3. Un mépris inimaginable de l'homme
La conséquence de ces sombres théories est le mépris, voire la haine pour le genre
humain. L'historiographie apprend aux élèves que le respect et l'amour du peuple sont nés
avec les Lumières. En réalité, si les philosophes s'aiment eux-mêmes et entre eux, ils
méprisent le peuple qui se situe « entre l'homme et la bête ». Voltaire affirme qu'il méprise la
masse de ses semblables, parce qu'ils sont des non-pensants, des « bêtes brutes appelées
hommes ». La philosophie des Lumières cultive ce mépris comme une doctrine : Voltaire
déteste profondément les hommes, le genre humain, le public qu'il considère comme un
« peuple égaré, ignorant, volage », et même la nature humaine. Chez lui, ce mépris va jusqu'à
la haine et l'intolérance.
II – Un mépris qui entraine l'intolérance
1. Les philosophes, champions de la « tolérance »?
Les philosophes méprisent surtout ceux qui ne pensent pas comme eux, ce qui prouve leur
manque de tolérance. Voltaire n'a que mépris et paroles injurieuses pour les jeunes auteurs qui
osent le critiquer. A maintes reprises, il cite leurs écrits de travers et invente des calomnies sur
leur compte, afin de persuader l'opinion et les Grands qu'il faut les enfermer. Par des lettres de
cachets, il parvient à faire enfermer trois fois La Beaumelle à la Bastille, parce que ce jeune
auteur gardait son indépendance d'esprit, sa propre liberté de penser, et qu'il avait osé critiquer
Voltaire. Le soi-disant champion de la « tolérance », ne supporte pas la critique à son égard, et
se montre totalement intolérant envers ceux qu'il calomnie. Xavier Martin montre qu'il
correspond à la définition qu'il donne du « persécuteur » dans son Dictionnaire philosophique
: « c'est celui dont l'orgueil blessé et le fanatisme en fureur irritent le prince ou les magistrats
contre des hommes innocents qui n'ont d'autre crime que de n'être pas de son avis ».
2. L'intolérance au sein même du cercle des Lumières
Cette intolérance sévit même entre philosophes et montre que la philosophie des
Lumières, loin de prôner la liberté de penser, veut en réalité dominer l'opinion. « Le vrai
esprit des Encyclopédistes était une fureur persécutante du système, une intolérance d'opinion
qui voulait détruire jusqu'à la liberté de penser » écrit Chateaubriand. Il y a chez eux une
véritable persécution philosophique contre tous ceux qui pensent différemment, comme
Rousseau, et une volonté de les écraser. Malsherbes utilise largement la censure dans ce but
là. Gaxotte nous dit : « les philosophes criaient à la tyrannie. La véritable tyrannie était celle
qu'ils exerçaient sur la Littérature ». Tous ceux qui ont fréquenté leur cercle, affirment qu'il y
régnait une véritable pensée unique, une sorte de despotisme littéraire. Voltaire était le chef
tyrannique de cette « secte » philosophique, ce qui a fait dire à Madame du Chatelet : « je ne
connais pas d'endroits dans le monde où il soit moins permis de dire ce qu'on pense et où on
soit plus forcé de dire ce qu'on ne pense pas ». En effet, celui qui osait émettre un avis
différent s'exposait aux calomnies, à la censure, ou même à la Bastille.
3. Un racisme haineux
On a fait de la tolérance une des armes les plus efficaces de la philosophie des Lumières :
certes, pour beaucoup des philosophes, aucune religion ne mérite que l'on se batte pour elle, et
ils les tolèrent toutes. Cependant Voltaire, par exemple, exprime avec une rage surprenante
son mépris pour les Juifs, Arabes, et Turcs. Ce racisme va même jusqu'à un fantasme