Datum: 11.08.2013
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CRISE Une lueur d'espoir s'est
allumée au fond du tunnel
des statistiques économiques
estivales. Certains indicateurs
laissent entrevoir
un retournement de tendance.
Mais la BCE confirme
sa politique monétaire
accommodante.
Anne Gaudard
1LONGUE CRISE
Elle laisse de profondes traces dans
les comptes des sociétés. Comme
l'ont montré cette semaine les résultats
trimestriels de Nestlé ou encore d'Adi-
das. La crise européenne est-elle ce-
pendant à un tournant? Depuis peu, les
statistiques macroéconomiques lais-
sent entrevoir une lueur au fond du tun-
nel. Comme le résume la Banque cen-
trale européenne (BCE) dans son dernier
bulletin mensuel: «L'activité économi-
que dans la zone euro devrait se stabili-
ser à un bas niveau et récupérer lente-
ment.» Un message assaisonné hier à la
sauce hexagonale par le ministre de
l'Economie Pierre Moscovici dans Nice -
Matin: ((L'économie française est sortie
de la récession et elle amorce une reprise
qui doit être durable, de plus en plus
forte et créatrice d'emplois.» Mais pour
l'heure, il a revu à la bais se ses prévisions
de croissance pour 2013. Exercice du-
rant lequel, le PIB français devrait évo-
luer entre -0,1% et + 0,1%. Plus globa-
lement, selon Euler Hermes, la zone
euro devrait encore reculer de 0,6%
cette année et afficher une modeste re-
prise de 0,8% en 2014. Quant à la vraie
reprise, elle «est encore lointaine», se-
lon Standard & Poor's qui craint que
«les longues récessions réduisent la ca-
pacité d'une économie à assurer sa
croissance future». Et s'il fallait encore
une «preuve de l'exceptionnelle inten-
sité de la crise», BNP Paribas cite ce fait:
«Elle aura par endroit ramené les indi-
ces d'activité vingt ou trente ans en ar-
rière.» Remarque au passage de la ban-
que Bonhôte dans sa note de marchés:
«Même si l'amélioration observée reste
faible en valeur absolue, c'est sans doute
du côté des places européennes que le
potentiel est désormais le plus intéres-
sant.» (voir infographie)
2REPRISE DE L'ACTIVITÉ
«Après six trimestres de con-
traction, des indicateurs de
confiance récents montrent une amé-
lioration à partir de niveaux bas et
confirment provisoirement les atten-
tes d'une stabilisation de l'activité
économique», relate la BCE. A titre
d'exemple, l'indice du climat écono-
mique de la Commission européenne a
progressé en juillet pour le troisième
mois consécutif. Autre signe positif:
l'indice PMI des directeurs d'achats
des entreprises européennes a repassé
en juillet la barre des 50 points, limite
séparant crainte de récession et espoir
de croissance. En Italie, cet indice
composite de l'activité s'est stabilisé
juste sous la barre. Plus concrètement,
la production industrielle a crû pour le
deuxième mois d'affilée en juin. Ainsi,
la croissance a moins reculé qu'at-
tendu au deuxième trimestre (-0,2%),
selon les données publiées cette se -
maine. Le ministre de l'Economie, Fa-
brizio Saccomanni, confiait à la presse
que des investissements d'entreprises,
le recul des tensions en zone euro, et la
demande à l'exportation avaient sou-
tenu l'activité économique. Et de s'at-
tendre à une reprise de la croissance au
quatrième trimestre après huit tri-
mestres de déclin. Reste que les ni-
veaux d'avant-crise sont loin. Le pays
a vu son économie reculer de 7% entre
2007 et 2012.
3BRISE DE CONFIANCE
Et même la confiance semble
revenir aux consommateurs.
En juillet, l'indice la mesurant attei-
gnait un niveau jamais revu depuis
deux ans. Ce qui devrait signifier que
la consommation privée pourrait sui-
vre. «Laisser respirer la demande au
moment où les conditions de l'offre
s'améliorent, du moins au sud de l'Eu-
rope, serait le meilleur service à rendre
à l'embellie naissante», souhaite
Jean-Luc Poutrat, économiste de BNP
Paribas, dans une note. En insistant
sur l'aspect rebond technique de cette
éclaircie. Un élément devrait cepen-
dant peser sur toute reprise, relève
Standard & Poor's dans ses dernières
prévisions: l'endettement des ména-
ges qui n'a pas suffisamment baissé.
Au contraire même. Cela dit pour
qu'un véritable vent de confiance
souffle sur les consommateurs, il fau-
drait que les taux de chômage baissent
significativement. Or, l'emploi reste
le point faible de la zone euro. C'est ce
qui a fait dire au président du Conseil
italien, Enrico Letta, cette semaine:
«La croissance doit être liée au tra-
vail.» Et d'ajouter: «Si le bas diffé-
rentiel de taux est un signe de
confiance, la politique doit donner la
stabilité.» A ses yeux, d'ailleurs, l'Ita-
lie est à «un pas du possible». D'une
sortie de récession.
ENCORE UN EFFORT
Pour la BCE, l'économie euro-
péenne devrait profiter de la
«reprise graduelle de la demande glo-
bale», alors que la «demande domes-
tique devrait bénéficier de la politique
monétaire accommodante». Mais, le
«réajustement budgétaire tant des
privés que des Etats va continuer à pe -
ser sur l'activité économique». Et
c'est justement ce désendettement si-
multané du privé, du public et du fi-
nancier qui a aggravé la crise. «Pou-
vait-il en aller autrement?» s'inter-
roge Jean-Luc Poutrat. «On sait
depuis la crise des années 1930 et les