroupe quatre marques (Abercrombie&Fitch, Hollister, Abercrombie Kids et Gilly Hicks), mais adopte pour l’ensemble de ses marques les mêmes ingrédients, sources de réussite, et suscitant les quatre sens possibles d’intégrer dans l’univers du prêt-à-porter, c'est-à-dire, la vue, l’ouïe, l’olfactif et le toucher. Il faut savoir que la cible de la marque est les jeunes de 15 à 25 ans, de style branché, c’est pour cette raison que dès l’entrée dans le magasin, ambiance boîte de nuit, lumière tamisée en contraste avec la couleur des vêtements, et vendeur torse nu, tout droit sorti des magazines de mannequina. Puis, lorsque vous continuez votre visite, vous entendez une musique électro, très plaisante pour la cible souhaitée et qui ravive des souvenirs de boîtes de nuit très appréciés. De plus, le parfum caractérisant la marque est diffusé toute la journée par les vendeurs (es), et celle-ci vous reste en tête et sera assimilée comme « l’odeur » propre à cette marque. Ce qui constitue la signature olfactive de la marque. 9 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Enfin, il vous est possible de toucher les vêtements afin de juger la qualité de ces derniers, ainsi que de prendre une photo avec les vendeurs aux physiques de mannequins. Toutes ces distinctions sont nécessaires afin de se faire une place certaine en tant que marque incontournable pour les jeunes de 15 à 25 ans et de vous faire vivre une expérience unique et jamais vue dans un magasin de prêt-àporter. Les personnes reviendront plus facilement dans la boutique afin de revivre cette expérience remarquable, et seront plus disposées à rester plus longtemps et à dépenser plus dans ce contexte agréable et familier. En ce sens, les consommateurs auront le sentiment agréable, de vivre une expérience unique, à l’inverse d’un achat raisonnable et parfois longuement réfléchi sur Internet. 10 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente 3. Du marketing classique au marketing sensoriel Avant de traiter du sujet, il nous semble essentiel de comprendre comment la mutation s’est produite du marketing dit classique au marketing sensoriel, et pourquoi ? Au début du XXème siècle le marketing n’est qu’une discipline d’analyse 1 et d’étude de marché, il a été mis en place à la base, afin de pallier aux problèmes liés à la forte croissance économique de l’ère industrielle. Le marketing devient une « vraie » discipline et une « science » lors de la crise de 1929, afin de permettre aux entreprises de lutter contre les coûts excessifs de production de l’époque et faire face à la concurrence grandissante. Pour le marketing classique, le marché est au cœur du processus de réflexion. Il est à la fois le point de départ et le point d’arrivée. Le marketing classique soutient que l’entreprise met à disposition un produit, en fonction des moyens qu’elle a à sa disposition, et en réponse aux demandes des consommateurs. Ces derniers font leur choix de manière rationnelle en comparant leurs besoins et le produit répondant à ces besoins, enfin leur choix sera porté aussi sur le prix de ce dernier. En fonctionnant ainsi le marketing ne différencie pas de manière suffisante le produit en cause et, par conséquent, l’enseigne ne marquera pas de manière originale le client. 1 www.wikipedia.org 11 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente En effet, à l’heure où les marchés sont saturés, l’offre extrêmement riche et les tarifs très similaires, la seule manière de se différencier, pour les enseignes, reste entre autres le marketing sensoriel en essayant de vivre une expérience personnalisée avec sa clientèle. Avec ce genre de pratique nous ne mettons plus la clientèle dans une situation d’achat rationnel mais nous mettons en jeu ses propres sentiments, sa propre expérience, sa propre histoire, ses propres goûts… tout cela est complètement inconscient pour le consommateur, il ne se rendra pas compte que nous avons réussi à lui faire ressentir des sentiments très personnels. Ces expériences ont des dimensions sensorielles, émotionnelles, cognitives, comportementales et relationnelles et non plus seulement fonctionnelles. A cet effet, les enseignes ne désirent plus vendre un produit en tant que tel, mais mettre à disposition à sa clientèle une expérience innovante, remarquable, agréable et qui permettra de fidéliser la clientèle sur le long terme. De plus, nous ne sommes plus en train de parler d’une offre banale parmi tant d’autres où la plupart du temps seul le prix compte, le marketing sensoriel offre une nouvelle dimension aux consommateurs. Ces derniers préféreront cette expérience plutôt qu’au prix du produit, donc nous pouvons affirmer que cette technique innovante sera génératrice de qualité perçue par la clientèle. Par conséquent, le marketing sensoriel pourra être générateur de marge supplémentaire. En effet, le débat n’est plus focalisé sur le prix, car la plupart des produits sont techniquement identiques et doivent être différenciés autrement. Le marketing sensoriel part du constat qu’un client qui se plaît au sein d’un point de vente, restera plus longtemps, grâce à une ambiance agréable. Il y passera plus de temps et y dépensera plus d’argent, car il préférera se rapprocher vers des produits qui pourront susciter toujours plus son sentiment de bien-être, vécu au sein du point de vente. 12 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Afin que cette démarche soit efficace auprès des consommateurs, il faut entreprendre de bien comprendre les stimuli et les situations qui déclenchent ces émotions. Cette technique est très personnelle et une odeur agréable pour une personne A, pourra être désagréable pour une personne B, alors comment déterminer qu’une odeur sent bon ou pas ? Comment prévoir qu’une ambiance olfactive pourra plaire ou pas ? Comment anticiper qu’une musique pourra faire naître un sentiment de bien être aux consommateurs ? (Voir deuxième partie, sous-partie « marketing olfactif et auditif » page 16 à 39). Nous fonderons ces actions principalement par rapport à des exemples d’enseignes utilisant depuis longtemps ces techniques. 4. Historique (Quelques références) Le marketing a vu le jour dès le XXème siècle avec pour mission première d’écouler la marchandise produite, la demande était supérieure, on pourra parler d’une économie de masse. La principale préoccupation des entreprises de l’époque était de réduire les coûts de production. Dans les années 1950/1960, le marketing devient une « science », car l’offre devient égale à la demande, et le vendeur doit, cette fois-ci, vendre activement son produit, créer une différence par rapport à la concurrence (apparition de promotions des ventes, publicité). Puis à partir des années 70, l’offre devient supérieure à la demande, et les entreprises doivent se battre de plus en plus face à une concurrence de plus en plus dense. Nous sommes face à une économie de marché, où les entreprises vivent en fonction de l’évolution de la demande et où le tissu industriel devient saturé. Les cycles de vie des produits se raccourcissent, les consommateurs sont plus instruits et le prix n’est plus la variable fondamentale de la demande. C’est à partir de ce moment historique que le marketing évolue sans cesse, afin de cerner toujours en amont les besoins, changeants, des consommateurs, et tenter de susciter toujours plus leurs intérêts. 13 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Une des références majeures du monde marketing et du marketing sensoriel en particulier, Monsieur KOTLER, a dit, en 1973, que le marketing sensoriel permettra aux entreprises de se positionner autrement que par le prix, en créant une différence, et de répondre aux besoins des acheteurs, de consommer des produits plus « vrais », ou bien plus en corrélation avec la nature ou avec leurs émotions. Cette notion a été abordée par KOTLER car dans les années 70, il était difficile de différencier les marques les unes par rapport aux autres, à cause, notamment, de l’explosion de l’offre de l’époque. Dans la démarche du marketing sensoriel, nous avons deux dimensions à prendre en compte, ce qui pourra rendre diverses et variés les positionnements possibles des firmes le mettant en place. En effet, le marketing sensoriel pourra influencer les consommateurs soit par le produit en lui-même, soit par l’ambiance créée autour de ce même produit. Toujours selon KOTLER, le fait de mettre au point une « atmosphère » dans un point de vente sera pour concevoir des environnements d’achats produisant des effets émotionnels spécifiques et stimulants pour les consommateurs en vue d’accroître sa probabilité d’acheter. En effet, cette atmosphère créée, pourra jouer le rôle d’un facteur exhaustif aidant à convertir un sentiment émotionnel intense, agréable, spécifique à un consommateur, en comportement d’achat. 5. Contraintes et limites du marketing sensoriel Le marketing classique est mis en place afin de satisfaire le besoin du consommateur, le but de l’entreprise était uniquement de faire coïncider son produit avec la demande. A ce jour, le marketing sensoriel tente d’aller plus loin en se rapprochant de plus en plus avec le consommateur, qui est lui-même en demande d’une nouvelle forme d’achat. Nous pouvons voir dans de nombreux articles que certaines personnes sont contre le marketing sensoriel, jusqu’à évoquer un « phénomène de manipulation…flirtant parfois avec la publicité mensongère ». 14 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Mais cette nouvelle technique peut être aussi apparentée à une nouvelle forme de différenciation, tellement nécessaire aux industriels et plaisante aux consommateurs. Jean-François LEMOINE, responsable du Master "Etudes de marché et prise de décision marketing" à l'Université de Nantes, nous fait savoir que lorsque le service marketing travaille sur le goût d’un yaourt, par exemple, et qu’il décide du packaging à mettre en place avec le pouvoir de se positionner sur le marché, et travailler sur l’aspect tactile du produit, il s’agit bien de marketing sensoriel. Mais la sensation finale, qualitative ou pas, sera ressentie par le consommateur final, et ne dépendra que de la personnalité du consommateur, son état d’esprit, de ses convictions… Le rôle du marketing est de suggérer des sensations, il revient au consommateur d’interpréter ses suggestions, de disposer de son propre ressenti. Au sujet de la manipulation, cet argument est adapté surtout dans le cas du marketing olfactif, en effet, les odeurs sont sources de souvenirs. Ces derniers sont stockés dans notre cerveau, et lorsqu’on sent cette odeur familière, les souvenirs en questions ressurgissent dans notre inconscient. Pour Patrick HETZEL, auteur de "Planète Conso" et professeur de marketing à l'Université parisienne Panthéon-Assas ainsi qu'à Limoges, « le risque de manipulation, dès qu'on touche au sensoriel, existe. S'il n'y a pas d'éthique, le marketing sensoriel peut être dangereux. Or, la question éthique est, effectivement, surtout posée pour les odeurs. L'exemple type de la tromperie est de diffuser une odeur de pain chez un distributeur de pain qui ne le fabrique pas sur place. Certaines grandes surfaces, pour contourner cette interdiction, fabriquent des petits fours en très petite quantité dans le seul but qu'il y ait une vraie odeur de boulangerie ». Evidemment, dans ce cas présent, il est précisé que l’éthique joue un rôle primordial, et nous pourrons élargir, en disant que pour beaucoup de sujets, cela pourrait être le cas. Nous devons garder à l’esprit que le marketing sensoriel, dans sa démarche légale, reste une réelle réponse aux demandes des consommateurs. Et comme dans beaucoup de sujets, nous ne pourrons pas prendre en compte les variantes peu scrupuleuses de quelques firmes. Néanmoins, les condamnations sont rares et les abus sont peu souvent recensés. 15 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Dans les grandes règles du marketing, beaucoup de sujets parlent alors « d’influencer » le consommateur, mais en toute transparence, nous pouvons parler de « manipulation ». Mais ce mot à une connotation négative, or il s’agit tout de même de cela. Nous pourrons aussi évoquer différents niveaux de manipulation. Il s’agit, ici, de la forme la plus « sage » de manipulation, nous pourrons donner un synonyme : « susciter l’intérêt ». Au sujet du marketing sensoriel, s’il n’y a pas de manipulation, comment pourrions-nous dire que ce concept fonctionne ? En effet, ce concept fonctionne car il n’est pas perçu comme une manipulation mais comme une nouvelle variable de différenciation, qui offre au consommateur une expérience novatrice et agréable. « … pendant longtemps, faire les courses a été une corvée. Si l'on fait en sorte que ce soit moins le cas, il est logique que le consommateur apprécie… et que cela fonctionne un peu mieux. »2 Le marketing sensoriel est un concept attendu et apprécié de par les différents avantages qu’il procure. Il inspire un nouvel élan aux consommateurs. Le marketing a très souvent évolué mais n’en a pas oublié pour autant ses fondamentaux. En effet, une condition indispensable au bon fonctionnement du marketing sensoriel est de respecter son Mix produit. 2 www.lejournaldunet.com, Jean François Lemoine, le 14/06/2006. 