La procession selon Plotin - ETOILE de la SAINTE BAUME

A LA GLOIRE DU GRAND ARCHITECTE DE L
UNIVERS
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DEUS MEUMQUE JUS
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SUPREME CONSEIL UNI
Au nom et sous la juridiction
LOGE DE PERFECTION N°
°°
° P4
Des SOUVERAINS GRANDS INSPECTEURS GENERAUX
Du 33
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"L'Etoile de la Sainte Baume"
ORIENT DE SAINT JEAN DE GARGUIER
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La procession selon Plotin
Le samedi 14 décembre 2013
La Procession
Comment introduire le sujet de cette première planche dans les limites assignées à une
introduction sans être réducteur de l’œuvre de ce philosophe grec païen néoplatonicien qu’est
Plotin ? L’influence évidente des pensées orientales, plus précisément indiennes, sur cet hellène de
souche et aussi de tradition projette une lumière complémentaire sur la complexité érigée en
système de la philosophie de Plotin.
Comment avoir une approche analytique d’une pensée qui ne peut être comprise que dans sa
globalité ?
La représentation de la réalité chez Plotin est double :
- D’une part une « segmentation » de l’Univers en résidences pures ou impures à travers
lesquelles l’âme monte ou descend, étant solidaire de la localité qu’elle habite
temporairement.
- D’autre part, le même Univers apparait comme une série de formes dont chacune dépend
hiérarchiquement de la précédente, et il peut être l’objet d’une pensée rationnelle.
Le moteur – qui dit « moteur » dit « mouvement », de haut en bas et de bas en haut, avec marche
avant et marche arrière - de la pensée de Plotin, c’est de démontrer l’identité foncière de ces deux
représentations, affirmant par là même l’identité « religieuse » du rationalisme.
La meilleure illustration est la théorie de la procession des hypostases, que je me propose de vous
présenter selon le plan suivant :
1- Les principes du monde et les rapports de ces principes entre eux.
2- Pourquoi le multiple vient-il de l’Un ?
I- Les principes du monde et les rapports de ces principes entre eux,
Ou encore, les trois Hypostases ! :
Replaçons la pensée de Plotin dans son contexte. A cette période frontière entre Antiquité et Haut
Moyen âge, les hommes pensent les choses sous la catégorie de Procession alors que nos
contemporains, depuis Darwin essentiellement, les pensent majoritairement en termes d’Evolution.
La nuance n’est évidemment pas que sémantique car là où le rationalisme scientifique prédomine,
Plotin y voit une prédominance « spirituelle », selon mes propres termes.
Ensuite, les trois Hypostases ? Plotin est connu avant tout pour son approche de la compréhension
du monde qui fait intervenir ces trois Hypostases :
L'Un
L'Intelligence
L'Ame
Le terme « hypostase » fut introduit tardivement par Porphyre (dans le titre de Ennéade V: Sur les
trois hypostases qui ont rang de principes) pour désigner ces trois principes fondamentaux à
l'origine du monde. Plotin emploie bien le terme, mais dans le sens de son acception courante à
l'époque, signifiant « existence ». L'Un, l'Intelligence et l'Âme sont les trois principes d'où découle
le monde sensible, autre élément de base de la pensée plotinienne, et fonctionnent comme trois
niveaux de réalité distincts.
L’UN est le principe suprême pour Plotin : cela signifie qu'il contient en lui-même sa propre raison
d'être, qu'il n'a besoin d'aucun autre principe d'ordre supérieur pour « exister ». Il est absolument
transcendant, à tel point qu'il n'est pas possible de dire ce qu'il est. Il ne se laisse déterminer par
aucune catégorie existante ; il n'est même pas à proprement parler. Cet Un qui ne contient pas l'être
est pur non-être, non pas par défaut, mais par éminence. Il est assimilé au Bien par Plotin qui
reprend, pour expliquer sa fonction, l'image du Soleil dans La République de Platon. L'Un précède
tous les existants, il est leur condition de possibilité, il est leur source. Il ne contient en lui aucune
multiplicité, aucune altérité, aucune division et il n'est pas sujet au changement; il est entièrement
Un, « le Principe », « le Premier », « la Raison » elle-même logiquement antérieure à ce monde.
