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La véracité et l’utilité de la publicité sur les médicaments constituent un thème très délicat et
controversé qui ne cesse, depuis presque cent ans, d’alimenter les débats au sein des diverses sociétés.
L’industrie pharmaceutique considère que la publicité est indispensable pour informer les médecins des
nouvelles possibilités de traitement. La communauté médicale estime que les messages publicitaires
induisent souvent en erreur et influencent indûment les médecins. Les études empiriques démontrent que
la publicité est d’une part, nécessaire et efficace et d’autre part, souvent spécieuse1.
RÉSUMÉ
L’objectif de cette étude est d’évaluer l’adéquation des messages publicitaires sur les
médicaments parus en 2007 dans quatre journaux destinés aux professionnels de la santé (Praxis, Forum
Médical Suisse, Bulletin des Médecins Suisse et Revue Médicale Suisse) avec les évidences basées sur les preuves de
l’EBM et des normes législatives ainsi que de vérifier s’ils sont supportés par les références
bibliographiques mentionnées.
Méthode : les messages publicitaires des cinq groupes thérapeutiques (à savoir : antis-ostéoporotiques/
arthrosiques, antidépresseurs, antihypertenseurs, AINS et hypolipémiants) sont évalués sur trois critères :
1. leur adéquation avec les normes législatives en vigueur : la base juridique afférente utilisée
pour évaluer si un message publicitaire respecte les normes législatives est l’ordonnance sur la publicité
pour les médicaments OPMéd. Une énonciation est jugée conforme si elle respecte toutes les dispositions
réglementaires (excepté l’art.5 al.5 concernant les essais cliniques). De même, vu la difficulté et la
complexité de vérification si chaque étude citée à l’appui d’une affirmation a effectivement été conduite
conformément aux Bonnes Pratiques des Essais Cliniques (BPEC) exigées par la LPTh art.53ff,
l’ordonnance sur les essais cliniques de produits thérapeutiques (OClin art.4) et le ICH Guideline for
Good Clinical Practice-E6(R1), j’ai considéré toutes les études comme conformes aux normes législatives.
En tout, 50 publicités ont été évaluées sur ce critère.
Quant aux directives concernant la lisibilité des informations professionnelles (la mise en page, la taille et
le nombre de caractères par ligne et leur contraste avec l’arrière-plan), la loi ne formule aucune exigence et
les recommandations du CP-SSIC (Code pharmaceutique de la Société suisse des industries chimiques)
sont plutôt vagues. A titre informatif, j’ai procédé à une appréciation de lisibilité de ces informations en
appliquant des critères d’ABPI (Code of practice for pharmaceutical industry de l’Association Anglaise).
J’ai relevé que 22 messages sur 42 (soit 57%) ne remplissent pas ces critères (les publicités de rappel, les
publicités de marque ainsi que les messages publicitaires portant que sur la comparaison des prix ne sont
pas pris en considération).
2. leur adéquations avec les évidences de la médicine basée sur les preuves (EBM) : afin de
vérifier si une énonciation est basée sur les preuves scientifiquement reconnues, j’ai effectué la recherche
des données dans les sources suivantes : Cochrane Library (All EBM Reviews - Cochrane DSR, ACP Journal
Club, DARE, CCTR, CMR, HTA, and NHSEED) ; NHS Centre for Reviews and Dissemination (CRD) ;
Médline/PubMéd ; Embase/Exerpta medica ; Revue Prescrire ;
http://www.minerva-emb.be/3k ; http://clinicalevidence.bmj.com/ceweb/index.jsp;
http://clinicaltrials.ifpma.org/no_cache/fr/search-trials-results/all/index.htm;
http://machaon.fmed.ulaval.ca/medecine/cetp ; http://clinicaltrials.gov .
De cette base de données seuls les révisions faites par des experts, les résultats des méta-analyses ou les
études randomisées en double aveugle, non financés par l’industrie pharmaceutique sont pris en
considération. En tout, 42 publicités ont été évaluées sur ce critère.
3. leur adéquation avec les références bibliographiques mentionnées : l’énonciation est jugée
comme étant supportée par référence bibliographique si elle pouvait être clairement déduite de celle-ci
même si la référence comporte une étude de très faible qualité. En tout, 42 publicités ont été évaluées sur
ce critère.