la publicite subliminale - Communication Publicitaire Audiovisuelle

« La publicité subliminale » - Master NOMIC 2 – 2005/2006 1
Virginie Baron – Pascale Biausque – Cécile Cériani – Laetitia Donsimoni – Caroline Tomasi
LA PUBLICITE SUBLIMINALE
Exposé de communication publicitaire & audiovisuelle
Benoît d’AIGUILLON
Master NOMIC 2 - 2005/2006
Ecole de Journalisme et de Communication de Marseille
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« La publicité subliminale » - Master NOMIC 2 – 2005/2006 2
Virginie Baron – Pascale Biausque – Cécile Cériani – Laetitia Donsimoni – Caroline Tomasi
SOMMAIRE
Pages
INTRODUCTION
1°/ LE SUBLIMINAL, QU’EST-CE QUE C’EST ? 3
1.1°/ DEFINITION 3
1.2°/ D’UN POINT DE VUE TECHNIQUE, COMMENT CELA FONCTIONNE-T-IL ? 4
1.3°/ COMMENT REAGIT LE CERVEAU PAR RAPPORT AUX STIMULI QUI LUI SONT ENVOYES ? 4
1.4°/ UN PEU D’HISTOIRE… 4
2°/ LE SUBLIMINAL AU SERVICE DES STRATEGIES PUBLICITAIRES ? 5
2.1°/ LE CONTEXTE 5
2.2°/ UNE NOUVELLE STRATEGIE, LA PUBLICITE SUBLIMINALE 5
2.3°/ DES EXEMPLES… 6
3°/ QUE NOUS DIT LA SCIENCE ? 7
3.1°/ DE NOMBREUSES RECHERCHES 7
3.2°/ L’AVIS DES EXPERTS SUR LE RISQUE DE MANIPULATION 9
4°/ QUE NOUS DIT LE LEGISLATEUR ? 12
4.1°/ LE CADRE LEGISLATIF FRANÇAIS 12
4.2°/ LES ORGANISMES DE CONTROLE FRANÇAIS ET D’APPLICATION 12
4.3°/ LES LIMITES DU CONTROLE 13
4.4°/ LE CADRE LEGISLATIF EUROPEEN 14
4.5°/ ET AILLEURS… 14
5°/ LA PUBLICITE SUBLIMINALE : MYTHE OU REALITE ? 14
5.1°/ ON PEUT SE DEMANDER : LA PUBLICITE SUBLIMINALE, MYTHE OU REALITE ? 16
5.2°/ LA PUBLICITE SUBLIMINALE : MYTHE ET REALITE ? 16
« La publicité subliminale » - Master NOMIC 2 – 2005/2006 3
Virginie Baron – Pascale Biausque – Cécile Cériani – Laetitia Donsimoni – Caroline Tomasi
INTRODUCTION
New Jersey, côte Est des Etats-Unis, 1956. Un mystérieux publicitaire, James Vicary, se vante
d’avoir dopé les ventes de Coca-Cola et de pop-corn dans le cinéma de Fort Lee. Respectivement,
plus 57 % et plus 18 %. Sa technique : il dit avoir projeté durant six semaines les phrases « Drink
Coca-Cola » et « Hungry ? Eat pop corn » toutes les cinq secondes, en surimpression du film
Picnic. La durée de diffusion des messages est si furtive (trois millisecondes) que les spectateurs
ne les voient pas. Pour autant, ils se ruent sur l’ouvreuse à l’entracte.
Cette affaire, largement reprise dans la presse américaine, fait naître les fantasmes les plus fous.
La « publicité subliminale » - c’est ainsi que la nomme James Vicary - mènera-t-elle au contrôle
des consciences ? Quid de notre libre arbitre et de notre raison ? Risque-t-on de devenir un jour
victime de manipulations ? Le public et la presse ne manquent pas d’interpeller les
scientifiques sur ces questions ; c’est ainsi que l’histoire de Fort Lee - qui se révèle être une
supercherie quelques années plus tard - les incite à étudier le phénomène de perception
subliminale.
Vont-ils confirmer sa portée ? Vont-ils, au contraire, la relativiser ? Les avis font-ils l’unanimité ?
Que nous dit le législateur à ce sujet ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles nous
allons tenter d’apporter des éléments de réponse. Nous nous appuierons sur les derniers acquis
scientifiques et de nombreuses recherches concernant le phénomène de perception subliminale,
que l’on nomme également « perception sans conscience » ou encore « images subliminales »,
une terminologie utilisée notamment par les médias et le public. Il sera également intéressant de
croiser l’avis d’experts avec celui de publicitaires et du public en général.
