Revue de presse
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Revue de presse
Impact de la pression
artérielle normale haute
sur le risque de maladie
cardiovasculaire
a classification du niveau de pression
artérielle (PA), proposée par le JNC VI
en 1997 et l’OMS en 1999, identifie trois
sous-groupes de sujets considérés comme
normotendus : il s’agit des sujets ayant
une PA dite optimale (PAS < 120 mmHg
et PAD < 80 mmHg), ceux ayant une PA
dite normale (PAS allant de 120 à
129 mmHg ou PAD allant de 80 à
84 mmHg), et ceux ayant une PA dite
normale haute (PAS allant de 130 à
139 mmHg et PAD allant de 85 à
89 mmHg). Il est établi que le risque car-
diovasculaire augmente parallèlement à
l’élévation de la PA. Cependant, la rela-
tion entre PA normale haute et risque car-
diovasculaire manquait de précision.
Cela a fait l’objet d’une analyse réalisée
à partir des données de l’étude Framin-
gham.
Au total, 6 859 sujets étaient concernés
par cette analyse. Tous étaient normotendus
(PAS < 140 mmHg et PAD < 90 mmHg)
et indemnes de maladies cardiovascu-
laires à leur inclusion dans l’étude de
Framingham. Un quart d’entre eux avaient
une PA normale haute, un tiers une PA
normale et les autres une PA optimale.
Chez les sujets âgés de moins de 65 ans
avec une PA normale haute, l’incidence
cumulée de maladie cardiovasculaire à
10 ans était de 8 % chez les hommes et
de 4 % chez les femmes, ce qui corres-
pond à un taux d’événements cardiovas-
culaires, pour 1 000 personnes-année,
respectivement de 9,2 chez les hommes
et de 4,7 chez les femmes. Pour les indi-
vidus âgés de 65 ans et plus, ayant une
PA normale haute, l’incidence cumulée
de maladie cardiovasculaire à 10 ans était
de 25 % chez les hommes et 18 % chez
les femmes, soit un taux d’événements
cardiovasculaires, pour 1 000 personnes-
année, de 28,1 chez les hommes et de
19,5 chez les femmes. Comparativement
aux sujets ayant une PA optimale, ceux
ayant une PA normale haute avaient un
risque cardiovasculaire, 2,5 fois plus
élevé chez les femmes et 1,6 fois chez les
hommes. De même, le risque cardiovas-
culaire était plus élevé chez les sujets
ayant une PA normale, comparativement
à ceux ayant une PA optimale de 1,5 fois
chez les femmes et de 1,3 fois chez les
hommes.
– Vasan RS et al. Impact of High-Normal
Blood Pressure on the Risk of Cardiovas-
cular Disease. N Engl J Med 2001 ; 345 :
1291-7.
G.A.
Pourquoi devient-on
hypertendu ?
es raisons qui conduisent un normo-
tendu à devenir un hypertendu sont
encore largement incomprises. À partir
du suivi de la population des sujets de
l’étude Framingham, les facteurs de pré-
diction de la survenue d’une élévation de
la pression artérielle ont été précisés. Le
suivi de sujets avec une pression artérielle
inférieure à 140/90 mmHg est examiné
pour rechercher les principaux détermi-
nants de la survenue d’une hypertension
artérielle (>160/100 mmHg) sur une
période de 4 ans. La progression vers
l’hypertension artérielle est deux fois
plus importante chez les sujets âgés de
plus de 65 ans (35 % de progression) que
chez ceux de moins de 65 ans (16 % de
progression). Cette incidence augmente
avec le niveau initial de la pression arté-
rielle et, chez les sujets de 35 à 64 ans,
l’incidence après 4 ans est de 5,3 % chez
ceux dont la PAS/PAD était initialement
inférieure à 120/80 mmHg et de 37,3 %
chez ceux dont la PAS/PAD était initiale-
ment inférieure à 130-139/85-89 mmHg.
La prise de poids est aussi un détermi-
nant indépendant de survenue d’une
hypertension artérielle, avec une aug-
mentation de 20 à 30 % du risque de
devenir hypertendu lorsqu’une prise de
poids de 4 kg chez l’homme et de 3 kg
chez la femme est notée.
– Vasan RS et al. Assessment of frequency
of progression to hypertension in non
hypertensive participants in the
Framingham Heart Study : a cohort study.
Lancet 2001 ; 358 : 1682-6.
X.G.
Masse grasse centrale et
élévation tensionnelle chez
les descendants d‘hypertendus
l est reconnu que les descendants de
parents hypertendus ont un risque plus
élevé de développer ultérieurement une
HTA permanente, comparativement aux
descendants de parents normotendus.
Une équipe suisse a évalué les méca-
nismes possibles pouvant expliquer le
“basculement” vers l’HTA permanente
chez 17 sujets de sexe masculin, descen-
dants de parents hypertendus, âgés de
25 ± 1 ans, minces et en bonne santé
(groupe 1). Ces sujets ont été comparés à
17 autres, appariés sur l’âge et le sexe,
également minces et en bonne santé,
mais descendant de parents normotendus
(groupe 2). Une mesure de la pression
artérielle systolique (PAS) au repos et à
l’effort, de même qu’une mesure du
poids, de l’index de masse corporelle
(IMC) et du rapport taille/hanche (RTH)
ont été effectués à l’état de base puis
cinq ans plus tard. Aucune différence
L
I
Guy Amah, Xavier Girerd
Commentaire : Les résultats de cette
étude montrent donc une progression
du risque de survenue d’un événement
cardiovasculaire à mesure que le
niveau de la PA augmente, même chez
les sujets considérés comme normo-
tendus. Le risque le plus élevé dans
cette catégorie de population étant
supporté par les individus ayant une
PA normale haute, surtout lorsqu’ils
sont âgés de 65 ans et plus.
L
Commentaire : Ce sont l’âge et la
prise de poids qui constituent les
deux principaux déterminants de la
survenue d’une hypertension arté-
rielle. Si, aujourd’hui, il est encore
difficile de lutter contre les effets du
vieillissement, chaque individu
devrait être informé du rôle favo-
rable d’une absence de prise de
poids pour prévenir la survenue
d’une hypertension artérielle et de
ses complications.