du développement des énergies renouvelables ». On note d'entrée ici un des intérêts de cette notion
de transition pour le candidat Hollande : bien que les contenus formels des programmes des deux
candidats soient très semblables en termes de mesures environnementales, la notion de transition
permet de marquer une rupture symbolique avec la politique menée par le précédent
gouvernement3.
Dans le sillage du sommet de Rio+20 et de l'affirmation de l'« économie verte » comme nouveau
mode de régulation des effets dévastateurs des modes de production actuels sur l'environnement, la
« transition énergétique » a été présentée par le nouveau gouvernement comme la modalité
principale de mise en application des principes de l'« économie verte », et comme un des éléments
de relance de l'économie française via la « croissance verte ». La nouvelle ministre de l'écologie a
ainsi organisé dès la rentrée parlementaire de 2012 une Conférence environnementale sur le mode
du Grenelle de l'environnement, sur le thème de « la transition écologique et énergétique »4. Celle-
ci débouchant sur un planning pour la transition énergétique, organisé sous la forme d'une
concertation nationale qui a finalement conduit en juillet 2014 au projet de loi « sur la transition
énergétique et la croissance verte ».
Par ailleurs, si la « transition énergétique » semble se cristalliser relativement tardivement en
France comme vocable-clé des politiques économiques et écologiques, il ne faudrait cependant pas
masquer des généalogies de ce concept remontant plus loin dans le temps. Certains auteurs font
remonter sa naissance à 1974, suite au premier choc pétrolier, l’administration états-unienne puis la
toute récente Agence internationale de l'énergie de l'OCDE propulsent cette notion qui permet de
contrecarrer les analyses en termes de « crise énergétique » et de justifier de nouvelles politiques
énergétiques pour les pays occidentaux, centrées sur le développement des énergies dites
« domestiques » (nucléaire et gaz naturel)5. En Europe, le terme est particulièrement repris dans les
pays du Nord, en contexte d'ascension du mouvement anti-nucléaire et des partis verts. Dans le cas
allemand, le gouvernement s'empare du terme en 1980, un an après l'accident de Three Miles
3 La notion de « transition énergétique » n’apparaît pas dans les documents du Grenelle de l'environnement
(rencontres multipartites organisées en 2007 en aval de l'élaboration des politiques environnementales du
gouvernement Fillon) relatifs à l'énergie. On y retrouve des expressions telles que « vers une société sobre en
énergies et en ressources », « rénovation énergétique », « rupture technologique ». La seule occurrence se trouve
dans un dossier de presse de 2008 du ministère de l'écologie, et le terme n'apparaît que dans les titres et intertitres;
la transition énergétique n'y est pas définie, ni présentée comme une mesure politique. (Lutter contre les
changements climatiques et maîtriser l'énergie, Rapport de synthèse du Groupe 1 du Grenelle de l'environnement,
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Changement_climatiqueSynthese_Rapport.pdf ; Grenelle
environnement, réussir la transition énergétique. 50 mesures pour un développement des énergies renouvelables à
haute qualité environnementale, Ministère de l'écologie, 17 novembre 2008, http://www.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/DP_energies_renouvelables.pdf)
4 Ministère de l'écologie, La Conférence environnementale. Feuille de route pour la transition écologique, 14-15
septembre 2012, Paris, http://www.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/pdf/Feuille_de_Route_pour_la_Transition_Ecologique.pdf.
5 Jean-Baptiste FRESSOZ, « Pour une histoire désorientée de l’énergie », Entropia, 2013, no 15 ; B. PODOBNIK, Global
Energy Shifts, op. cit.., p. 113-141. Pour le cas états-unien, voir notamment COMMITTEE ON NUCLEAR AND ALTERNATIVE
ENERGY SYSTEMS, Energy in transition: 1985-2010 final report of the Committee on Nuclear and Alternative energy
Systems, San Francisco, W. H. Freeman, 1980.