Ne cherchez donc aucune sorte d’explication matérialiste ni même créationniste, pas plus qu’un
ordre temporel dans l’ordre d’exposition des 3 hypostases qui n’est que pur ordre « logique ».
L’Intelligence, elle, dérive de l'Un qui est son principe. Elle contient en elle tout le pensable, c'est-
à-dire l'ensemble des idées ou des intelligibles. À ce titre, l'Intelligence est le lieu par excellence de
la réalité et de la vérité. Elle est l'être véritable. Elle contient en elle la multiplicité des idées.
L’Intelligence, ou monde intelligible, n’est rien d’autre que la science même du monde sensible,
posée comme une chose antérieure à ce monde, qui en est l’imitation.
L’Ame, enfin, a son principe dans l'Intelligence et est, elle-même, principe du monde sensible. Au
fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'Un, le monde comporte en lui une part de plus en plus grande
de diversité, il perd donc en unité et en perfection, par dilution. L'Âme se décline par conséquent à
des degrés divers : l'Âme du monde est la plus parfaite, tandis que chaque âme a son propre degré
de perfection. L'Âme déploie dans le temps le contenu de l'Intelligence. Elle est très proche du
monde sensible et de la matière qu'elle anime.
En résumé, l’Intelligence est l’hypostase centrale de la métaphysique de Plotin, un ordre intellectuel
absolument fixe, contenant sous une forme éternelle – l’Eternité, encore un trait essentiel – et
accessible à l’intelligence pure, les rapports et harmonies perçus dans le monde sensible. Et la
causalité ? C’est l’Un absolu, au sommet de la hiérarchie.
Dans ces trois niveaux, je vois une relation avec les degrés d’éparpillement, de dissipation – encore
du Plotin ! - de notre Être qu’il va nous falloir rassembler pour tendre vers l’UN, vers l’Unité du
Divin qui est en nous. En allant au plus profond de nous-mêmes à la recherche de toutes les
potentialités que nous n’avons pas pu ou osé réaliser pour séparer la matière de ses scories. On se
situe dans une démarche typiquement Maç.°. de purification (terme essentiel chez Plotin), de
lavage (expression plotinienne) et rectification de la matière qui nous permet d’accueillir la
Lumière, dans la matière, et la laisser descendre – ou monter ? - en nous en n’y faisant plus
obstacle. Ce qui nécessite un vrai relâchement – un comble pour atteindre Rectitude et Droiture,
comme quoi il ne faut pas confondre Rigueur et rigorisme – et une vraie Ouverture.
II- Pourquoi le multiple vient-il de l’Un ? Ou encore, l’Emanation de l’Univers !
La question fondamentale n’est pas si éloignée de celle posée par le christianisme, avec toutefois
plus que des nuances dans la question et les réponses : Pourquoi Dieu crée-t-il un monde imparfait
(le monde sensible), jusqu’à ce qu’on en vienne à prédire sa destruction (l’Apocalypse selon St
Jean) et la résurrection ?
Revenons à Plotin : En plus des trois principes fondamentaux, couches géologiques superposées, ou
encore sphères concentriques dans le ciel, image plus proche de la théorie astronomique
plotinienne, le monde, l'ensemble de ce qui existe, obéit à une logique très spécifique. Le monde,
dans son entièreté, émane de l'Un dans un mouvement qu'on appelle la « procession ». La nature de
l'Un, qui est le premier principe selon Plotin, est telle que de lui émane nécessairement le reste du
monde.
Cela signifie deux choses. D'une part, l'émanation explique que l'Un engendre l'Intelligence.
Ensuite, l'Intelligence, elle-même sujette à la procession, engendre une réalité inférieure à elle,
l'Âme et, enfin, l'Âme produit à son tour le monde sensible qui lui n'est plus le principe de rien du
tout. D'autre part, la théorie de l'émanation montre que la procession est un processus logique qui ne
dépend pas de la volonté d’un créateur. Cette attitude vis-à-vis de l'origine du monde constitue
une différence capitale entre le néoplatonisme païen (de Plotin) et le néoplatonisme chrétien d'un St
Augustin. En effet, ici contrairement aux penseurs juifs et aux premiers chrétiens, il n'y a aucun
« acte » créateur à l'origine du monde, il n'y a aucune volonté divine à l'œuvre dans la création.
