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Introduction
Les nombres réels résultent de la recherche d’un système ( un ensemble abstrait
avec certaines règles) qui contient les rationnels et permet d’obtenir les solutions de
certaines équations polynomiales, comme par exemple x22=0.
Historiquement, des considérations similaires donnent une extension des nombres
réels. Dans le seizième siècle, G. Cardan considère des équations quadratiques (cu-
biques) comme x2+2x+2=0, qui ne sont satisfaites par aucun nombre réel x.
Les formules b±pb24ac
2adonnent une expression ”formelle” des solutions de
l’ équation ax2+bx +c=0. Mais, cette formule contient des racines carrées de
nombres réels négatifs. G. Cardan note que si ces ”nombres complexes” sont traités
comme des nombres ordinaires avec la règle additionnelle : p1.p1=1, ils
résolvent ces équations. L’expression p1 a maintenant est désignée i=p1.
Progressivement , et particulièrement après les travaux de L. Euler dans le dix-
huitième siècle, ces quantités ”imaginaires” viennent jouer un role fondamental. Par
exemple, la formule d’Euler eiq=cos q+isin qrévèle une profonde relation entre
les nombres complexes et les fonctions trigonométriques.
L’analyse complexe qui est le sujet de ce cours, a été développée dans le dixneu-
vième siècle, essentiellement par A. Cauchy (1789-1857).
Sa théorie a été rendue plus rigoureuse et étendue par des mathematiciens comme
P.Dirichlet (1805-1859), K.Weierstrass(1815-1897), B.Riemann(1826-1866). La recherche
de méthodes pour décrire la conduction de la chaleur a énormément influencé le dé-
veloppement de la théorie.
La théorie a aussi des applications mathématiques à des problème qui à priori
ne semblent pas concerner les nombres complexes. Par exemple, la preuve que
R+
0sin2x
x2dx =p
2ou R+
0xa1
1+xdx =p
sin(ap)pour 0 <a<1, peut être difficile voir
impossible en utilisant le calcul différentiel élémentaire, mais ces identités sont faci-
lement établies en utilisant les techniques des variables complexes.
L’analyse complexe est devenue indispensable et un outil standard pour les ma-
thématiciens, physiciens et ingénieurs ; le négliger peut être un handicap serieux
dans tout domaine de recherche et d’applications faisant appel aux idées et tech-
niques mathématiques.
References :
W. Rudin : Analyse réelle et complexe, Dunod (3eme edition) 2009.
Henri Cartan : Théorie élémentaire des fonctions analytiques
d’une ou plusieurs variables complexes, (6eme edition) Hermann, 1997.
Lars V. Ahlfors : Complex Analysis, McGraw-Hill, 1966.
Chapitre 1
Fonctions holomorphes
Dans ce chapitre les idées de base sur les nombres complexes et les fonctions
analytiques sont introduites.
L’organisation du texte est analogue à celle de l’analyse élémentaire où on com-
mence avec la droite réelle Ret une fonction réelle f(x)de la variable rélle xet après
on étudie la dérivabilité de f.
De façon similaire en analyse complexe on commence par les nombres com-
plexes et après on étudie la dérivabilité de la fonction f(z).
L‘analogie n’est pas tout à fait exacte car l’analyse complexe est une théorie beau-
coup plus riche.
1.0.0 Rappel d’analyse sur C
L’espace vectoriel sur Rde dimension 2, R2des couples ordonnés (x,y)de
nombre réels muni de la multiplication :
(x1,y1).(x2,y2)=(x1x2y1y2,x1y2+x2y1)
et de l’addition des vecteurs est un corps commutatif, noté C, appelé le corps des
nombres complexes.
En posant 1 :=(1, 0)et i:=(0, 1), on aura (x,y)=x(1, 0)+y(0, 1)=x+iy,
ainsi C={x+iy,x,y2R}.