16 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Deuxième partie : étude des quatre sens 1. Marketing olfactif Le monde des odeurs est complexe et propre à chaque individu. On ne distingue les odeurs que par leurs origines ou leurs effets. On dit que les odeurs ont un pouvoir discriminatif car elles peuvent éloigner ou rapprocher les gens, curatif ou encore, ayant un pouvoir de « transport », c’est à dire évocateur. En effet en ce qui concerne le pouvoir discriminant, ce sens est remarquablement précaire et utilisé depuis très longtemps, en effet même les animaux utilisent ce sens afin de différencier le bien et le mal, le bon et le mauvais, accepter ou rejeter. L’olfactif est très utilisé lors de la séduction entre deux êtres, il permettrait d’amplifier les signaux olfactifs naturels (les phéromones), mais aussi de limiter le risque de « sentir », car pour les autres personnes « sentir », c’est sentir mauvais. Les odeurs nous servent beaucoup dans le domaine alimentaire, en effet, notre nez nous révèle bien des choses sur les aliments, s’ils vont nous plaire ou pas ? Cela est évidemment propre à chacun. Mais limiter l’odeur au domaine alimentaire est une erreur. Nous l’utilisons dans bien d’autres disciplines, car l’humain possède la faculté de pouvoir déterminer, en sentant la propreté d’un lieu ou son confort. Ainsi, une odeur corporelle dans une cabine d’essayage ou d’une odeur de tabac froid dans une chambre d’hôtel saura nous faire déterminer si le lieu est sain ou pas. En ce qui concerne le pouvoir curatif ou mortifère des odeurs, pendant des siècles, et en particulier jusqu’au XIXème siècle, les odeurs furent réputées posséder des pouvoirs mortifères, mais aussi curatifs. Elles furent tenues pour agents responsables de maladies, en particulier de la peste (nous en gardons le souvenir au travers des mots tels que pestilence, qui désigne aussi bien l’épidémie qu’une mauvaise odeur et empester), tandis que les parfums étaient utilisés comme contrepoison aux émanations. 17 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente De la même manière le terme malaria signifie en italien « mauvais air ». En ce sens, à l’époque, nous croyons que la maladie est véhiculée par ces odeurs et cette idée est renforcée par le fait que le nez offre un lien direct avec le cerveau. Cette sensation est encore d’actualité lorsque des personnes entrent dans un hôpital. L’odeur de ce dernier est encore évocateur de maladie, de souffrance, elle garde encore une connotation négative et de peur d’attraper une maladie. A ce jour, dans le monde moderne, l’inodore reste référant et le phénomène de désodorisation s’est doucement imposé. Selon les travaux de Corbin (1982), qui démontre les incroyables efforts afin d’assainir les villes, la mise en place des égouts, de l’acheminement invisibles des eaux usées vers les centrales d’assainissement. La lutte contre la pollution est corrélée à la lutte contre les mauvaises odeurs qui dérangent les citadins que nous sommes tous devenus. En ce qui concerne le pouvoir évocateur des odeurs, il est omniprésent dans l’idée que les odeurs puissent « avoir de la mémoire » et puissent faire replonger le consommateur dans un moment de son enfance. Le but, a priori, est de susciter l’esprit nostalgique des consommateurs. Beaucoup de marques l’on bien compris, comme « Banania », qui reprend, d’une part son aspect d’antan mais aussi ses saveurs. Afin de mieux comprendre l’aspect évocateur des odeurs, il sera important de faire appel au syndrome de Proust, très connu avec le pouvoir évocateur de l’odeur des madeleines, mais il met en exergue de manière pragmatique cet aspect du marketing sensoriel. a. Syndrome de Proust3 Les odeurs ont un pouvoir évocateur pour chacun d’entre nous, mais nous allons voir en analysant le syndrome de Proust que chacun ne percevra pas les odeurs de la même manière. Certains ne les percevront pas du tout. En effet, tous les individus ne sont pas égaux devant leur capacité à sentir une odeur. Une odeur sentie pourra évoquer différentes choses à différentes personnes, en fonction de leurs expériences, de leur vie, de leur sensibilité, de leur environnement. 3 Sophie RIEUNIER, « le marketing sensoriel du point de vente », Paris, aux éditions DUNOD en 2009, p.95 18 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Les sentiments perçus pourront être négatifs, positifs ou nuls. Notre perception olfactive est influencée par des facteurs physiologiques (état pathologique), comportementaux (usage de drogues, tabagisme) et physiques (températures, humidité, pollution industrielle). Notre sensibilité olfactive et notre capacité à identifier une odeur diminue avec l’âge. C’est très certainement pour cela que l’enseigne « Abercrombie », cible sa clientèle entre 15-25 ans et s’est permis de proposer des magasins avec une forte signature olfactive, sonore et visuelle. Les jeunes seront plus à même d’être sensible à ce genre de perceptions et la retiendront plus facilement. Grâce à de nombreuses études, il a été confirmé que les enfants ou nouveau-nés avaient la capacité olfactive de reconnaître des odeurs présentes dans leur environnement. « Quand… on découvre que toute une enfance est évoquée par le souvenir d’un parfum isolé, on comprend que l’odeur, dans une enfance, dans une vie, est, si l’on ose dire, un détail immense ». (Bachelard, 1960) Cette notion est intéressante et nous pouvons affirmer que notre première expérience olfactive est vécue depuis le ventre maternel. Cette expérience à laquelle nous sommes confrontés depuis notre plus tendre enfance aura une influence sur notre perception des odeurs dans notre futur. En fonction du contexte émotionnel où sont sentie ces odeurs, un individu, puis un autre, auront des réponses cognitives, comportementales, et physiologiques différente. Ces perceptions évoluent tout au long au long de notre vie, en fonction de notre expérience, de notre environnement. La culture joue un rôle fondamental dans notre perception aux odeurs. 19 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Le phénomène d’adaptation, nous informe qu’une odeur disparaît de notre système olfactif après quelques minutes, mais pas les sentiments qu’elle suppose. Ce phénomène induit le fait que nous soyons exposés de manière prolongée et récurrente à une odeur, ce qui aura pour effet une diminution de notre perception olfactive pour cette odeur, une sorte d’habitude se mettant en place, notre système olfactif est moins efficace. Ainsi cette adaptation a pour effet d’élever le seuil de détection de cette odeur. De nombreux chercheurs ont étudié la mémorisation des odeurs par notre organisme, tel que Davis (1975 et 1977), et en ont déduit que, par rapport à d’autres variables sensorielles, comme le goût, la vision ou l’ouïe, les odeurs seraient plus difficilement mémorisables, mais lorsqu’elles le seraient, elles résisteraient plus favorablement dans le temps. En d’autres termes, une odeur est dure à mémoriser mais notre souvenir, grâce à une exposition prolongée et récurrente, restera plus longtemps dans notre esprit. Selon Engen (1989) : « Les odeurs sont codées de façon globale, comme une perception unique qui n’est pas décomposable, qu’on ne peut analyser de façon parcellaire et qui résiste aux interférences d’autres perceptions ». En effet, il est vrai, que les personnes associent le plus souvent une odeur à un contexte, un mot, car il reste difficile de s’imaginer une odeur sans la sentir dans le même temps, et lorsque cela est le cas, elle ressasse toujours un endroit, d’autres personnes, un moment dans sa vie. C’est aussi pour ces mêmes raisons qu’une personne sentant une odeur n’aura pas du tout le même souvenir qu’une autre personne car il est très peu probable qu’elles aient vécus la même expérience. Donc, afin de faciliter la mémorisation d’une odeur, il est important de bien choisir les éléments factuels auxquels la personne pourra se rattacher lors de la perception de ce stimulus, surtout dans le cas où il s’agirait d’une enseigne désireuse de mettre en place une signature olfactive. Autant que possible, si l’indice verbal à retenir pour les clients peut-être une manière efficace de se distinguer de la concurrence, le pari de l’enseigne est réussi, car lorsque le client sentira ce stimulus, sa mémoire remettra automatiquement cet indice propre à l’enseigne. 20 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Dans une 4 interview de Françoise VERNET directrice marketing chez Nature et Découvertes, cette dernière nous informe que son entreprise dont le thème premier est la nature, avait diffusé pendant six ans, une odeur de cèdre au sein des points de vente, et que selon leurs études internes, leurs consommateurs avaient mémorisés cette odeur et l’avaient associée à leur enseigne sans forcément reconnaître l’odeur de cèdre. Cela pourra nous réconforter dans l’idée que la plupart des personnes exposées à une odeur agréable, régulièrement, ne sont pas forcément en mesure de mettre un terme sur ce stimulus mais sont capables de le corréler à un contexte, à une expérience, ou une enseigne. L’odeur fait ressortir des souvenirs aux consommateurs mais nous nous rendons bien compte que ce n’est pas l’odeur en elle même qui est reconnue mais l’émotion qu’elle dégage. Merchandising Olfactif : 4 Magazine « Décisions Marketing » Numéro 33 de Janvier-Mars 2004, Sophie Rieunier, rubrique « Managers » 21 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente b. Impacts des stimuli olfactifs Peu de recherches ont été menées directement sur l’influence de la diffusion des odeurs ambiantes mais nous savons que l’exposition aux stimuli olfactifs aura des répercussions principalement sur les réponses affectives, cognitives et comportementales5. Réponses affectives Les émotions sont au cœur du débat, et elles sont très analysées par les marketeurs souhaitant utiliser le marketing olfactif dans leurs points de vente, car, les émotions ressenties par les consommateurs seront directement impactées sur leur comportement. Une odeur est très rapidement analysé et traduira un sentiment, banal, certes, mais permettant dans un premier temps de déterminer si le consommateur aime ou pas cette odeur. Ce qui reste difficile à mettre en place pour les professionnels car, encore une fois, une odeur appréciée ou pas reste fonction de tellement de facteurs que le professionnel n’aura pas à sa portée (expérience, vécu, humeur, éducation). Les émotions engendrées par l’exposition au stimulus seront déterminantes dans le comportement d’achat des consommateurs. Les émotions et le comportement ne sont pas dissociables, ils sont à analyser dans leur ensemble. Comment mesurer ces émotions si déterminantes ? Elles restent la clé de la réussite pour les professionnels. Deux mesures ont été mises en place afin d’analyser ces émotions : les mesures physiologiques et les mesures verbales. Mesures physiologiques : de nombreuses recherches ont été menées au niveau du fonctionnement cérébral, en focalisant les recherches sur les indicateurs de l’augmentation ou de la diminution du niveau de stimulation. Mais, les recherches ont analysé le sujet au niveau global, et est-ce pertinent de mesurer les effets d’une odeur à partir de résultats globaux ? Il reste compliqué et néanmoins inexacte de dire que la lavande possède des vertus relaxantes, car il existe différentes sortes de lavandes ; et est-ce que la lavande artificielle aura les mêmes effets que la lavande naturelle ? Afin d’avoir de résultats plus exhaustifs, il serait nécessaire d’analyser ces odeurs de manière individuelle. 5 Sophie RIEUNIER, op. Cite, p.101-107. 22 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente De plus, les odeurs utilisées dans les points de vente sont généralement des parfums de composition, faites à base d’essences primaires différentes et il est, à ce jour, impossible d’affirmer les effets positifs ou négatifs des stimuli olfactifs dans ces conditions, car, l’effet global ne résulte pas de la somme des résultats individuels. Mesures verbales : les mesures verbales sont beaucoup plus faciles à mettre en place en termes de recherches et d’études que de mesurer les aspects physiologiques. Les mesures verbales consistent à interroger les individus au moyen d’un questionnaire. Il faut demander aux sondés s’ils se sentent soit, heureux, énerver, agacer ou énerver en sentant les stimuli olfactifs du point de vente. De nombreuses grilles d’évaluation ont été mises au point par des chercheurs universitaires afin de mettre en exergue les émotions ressenties des consommateurs et afin de savoir si leurs émotions ont eut une incidence positive ou négative. S’ils ont acheté ou pas ? Avaient-ils prévu d’acheter quelque chose ? Ont-ils acheté ce ou ces produits de manière réfléchie ou est-ce un achat impulsif ? Tant de questions dont les réponses intéressent grandement les professionnels. Ainsi, les recherches qui ont été faites montrent que les odeurs agréables ont un impact positif sur l’humeur des consommateurs, mais nous avons déjà vu que les odeurs agréables relevées de manière individuelle sont très personnelles à chaque individu en fonction de son environnement, de son vécu et de son expérience. Donc, afin qu’un professionnel veuille procurer une sensation positive au sein de son point de vente, il ne lui suffira pas de proposer une odeur agréable. A ce sujet, il serait plus judicieux de proposer un stimulus olfactif congruent avec le positionnement de la marque ou de l’enseigne et le reste de l’aménagement du point de vente. Ce qui nous conduira vers une signature olfactive évidente pour l’enseigne. C’est ce qu’a réussi très largement l’enseigne « Hollister », en parfumant abondamment leurs magasins, il est possible de sentir ce parfum à quelques rues du magasin, et les adeptes ayant déjà vécu l’expérience des magasins « Hollister » seront ravis de savoir qu’il y en a un à quelques pas (ceux sont les vendeurs euxmêmes qui parfument le magasin). Cette signature olfactive n’a pas été choisie au hasard car il s’agit de fédérer une véritable communauté fan de cette marque dont l’odeur est propre à l’enseigne est très largement reconnaissable. 