Inuence des caractéristiques sociales et environnementales du patient sur la durée de séjour à l’hôpital
n° 71 - Septembre 2003Q u e s t i o n s d’ é c o n o m i e d e l a s a n t é
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Inuence des caractéristiques sociales et environnementales du patient sur la durée de séjour à l’hôpital
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géographique soit sans effet sur la durée
moyenne de séjour. L’étude économétri-
que fait même ressortir un effet négatif
du fait de quelques durées de séjour très
longues observées sur des patients pro-
ches. Les effectifs de patients éloignés
sont très faibles, ce qui fragilise les com-
paraisons et souligne aussi le fait que la
cure de hernies est une intervention de
proximité.
L’isolement social est un facteur
d’allongement de la durée de séjour
Quel que soit le geste, l’isolement
social total d’un patient, c’est-à-dire
lorsqu’il ne peut mobiliser une personne
de son entourage pour accompagner
son entrée et sa sortie de l’hôpital, a un
impact très important sur la durée de
séjour. Ainsi, pour la chirurgie des
varices, 44 % des patients totalement
isolés ont séjourné plus de deux jours,
contre 31 % des patients vivant seuls
mais pouvant se faire accompagner
et seulement 20 % des patients ne
vivant pas seuls. Pour les cures de
hernies unilatérales ouvertes de
l’adulte, la moitié (49 %) des patients
isolés totalement sont restés plus
de quatre jours, mais seulement 29 %
de ceux qui ne vivent pas seuls.
Les écarts pour les taux de chirurgie
ambulatoire sont importants :
–
pour la chirurgie des varices, le taux
de chirurgie ambulatoire est de 5 %
pour les patients totalement isolés et
de 25 % pour les autres ;
–
pour la chirurgie du canal carpien,
le taux de chirurgie ambulatoire
atteint près de 50 % pour les patients
isolés totalement, il est de 70 % pour
les patients vivant seuls mais pouvant
se faire accompagner et s’élève
à 85 % pour les patients ne vivant pas
seuls ;
–
pour la chirurgie de la cataracte, le
taux de chirurgie ambulatoire pour les
patients isolés totalement est de moins
de 10 %, alors que pour les patients ne
vivant pas seuls, ce taux atteint plus de
40 %.
Comme pour l’éloignement géogra-
phique, ces résultats montrent que le
critère d’isolement social, critère retenu
également dans les recommandations de
la SFAR et de l’AFCA, n’exclut pas tou-
jours une prise en charge en chirurgie
ambulatoire.
L’étude économétrique montre que
« toutes choses égales par ailleurs »
l’isolement social total reste un fac-
teur fortement influant. L’équipe
hospitalière aurait tendance à gar-
der plus longtemps un patient
qui vit totalement seul (cf. tableau p. 6).
Distribution des durées de séjour pour l’arthroscopie du genou selon la
durée de transport du domicile du patient à l’hôpital le plus proche
Source : Enquête nationale PNIR 2001-2003 sur la chirurgie ambulatoire
Données :
Les données utilisées sont issues d’un
des quatre volets de l’Enquête na-
tionale sur la chirurgie ambulatoire
réalisée par les trois principaux régimes
d’assurance maladie dans le cadre
du Programme national interrégime
(PNIR). Cette enquête rétrospective a
été réalisée sur des séjours hospitaliers
effectués en juin 2001. Environ 1 300
établissements publics et privés des
régions métropolitaines et des dépar-
tements d’outre-mer y ont participé.
Les données relatives à chaque séjour
ont été collectées grâce au dossier pa-
tient hospitalier, puis auprès du patient
lui-même par entretien téléphonique.
Le dossier patient a fourni les données
administratives et médicales (état
civil, données de morbidité, mode de
prise en charge, durée de séjour…) et
l’entretien téléphonique a permis de
compléter les caractéristiques sociales
et environnementales du patient, ab-
sentes du dossier (catégorie sociopro-
fessionnelle, conditions de logement,
temps nécessaire pour atteindre l’hô-
pital le plus proche, isolement social du
patient…).
Pour 18 gestes marqueurs étudiés dans
le cadre de l’enquête, un échantillon
de séjours a été constitué par sondage
stratié par région et par geste. Cepen-
dant, la représentativité nationale de
l’échantillon n’est pas toujours assurée,
car pour chacun des gestes, les régions
ayant un nombre trop faible de séjours
n’ont pas été enquêtées. Ce problème
est limité ici par le fait que les gestes
retenus sont les plus fréquents. Au total,
les caractéristiques de 34 015 séjours
ont été recueillies puis analysées. Pour
cette étude, la base PMSI de l’année
2000 a été utilisée pour le redressement
des données selon le geste et selon la
région.
Méthode :
Une étude économétrique, utilisant un
modèle logit pour le choix du mode de
prise en charge et un modèle logit ou
un modèle log-linéaire pour les durées
de séjour en hospitalisation complète,
a permis de quantier les effets propres
des caractéristiques du patient sur les
durées de séjour et de tester leur signi-
cativité, supprimant l’effet de facteurs
de confusion et des interactions entre
les différentes variables. Cette métho-
de permet de mesurer les effets « tou-
tes choses égales par ailleurs ».
Source :
L’enquête nationale PNIR 2001-2003
sur la chirurgie ambulatoire