Qu'est-ce que le ZMapp ? A-t-il permis de sauver des patients ?
Si de nombreuses recherches visent actuellement l'élaboration de traitements contre le virus
Ebola, tous sont encore en phase d'expérimentation. Le ZMapp est le seul à avoir été autorisé
par l'Organisation mondiale de la santé à titre expérimental, bien que tous ses tests cliniques
n'aient pas encore été effectués.
Lire notre décryptage : Ebola, les pistes de recherche de traitements et de vaccins
« Est-ce que le ZMapp fonctionne ? Nous ne le savons pas », confesse sur son site le
laboratoire Mapp, à l'origine du traitement. Si la recherche se poursuit, l'utilisation du
traitement pour soigner les personnes déjà touchées ne constitue pas un test clinique
satisfaisant. En effet, rien ne permet de savoir si les personnes ont guéri en raison du
traitement ou grâce aux autres soins prodigués. « Les essais cliniques ne se font pas sur deux
patients. Et il s'agit ici plus d'un acharnement thérapeutique que d'un essai clinique validé »,
poursuit M. Baize.
Le Liberia a reçu également des doses de sérum, qu'il a notamment injecté à deux de ses
médecins. Mais en les offrant au pays, le laboratoire Mapp a vidé l'intégralité de son stock
disponible, car cette production était jusque-là réservée aux test cliniques sur les animaux. Le
processus industriel et biologique permettant de produire de nouvelles molécules prend du
temps.
Lire aussi : La course contre la montre des chercheurs
La transfusion de sang de patients guéris fonctionne-t-elle ?
Le Dr Kent Brantly, l'un des deux patients américains, avait également reçu le sang d'un
adolescent de 14 ans qui avait survécu à la fièvre. L'idée d'un tel traitement, essayé depuis les
premières apparitions du virus, en 1976, est de faire bénéficier le malade des anticorps
produits par le survivant.
Maix ce choix d'en faire bénéficier le médecin américain surprend cependant l'expert en
maladies infectieuses, car « les résultats ont toujours été controversés ». « Le virus Ebola
n'induit pas de nombreux anticorps neutralisants », ajoute Sylvain Baize, c'est-à-dire que les
anticorps, s'ils permettent d'éradiquer le virus, ne le neutralisent pas complètement.
Peut-on être contaminé deux fois par le virus Ebola ?
« On n'a jamais eu à décrire des cas de survivants à la fièvre Ebola remis en contact avec le
virus. Mais d'après ce que l'on sait, quelqu'un qui a survécu à une première infection est
protégé de la seconde », explique M. Baize. « L'organisme produit des anticorps pendant très
longtemps, il est donc protégé du même type de virus. » Le malade n'a donc qu'un très faible
risque d'être à nouveau touché par le virus Ebola, pour autant qu'il s'agisse de la même
souche.
En effet, il existe plusieurs souches du virus, responsable des différentes épidémies depuis
1976. Celui qui touche les pays du golfe de Guinée actuellement est de souche « Zaïre », et
les survivants ne seraient protégés que de celle-ci.