23 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Réponses cognitives De nombreuses études ont montrée que l’odeur aurait une influence toute particulière sur la perception du consommateur. En effet, il s’est avéré qu’en introduisant une odeur congruente aux points de vente ou aux produits les consommateurs avaient tendance à passer plus de temps dans le magasin ou à identifier, analyser le produit. L’odeur aura pour effet de surprendre les consommateurs et de solliciter leur évaluation. En ce qui concerne justement cette évaluation, il nous a été confié que l’odeur avait pour effet de « positiver » l’évaluation. En effet, un produit identifié, sans odeur, pourra ne pas plaire, alors qu’en combinant le produit avec une odeur congruente, et c’est important, cette même évaluation pouvait être revue positivement par les consommateurs. Ce qui prouve que l’odeur, mais l’odeur congruente aux points de vente ou aux produits, pourra avoir un effet positif sur les consommateurs. Une odeur congruente aura pour effet d’influer sur le processus d’achat du consommateur, il aura une démarche plus longue, plus globale et plus extensive, car cette odeur liée au produit ou au point de vente sera capable de lui suggérer autre chose, une autre dimension, que la simple vue du produit. Mais encore une fois, cette odeur pourra suggérer des moments, souvenirs, expériences positifs ou négatifs aux consommateurs, mais globalement, son but n’est pas vraiment de faire voyager le consommateur mais de lui proposer une nouvelle démarche, qu’il n’aurait pas forcément l’habitude de vivre. 24 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente De plus, la présence d’odeur au sein des points de vente a un effet, remarquablement important pour les marques, car plusieurs études ont démontrée que la mémorisation des marques était facilitée aux consommateurs par la présence d’une odeur congruente à cette marque. L’explication donnée, serait que le consommateur s’attarderait tout simplement plus longuement sur cette marque liée avec l’odeur agréable et réussit à la retenir plus facilement grâce à l’odeur agréable. Réponses comportementales Comme nous l’avons déjà évoqué ci-dessus, les odeurs agréables ont, selon de nombreuses études, une influence sur le comportement des consommateurs. Selon Jean Charles Chebat, l’influence des odeurs sur le comportement des consommateurs serait plus présente en ce qui concerne des personnes plus hédonistes qu’utilitaires. En effet, ce type de personnes serait plus enclin à l’achat impulsif et moins réfléchi. De plus, les études menées ont révélé le fait que l’odeur, ou plus généralement l’ambiance au sein des points de vente, a une influence sur le temps passé au sein de ces derniers et même l’évaluation par les consommateurs du temps passé dans le magasin. En effet, le consommateur passe plus de temps avec le produit ou l’ambiance parfumée, de plus, grâce à une odeur agréable, le produit en question est parfois surestimé par rapport à la réalité, c’est-àdire sans la présence de cette odeur, il se pourrait que le consommateur ne positive pas autant le produit ou l’ambiance, donc il serait possible d’embellir le produit ou l’ambiance non encore analyser par le consommateur ou analysé négativement, car cette odeur ne pourra pas embellir d’avantage un produit déjà analysées positivement. En ce qui concerne les actions d’achats ; elles n’ont pas été analysé à ce jour, l’odeur congruente est propice aux achats impulsifs mais influencerait-elle la valeur du panier moyen sans odeur ? Des études ont été menées, mais dans l’alimentaire, or, à ce sujet, lorsqu’une personne sent une odeur agréable de viennoiserie sur le trottoir, elle sécréterait une substance qui lui donnerait envie de se procurer de la nourriture rapidement et avec une odeur agréable, les quantités pourraient augmenter, ce qui aura pour effet de gonfler le prix moyen du panier. 25 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente c. Benchmarking Le Benchmarking est une technique consistant à cibler les fonctionnements des entreprises d’un même secteur afin d’en tirer les meilleurs méthodes de gestion ou de positionnement marketing. Le but de cette analyse sera de mettre en évidence les différentes méthodes d’approche du marketing olfactif par rapport aux différents acteurs du marché. Nous mettrons en exergue les différentes techniques utilisées et les innovations techniques du secteur6. Mood Media est une SAS au capital de 21 500 000€, présidé par Monsieur GUJRAL, ayant réalisée un chiffre d’affaire de 32 037 000€ en 2009. Ayant une expérience de près de 50 ans dans le marketing sensoriel. Mood Media a collaboré avec plusieurs milliers d’entreprises à travers le monde en améliorant leurs images de marque. Ils utilisent et diffusent principalement le marketing sonore, visuel et olfactif. Ils travaillent dans plusieurs secteurs : mode, hôtellerie/restauration, luxe, alimentaire, fitness, distribution, finance, services, bien être, High Tech. 6 www.moodmedia.fr 26 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente En ce qui concerne le marketing sonore, Mood Media s’engage à cerner le pouvoir de la musique et de le mettre au service des clients de leurs clients afin qu’ils se reconnaissent en elle. La musique possède la faculté de donner un coup de fouet, de détendre, de motiver et d’influencer notre comportement, en particulier celui de l’achat. En ce qui concerne le marketing olfactif, Mood Media propose de mettre en place une signature olfactive afin que les consommateurs de leurs clients puissent intégrer une image positive, agréable et mémorisable du lieu de vente où ils se sont rendus. Mood Media dispose de spécialistes et de consultants afin de proposer le meilleur stimulus olfactif à ces clients, car cette perception agréable aura pour effet de faire durer l’expérience plus longtemps que la normale de par un effet de bien-être du consommateur. Enfin, Mood Media propose des moyens de communications interactifs, tels que des supports numériques, tactiles où l’interactivité attire l’œil du consommateur et éveille sa curiosité et son intérêt. Points positifs : Mood Media prend bien en compte les problématiques de ses clients de se différencier par rapport à la concurrence et adopte une démarche personnalisée par chacun d’eux. Mood Media possède une grande expérience du marketing sensoriel et possède de nombreuses références en la matière. Mood Media ne se limite pas à quelques domaines d’activités, mais étend son savoir faire à de nombreux domaines. Mood Media propose des supports différents de communication, sonore, olfactive et visuelle et arrive à proposer des offres polysensorielles. Mood Media utilise les dernières technologies du moment pour satisfaire ses clients toujours au mieux (olfactifs, sonores et visuelles) 27 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Points négatifs : Mood Media travaille uniquement sur le marketing sensoriel d’ambiance, mais ne travaille pas sur le Mix produit. Les offres de Mood Media peuvent perdre de l’intérêt dans des domaines tels que la restauration où certes l’ambiance est importante mais ne fait pas tout. Mood Media ne communique pas sur la manière dont ils choisissent les fragrances, est-ce des fragrances types ou peuvent-ils en créer pour leurs clients ? 28 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Atmosphère Diffusion est une SAS au capital de 370 664€ basé sur Paris. Crée en 1998 par Monsieur BENAMRAN, ayant fait un chiffre d’affaire de 383 000€ en 2008. Leur concept est basé essentiellement sur le marketing olfactif et la mise en ambiance olfactive. Ils mettent l’accent sur le faite que l’odorat reste le moyen le plus développé afin de se faire une idée générale du lieu où on se trouve et aussi le faite que la pratique du marketing reste un outil essentiel à l’accueil et au bien être de sa clientèle. Ils proposent à leur clientèle des parfums personnalisés à partir de plus de 700 fragrances différentes7, afin de se rapprocher au mieux du besoin des sociétés demandeuses. Ils se positionnent en tant qu’expert du milieu olfactif en proposant des procédés de dispersion de fragrance par les systèmes de climatisation. Ils mettent l’accent tout particulièrement sur la signature olfactive que procure le fait d’utiliser le marketing olfactif en avançant que ce concept est plus efficace qu’une enseigne lumineuse ou qu’un logo. Atmosphère Diffusion dispose de multiples supports pour diffuser leurs fragrances en fonction du lieu, de la taille et du volume de diffusion nécessaire. 7 www.atmospherediffusion.fr 29 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Points positifs : Atmosphère Diffusion (AD) possède de nombreuses fragrances à proposer à ses clients, pour un plus large choix. AD met à disposition un site internet vitrine très représentatif de leur sujet, très évocateur. AD insiste de manière certaine sur les avantages du marketing sensoriel (image de marque, pouvoir de théâtralisation de lieu de vente). AD adopte une stratégie de différenciation en proposant un service de neutralisation d’odeur qui peut être une première étape avant de passer au marketing sensoriel. AD met en avant de nombreuses références connues telles que : Dim, Grand Optical, Lancel, Sofitel London, Suite Hôtel. AD opère dans de nombreux domaines d’activités tels que l’hôtellerie, le prêt à porter, la grande distribution, maroquinerie de luxe. AD participe à de nombreux événements pour se faire connaître et proposer leur savoir-faire (mariage, sportifs, salons…). Points négatifs : AD se limite uniquement au marketing olfactif et ne suppose pas de travailler sur les autres sens pour proposer une offre poly sensorielle. AD peuvent perdre en crédibilité ou en sérieux à proposer une diversification en désodorisant des lieux. Cela pourrait leur valoir une image négative et moins « Glamour ». 30 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Air Aroma est une SARL crée en 2009 en France, par Monsieur CHABOT au capital de 149 000€, située à Paris. Air Aroma est considéré comme le leader sur le secteur de la technologie de diffusion olfactive. Air Aroma8 propose des solutions de marketing olfactif, tant pour les professionnels que pour les particuliers, ils se distinguent en prônant une qualité, une innovation et un design de leurs produits que nul concurrent n’arrive à reproduire. Air Aroma International s’est lancé en 1999 à Melbourne, en Australie, ils possèdent donc une expérience riche et confortée sur la scène internationale. Ils s’imposent comme leader, en étant présents dans plus de 25 pays (Europe et Asie principalement), et offrent des solutions à base de plus de 70 000 fragrances disponibles dans leurs laboratoires. Ils travaillent dans de nombreux secteurs tels que l’hôtellerie, les spas, clubs de sport, espaces de loisirs, les centres médicaux ainsi que les points de ventes incluant notamment les centres commerciaux, boutiques et concessions automobiles. Leur principal facteur clé de succès est de ne pas cacher leur diffuseur de fragrances mais justement de le mettre en avant en ajoutant à leur atout olfactif, une note de design résolument contemporaine et agréable à monter (car le sens visuel ne doit pas être oublié). Leur approche peut être résumée par trois mots : qualité, style et innovation. AroMax® AroDrive® 8 www.airaroma.fr 31 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente AroScent Pro® AroSlim ® EcoScent® 32 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Points positifs : Air Aroma possède de véritables designers olfactifs qui ont les capacités de répondre parfaitement et de manière très précise aux demandes des clients. Air Aroma est LE spécialiste du marketing olfactif à travers le monde. Air Aroma allie qualité, design, performance et innovation afin de satisfaire toujours au mieux sa clientèle exigeante, et « surfe » sur la demande de plus en plus intense du design contemporain. Air Aroma propose ses offres tant aux professionnels qu’aux particuliers, cela lui permet de proposer une offre globale toujours très design. Air Aroma travaille et présente ses offres comme étant bénéfiques pour la santé, ayant des propriétés antibactériennes, résolument apprécier de leurs clientèles prestigieuses. Ils possèdent de nombreuses références à travers le monde comme : le Ritz de Londres, Lexus au Etats Unis (Palm Beach), les hôtels Hilton, Fitlane à Cannes (salle de sports), les Flashions Week, Sofitel, Aston Martin, Zara Home… Points négatifs : Air Aroma ne propose que du marketing olfactif et ne joue pas la carte du poly sensoriel Air Aroma travaille beaucoup avec le secteur de l’hôtellerie et en oublie les autres secteurs. Air Aroma travaille principalement à rendre le marketing olfactif très élitiste alors que ce dernier compte bien se populariser dans les prochaines années, et son image haut de gamme pourrait freiner à approcher des enseignes plus modestes. 