facteurs de risque individuels peuvent avoir
un effet synergique. Il est important se pen-
cher sur les autres facteurs de risque d’AVC
d’une femme, dont l’âge, le tabagisme, l’hy-
pertension, l’hypercholestérolémie et le dia-
bète, lorsqu’on fait l’évaluation des effets
favorables et des risques liés à l’utilisation des
contraceptifs hormonaux. On devrait inter-
rompre l’utilisation du COC chez une femme
qui connaît une première aura, une aggrava-
tion de l’aura migraineuse ou de la migraine.
Endométriose
L’endométriose est une pathologie dans
laquelle du tissu endométrial croît en dehors
de l’utérus. Ce tissu répond aux stimulations
hormonales de la même façon que le tissu
endométrial utérin et il saigne tous les mois
de façon cyclique. Les symptômes de l’endo-
métriose sont des douleurs pelviennes, rachi-
diennes ou lombaires avant et pendant les
règles, de fortes douleurs lors des menstrua-
tions, des règles anormales ou abondantes et
des symptômes urinaires et intestinaux.
L’objectif du traitement de l’endométriose est
de maîtriser la stimulation hormonale du
tissu endométrial afin de réduire ou de sup-
primer chaque mois les saignements23. Les
COC peuvent servir à cela, mais d’autres
études seront nécessaires. Une revue
Cochrane a découvert qu’il existe peu de don-
nées probantes sur l’utilisation des COC
cycliques comme traitement de l’endométrio-
se en dépit du fait qu’ils sont fréquemment
utilisés24.
Si les douleurs sont liées à la privation
hormonale, le fait de maintenir les taux
d’hormones par l’utilisation en continu d’un
COC peut prévenir les douleurs dues à l’en-
dométriose et favoriser l’aménorrhée et l’atro-
phie de l’endomètre23.
Une étude sur l’endométriose a comparé
l’utilisation continue d’un COC à faible dose
à la prise quotidienne de 12,5 mg d’acétate de
cyprotérone25. Les patientes avaient subi une
résection chirurgicale pour cause d’endomé-
triose et souffraient de douleurs récurrentes.
Après trois mois de traitement, 46 % des
41 femmes qui prenaient le COC étaient
aménorrhéiques, comparativement à 65 %
des 43 femmes qui prenaient de l’acétate de
cyprotérone. Les chercheurs ont conclu à une
efficacité similaire des deux traitements pour
réduire les douleurs pelviennes postchirurgi-
cales. Ils ont également conclu que ces deux
traitements étaient généralement bien tolérés
et qu’ils avaient aussi amélioré la qualité de
vie liée à la santé.
Syndrome des ovaires polykystiques
Les principales anomalies endocriniennes
observées chez les femmes atteintes du syn-
drome des ovaires polykystiques (SOPK) sont
un taux élevé de LH et une résistance à l’in-
suline26. Ces anomalies contribuent à la
croissance ovarienne, à la formation de kystes
et à une plus grande production d’andro-
gènes26. Ces femmes sont à risque accru de
maladie cardiovasculaire. L’ovulation se pro-
duit de façon irrégulière et cela contribue à
un dérèglement du cycle menstruel. Une pro-
duction excessive d’œstrogènes sans progesté-
rone postovulatoire peut entraîner une proli-
fération de l’endomètre et augmenter le
risque de cancer de ce tissu. Les contraceptifs
hormonaux combinés représentent un traite-
ment de choix pour les femmes qui ont un
SOPK et qui désirent un moyen de contra-
ception27. La composante progestative du
COC protège l’endomètre des œstrogènes
non combinés et réduit le risque de cancer
endométrial. Les COC réduisent aussi le taux
d’androgènes en inhibant la FSH et la LH, ce
qui diminue la production ovarienne d’an-
drogènes, et en augmentant le taux de pro-
téines liant les stéroïdes sexuels (globuline
spécifique), dont la testostérone.
Aucune étude randomisée et contrôlée de
grande envergure comparant la prise conti-
nue et la prise cyclique de COC n’a été réali-
sée. Dans une petite étude, 14 femmes souf-
frant du SOPK ont pris un COC de façon
cyclique ou continue, ou un agoniste de
l’hormone de libération des gonadotrophines
(acétate de leuprolide) pendant trois mois28.
