100 Book Reviews / e International Journal of the Platonic Tradition 4 (2010) 75-108
Anne-Lise Darras-Worms, Plotin, Traité I, (I, 6), Introduction, Traduction, Com-
mentaires et Notes, Paris, Editions du Cerf, 2007, 293 pages.
L’auteur fait état, dans l’Introduction, de la division tripartite de la philosophie,
éthique, physique, époptique, et de la classifi cation par Porphyre, dans le traité I,
de textes à dominante morale (p. 16). La suite montre que cela « doit commencer
à la contemplation de l’Un ou du Bien » (p. 31), que « l’Âme aspire irrésistiblement
au Bien » (p. 41). Et, dans « èmes fondamentaux », que « même si le Beau est
là-bas, le Bien est antérieur à tout ». Le Commentaire accentue la perspective, à
propos des beautés non-sensibles, de la beauté de l’Âme, et conduit à faire retour
à l’une des thèses du Phédon: « les vertus sont des purifi cations » (p. 165), ou
encore, à propos du § 4, de la beauté du visage de la Justice et de la Sagesse
(p. 167), en allusion au Phèdre, ou encore, s’agissant de l’âme du sage, au Banquet
210b-c, ou à ces dispositions du sage stoïcien, à ces vertus en acte que sont Justice,
Tempérance et Courage (§ 5, 13-16, p. 174). On parlera donc de la beauté des
vertus (p. 175). On le voit, le thème de la morale traverse le Traité I, Sur le beau.
Mais n’était-ce pas donner raison au classement porphyrien ? P. Hadot avait noté
que les traités I, destinés aux débutants, étaient cependant des plus diffi ciles. Le
choix le la collection est ainsi problématisé: il permet de saisir les évolutions, mais
y-a-t-il évolution sur tout, notamment sur cette question récurrente dans le traité ?
L’auteur a le mérite de poser le débat.
Le Commentaire commence presque immédiatement (p. 123-136) par la réfu-
tation de la théorie de la summetria dans le traité en 1, 20-54: elle ne rend compte
adéquatement ni du simple, ni du composé dans le sensible, ni des beautés intel-
ligibles, ni de la laideur. Mais, objecterons-nous, l’on ne saurait y voir une critique
seulement du stoïcisme car, par cette théorie, Plotin change totalement l’esthéti-
que classique, pour introduire une théorie de l’art radicalement nouvelle. L’auteur
le dit (p. 139 et 159), mais trop timidement. Dès lors l’abondance des citations de
Platon fait penser à un colmatage: Plotin peut-il encore passer entièrement comme
platonicien ? Quand on a contemplé les sculptures classiques, tel l’Hermès de
Praxitèle ou l’Aurige à Delphes, on ne peut que considérer que ces sculptures et
toutes les autres sont harmonie et proportion, et que Platon, dans le Protagoras,
cite Phidias et Polyclète, sans les désavouer le moins du monde. A-L. Darras-
Worms cite, à bon escient (p. 122-123), le canon de Polykleitos, mais on a
l’impression, dans l’ensemble du Commentaire, que Platon, cité par ailleurs abon-
damment, aurait approuvé pareil changement, jusqu’à ce qu’heureusement, à la
fi n, (p. 244), elle cite P. Hadot, notant, dans le traité 38, que « Platon avait défi ni
la nature du Beau, comme mesure et proportion ».
Il faut, par ailleurs, mettre à l’actif de l’auteur cette excellente réfl exion (p. 156,
n. 95), faite à propos des historiens de l’art tels que A. Grabar et P. Brown, que
© Koninklijke Brill NV, Leiden, 2010 DOI: 10.1163/187254710X492938