33 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente 2. Marketing sonore a. La musique d’ambiance et le comportement des clients Depuis de nombreuses années, l’aspect sonore du marketing sensoriel attise les interrogations et de nombreuses recherches ont vu le jour, mais sans aspects scientifiques, néanmoins, les résultats obtenus encouragent les chercheurs à approfondir, car elles démontrent que l’ambiance sonore est de nature à modifier les comportements des consommateurs en magasin. L’ambiance sonore pourra influer sur différents aspects, que nous pourrons étudier dans la suite de ce chapitre, tels que les aspects affectifs, cognitifs et comportementaux. Objectifs affectifs de l’enseigne (faire aimer) Ces objectifs sont de deux ordres, en effet il sera indispensable de créer du plaisir au consommateur et de mettre ce dernier de bonne humeur ou en tout cas dans l’humeur liée au contexte du point de vente. Jean François Lemoine, en 2003, a démontré qu’il existait une relation entre la musique d’ambiance et les sentiments des clients, en effet, il a été démontré que les clients étaient plus heureux, plus satisfaits. Ces états de bonne humeur pouvaient faire que les clients passaient plus de temps au sein du point de vente, bien sûr de manière inconsciente. Mais quelques dérives existent bien, en effet d’après Sophie RIEUNIER (2000), il sera dangereux de diffuser de la musique trop connue ou trop « tendance », car elle aurait la possibilité de perturber l’acte d’achat des consommateurs et de rappeler des moments trop éloignés de l’acte d’achat, ce qui aurait pour effet de mettre en péril la rentabilité des points de vente. Dans ce cas précis, le marketing sensoriel doit être manipulé avec précaution, sans ces précautions les effets escomptés ne seront pas au rendez-vous. Enfin, d’après de nombreuses études la musique aura pour vocation de faire naître, au sein de celui qui l’écoute, une sorte de mélancolie si la musique est triste, alors que si nous disposons d’une musique gaie, le comportement du consommateur pourra être différent. En ce sens les marqueteurs pourront avoir le choix du morceau à proposer par rapport à l’ambiance générale du point de vente. 34 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Mais encore une fois, le seul fait d’utiliser de la musique dans un magasin n’aura pas pour effet automatiquement de stimuler les consommateurs, d’après ce que nous avons déjà mis en avant, le marketing sensoriel reste un fabuleux outil de différenciation et de rapprochement avec le consommateur, mais il est à utiliser avec précaution et de manière très adaptée à l’environnement dans lequel nous pouvons l’intégrer, nous pourrons dire que le marketing est « la cerise sur le gâteau », mais ne pourra pas remplacer un merchandising cohérent avec une politique marketing adaptée au point de vente. Objectifs cognitifs de l’enseigne (faire savoir) Comme nous l’avons déjà évoqué précédemment la musique, et comme tous les sens en règle général, sont à utiliser avec précaution, car même s’ils peuvent avoir des effets très positifs pour l’enseigne les mettant en place, ils peuvent avoir aussi des effets dévastateurs. C’est ce que nous allons évoquer à présent, car la musique pourra avoir le rôle de véhiculer l’image du magasin, son positionnement, et enfin attirer le client vers un produit en particulier. La musique d’ambiance exerce une fonction humanisante, dans un lieu public de vente. D’après Morrison (2002), la musique d’ambiance permet d’accroître de façon significative la valeur ajoutée perçue par les clients. La musique d’ambiance aura pour effet de mettre en évidence certains codes pour les consommateurs. En effet, prenons l’exemple de l’enseigne « Abercrombie & Fitch », il est clair qu’avec « une musique de boîte de nuit », à un haut volume et d’un goût très contemporain, les consommateurs auront la possibilité de comprendre, de manière précise, que ces magasins visent une clientèle jeune et branchée d’adolescents âgées de 15 à 25 ans. Or, dans certains magasins où nous pourrons entendre une musique plus calme, plus paisible, plus « rangée », nous pourrons comprendre que la cible serait des personnes d’un âge avancé. La musique a la possibilité de suggérer des sensations, des contextes ou des ambiances spécifiques. La musique d’ambiance peut-être utilisée selon plusieurs critères (que nous verrons dans la partie suivante), tel que le volume, le tempo et le style musical choisi. Selon ces différents critères, la musique transmettra des sensations différentes aux consommateurs qui pourront changer leur perception de l’enseigne ou du produit en fonction de ces derniers. 35 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Enfin, dernier effet « cognitif » de la musique, cette dernière a pour effet de rendre le temps passé dans le point de vente plus court, cela a pour conséquence que les consommateurs consacrent plus de temps à leurs achats et seront susceptibles aussi de dépenser plus, mais tout dépend du volume de la musique, du tempo et du style de l’ambiance musicale adoptée que nous étudierons plus tard. Objectifs comportementales de l’enseigne (faire agir) Comme nous avons déjà pu le supposer, la musique a un effet sur le comportement du consommateur dans un point de vente. En effet, nous pouvons remarquer qu’il existe une relation entre le volume de la musique d’ambiance et le montant moyen d’une addition au restaurant ou d’un ticket de caisse dans un point de vente. Une étude menée par Guéguen, Le Guellec et Jacob, en 2004, a démontré que le nombre moyen de boissons commandées variait en fonction du volume de diffusion de la musique, nous pourrons déduire que la consommation des jeunes est plus sensible au fait que le volume de la musique soit fort et que le tempo soit plus rapide, alors qu’une classe de personne plus âgées sondée par Caldwell et Hibbert en 1999 démontré que les clients consommaient plus de boissons, alcool et autres en présence de musique plus lente et moins forte, mais ils ne faisaient pas la distinction entre les jeunes et les moins jeunes, or une différence est à noter et est relativement importante en terme de prévisions des ventes. La congruence avec la cible du lieu est donc à rechercher. Enfin il a été prouvé que le style musical pouvait avoir une importance toute particulière en fonction du moment de la journée et de l’affluence du magasin en cause. D’après Eroglu, Machleit et Chebat en 2003, ils confirment que les clients dépensent plus et ont un sentiment de satisfaction plus important lorsque l’affluence du magasin est importante et que la musique est rapide et forte. De même, ils dépensent toujours autant lorsque la musique est lente avec un niveau sonore modéré en période d’affluence faible. La musique a bien un effet sur le comportement d’achat des consommateurs et les clients ne sont pas prêts à écouter la même musique à différents moments de la journée et à différents niveaux sonores. En effet, nous avons vu qu’en période de pointe, la musique forte et rapide avait un effet stimulant pour les consommateurs alors qu’en période creuse, la musique lente et modérée avait un effet relaxant pour les consommateurs. 36 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Dans les deux cas présentés, on pourra rendre les clients heureux, courtois, à l’aise au sein du point de vente, mais ces efforts ne seront pas des moyens de les retenir encore plus longtemps (Eroglu, Machleit, Chebat, Rieunier, 2000). b. Les trois composantes de la musique d’ambiance Nous avons vu que la musique d’ambiance possédait des aspects bénéfiques pour les commerçants, mais elle ne doit pas être mise à disposition des oreilles des clients sans un minimum de connaissance sur le sujet, sans connaître les éléments qui la composent. Sans être un expert en musicologie, nous pouvons étudier ses composantes, telles que le volume, le tempo et le style, qui ont un rôle majeur à jouer dans la mise en place d’une musique d’ambiance et qui pourront participer à son succès et à l’approbation des consommateurs. Le volume Le volume signifie la force et l’intensité du son, et se mesure en décibels. Un volume à 72 décibels est considéré comme moyen et à 88 décibels, élevé. Nous l’avons déjà évoqué, et en effet, le volume de la musique d’ambiance exerce des impacts sur le temps passé dans le point de vente, le nombre de commandes et le montant du ticket de caisse. Une étude a été réalisée par Gueguen en 2004, et a démontré que les jeunes gens de 18 à 25 ans dépensaient plus en ayant un volume élevé (ex : Abercrombie). Mais, afin d’utiliser le marketing sensoriel le mieux possible et d’optimiser ses effets, il sera nécessaire et primordial d’adapter la musique d’ambiance à l’environnement dans lequel se situe le point de vente et congruente avec le thème adopté. Par exemple, une musique forte dans un point de vente, imaginé calme, n’entraînera pas forcément une hausse du montant du ticket de caisse moyen. Nous pouvons facilement imaginer l’inverse. Le volume et le choix musical doivent être le plus en adéquation possible avec le lieu. 37 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Le tempo Le tempo est une autre composante de la musique d’ambiance et a aussi son importance, il s’agit de la vitesse d’exécution (nombre de battements) d’une œuvre. Il semblerait même qu’il existe une relation entre le tempo d’une musique et le rythme cardiaque des individus. Le tempo influence le temps que le client passe dans le lieu de vente, le montant de ses dépenses et même la mémorisation des informations, ce qui pourra aider à la reconnaissance de la marque ou même au thème du point de vente. Une étude a été faite sur les effets du tempo dans le domaine de la restauration. En effet, un tempo lent incite les clients à passer plus de temps dans un restaurant. Ceci a été vérifié par Milliman en 1986, dans un restaurant anglais avec de la musique de jazz diffusée avec un tempo lent, les clients restaient plus longtemps dans le restaurant, et nous savons qu’un client qui reste longtemps, sera un client qui consommera plus. Aussi, la vitesse de la musique d’ambiance diffusée dans un lieu de vente ajustera non seulement son comportement ambulatoire mais également son niveau de dépenses. A l’inverse, un tempo rapide incite le consommateur à finir plus vite son assiette, et par conséquent, rester moins longtemps dans le lieu de vente, ce qui aura pour effet de diminuer le montant de son ticket de caisse. Or, des études font dépendre la relation qui existerait entre la vitesse de la musique et le comportement du client au contexte de la consommation. Il est parfois possible, selon la cible des clients, et l’ambiance qui règne dans le lieu de vente, que les consommateurs boivent moins rapidement leurs consommations ou mangent moins rapidement leur repas. Il est possible aussi que le temps consacré à un repas, dépende du moment auquel on s’invite à le déguster, en effet, le client sera plus facilement influencé par la musique d’ambiance au restaurant que lorsqu’il prendra sa pause déjeuner, où son temps est certainement plus restreint. 38 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Le style Le style se définit comme le trait distinctif d’un compositeur, d’une période (style baroque ou classique), d’un type d’instrument (clavier, percussion), d’une nation (française), d’une forme de composition, d’un genre (opéra). Le style est en fait la combinaison des différents éléments musicaux comme le rythme, le tempo, le phrasé, la mélodie, le mode, le timbre, l’orchestration et le volume. Une étude menée dans une cafétéria d’une université américaine où l’on diffusait trois styles de musiques différentes (classique, country et hard rock), a montré que la musique classique, puis la musique country diminuaient le volume sonore des conversations comparativement au hard rock (Doss, 1995). Le style classique abaisse le niveau sonore des conversations mais semble aussi adoucir les comportements, ainsi, au sein d’une cantine anglaise, la diffusion de musique classique a eu pour effet de diminuer le volume sonore des élèves mais avait aussi corrigé et atténué certaines de leurs incivilités lors de leur repas. La musique classique a prouvé à de nombreuses reprises qu’elle réussissait à adoucir les comportements des clients, des étudiants ou des élèves, c’est pour cette raison que nous la retrouvons très régulièrement dans des salles d’attentes, ou même lors d’attente téléphonique, elle aura pour effet de diminuer la perception du temps attendu. Dernier effet connu de la musique classique, elle aura pour effet d’augmenter la qualité perçue du lieu où se trouvent les clients et elle aura pour conséquence de donner envie de dépenser plus ou mieux, en effet, la musique d’ambiance classique inspire au plaisir de soi, et donne l’impression de manger ou d’acheter forcément de la qualité. Au sein d’un restaurant où de la musique classique été diffusée, l’addition moyenne avait augmenté de 10%. 