1. Pour ce produit on a : 12=1.1 =1 et i2=i.i=1.
2. Pour un nombre complexe z=x+iy,x,y2R, on dit que Re(z):=xest la
partie réelle de zet Im(z):=yest la partie imaginaire de z.
3. le nombre complexe ¯
z=xiy est le conjugué de z
4. |z|=k(x,y)k2=px2+y2=pz¯
zest le module de z
5. Pour z6=0, on a z1=1
z=¯
z
|z|2.
6. Rest identifié au sous-ensemble {z2C,Im(z)=0}.
3
1. Fonctions holomorphes: 4
1.0.1 Applications C-linéaires
Soit L:C! C, une application C-linéaire, alors pour tout z2C,
L(z)=z.L(1)=wz, où w=L(1). Si w6=0, on écrit w=reiq, on obtient L(z)=
L(x+iy)=r(cos q+isin q)(x+iy)=r(xcos qysin q)+ir(xsin q+ycos q)
La matrice représentative de Ldans la base canonique {1, i}est alors :
rcos qrsin q
rsin qrcos q
c’est la matrice d’une similitude vectorielle directe, le produit d’une homothétie de
rapport ret d’angle q. Le déterminant est égal à r2>0, une telle transformation
conserve l’orientation et les angles.
Question : Sous-quelles condition une application R-linéaire L:R2! R2est
C-linéaire ? La réponse est donnée par :
1.0.1 PROPOSITION
Soit L:R2! R2une application R-linéaire. Les conditions suivantes sont équiva-
lentes :
1. Lest C-linéaire.
2. L(i)=iL(1).
3. Il existe un nombre complexe w2C, tel que L(z)=wz, pour tout z2C.
4. La matrice représentative de Ldans la base canonique de R2est de la forme
lµ
µl
l,µ2R.
Démonstration : les implications 1 )2)3 sont immédiates,3 )4 résulte de
la discution précédente . On va montrer que 4 )1. Soit L:R2! R2est une
application R-linéaire, qui est représentée dans la base canonique de R2par une
matrice A=lµ
µl
l,µ2R.
Alors, L(z)=L(x,y)=Ax
y=lµ
µl
◆✓x
y=(lxµy,µx+ly)=
(lxµy)+i(µx+ly)=wz w=l+iµ.
Ainsi, pour tout z2Con a L(z)=wz, d’où Lest C-linéaire.
Cest muni de la topologie associée à la norme |z|=px2+y2: la distance
de deux nombres complexes zet west |zw|. Une suite de nombres complexes zn
converge vers zsi et seulement si |znz|!0 ou si et seulement si les suites réelles
xn=Reznet yn=Imzndes parties réelles et imaginaires convergent vers Rezet
Imzrespectivement.
Une partie WCest ouverte si et seulement si, pour tout z2W, il existe un
réel r>0 tel que le disque D(z;r)={w2W||zw|<r}soit entièrement contenu
dans W.
Soit WC. Une fonction fde Wdans Cs’identifie à un couple de fonctions
de Wdans R, en décomposant f(z)en partie réelle et partie imaginaire : f(z)=
1. Fonctions holomorphes: 5
P(z)+iQ(z). En identifiant Wà un sous-ensemble de RR,fpeut être considérée
comme un couple de fonctions de deux variables réelles (x,y)à valeurs dans R:
f(x+iy)=P(x,y)+iQ(x,y)(1.1)
Réciproquement, à tout couple (P,Q)de fonctions de deux variables réelles
(x,y)2Wà valeurs dans R, la formule ci-dessus fait correspondre une fonction
de W, considéré comme sous-ensemble de C, dans C.
