L’UN est le principe suprême pour Plotin : cela signifie qu'il contient en lui-même sa propre raison
d'être, qu'il n'a besoin d'aucun autre principe d'ordre supérieur pour « exister ». Il est absolument
transcendant, à tel point qu'il n'est pas possible de dire ce qu'il est. Il ne se laisse déterminer par
aucune catégorie existante ; il n'est même pas à proprement parler. Cet Un qui ne contient pas l'être
est pur non-être, non pas par défaut, mais par éminence. Il est assimilé au Bien par Plotin qui
reprend, pour expliquer sa fonction, l'image du Soleil dans La République de Platon. L'Un précède
tous les existants, il est leur condition de possibilité, il est leur source. Il ne contient en lui aucune
multiplicité, aucune altérité, aucune division et il n'est pas sujet au changement; il est entièrement
Un, « le Principe », « le Premier », « la Raison » elle-même logiquement antérieure à ce monde.
Ne cherchez donc aucune sorte d’explication matérialiste ni même créationniste, pas plus qu’un
ordre temporel dans l’ordre d’exposition des 3 hypostases qui n’est que pur ordre « logique ».
L’Intelligence, elle, dérive de l'Un qui est son principe. Elle contient en elle tout le pensable, c'est-
à-dire l'ensemble des idées ou des intelligibles. À ce titre, l'Intelligence est le lieu par excellence de
la réalité et de la vérité. Elle est l'être véritable. Elle contient en elle la multiplicité des idées.
L’Intelligence, ou monde intelligible, n’est rien d’autre que la science même du monde sensible,
posée comme une chose antérieure à ce monde, qui en est l’imitation.
L’Ame, enfin, a son principe dans l'Intelligence et est, elle-même, principe du monde sensible. Au
fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'Un, le monde comporte en lui une part de plus en plus grande
de diversité, il perd donc en unité et en perfection, par dilution. L'Âme se décline par conséquent à
des degrés divers : l'Âme du monde est la plus parfaite, tandis que chaque âme a son propre degré
de perfection. L'Âme déploie dans le temps le contenu de l'Intelligence. Elle est très proche du
monde sensible et de la matière qu'elle anime.
En résumé, l’Intelligence est l’hypostase centrale de la métaphysique de Plotin, un ordre intellectuel
absolument fixe, contenant sous une forme éternelle – l’Eternité, encore un trait essentiel – et
accessible à l’intelligence pure, les rapports et harmonies perçus dans le monde sensible. Et la
causalité ? C’est l’Un absolu, au sommet de la hiérarchie.
Dans ces trois niveaux, je vois une relation avec les degrés d’éparpillement, de dissipation – encore
du Plotin ! - de notre Être qu’il va nous falloir rassembler pour tendre vers l’UN, vers l’Unité du
Divin qui est en nous. En allant au plus profond de nous-mêmes à la recherche de toutes les
potentialités que nous n’avons pas pu ou osé réaliser pour séparer la matière de ses scories. On se
situe dans une démarche typiquement Maç.°. de purification (terme essentiel chez Plotin), de
lavage (expression plotinienne) et rectification de la matière qui nous permet d’accueillir la
Lumière, dans la matière, et la laisser descendre – ou monter ? - en nous en n’y faisant plus
obstacle. Ce qui nécessite un vrai relâchement – un comble pour atteindre Rectitude et Droiture,
comme quoi il ne faut pas confondre Rigueur et rigorisme – et une vraie Ouverture.
II- Pourquoi le multiple vient-il de l’Un ? Ou encore, l’Emanation de l’Univers !
La question fondamentale n’est pas si éloignée de celle posée par le christianisme, avec toutefois
plus que des nuances dans la question et les réponses : Pourquoi Dieu crée-t-il un monde imparfait
(le monde sensible), jusqu’à ce qu’on en vienne à prédire sa destruction (l’Apocalypse selon St
Jean) et la résurrection ?
Revenons à Plotin : En plus des trois principes fondamentaux, couches géologiques superposées, ou
encore sphères concentriques dans le ciel, image plus proche de la théorie astronomique
plotinienne, le monde, l'ensemble de ce qui existe, obéit à une logique très spécifique. Le monde,
dans son entièreté, émane de l'Un dans un mouvement qu'on appelle la « procession ». La nature de