39 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente c. La musique d’ambiance et les employés De manière générale, les employés apprécient de travailler avec de la musique, mais une étude de Furnham et Bradley en 1997, a montré qu’il n’existe pas de réelles relations entre la diffusion de musique et la production des employés. Il a été démontré aussi que plusieurs variables doivent être prises en compte, comme la complexité de la tâche, la nature, la musique et l’âge des employés ainsi que leurs traits de caractères. Ainsi, il est dit que plus la tâche est simple à effectuer, plus la musique aura un effet positif sur la personne, en effet, lorsque la tâche est complexe, l’attention portée sur la musique entre en concurrence avec celle dont la personne aura besoin pour effectuer une tâche complexe (Camus, 1996). Nous avons eu l’occasion de rencontrer une commerciale de la société SFR (Société Française de Radio télécommunication), travaillant dans l’un des 820 magasins de l’enseigne (Grasse) ayant le nom de concept « Imagine » pensé, par la société, leader européenne du marketing sensoriel, MoodMedia. Cette personne nous a confié l’importance de la diffusion de musique d’ambiance lors de son approche avec la clientèle, en effet, d’après elle, la musique, qui varie en fonction des heures de la journée, aurait un effet stimulant, pour elle, et apprécié par les clients. En effet, le temps moyen d’attente des clients dans ce genre de magasin varie entre 10 et 45 minutes et la musique aurait pour effet d’aider les clients à patienter, ce que nous avons déjà évoqué auparavant. Mais grâce à la musique cette employée nous confie que cela l’aide à « poser » le contexte avec son client, elle ressent une sorte d’appartenance à l’enseigne, et cela va l’inciter à être plus persuasive et plus dynamique vis-à-vis de ces clients et ainsi augmenter sa productivité. Ce que l’on pourra noter ici, est que la musique d’ambiance a servi, certes à renseigner, stimuler ou calmer le client, mais à donner une sorte de signature musicale à l’enseigne qui renforce les employés dans l’idée d’appartenance à un groupe. Dans ce cas précis, la tâche, en elle même est relativement simple, mais elle préconise un contexte fort afin de la réussir, ce que peut donner la diffusion de musique d’ambiance. 40 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente 3. Marketing tactile Le marketing tactile est très peu analysé par les chercheurs et n’est pas vraiment analysé par les marqueteurs. En effet, au niveau du point de vente, le tactile est peu représenté, car nous voyons assez peu de consommateurs venir au sein d’un point de vente, uniquement pour vivre une expérience sensorielle tactile avec le mobilier agençant le magasin. Il se limite généralement au fait de toucher le produit avant l’achat, ou de mettre à disposition des consommateurs des bornes tactiles et multimédia pour consulter leur catalogue produit. Il nous est inculqué depuis notre plus jeune âge, qu’il ne faut « pas toucher », d’ailleurs dans des endroits encore, l’interdiction de toucher reste valable tel que les musées, les galeries ou les expositions. Le toucher reste un sens très important, juste derrière la vue. Il est le seul sens à renseigner notre cerveau sur notre environnement direct, le seul qui nous transcrit la sensation de réalité (Schifferstein, 2007). Quelques études académiques précisent que les consommateurs ne peuvent pas acheter un produit sans le toucher au préalable, mais évidemment cela dépend du produit. Un consommateur achètera plus facilement un tube de dentifrice sans le toucher qu’un canapé ou un matelas. Mais depuis quelques années maintenant, nous nous rendons compte que les designers et industriels, surtout dans les domaines des hautes technologies, apportent beaucoup plus d’importance au tactile. Le toucher « soft » (ou en anglais « soft touch »), est devenu une caractéristique essentielle pour les consommateurs, ce qui aura pour effet de rapprocher le consommateur vers le produit, il aura l’impression de ne faire plus qu’un avec le produit, cela induit aussi le fait que le produit devient plus accessible et plus facile à utiliser car il peut être utilisé avec le doigt directement. 41 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Cet aspect tactile a le mérite d’apporter une proximité avec le consommateur. Cette dimension tactile est strictement réservée, pour le moment au domaine des hautes technologies, mais pourra éventuellement s’étendre à d’autres domaines dans quelques années. a. L’expérience tactile dans le point de vente Le toucher est un sens qui permet de percevoir certaines propriétés d’un objet par palpation. Le toucher permet à un individu de se faire une idée précise sur l’objet qu’il touche, ses dimensions, son poids, sa qualité… il permettra aussi d’apprécier la matière dans laquelle l’objet peut être constitué. L’expérience tactile pourra s’effectuer par les deux mains ou par ressenti de l’environnement dans lequel nous nous trouvons, mais les deux mains, en simultané, restent une part importante de l’expérience, elles pourront nous donner des informations relatives aux caractéristiques géométriques de l’objet, et à la matière de l’objet. Au sein d’un point de vente, le client pourra avoir des sensations tactiles différentes, actives, passives, cutanée, thermique. En effet, on pourra dire que le client vivra une expérience tactile « passive » lorsque ce dernier poussera la porte du magasin, et aura une expérience tactile « active » lorsque le client prendra le produit dans ses mains pour se renseigner dessus. L’expérience du consommateur pourra commencer dès son arrivée (grâce à la poignée de porte), et jusqu’à son départ (la sensation des touches du clavier de la machine à carte bancaire). Il aura la possibilité aussi de percevoir des sensations thermiques, qui ne sont pas directement lié au toucher, et qui échapperont peut-être aux vendeurs ou aux managers. Mais, le client pourra se faire une idée du point de vente en fonction de la température qu’il fera dans différentes zones du magasin. 42 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Nous pourrons prendre l’exemple d’une enseigne connue telle que Sephora, qui a décidé de mettre en place une épaisse moquette rouge dans ses points de vente, afin que les clients soient invités à rester le plus longtemps possible au sein du magasin, ils pourront sentir, de manière indirecte, que cette enseigne prend soin du bien être de ses clients. De plus, ce genre de détails pourra faire augmenter la qualité perçue par les clients car nous savons qu’une moquette épaisse indique que nous sommes dans une enseigne de luxe. b. Les objectifs du toucher Le toucher peut avoir plusieurs objectifs, et dans le cadre du toucher en magasin, certaines sortes de toucher n’ont aucun intérêt pour le consommateur et le chef d’entreprise. C’est pour cela que nous pourrons le notifier comme toucher « neutre », en effet, dans ce cas précis, toucher un objet n’est pas le centre d’intérêt majeur de l’action de toucher mais uniquement la finalité de l’action. Lorsqu’un client touche la poignée de la porte d’un point de vente, le fait de toucher la poignée ne lui apportera aucune émotion, aucune expérience sensorielle, mais le but premier sera de pénétrer dans le magasin. L’action de toucher n’est plus « neutre » si cette dernière attire l’attention du client, dans ce cas là, il faudra limiter les émotions négatives (poignée cassées, difficulté d’ouverture, grincements). 43 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Le toucher pourra avoir un objectif informatif, et dans ce cas, nous parlerons alors de toucher « instrumental ». En effet, lorsque le client prend la peine de toucher un produit, son action vise à avoir des informations relatives aux contours de l’objet, à son poids, sa qualité, sa matière. Ces informations seront nécessaires au fait qu’il se décide ou non à l’acheter. Lorsque le toucher a pour objectif juste le fait de toucher pour le plaisir, il sera centré uniquement sur l’action en elle même, on parle alors de toucher « autotélique » (du grec « auto » : soi, et « télos » : but). Ici, le simple fait de toucher sera par pur plaisir. Il s’agit là d’un geste simple sans incidence directe avec le but du consommateur. Il pourra être agréable pour lui de toucher le fauteuil d’une zone d’attente, de toucher avec plaisir le rideau d’une cabine d’essayage, de poser ses pieds nus sur un sol en bois chaud ou sur une moquette épaisse et propre, toujours lors de session d’essayage. Le consommateur pourra apprécier de laisser « courir » sa main sur une rampe de bois brut ou être accueilli, lors de son passage en caisse, avec un mobilier laqué, lisse et capitonné, agréable au toucher. Ces détails peuvent faire transparaitre des émotions aux consommateurs et leurs permettre de vivre une expérience sensorielle, sans précédent, et riche. Mais il est plutôt rare de voir des clients venir uniquement au sein du point de vente, pour vivre une expérience sensorielle avec la moquette d’une cabine d’essayage, néanmoins il sera important de faire attention à ces détails, afin d’éviter les stimulations négatives. c. Le comportement des consommateurs En ce qui concerne le comportement du consommateur, nous pourrons analyser les comportements par rapport à l’ambiance thermique du point de vente et par rapport au contact avec les matériaux du point de vente et ses objets. L’influence de l’ambiance thermique Pour sa survie le corps doit avoir une température interne stable égale à 37°C. Face aux variations de température de l’environnement, nous équilibrons sans cesse la production et la perte de chaleur, de manière inconsciente et autonome. 44 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Nous avons déjà vu à de nombreuses reprises que le client doit être dans des situations optimales lors de l’action d’achat. Il ne doit pas être perturbé par des pensées négatives et polluantes lors du processus d’achat. De plus, nous avons vu que les stimuli émotionnels doivent être congruents avec l’environnement. Mais l’ambiance thermique peut avoir, aussi, une influence positive ou négative sur le comportement d’achat du consommateur. A cet effet, Sophie Rieunier (2009), nous renseigne sur le fait que la température ambiante aura un effet sur les réponses cognitives. Elle nous précise que la vigilance du consommateur est optimale lorsque la température ambiante est comprise entre 20 et 29°C. Au-delà, il s’avère que l’attention se dégraderait après une trentaine de minutes dans le lieu de vente. Cet événement est facteur de nombreuses variables. En effet, il est vrai que lorsque la personne est experte, son attention sera nettement altérée par l’ambiance thermique défavorable. La différence des individus peut être une source de discordance, ce qui induit la difficulté de trouver une température optimale pour un point de vente. De plus, nous pouvons comprendre aussi que l’influence négative de la chaleur ambiante peut être accentuée par une tendance anxiogène des individus ; cela pourra avoir une importance toute particulière lors d’achat important (achat d’un véhicule, ou d’un bien immobilier) où les composantes de l’environnement devront être encore plus adéquates au bien-être du consommateur, de par l’enjeu qu’il annonce et les sommes financières en jeu. Une autre étude récente, de Makinen en 2006, démontre qu’une température basse (10°C) créée une diminution significative de la température interne du corps humain, à cet effet, elle provoquera une sensation de mal être, d’inconfort, qui pourra altérer l’acte d’achat du consommateur, en focalisant son attention sur son inconfortable situation ; mais a contrario, lors d’une température basse, les individus sont stimulés et éveillés plus que jamais. Les sensations thermiques ont aussi des effets sur la composante affective. Lorsque l’ambiance thermique est trop chaude ou trop froide, le corps met en place des rétablissements thermiques naturels tels que la transpiration, la chair de poule ou le frissonnement. Dans ces cas précis, le corps met tout en œuvre pour rétablir la température idéale, et toute sensation de rétablissement a des effets positifs sur le comportement du consommateur. Cela pourra le faire tendre vers sa zone de confort. Cela pourra être précisé pour les chefs d’établissement souhaitant 45 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente « contrôler » les sensations et les comportements de leurs consommateurs par rapport aux univers du point de vente. En somme, il faut bien se rendre compte que le marketing sensoriel est utilisé pour mettre les consommateurs dans leurs meilleures dispositions pour acheter des produits et leur permettent par la même occasion de vivre une expérience sans précédent, et ainsi fidéliser la clientèle. Cette dernière motivation est la plus complexe à effectuer dans le cadre d’offre commerciale de plus en plus envahissante et de plus en plus ciblée vers le client. De plus, le marketing tactile entre dans une démarche novatrice, de par les nouvelles technologies, et incite le consommateur à se rapprocher du produit ou à se familiariser avec le point de vente. Le fait de toucher un objet ou une matière sera synonyme d’appropriation ou d’appartenance, ce qui aura pour effet de projeter le client vers une autre expérience future ou par l’achat du produit. L’influence de l’environnement (mobilier, matière) du point de vente En ce qui concerne des différentes expériences tactiles que l’on peut trouver dans un point, elles sont diverses. Les objets que l’on peut y trouver, le mobilier qui le constitue, devront être pris en compte. Le fait de ne pas y penser pourra faire vivre aux consommateurs des expériences négatives. Et, rendre une image néfaste de l ‘enseigne. Or, dans un point de vente, tout ce qui s’y trouve a de l’importance, les objets et produits que l’on vend mais aussi le mobilier et les matières qui y sont présentes. En effet, les matériaux ne sont pas perçus de la même manière par tous les individus. Un tissu, certes, solide mais peu confortable, sera utilisé pour les sièges d’un transport en commun par exemple et aura une connotation de « bon marché », comme le polyester ; or la soie, l’alcantara ou le bois, sera utiliser dans un contexte plus classieux, plus luxueux, et aura une connotation plus « haut-degamme ». Si nous partons de ce principe, les consommateurs pourront avoir un a priori de prix peu chers lorsque nous utiliserons des tissus peu chers, et un a priori de prix élevés lorsque nous utiliserons des matériaux nobles. Une étude menée par Bell, Cardello et Schutz en 2003, montre que l’inconfort d’un vêtement pouvait influencer la vigilance ou la performance. 