L'Un donne naissance à tout, sans qu'il faille voir là l'action de sa volonté, à proprement parler.
Difficile également d’avoir une approche conceptuelle du sujet car nous sommes dans l’Intuition.
Plotin parle de Contemplation. On n’est pas dans la démonstration qui veut convaincre.
L'Un est immuable et immobile, il n'a pas d'esprit, pas de volonté. Il est absolument transcendant et,
à ce titre, il serait erroné de penser que le mouvement de procession d'où naît l'Intelligence l'affecte
en quelque façon que ce soit. L'Un n'y perd rien, il ne se divise pas non plus, ni ne se morcelle en
une multitude d'êtres inférieurs. Il reste entier mais « déborde » - d’Amour ? - en quelque sorte vers
les niveaux de la réalité qu'il domine et soutient. L'Un se comporte à l'égard du réel un peu comme
le Soleil qui, par ses rayons, donne aux objets la possibilité d'être vus, sans pour autant que
l'intensité de sa lumière en perde quelque chose. Il y a en même temps, de manière intemporelle,
division et dilution de la puissance à partir de l’Un, vers la multiplicité, et recomposition, par
concentration. Et réciproquement jusqu’à l’apparition du désir du Bien qui engendre l’Intelligence.
Processus vertueux entre tous dont le moteur, celui de la Procession, est la vie spirituelle, l’activité
spirituelle, dans un mouvement continu : Persévérance. Penser, c’est se mouvoir vers le Bien, ce qui
donne un sens à nos efforts, à notre Travail en Loge, et ailleurs.
L'Un est absolument transcendant, mais il est aussi immanent en tout. Il n'est nulle part, mais il est
partout. Tout a rapport, à des degrés divers, à l'Un, qui est la mesure de toutes choses. Puisque tout
est issu de lui, directement (dans le cas de l'Intelligence) ou indirectement, puisqu'il n'y a pas de
séparation entre l'Un et le monde comme entre Dieu et sa création, tout est également lié à lui. Il n’y
a pas d’intermédiaire, pas de Dieu incarné, pas de prophète. Il est donc possible de retrouver en
chaque être la trace de ses principes supérieurs, ce qui me semble bien être l’essentiel de notre
Franc Maçonnerie et du « Connais-toi toi-même ! ». Ce mouvement de retour vers ses propres
principes est appelé la « conversion », qui est aussi la transformation de chacun d’entre nous, issu
des Ténèbres pour cheminer vers la Lumière.
Conclusion
Il m’a été offert pour conclure un article lu dans le Monde des Religions portant sur
« L’Inde, terre des miracles ordinaires, au chapitre « Un seul Cosmos », qui m’a immédiatement
rappelé la précision faite en introduction quant à l’influence prégnante de la pensée indienne sur
l’œuvre de Plotin :
« Rappelons trois aspects de la philosophie indienne :
- La réalité – avec ses dieux, son cosmos, ses créatures – est une unité fondamentale.
C’est le grand thème de la philosophie de l’Advaïta, qui signifie « non deux ». Les
miracles prennent leur place dans le non-dualisme de la réalité. Le texte anonyme d’un
tamoul du XIXème siècle, Ellâm Onru, (Tout est UN) commence ainsi :
1- Tout, incluant le monde que tu vois, ainsi que toi-même, le témoin du monde, tout est UN.
2- Tout ce que tu considères comme étant moi, toi, lui, elle, et cela, tout est UN.
3- Les êtres sensibles, ainsi que l’inerte et l’insensible (la terre, l’air, le feu et l’eau), tout cela
est UN.
- Le deuxième trait est que l’unité du monde a une multitude d’aspects reliés les uns aux
autres. Cette interdépendance universelle permet de comprendre pourquoi, dans le vécu
des Indiens, il n’y a pas de rupture entre le sacré et le profane, l’ordinaire et
l’extraordinaire. Les miracles sont moins des anomalies que des possibilités. Ne
cherchons pas à tout expliquer.
- Le 3
ème
aspect est la dimension énergétique. Si tout est Un, et si tout est relié, on peut
dire aussi que tout est énergie, etc. »
Et de l’Energie, nous n’en manquons pas.
J’ai dit, Trois Fois Puissant M.°. et vous tous, mes FF.°. MM..°. Secrets.°.
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