L'une des raisons pour lesquelles il n'existe aucun traitement ou vaccin contre la fièvre
hémorragique Ebola réside dans le caractère hybride des maladies. Les virus de ce type
sont transmis par des espèces animales, lesquelles sont susceptibles de faire office de
réservoir permettant aux pathogènes de se développer et de muter, compliquant pour les
chercheurs la tâche consistant à suivre le rythme des variations de ces maladies.
Une autre explication réside toutefois en ce que les sociétés pharmaceutiques ont de
moins en moins intérêt à concevoir des vaccins. Seules quatre de ces sociétés fabriquent
en effet aujourd'hui des vaccins, contre 26 il y a 50 ans. Ces entreprises ont conscience
que le rendement de leur investissement se révélera relativement maigre compte tenue
d'importants délais d'introduction, eux-mêmes liés à la lenteur des processus de
fabrication (bien que de nouvelles méthodes plus rapides offrent un certain espoir).
La méfiance de l'opinion publique à l'égard des vaccins a également joué un rôle majeur
dans le déclin de la fabrication. À la fin des années 1990, une opposition à la vaccination
a commencé à se manifester autour des vaccins contre la rougeole, les oreillons et la
rubéole. De même, une étude de 2004 publiée par la New York Academy of Medicine a
révélé que les personnes interrogées étaient deux fois plus nombreuses à craindre les
effets secondaires du très courant vaccin contre la variole que celles redoutant la maladie
elle-même.
Le caractère relativement bénin des maladies infectieuses telles que la variole a
alimenté une certaine complaisance quant à l'importance des risques liés à un refus de la
vaccination. C'est bien souvent seulement lorsqu'une épidémie fait son apparition que les
individus changent rapidement d'opinion, exigeant alors d'urgence la production et la
distribution de vaccins. C'est sans doute une bonne chose, mais il y a là également un
certain manque de réalisme.
La société pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline a récemment annoncé qu'en
collaboration avec le US National Institute of Allergy and Infectious Diseases, elle
procédait au développement d'un vaccin expérimental contre la maladie à virus Ebola.
Elle n'en est toutefois pour l'heure qu'aux essais cliniques de phase I, destinés à en
évaluer la toxicité. Deux autres phases d'essais étant encore nécessaires, un tel vaccin
ne devrait pas voir le jour avant 2015.
Les délais nécessaires au processus d'essais ont suscité un mécontentement autour de
considérations administratives considérées trop lourdes ; une critique mal avisée, dans la
mesure où le risque existe de voir les médicaments à l'étude entraîner de graves
maladies, voire le décès du volontaire. En effet, les essais de phase I - également
appelés « premières études chez l'être humain » - se révèlent extrêmement risqués,
complexes sur le plan de l'éthique, et exigent par conséquent la plus grande précaution.
En 2006, les essais de phase I du médicament TGN1412 avaient dû être interrompus
après que plusieurs volontaires aient développé de multiples défaillances au niveau des
organes, certains ayant échappé de peu à la mort. Si l'on en croit le pharmacologue
Trevor Smart, du University College de Londres, ces patients pourrait bien ne jamais
recouvrer leur état de santé initial.
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