46 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Il conviendra de se poser la question du confort des matériaux utilisés, comme la laine ou d’autres matières plus rugueuses que nous pourrions utiliser pour un siège de cabine d’essayage ou un fauteuil dans un lieu d’attente. Ces matières peuvent être à l’origine d’un désagrément pour le client et le rendre irritable plus facilement et cela pourra correspondre à l’un des effets négatifs à éviter lors de l’arrivée du client dans le point de vente. Cette sensation négative pourra l’éloigner de sa zone de confort et le perturber dans sa phase d’achat. Nous pourrons nous poser la question des matières à utiliser pour la tenue vestimentaire des employés qui peuvent faire diminuer la performance de l’équipe de vente en utilisant des matières gênantes et peu confortables. Il faut savoir que ces tenues sont portées de manières récurrentes, et elles se doivent donc d’être le plus confortable possible pour permettre à la force commerciale d’être dans les meilleures dispositions possibles pour performer lors de phases de stress ou de rencontre avec la clientèle. L’inconfort des vêtements pourra, au même titre que pour les clients, éloigner l’individu de son rôle premier, c’est à dire renseigner un client, être agréable avec ce dernier et le faire aller vers une zone de confort où il pourra avoir entièrement confiance au commercial. Si ce dernier n’y est pas lui-même, il lui sera difficile d’emmener le client vers cette même zone. Enfin, cela pourra avoir pour effet de rendre le commercial moins ouvert, moins conciliant, et moins agréable avec la clientèle, ce qui pourra détériorer l’image de l’enseigne. Enfin, il existe aussi des objets perçus comme dégoûtants, qui devront être séparés des autres objets « sains », car selon la « loi de contagion » (Morales et Fitzimons en 2007), les individus ou les objets qui entrent en contact les uns avec les autres ont la capacité de se transmettre leur propriété. En l’occurrence, lorsqu’il s’agit d’un objet dit « repoussant » qui entre en contact avec un objet dit « sain », pour les consommateurs, l’objet sain aura pris les propriétés repoussantes de l’autre objet, même si son caractère repoussant n’est pas fondé, il ne s’agit là que d’une pensée commune mais qui peut être un frein au bon fonctionnement des actions mises en place dans un point de vente. C’est pour cela que nous ne verrons jamais des produits d’entretiens côtoyer des produits alimentaires dans une grande surface. Dans la pensée commune de toutes personnes, le caractère repoussant pourra se transmettre par simple touché avec l’autre produit, même si les deux emballages des deux produits sont intacts et protègent les produits. De ce fait, le consommateur pourra évaluer les produits souillés du magasin négativement. 47 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Encore une fois, il ne s’agit là que d’une pensée commune et nous devions l’émettre au sein de notre étude car le caractère tactile est mis en avant. Mais en aucun cas il n’existe des produits « repoussant » ou « sain » au sens strict. Enfin, nous pourrons retenir que le tactile aura pour but de rapprocher le consommateur avec le produit ou le point de vente, et qu’il pourra agir sur les aspects affectifs, cognitifs et comportementaux des consommateurs. Mais nous avons vu aussi que de nombreuses expériences tactiles étaient incontournables pour le client, et de ne prendre en compte qu’au sens strict les sensations tactiles serait dangereux, dans le cas où le consommateur pourrait avoir une sensation négative due à un manque de cohérence dans la création du point de vente. Il vaut mieux éviter les mauvaises surprises et ne pas forcément toujours plaire à tous nos prospects (car c’est impossible), mais autant limiter, dans la mesure du possible, les sensations négatives au sein du point de vente. 48 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente 4. Marketing Visuel L’aspect visuel est à prendre en compte avec sérieux dans un point de vente, en effet, les couleurs ou lumières ont une influence certaine sur le comportement du consommateur et pourront renseigner le client sur le concept du lieu de vente, son positionnement sur le marché et les prix qui pourront y être adaptés. Peu de recherches universitaires se sont penchées sur l’aspect visuel du point de vente, de par la difficulté de la mise en place et la difficulté des résultats à analyser. La couleur peut être définie selon trois dimensions : la teinte, la luminosité et la saturation. La teinte fait référence à la « tonalité chromatique ». La tonalité chromatique caractérise la couleur en elle-même (rouge, vert, jaune, bleu). La figure 1 montre la continuité entre les différentes tonalités chromatiques. Figure 1: Tonalité chromatique La clarté ou luminosité («Lightness» en anglais) est caractérisé par la capacité de l’échantillon à réfléchir plus ou moins de lumière. Dans la figure 2, la clarté est représentée sur l’axe vertical. 49 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Figure 2 : la clarté La saturation («Chroma» en anglais) caractérise la teneur en couleur de l’échantillon coloré. En d’autres termes, la saturation dénote la proximité par rapport au gris. La figure 3 montre le changement dans la saturation en se déplaçant du centre vers le périmètre. Les couleurs du centre sont grises et deviennent plus saturées au fur et à mesure que l’on s’en éloigne. Figure 3 : la Saturation 50 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente a. L’importance de l’aspect visuel dans un point de vente L’aspect visuel, et plus précisément les couleurs et lumières au sein d’un point de vente ou à l’extérieur, remplissent des fonctions très importantes, pour les consommateurs : Une fonction « d’alerte », en effet un magasin doit être localisable, donner envie et attirer l’œil pour tous les clients potentiels, qu’ils soient intéressés ou pas. Une fonction « d’attraction », car lorsqu’un client potentiel entre dans son processus d’achat, le point de vente doit pouvoir attirer l’attention et la curiosité du consommateur, et ainsi susciter l’intérêt du client volontaire à l’achat. Une fonction de « bien-être », visant à améliorer et optimiser l’expérience sensorielle du consommateur tout en facilitant et en lui laissant une image positive lors du processus d’achat. Grâce à une image positive, le client sera plus à même de rester plus longtemps dans le lieu de vente et d’y dépenser plus. Une fonction de « congruence », en effet, au même titre que pour les autres sens, le marketing visuel doit être le plus proche possible des attentes de consommateurs et avec le concept global du lieu vente, sous peine que l’effort visuel opéré, n’ait aucun impact, en tout cas, positif. Quelques éléments chromatiques pourront vous être présentés dans le tableau 1, ci-dessous, et à savoir, que la gestion des couleurs et de la lumière pourra être faite mais de manière globale pour suivre une tendance elle-même générale. 51 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Tableau 1 Eléments Extérieurs Eléments Intérieurs Lumière (naturelle, artificielle) Lumière (artificielle, naturelle) Devanture Surfaces délimitantes Vitrines Signalétique (plan) Enseigne Mobilier et linéaire Logotype PLV L’aspect visuel à l’extérieur du point de vente : En ce qui concerne les aspects visuels extérieurs, les couleurs, façades et autres seront fonction du positionnement du magasin, ce que l’enseigne veut faire transparaître. De plus, si le point de vente est au cœur d’un centre ville ou dans une zone commerciale, où les points de vente sont plus espacés, les teintes vives (claires et saturées) seront privilégiées afin d’attirer le regard. Dans ce type d’emplacement, les enseignes sont nombreuses à faire beaucoup d’efforts, dans de nombreux domaines d’activités. Le but premier est d’attirer l’œil du consommateur potentiel, qu’il soit à pieds dans une zone piétonne en centre ville, où les points de vente sont très proches, ou au milieu d’une zone commerciale où l’espace entre les lieux de vente sont espacés. En centre commercial, des couleurs vives participent au repérage de point de vente, dans la masse d’enseignes centrée dans un espace relativement faible. L’enseigne « Tape à l’œil » est une enseigne pour enfant de 0 à 12 ans et qui conçoit ses vitrines grâce à des codes couleurs très visibles et positionnant les rayons par âge, par sexe. Le but sera de renseigner le client rapidement, lors de son passage devant la vitrine, afin qu’il puisse considérer positivement l’enseigne et qu’il puisse envisager un achat. Ces enseignes fonctionnent sous forme de franchise, donc le commerçant ouvrant ce type de structure à une charte à respecter pour son magasin, il n’a pas le choix des couleurs, de l’agencement, du mobilier. 52 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Or, lorsqu’un commerçant indépendant veut aussi mettre en place une politique colorimétrique particulière, il l’a fait selon ses goûts et son positionnement, mais devra tout de même respecter des règles d’urbanisme particulières, une réglementation municipale. Cela peut être contraignant lorsque nous savons que la façade d’un magasin reste le premier vecteur de communication avec la clientèle. Nous pouvons voir que les couleurs liées à l’enseigne peuvent avoir des effets de repérage et permettre de cibler le point de vente dans son positionnement stratégique et savoir à quelle clientèle il s’adresse. Mais il est possible aussi que les couleurs permettent de susciter l’envie aux consommateurs de pénétrer au sein du point de vente en imaginant des couleurs chaudes dans leur vitrine ou sur leurs façades (du jaune au rouge), ainsi les espaces SFR prennent le parti de proposer à leur clientèle des vitrines rouges alliées à un logo rouge, d’une part visible de loin, et d’autre part donnant envie de passer le pas dans leur lieu de vente. 9 Ce concept permet une bonne visibilité même lointaine et est une invitation à la rencontre, SFR, prône depuis peu une recentralisation totale vers le client9, de par leur publicité actuelle, de par leur nouveau concept « Imagine », leur couleur chaude et attrayante qui existe depuis toujours, mais la vraie nouveauté est leur nouveau concept toujours avec les mêmes codes couleurs en se focalisant vers le client afin de devenir, non plus vendeurs, mais conseillers avant tout en aiguillant les clients vers le numérique. Selon les auteurs Kaltcheva et Weitz en 2006, il faut préconiser les couleurs « chaudes à l’extérieur du magasin et des couleurs « froides » (achat réfléchi) ou des couleurs « chaudes » (achat d’impulsion) à l’intérieur du magasin. 9 Interview de Fréderic Hertzog, directeur concept communication des points de vente pour SFR, journal « Equimag », N° 1078, en Septembre 2010 53 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Les nouvelles technologies au service du marketing visuel : Les enseignes font appel à de nombreuses marques ou entreprises afin d’être toujours plus novatrices sur la communication apportée à leurs consommateurs. En effet, l’aspect visuel reste très important et il faut savoir que les consommateurs se lassent très vite des supports visuels employés par les enseignes. C’est ce pourquoi les marques doivent redoubler de créativité pour attirer le regard et l’attention des passants. C’est pour cela que la technologie de l’OLED est très convoitée ces dernières années. La technologie OLED10 est une diode électroluminescente organique (Organic Light-Emitting Diode) qui est un composant permettant de produire de la lumière. La structure de la diode est relativement simple puisqu'elle consiste à superposer plusieurs couches semi-conductrices organiques entre deux électrodes dont l'une (au moins) est transparente. La technologie OLED est utilisée pour l'affichage dans le domaine des écrans plats et son utilisation comme panneau d'éclairage. En raison des propriétés des matériaux utilisés pour concevoir ces diodes, la technologie OLED possède des avantages intéressants par rapport à la technologie dominante des afficheurs à cristaux liquides (LCD). En effet la propriété électroluminescente de l'OLED ne nécessite pas l'introduction d'un rétro-éclairage ce qui confère à l'écran des niveaux de gris plus profonds et une épaisseur moindre. La flexibilité de ces matériaux offre aussi la possibilité de réaliser un écran souple et ainsi de l'intégrer sur des supports très variés comme les plastiques. Le nombre extrêmement varié des supports possibles intéresse tout particulièrement les professionnels de part ces propriétés flexibles, écologiques et variables presque à l’infini, enfin elle permet de conserver une qualité d’image notable. 10 www.wikipedia.org, mise à jour du 28 juin 2011. 