Tout ceci nous amène à nous demander, avant toute chose, qu’est-ce que la notion de
subliminal ? Quel impact peut-il avoir ? Y a-t-il un risque de manipulation ? Bien entendu, dans le
cadre de cet exposé, il s’agira, in fine, de mettre en perspective tous ces éléments avec le champ
d’étude qui nous intéresse ici, à savoir la publicité subliminale.
1°/ LE SUBLIMINAL, QU’EST-CE QUE C’EST ?
1.1°/ DEFINITION
D’un point de vue sémantique, l’adjectif subliminal est composé des termes latins : sub (en
dessous) et limen (seuil, limite).
En psychologie, la définition de subliminal est la suivante : perception d’un objet (image, message,
sons, publicité…) à la limite de sa reconnaissance par l’individu. On peut dire que la perception
subliminale se trouve sous le seuil de la conscience. Ainsi, un stimulus (ou stimuli)1 subliminal est
un message parvenant aux sens de l’individu mais n'allant pas jusqu'à sa conscience. Seul
l’inconscient peut le percevoir et le mémoriser. Même si un stimulus subliminal peut-être
potentiellement perçu par tous les sens, olfactif, visuel et auditif, les moyens les plus utilisés
concernent la vue et l’ouie.
1 Stimulus ou stimuli - mot latin. En physiologie, facteur qui agit sur une cellule, sur un organe, sur l’organisme
provoquant une réponse (musculaire, nerveuse, etc.).
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1.2°/ D’UN POINT DE VUE TECHIQUE, COMMENT CELA FONCTIONNE-T-IL ?
Dans le cadre de la diffusion d’un film, si une image est glissée au montage, le spectateur ne
s'apercevra de rien du fait du défilement trop rapide des images. Car dans un film, les images sont
projetées à la vitesse de 24 images par seconde, ce qui fait une durée de 4 centièmes de
secondes par image. Si le spectateur a une impression de fluidité et non pas de saccades en
visionnant un film, c'est grâce au phénomène de rémanence rétinienne : une image captée par
l'œil y reste imprimée durant environ un dixième de seconde au lieu de disparaître instantanément.
Ce qui laisse à l'image suivante le temps d'être projetée et de parvenir à l’oeil.
Le subliminal sonore est basé non sur la durée (ce qui est le cas du subliminal visuel) mais sur
l’intensité. Un son - une phrase par exemple - est diffusé à un niveau trop faible pour être perçu
consciemment. Là aussi, le cerveau est néanmoins censé l’enregistrer et le décoder. Cette
différence fondamentale a été ignorée par certains auteurs qui ont utilisé les arguments du
subliminal visuel pour promouvoir des produits audio.
Un stimulus, pour qu'il soit détecté de manière consciente, doit posséder des propriétés minimales
en terme d'intensité et de durée d'apparition. En dessous de ces seuils, la perception du message
véhiculé par le stimulus reste inconsciente. Dans le cas de la projection rapide, c'est la très faible
durée de l'impact ou bien sa faible opacité (c'est-à-dire sa semi-transparence) par rapport au reste
de l'image qui ne permet pas d'en avoir conscience. Ces images sont perçues par l’oeil, traitées et
décodées par le cerveau qui ne les achemine pas jusqu’à la conscience, dans la mesure où elles
se situent en-dessous du « seuil de perception ».
Selon Dixon, il y a 4 seuils de perception :
- Le seuil de perception consciente : l'individu perçoit le stimulus et réagit de façon
consciente.
- Le seuil absolu de perception : l'individu n’est pas conscient du stimulus mais peut le
devenir.
- Le seuil de perception physiologique : l'individu réagit au stimulus sans pour autant en avoir
conscience. C’est dans cette zone que les spécialistes localisent le champ de perception
subliminale. En effet, un message pour qu’il soit qualifié de subliminal doit entraîner une
réponse inconsciente de l'individu.
- Le seuil de perception le plus bas : le stimulus est trop faible pour que l'individu le perçoive
et puisse en avoir conscience.
1.3°/ COMMENT REAGIT LE CERVEAU PAR RAPPORT AUX STIMULI QUI LUI SONT ENVOYES ?
Prenons pour exemple un stimulus visuel. Un message visuel normal effectue le trajet suivant : il
est capté par l'œil, transporté par le nerf optique, localisé par le tectum, identifié par le corps
géniculé et amplifié par le cortex strié. Un message subliminal change de route après le tectum.