Chez les femmes prenant le COC cyclique,
les taux de LH et de testostérone ont aug-
menté pendant l’intervalle de sept jours sans
pilules, tandis que la production de ces hor-
mones est restée supprimée chez les femmes
qui prenaient le COC de façon continue.
Une étude de cohortes sur la prise continue,
pendant 36 cycles, d’éthynilœstradiol et
d’acétate de cyprotérone, qui a porté sur
66 femmes souffrant du SOPK, a conclu que
l’administration continue d’un contraceptif
hormonal peut être nécessaire pour continuer
à maîtriser les symptômes dus à une
production excessive d’androgènes, dont l’ac-
né, l’hirsutisme et la séborrhée29.
EFFETS INDÉSIRABLES DES
CONTRACEPTIFS ORAUX COMBINÉS
PRIS DE FAÇON CONTINUE
Les métrorragies et le saignotement sont des
effets secondaires qui peuvent se produire
avec tout contraceptif hormonal et ce sont
parmi les raisons qui poussent le plus fré-
quemment les femmes à arrêter de les
prendre30. Généralement, les hémorragies
liées à la métrorragie sont plus abondantes et
requièrent l’utilisation d’une serviette hygié-
nique, tandis que le saignotement est une
hémorragie très minime qui peut ne pas
nécessiter de protection. Les facteurs qui peu-
vent entraîner la métrorragie sont le fait de ne
pas prendre régulièrement la pilule, le taba-
gisme, une mauvaise absorption des pilules, la
grossesse, une pathologie utérine ou cervicale
et les interactions médicamenteuses (voir le
tableau 2)11.
Des métrorragies ou des saignotements
irréguliers ou imprévisibles peuvent se pro-
duire avec les COC pris de façon continue.
Les auteurs d’une revue ont conclu que ces
effets secondaires peuvent être plus courants
chez les nouvelles utilisatrices d’un COC que
chez les femmes qui passent d’un schéma
posologique cyclique d’un COC à un schéma
posologique continu31. Deux études ont
comparé les caractéristiques des saignements
associés à la prise continue ou cyclique de
COC contenant 20 µg d’éthinylœstradiol et
100 µg de lévonorgestrel32,33. Les deux études
ont constaté que les femmes qui prenaient un
COC de façon continue ont rapporté signifi-
cativement moins de jours de saignements
ayant requis le port d’une protection et
qu’elles étaient plus susceptibles d’être amé-
norrhéiques (pas d’hémorragies ni de saigno-
tements) que les femmes qui prenaient un
COC de façon cyclique. Au cours d’une de
ces études, 32 femmes ont tenu un journal
quotidien de leurs saignements pendant six
cycles ou 168 jours32. Au cycle 5, 9 des
16 femmes qui prenaient un COC de façon
continue ont rapporté être aménorrhéiques,
contre 1 sur 16 dans le groupe des femmes
qui prenaient un COC de façon cyclique.
Dans l’autre étude, 60 des 79 femmes rando-
misées ont pris leur COC pendant 12 cycles
ou 336 jours33. Au cours des cycles 1 à 3,
16 % des femmes du groupe «prise continue»
ont rapporté être aménorrhéiques, contre
0 % de celles du groupe «prise cyclique».
Au cours des cycles 10 à 12, c’était le cas de
72 % des femmes du groupe «prise continue»,
contre 4 % de celles du groupe «prise
cyclique».
Dans l’étude de phase III sur la prise
continue d’éthinylœstradiol à 20 µg et de
lévonorgestrel à 90 µg, 44,8 % des femmes
n’avaient ni saignotements ni hémorragies
après avoir pris cette pilule pendant sept
cycles de 28 jours6. Après tout ce temps,
70,8 % des participantes n’avaient eu que des
saignotements ou pas d’hémorragies.
Les autres effets secondaires des COC
sont généralement minimes et apparaissent le
plus souvent au cours des trois premiers mois
d’utilisation: nausées, changements de poids
et/ou d’humeur, ballonnements, sensibilité
mammaire et maux de tête peuvent se mani-
fester11. Dans une étude prospective, 27 %
des femmes ont arrêté de prendre les COC à
cause des effets secondaires30. Dans les études
qui ont comparé un COC à prise continue à
un COC standard, l’incidence de maux de
tête, de nausées, de sensibilité mammaire, de
dépression et de SPM était la même, selon ce
qu’ont rapporté les participantes. Celles qui
utilisaient le COC à prise continue ont
4Utilisation continue des contraceptifs oraux combinés Juin 2006