54 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Les nouvelles technologies d’animations sont utilisées pour attirer le regard du client, et une animation en mouvement a plus d’impact qu’une façade non multimédia, c’est pour cela que les marketeurs mettent en place des solutions de plus en plus diverses et riches afin de susciter toujours plus l’envie du consommateur de pénétrer dans le point de vente. Mais les consommateurs ont une tolérance à la stimulation très limitée et sont souvent très vite saturés par les stratagèmes mis en place par les enseignes. C’est pour cela que les professionnels du design préconisent un renouvellement de l’espace marchand tous les trois à cinq ans, afin de redonner un nouveau « souffle » au lieu de vente. L’aspect visuel à l’intérieur du point de vente: L’aspect visuel à l’intérieur du point de vente permettra d’informer le consommateur, satisfaire son bien-être et aura une fonction congruente avec l’image du point de vente. Tous les professionnels11 de l’aménagement intérieur des magasins reconnaissent que l’éclairage représente plus de 50% de la réussite globale du point de vente. En effet, l’éclairage crée une ambiance en harmonie avec le domaine d’activité, montre le meilleur de l’offre, structure la zone de vente, guide le client à l’intérieur et participe au bien-être général du client en l’invitant à rester. On sait en parallèle que 5 minutes de plus dans un point de vente, permet d’augmenter de 70% les chances que le client consomme. L’acte d’achat impulsif constitue la plus grande valeur ajoutée, il est l’achat plaisir que les consommateurs recherchent. Or, provoquer l’émotion, c’est jouer sur les sens et c’est la vue qui est le premier et majoritairement sollicité. Or, l’outil principal qui réveille la vue, c’est la lumière. L’éclairage est relativement important dans un point de vente et malgré des recherches universitaires rares, quelques chercheurs ont tout de même apprécié le sujet, tel que Summers et Hebert12, est en ont conclu que l’intensité lumineuse contribuer à favoriser les comportements d’approche. 11 Document du CCI de Rennes, « l’éclairage des magasins », avec le PMEC (observatoire pour la Promotion et la Modernisation de l’éclairage en France) 12 Sophie RIEUNIER, op. Cite, p.141 55 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente En effet, l’éclairage au sein des lieux de vente doit être suffisamment intense pour percevoir les couleurs et les formes, et même si une intensité lumineuse est suffisante pour lire dans un lieu privé de lecture, elle ne sera sans doute pas acceptable dans un magasin de vente de vêtements par exemple. L’œil humain est capable d’identifier un spectre de lumière assez large, comme la luminosité d’une « pleine lune » jusqu’à l’éclairage d’un soleil de midi. Malgré cette intensité obligatoire pour l’homme, certaines enseignes préfèrent prendre le contre-pied de tout cela afin de proposer des ambiances intimistes, ce qui les oblige tout de même à faire de gros efforts afin que leur marchandise soit visible et manipulée par les clients. Comme les enseignes « Nature et Découvertes » ou « Abercrombie », proposent des ambiances plutôt intimistes à leurs clients, ils doivent, néanmoins mettre l’accent sur l’intensité lumineuse réservée à leurs produits ou à leurs vêtements. Comme les exemples ci-dessus, ces enseignes doivent penser de manière plus poussée leur marketing en interne afin que ce dernier soit congruent avec leur offre. Nous savons, d’après l’étude Summers et Herbert (2001), que le consommateur examinera un nombre plus élevé d’articles13 avec une lumière plus intense au sein du point vente, donc nous pouvons dire que ces enseignes doivent mettre un point d’honneur à éclairer de leur assortiment afin que les clients s’y intéressent, surtout dans le cadre d’un magasin d’articles vestimentaires où les couleurs sont importantes. 13 Sophie RIEUNIER, op. Cite, p.142. 56 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente La lumière doit être utilisée avec grande précaution et méthode afin de ne pas subir d’effet négatif dans le point de vente, comme le fait que l’éclairage d’un magasin permet de le catégoriser. En effet, un point de vente utilisant des « néons » pourra donner l’image bas de gamme et les prix indiqués seront entendus comme « bon marché ». Or, un magasin utilisant des halogènes pourra communiquer sur une image de confort, une image qualitative, ainsi les prix pourront être en relation avec cette qualité perçue par les consommateurs. De plus, l’aspect lumineux devra être travaillé différemment pour une enseigne qui cible les personnes âgées, en effet, avec l’âge, ces personnes ont une perception de l’intensité lumineuse qui diminue, et les normes de luminosité devront être multipliées par 1,5 voire 2, afin de rendre le point de vente toujours confortable pour ce type de personne. Enfin, certains éclairages, à incandescence ou halogène, produisent de la chaleur, et cela ne pose aucun problème pour un magasin en hiver mais, le problème se fait vite ressentir lorsque l’été approche. Enfin, ce genre de désagrément doit être pris en compte sérieusement pour des magasins alimentaires, telles que les poissonneries ou les boucheries qui utilisent parfois des luminaires puissants pour mettre en avant leurs produits, néanmoins une température trop élevée risquerait de poser quelques problèmes sanitaires. b. Comment l’aspect visuel (couleurs, lumières) affecte le comportement du consommateur Les couleurs ou lumières influencent le consommateur à plusieurs niveaux par plusieurs procédés. Au niveau émotionnel et au niveau cognitif. En ce qui concerne l’état émotionnel du consommateur, il sera caractérisé par deux dimensions : la valence (agréable/désagréable), et l’activation (peu intense/intense). Pour ce qui est de l’activation, on parle surtout du niveau optimal d’activation14 (Optimal Stimulation Level en anglais, OSL). Ce niveau optimal d’activation est fonction de la génétique et de l’environnement dans lequel un enfant grandit. Si l’individu possède un niveau inférieur au niveau optimum, il sera plus apte à aller chercher d’autres informations, stimulations, actions, ailleurs, et plus souvent, tel que visiter de nombreux nouveaux magasins, avec de nouveaux produits à tester, il sera plus curieux et plus demandeur de nouveauté. 14 Sophie RIEUNIER, op. Cite, p.156. 57 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Or si l’individu possède un niveau d’activation au-dessus du niveau optimum, il pourra se renfermer plus facilement sur lui, préférant, la solitude, le calme. Dans ce dernier cas, les stimulations sont déjà trop présentes, c’est pour cela que l’individu préférera s’abstenir de continuer l’expérience du lieu de vente ou abréger sa visite. Il sera plus routinier et fidèle aux produits qu’il utilise souvent. En d’autres termes, nous remarquons que les personnes ayant un niveau d’activation élevée se situe surtout dans les grandes villes où les stimulations sont beaucoup plus présentes, donc nous pourrons imaginer que les magasins dans les grandes villes où la population est plus concentrée et plus oppressée, que les enseignes pourraient prendre le contre-pied en proposant des couleurs, à l’intérieur du lieu de vente, moins agressives, plus reposantes. Mais le résultat ne serait pas optimum dans le sens où les niveaux d’OSL sont différents d’un individu à un autre et l’univers d’un point de vente pourra paraître pauvre pour l’un, et riche pour d’autres. Et, les couleurs influencent aussi le consommateur au niveau cognitif. En effet, en ce qui concerne la perception du temps passé, les couleurs affectent l’idée que le consommateur passe plus ou moins de temps dans un lieu. Il s’avère que les couleurs chaudes abrègent le temps perçu dans un lieu de vente. Récemment, le chercheur Gorn (en 2004) a mesuré que le temps perçu à télécharger des dossiers sur une page web aux couleurs chaudes était appréhendé de manière plus concise. En d’autres termes le temps perçu à télécharger paraît plus court lorsque les couleurs utilisées pour les fonds d’écrans de l’ordinateur sont plus activantes, plus prenante, qu’avec des couleurs plus froides. D’après une étude menée en 2009, publié dans le magazine « Science », par Mehta et Zhu, la couleur rouge environnementale (vs. Le bleu) démontre une propension plus importante à la méfiance et augmente de manière significative l’attention et la minutie du consommateur. Nous pourrons éventuellement expliquer cette différence par le fait que dans la pensée collective le rouge est associé à la couleur « warning ». Dans les domaines comme l’automobile ou la sécurité routière… cette couleur induit le fait d’un danger imminent et probable, ce qui pourra influer sur l’attitude de chaque consommateur. 58 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Ce qui nous amène à noter que les couleurs peuvent avoir des différences de connotations selon les pays, les régions et même la nationalité de la population. En effet, Chebat et Morrin, en 2007, ont démontré dans un contexte canadien, que dans un lieu de vente, les couleurs chaudes et froides avaient une différenciation notable pour les francophones et les anglophones. Les premiers avaient une préférence toute particulière pour les teintes chaudes alors que les seconds avaient une préférence sans équivoque pour les teintes froides. Nous pourrons analyser la chose par le fait qu’une population apprécie tout particulièrement les couleurs liées à son environnement ou au climat de son pays. En France, où un climat tempéré majoritaire est présent, les couleurs chaudes seront appréciées de la population française alors qu’au Canada où le climat est très rude en hiver, verra sa population préférer les couleurs froides. Il nous semble que cette analyse est sûrement à retenir avec prudence, en effet, de nombreuses variables nous échappent, et nous ne disposons peut-être pas de toutes les informations pour y répondre de manière indiscutable, mais nous préciserons que cette analyse est plausible mais pourra être remise en cause. En somme, les différents aspects du marketing sensoriel que l’on peut trouver dans un point de vente, sont complexes, difficiles à appréhender mais, correctement utilisés, confèrent au gérant de l’enseigne tous les atouts pour toucher, ravir émotionnellement, et surprendre, la plupart des clients potentiels. La vision de ce nouveau type de marketing est une recentralisation vers le client, et nous pouvons nettement faire une distinction par rapport à la distribution massive que l’on pouvait trouver il y a encore quelques années. Les environnements commerciaux mutent rapidement pour satisfaire toujours au mieux leur clientèle, pour leur amener des concepts novateurs et surprenants. Ne perdons pas de vue, tout de même, le but ultime de ces démarches, qui restent, néanmoins, de vendre et distribuer des produits. De ce fait, les distributeurs et enseignes se soucient encore plus du bienêtre de leur consommateur, de part une pression commerciale toujours grandissante, des concurrents toujours plus présents et des clients de plus en plus exigeants avec des envies nouvelles. Nous remarquons que ce type de marketing est aujourd’hui, déjà, en phase de déclin, car très développé et les professionnels ne comptent pas en rester là, de nouvelles théories et démarches sont déjà en train de naître. 59 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Troisième partie : le marketing sensoriel et la théâtralisation des lieux de vente A l’heure où les points de vente mutent de plus en plus vite afin de devenir des lieux de rencontre, des lieux de découvertes, d’expérience, d’aventures, les consommateurs sont en phase d’être demandeurs de ce type de théâtralisation. Dans une société où Internet est au cœur de tous commerces, de toutes informations, ce dernier mode d’information démontre quelques défauts et toutes les enseignes présentant principalement leur assortiment dans des points de vente physiques se « battent » afin de faire revenir les consommateurs chez eux, là où internet les avaient dépourvus de clients. En effet, internet, montre ses effets déshumanisants, sans liens particuliers avec le produit, alors, en effet, ce mode de distribution présente des avantages non négligeables, tant pour les gérants d’enseignes que pour les consommateurs. En effet, un site marchand coûte nettement moins cher en terme d’investissement et est capable de rester ouvert toute la journée, toute la semaine et toucher la planète entière, et pour le consommateur, ces sites marchands sont un support parfait pour comparer les offres, chercher la meilleure affaire et prendre son temps pour réfléchir, on parle alors d’achat raisonné. Mais, à l’inverse, ce genre de site demande une logistique sans faille pour le distributeur et pour le consommateur, l’inconvénient de ne pas pouvoir toucher le produit est parfois un problème (tout dépend du produit). Le fait de recourir à la théâtralisation des lieux de vente pourra amener de nombreux avantages tant pour l’enseigne que pour le consommateur. Ces points de vente permettent15 : De rechercher de la gratification et des stimulations sensorielles de par la mise en place d’une atmosphère spécifique autour d’évènements banals. De créer un lien social, par le biais de rencontres de personnes partageant des goûts communs, des envies, des sensations, des moments forts et atypiques qui peuvent marquer. 15 Sophie RIEUNIER, op. Cite, p.24. 