Or, chaque fonction du cerveau est très localisée. De fait, à chemin différent, correspond une
réaction différente. Le conscient accède aux messages normaux, tandis que les messages
subliminaux sont du domaine de l'inconscient. Les messages traités par la conscience le sont sur
la base de la logique et du contexte, ce qui rend la réponse à ces messages prévisible, alors que
les messages subliminaux le sont sur la base de l'inconscient (rêves, fantasmes, peurs...) dont la
réponse est beaucoup moins prévisible et contrôlable.
1.4°/ UN PEU DHISTOIRE
Longtemps objet de polémiques et de controverses, parfois très virulentes parmi les psychologues,
la perception subliminale n’est acceptée dans la communauté scientifique comme objet d’étude
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sérieux que depuis les années 1980. Or, les fondations de la notion de subliminal ont été posées
au XVIIème siècle par des philosophes empiristes (Locke, Leibniz, Condillac, Helvétius, Helmholtz,
James) ; ils ont eu l’intuition qu’il existait une perception inconsciente. Locke notamment a
distingué les idées de sensation des idées de réflexion de l’esprit.
Jusque là, dominait la philosophie de Descartes où l’activité de penser était considérée comme
totalement consciente. Les psychologues mettent empiriquement en évidence la perception
subliminale dès la fin du XIXème siècle. La première recherche expérimentale est menée par Pierce
et Jastrow (1884). Elle porte sur l’estimation de différences de poids entre deux objets. Les deux
scientifiques cherchent à savoir ce qui se passerait si le stimulus était présenté au-dessous du
seuil physiologique de perception qui correspond à l’instant où le sujet déclare ne plus percevoir
un stimulus qu’il détectait juste avant. Le pourcentage de bonnes réponses (69,7 %) dépasse
sensiblement celui attribué habituellement au hasard (50 %)… Ces résultats encouragent la
poursuite des recherches sur la perception subliminale jusqu’au début du XXème siècle (Sidis,
Coover, Miller, Stroh, Shaw et Washburn, Williams). Elles deviennent rares durant la période du
béhaviorisme2 des années 1920 aux années 1970. L’étude des défenses perceptives menée par
Dixon en 1981 débouche sur la conclusion que des facteurs motivationnels peuvent modifier le
seuil de la perception. Ainsi, les intuitions et les expérimentations d’une longue chaîne de
scientifiques ont construits, et continuent de construire la connaissance du phénomène du
subliminal. (cf. Les images subliminales, Ahmed Channouf).
2°/ LE SUBLIMINAL AU SERVICE DES STRATEGIES PUBLICITAIRES ?
2.1°/ LE CONTEXTE PUBLICITAIRE
Le XXème siècle, avec la multiplication des médias électriques (cinéma, radio), électroniques
(télévision) et numériques (Internet), voit non seulement l’explosion de la publicité mais aussi sa
sophistication. L’ambition de manipuler les esprits, à l’intérieur même des foyers, se hisse
quasiment au niveau d’une science.
La publicité se voulant l’art de la persuasion, chaque message est très élaboré. Il n’y a pas de
hasard dans les campagnes publicitaires à l’élaboration desquelles participent de nombreux
spécialistes : sociologues, psychologues, sémiologues, linguistes, graphistes… La technique et les
sciences sont largement mises à contribution.
Une telle conjonction d’expertises fait dire à Marshall McLuhan (sociologue canadien, 1911-1980)
« Il n’y a pas d’équipe de sociologues capable de rivaliser avec les équipes de publicitaires dans la
recherche et l’utilisation de données sociales exploitables. Les publicitaires consacrent chaque
année des milliards de dollars à la recherche et à l’examen des réactions du public, et leur
production est une extraordinaire accumulation de données sur l’expérience et les sentiments
communs de toute la société. »
2.2°/ UNE NOUVELLE STRATEGIE : LA PUBLICITE SUBLIMINALE
La publicité est probablement l‘outil de développement le plus puissant pour les entreprises et les
institutions ; un ensemble de techniques sophistiquées, aujourd’hui relativement bien maîtrisées
par les professionnels. La publicité est omniprésente : à la TV, la radio, la station service, au
cinéma, dans les toilettes publics, les transports en commun, au cours d’événements sportifs, dans
2 Béhaviorisme : courant scientifique en psychologie au sein duquel on n’étudie pas les processus mentaux mais on
s’intéresse essentiellement aux comportements observables en liaison avec des stimulus extérieurs. Né au début du
XXème siècle aux Etats-Unis, le béhaviorisme a permis à la psychologie, élevée au rang de science objective, de
s’institutionnaliser comme discipline universitaire autonome grâce notamment à Clark Hull, Edward Tolman et Burrhus
Skinner.
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