Exemples d’applications du plan complexe
Exemple 1 Soit a=a+ib(ou bien a=r(cos q+isin q)) un nombre complexe
non nul. L’application fa:C! Cqui à zassocie fa(z)=a.z, s’écrit fa(z)=
P(x,y)+iQ(x,y)avec P(x,y)=axbyet Q(x,y)=bx+ay. On peut aussi voir fa
comme une application de R2dans R2qui à (x,y)associe (X,Y)=(axby,bx+ay)
ou sous forme matricielle
X
Y=ab
ba
◆✓x
y=X
Y=rcos qsin q
sin qcos q◆✓x
y
C’est une similitude d’angle q=argument(a)et de rapport r=|a|.
Exemple 2 Soit f:C{1}!Cl’application définie par f(z)=z+1
z1.
Soit y2R, alors f(iy)=iy +1
iy 1=iy +1
iy 1.iy 1
iy 1=y21
y2+1i2y
y2+1
Si on pose u=y21
y2+1et v=2y
y2+1on obtient u2+v2=1 c-à-d que (u,v)est
un point du cercle C=C((0, 0),1)de centre (0, 0)et de rayon 1. et réciproquement
pour tout point (u,v)2C((0, 0),1)il existe y2Rtelle que u=y21
y2+1et v=
2y
y2+1. Donc l’image par fde l’axe imaginaire iR={z=iy;y2R}est le cercle
unité.
1.0.2 Exercice Montrer que l’image par l’application f(z)=z2de la droite verticale Da=
{z=a+iy 2C;y2R},a2Rest la parabole d’équation X=a2Y2
4a2.
Faire de même pour les droites horizontales Db={z=x+ib 2C;x2R},b2R.
1.0.2 Continuité
Soit WC,a2Wet soit fune application de Wdans C.
On dit que fest continue en alorsque :
8e>09r>0: 8z2W\D(a;r),|f(z)f(a)|<e
fest continue dans Wlorsqu’elle est continue en chaque point ade W.
Sommes, produits et quotients (lorsqu’ils sont définis) de fonctions continues
sont continus.
1. Fonctions holomorphes: 6
les fonctions usuelles, z7! Rez,z7! Imz,z7! ¯
z,z7! |z|,z7! zn,z7! ¯
zn
(n2N) et celles qu’on peut former par sommes, produits, quotients à partir de
celles-ci, sont continues. En particulier, les plynômes, les fractions rationnelles sont
continus.
1.0.3 Dérivation complexe
Soit Wun ouvert de C.
1.0.3 DÉFINITION
La fonction f:W! Cest C-dérivable au point a2W, lorsque la quantité
lim
z!0
z6=0
f(a+z)f(a)
z ou lim
z!a
z6=a
f(z)f(a)
za!(1.2)
existe. Dans ce cas, la limite est notée f0(a)et appelée la dérivée complexe de fau
point a.
Remarque : La condition revient à dire qu’il existe un nombre complexe l(noté
f0(a)) tel que
8e>09r>0: 8z2W\D(a;r),z6=a
f(z)f(a)
zal
<e.
ou encore
8e>09r>0: 8z2W\D(a;r),z6=a|f(z)f(a)l(za)|<e|za|.
1.0.4 EXEMPLE.Les fonctions z7! zn,(n2N), sont C-dérivables en tout point de C. En
effet znan
za=zn1+zn2a+zn3a2+···+zan2+an1(1.3)
converge vers nan1lorsque z! a.
De même, la fonction z7! 1
zest C-dérivable en tout point a6=0. En effet,
1
z1
a
za=1
za !  1
a2. (1.4)
1.0.5 EXEMPLE.La fonction z7! ¯
zn’est pas C-dérivable en aucun point a2C.
En effet, le quotient ¯
z¯
a
zavaut +1 lorsque zaest réel, et 1 lorsque zaest imagi-
naire pur. Il n’a donc pas de limite lorsque za! 0.
1.0.6 Exercice Montrer que toute fonction C-dérivable est continue.
1.0.7 Exercice Montrer que les fonctions z7! Re z,z7! Im z,z7! |z|et z7! |z|2=z¯
zne
sont pas C-dérivables.
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