60 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Les professionnels de la distribution dépensent énormément d‘énergie afin de proposer à leur clientèle des infrastructures impressionnantes, marquantes, potentiellement riches en émotions et inoubliables. Tour ceci dans le but de faire revenir les consommateurs dans leur points de vente. Il est vrai que depuis quelques années déjà, nous notons une différence des stratégies mise en place par les enseignes, en effet, il semble qu’elles souhaitent se rapprocher de manière significative de leur consommateur pour tenter de faire une vraie différence par rapport au commerce électronique. Leur but est en effet de fidéliser une clientèle en manque de sensation, de nostalgie. Le point de vente n’est pas un simple lieu de distribution d’assortiment mais bel est bien un moyen de communication indispensable dans le but de ramener la clientèle dans leur boutique. Nous notons une modification d’ordre stratégique, en comparaison avec la stratégie de croissance extensive, mise en valeur par la vente quantitative d’un assortiment uniquement, nous voyons apparaître, une stratégie intensive d’adaptation, soulignée par l’accroissement des services en boutique, et par la réorganisation de l’atmosphère des points de vente. La théâtralisation du point de vente16 est une démarche ponctuelle ou permanente qui consiste à mettre en scène l’offre commerciale d’une enseigne. Le but est de favoriser l’acte d’achat par la création d’une ambiance favorable, voire "euphorisante", et d’augmenter la fréquentation du point de vente. Contrairement à l’univers théâtral où ceux sont les acteurs les plus concernés, la théâtralisation du point de vente se fait surtout en jouant sur le décor et l’ambiance. Le personnel «acteur» peut également être mobilisé, mais plus rarement. Ce sont les éléments de décoration qui sont le plus souvent utilisés dans une démarche de théâtralisation du point de vente, mais d’autres sens que la vue peut être mobilisée à travers notamment la sonorisation et la mise en place d’une ambiance olfactive. Le cas le plus abouti et précurseur en France étant probablement la mise en scène effectuée dans les magasins Nature et Découvertes. 16 www.defintions-marketing.com 61 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente 1. La thématisation : nouveau facteur clé du succès Nous l’avons vu, le marketing évolue très rapidement, et les enseignes imaginent de plus en plus de concepts afin de conquérir et intéresser les consommateurs au sein de leurs points de vente. De plus, le marketing sensoriel insuffle de nouveaux concepts et transforme les magasins, non plus, en un simple lieu où l’offre et la demande se rencontrent mais où le distributeur et les clients créent un lien particulier, singulier, marquant, en vivant une expérience unique. Il s’agit du concept « expérientiel ». En effet, les enseignes ne proposent plus qu’une offre-produit mais véritablement un concept-expérience à leurs clients et ce qui réussira à faire la différence, c’est pour cela que l’on peut dire que le marketing sensoriel et/ou expérientiel est devenu source de facteur clé du succès. Les consommateurs ne vont pas forcément juger l’enseigne par rapport à l’offre qu’elle propose mais bien par rapport à l’expérience vécue au sein du point de vente. Beaucoup d’enseignes s’intéressent à l’acte d’achat, mais cette dernière n’est devenue qu’une étape du processus de consommation, il est plus juste, à ce jour, de prendre en considération la fréquentation des lieux de vente. L’acte d’achat peut prendre plusieurs formes17 : le shopping, le butinage et le lèche-vitrine. Le shopping correspond au fait de se rendre dans un point de vente pour acheter sous une forme utilitaire ou récréationnelle. Le butinage correspond au fait de faire une visite au sein d’un lieu de vente, cette activité peut être prise indépendamment de l’acte d’achat, car ce dernier n’est pas forcément le but final attendu, pour le consommateur en tout cas. Le butinage peut tout simplement être une activité de loisir (s’informer des nouveautés, repérer, créer des liens, faire des rencontre…). Le lèche vitrine se distingue du butinage dans le sens où le lèche vitrine se passe généralement à l’extérieur du magasin. 17 Cindy Lombart, « le butinage : proposition d’une échelle de mesure », 2004, p.1-30. 62 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente D’après Marion, en 2003, le marketing expérientiel apporte un nouveau regard sur l’offre des distributeurs : Les concepts de base centrés sur une stratégie de différenciation et sur une domination par les coûts ne se font que très peu ressentir, et tendent à disparaître. En d’autres termes, les prix bas ne suffisent plus à faire ressentir au consommateur qu’il est en train de faire une « bonne affaire », l’offre et les prix devront être plus congruents avec le positionnement prix du point de vente. De plus, le phénomène d’expérience devient une forme de différenciation à part entière. L’offre d’expériences complexifie les positionnements potentiels des marques. La nouvelle forme de stratégie expérientielle redonne le pouvoir au consommateur dans la mise en place et la valorisation de l’offre, en effet, l’expérience pourra être vue comme coproduite avec le consommateur, ce qui induira que le consommateur se sente toujours aussi proche du distributeur. En ce sens des liens ou des affinités peuvent être créés entre le distributeur et le consommateur. 2. Le discount se met à thématiser leurs points de vente Avec l’arrivée de la thématisation dans les points de vente, et plus généralement du marketing sensoriel ou expérientiel, les marketeurs proposent de faire vivre à leur client des expériences extraordinaires, grandioses, et marquantes ; or, ils préconisent aussi que ces effets doivent être congruents avec l’image et l’assortiment de produits des lieux de vente, donc, toutes ces hypothèses appliquées aux hard discounters donnent des lieux de vente, parfois désagréables à fréquenter. Mais rappelons le principe même du hard discount et le but recherché des personnes les fréquentant, par choix parfois, ou par nécessité. Le principal objectif de ces magasins à bas prix est effectivement de proposer à leur clientèle le strict minimum, ce qui se traduira par un assortiment pauvre, des aliments peu recherchés, sans 63 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente artifices (pas d’animations, pas d’ambiance musicale, pas d’effets lumineux…). Donc, le principe même du hard discount est de ne pas susciter l’intérêt des consommateurs sur des produits peu utiles et superflus. Pour ces raisons, l’ambiance associée à ces directives devra répondre à toutes ces demandes fondées par les consommateurs. Le but pour les hard discounters sera de faire paraître et « transpirer » cet univers où l’ordinaire et le strict minimum sont rois. Ce sont justement ces thèmes que devront faire ressortir les responsables d’enseignes à bas prix pour satisfaire leurs clients. A l’heure où nous vivons dans une société où l’hyperconsommation tient une place importante, ce type de magasin peut plaire à un grand nombre, car ils leurs permettraient de se déculpabiliser de trop consommer. Prenant appui sur le travail de Badot sur Wal-Mart (2004), la thèse proposée reprendra l’idée que le positionnement en terme de prix bas suppose également une offre thématisée ou théâtralisée autour de thèmes qui pourraient être le bazar, la foire, le bric-à-brac, le souk…En ce sens, pour ces magasins, il ne s’agit pas simplement d’être moins chers, mais de proposer une expérience de « c’est moins cher »18, qui pourra se traduire par une ambiance bel est bien pensée et appliquée au discount. Encore avec l’exemple de Wal-Mart, cette enseigne décide de laisser les produits dans leurs cartons d’expédition afin de permettre de faire passer un message bien précis : « c’est moins cher ». Les exemples sont nombreux au sujet des magasins hard discount mais leur but est bien précis : faire le maximum afin de faire ressentir à leur clientèle que le lieu où ils se trouvent pourra leur proposer des produits moins chers. 18 « C’est moins cher » est la réponse la plus communément donnée lorsque l’on interroge le client sur son achat ou sur sa présence sur le lieu de vente. 64 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Conclusion Le marketing évolue sans cesse, ainsi que les demandes des clients envers les marques ou les enseignes. Leur principal but est de toujours trouver une réponse à la demande afin de progresser et de rester présent sur le marché de l’offre. Le marketing est un moyen afin de faciliter la rencontre entre l’offre et la demande. Le marketing sensoriel est souvent critiqué mais les résultats sont présents. Entre 20022003, une marque de lingerie a mis en place une stratégie de diffusion d’odeurs ainsi que la reprogrammation de l’ambiance musicale. En six mois le chiffre d’affaires avait progressé de 40%, selon Patrick Hetzel. Des exemples marquants la réussite du marketing sensoriel sont nombreux mais la règle principale dans ce domaine est de rester congruent avec son positionnement sur le marché, son produit et son point de vente, car une « recette » gagnante pour une marque ou une enseigne pourrait être catastrophique pour une autre. Le marketing sensoriel reste une discipline qui fonctionne au cas par cas, c’est pour cela que nous trouvons sur le marché des spécialistes dans le domaine. Le marketing sensoriel est à ce jour une très bonne réponse aux consommateurs de ce jour sur le fait de vouloir plus de réalité dans les points de vente. Cela reste le meilleur moyen actuel de se rapprocher le plus possible du consommateur. Le marketing sensoriel procède par une démarche très spécialisée et segmentée, et ce dernier sera à même d’évoluer vers le marketing expérientiel, qui aura une vision plus globale de l’utilisation des cinq sens. Il réfléchira plus à l’impact que les cinq sens ont, non plus individuellement, mais tous ensembles réunis, ce qui est encore une fois nouveau dans le domaine. 19 L’usage du marketing sensoriel va prendre de l’ampleur. En effet, même la grande distribution, qui veut pourtant toucher un maximum de monde alors que le concept est assez segmentant, s’y met de plus en plus. Une autre voie du développement du marketing sensoriel réside dans son adaptation à Internet. 19 www.journaldunet.com, Patrick Hetzel /Jean-François Lemoine, le 14/06/2006. 65 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente L’apparence des sites et les couleurs utilisées font déjà partie des démarches d’ergonomie, mais on commence à voir apparaître des sites odorants. Or, d’après Jean-François Lemoine, « on n’en est qu’au début, mais toutes les questions qu’on se pose pour les points de vente, on va se les poser pour Internet ». Si nous n’en sommes, en France, qu’aux balbutiements du marketing sensoriel, on peut s’attendre à ce que le concept se généralise pendant encore 15 à 20 ans. « A ce moment-là, il sera banalisé, de même que cela a fini par être le cas pour le merchandising, et ne sera plus un facteur de différenciation. Il faudra trouver autre chose », prévoit Patrick Hetzel. « Mais il ne faut pas croire qu’il s’agisse d’une mode : les marketings sensoriel et expérientiel sont un vrai phénomène de fond. » Lorsque tout le monde s’y sera mis, on n’arrêtera pas pour autant d’en faire : on ajoutera une autre couche de marketing pour stimuler l’achat. 66 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Bibliographie Webographie www.wikipedia.org www.lejournaldunet.com, Jean François Lemoine, le 14/06/2006. www.moodmedia.fr www.atmospherediffusion.fr www.airaroma.fr www.wikipedia.org, mise à jour du 28 juin 2011. www.defintions-marketing.com www.journaldunet.com, Patrick Hetzel /Jean-François Lemoine, le 14/06/2006. Documents papiers -Sophie RIEUNIER, « le marketing sensoriel du point de vente », Paris, aux éditions DUNOD en 2009, p. 24, 95, 101, 107, 141, 142,156. -Magazine « Décisions Marketing » Numéro 33 de Janvier-Mars 2004, Sophie Rieunier, rubrique « Managers ». -Interview de Fréderic Hertzog, directeur concept communication des points de vente pour SFR, journal « Equimag », N° 1078, en Septembre 2010. -Document du CCI de Rennes, « l’éclairage des magasins », avec le PMEC (observatoire pour la Promotion et la Modernisation de l’éclairage en France). -Cindy Lombart, « le butinage : proposition d’une échelle de mesure », 2004, p.1-30. 67 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente Remerciements Tout d’abord, je tenais à remercier l’ESCCOM (Ecole Supérieure de Commerce et de Communication), en particulier le directeur et l’équipe administrative pour leur soutien et pour nous avoir donner les moyens de mettre en œuvre cette thèse dans les meilleurs conditions possibles. De plus, je tenais à remercier tout particulièrement monsieur RIZK et madame GIOANNI, qui nous ont supportés, aiguiller, et motiver à créer nos dossiers. Ils nous ont été d’une grande importance tant pour les cohérences des sujets, pour les mises en forme et dans l’avancement des dossiers. Aussi, un Grand merci à mon père, ma mère, ma sœur et mes grands parents qui ont toujours suivis l’avancement de mes investigations, et qui m’ont toujours épauler tout au long de mes études en règle générale, tant sur le plan personnel que professionnel. Et un énorme Merci à ma fiancée Audrey VIRZI, qui m’a soutenu, écouter et épauler tout au long de mes études, sans failles. Enfin, un merci tout particulier à deux de mes collègues travaillant chez Xerox, qui ont bien voulu corriger, travailler avec moi, dans la phase finale de ma thèse. 68 Florent GERBENS La polysensorialité du point de vente