Rapport de Botanique Appliquée aux Milieux Naturels
L’ortie (Urtica dioïca)
Sommaire
1) Généralités
2) Position systématique
3) Morphologie
4) Anatomie
5) Le poil urticant
6) Ecologie
7) Propriétés
Bibliographie
1 - « Les secrets de l’ortie » de B. Bertrand ; collection le compagnon végétal.
2 - « Le livre des bonnes herbes » de P. Lieutaghi ; édition Marabout Service (1966).
3 - Bulletin de liaison de l’office pour l’information éco-entomologique, n°76 (1990).
4 - Bulletin de liaison de l’association pour le renouveau de l’herboristerie (Avril 1993).
5 « Les quatre flores de France » de P. Fournier ; édition P. Lechevalier.
6 « Botanique systématique des plantes à fleurs » de R-E Spichiger ; Presses
polytechnique et universitaires romanes.
7 « Atlas de la structure des plantes » de A. Speranza et G. Calzoni ; Belin sup
8 Internet : WWW.vet-alfort.fr/botanique/activité/plantesimple/URTICA
Les numéros entre parenthèses dans le texte renvoie à cette bibliographie.
Mots clés
Dioïque, Poil urticant, Analyse florale, Plante hôte, Purin d’ortie, Plante médicinale
Photo n°1 : Lieu de prélèvement de l’ortie sur le campus
Généralités
Les orties appartiennent au genre botanique Urtica (de urere qui signifie brûler) de la famille
des Urticacées. Toutes ces espèces possèdent des poils urticants qui provoquent des sensations de
brûlure au touché. Ce genre est représenté par environ 125 espèces dont la plupart se répartissent
dans les régions tropicales ou subtropicales. L’Europe quant à elle compte 8 espèces, dont 5
présentes en France. En région parisienne, deux espèces seulement peuvent être observées :
Urtica dioïca et Urtica urens.
La grande ortie, ou Urtica dioïca, est présente dans toute l’Europe tempérée. On peut la
trouver jusqu’à 2500m d’altitude, sur des sols bien pourvus en matières organiques en cours de
décomposition, enrichis en azote (nitratophile) et en phosphate par l’activité humaine, à proximité
des zones habitées, aux abords des cultures, aux bords des eaux eutrophes, des chemins, des
friches… Cette ortie se développant aisément au voisinage des lieux habités par l’homme, elle est
dite anthropophile (8).
Pour le prélèvement des échantillons d’études, a été choisi un terrain de 15m2 environ, au bord
d’un étang (photo n°1) du campus de l’université d’Orsay. Le sol y est sableux avec des traces
orangées de fer oxydé, caractéristiques d’un sol inondé où l’eau s’est ensuite retirée. Il s’agit donc
un rédoxisol. L’humus est riche en matière organique (dismoder) et présente un pH de 5-6. C’est
donc un sol acide propice à priori favorable au développement des orties. Associés à Urtica
dïoîca, sont relevés de la consoude, du lierre, des ronces, des groseilliers, de l’angélique, des
salicaires, des aulnes et surtout cinq cyprès chauves. Ces derniers sont responsables en majeur
partie de l’acidité et de la forte teneur en matière organique du sol (les aiguilles mortes recouvrent
la quasi-totalité de la surface au sol).
1) Position systématique
Nous avons trouvé plusieurs classifications, différentes pour divers points. Celle donnée ici est
tirée de la classification phylogénétique du vivant (Lecointre et Le Guyader, Belin, 2001)
L’ortie fait parti du règne végétal, dans la lignée verte (plante chlorophyllienne) :
Embranchement : Angiosperme, plante à fleurs (ovule et graine protégés dans une enveloppe)
Classe : Dicotylédone (Magnoliopsida), présence de tissus secondaires (phloème et Xylème IIaire)
Ordre : Rosale
Famille : Urticacée, fleurs dépourvues de corolle, plante avec poils urticants.
Genre : Urtica, fleurs en grappes, feuilles opposées et dentées.
Espèce : Urtica dioïca, dioïque, mesurant jusqu’à 1m voir plus, feuilles plus longues que larges.
Une autre classification, issue de l’encyclopédie « le bon jardinier » (1994), donne un ordre
différent, les urticales.
Dessin n°1 : Dessin d’observation de Urtica dioïca
Fleurs en formation
Racines
Rhizome
Feuilles
Poils urticants
3) Morphologie
Urtica dioïca est une plante vivace d’un vert sombre, pouvant atteindre plus d’un mètre de
hauteur. Elle a une tige carrée dressée simple. Cette tige porte des feuilles cordiformes (en cœur)
dentées, opposées par deux, toujours plus longues que leur pétiole (5). Toutes les parties aériennes
sont garnies de poils urticants unicellulaires, provocant des brûlures plus ou moins prolongées, et
responsables de la mauvaise réputation de l’ortie. Nous y reviendrons plus en détails dans le
chapitre 5.
L’ortie se développe et prolifère rapidement grâce à une efficace multiplication végétative.
D’un seul rhizome souterrain ramifié, de couleur jaune, peuvent s’élever un nombre considérable
de tiges aériennes. De ce rhizome partent de nombreuses petites racines traçantes, s’enfonçant
dans le sol.
Le dessin d’observation n°1 montre toutes ces caractéristiques.
Comme son nom l’indique, Urtica dioïca est un excellent exemple de plante dioïque, chez
laquelle se distinguent des pieds mâles et des pieds femelles. Les fleurs sont unisexuées, vertes,
regroupées en inflorescences (cyme bipare), en petites grappes légères. On peut les observer de
Juin à Septembre. Voici leur analyse florale.
La fleur mâle est composée de quatre sépales et d’un nombre équivalent d’étamines ; il n’y a
pas de pétales (dessin n°2). Les filets des étamines sont courbes et se détendent pour projeter le
pollen dans l’air. L’ortie est anémogame et anémochore (5).
Sa formule florale est : * 4S 0P 4E 0C
Dessin n°2 : Dessin d’observation, coupe longitudinale et diagramme floral de la fleur mâle
La fleur femelle a également quatre sépales, mais ils sont soudés et forment un tube ventru
(dessin n°3). Il n’y a qu’un ovaire supère libre à un seul style. Il n’y a qu’une seule loge ovarienne
monosperme, la placentation y est basale, l’ovule est droit. Chaque fleur ne donne donc qu’une
graine après fécondation.
Sa formule florale est : * (4S) 0P 0E 1C
Dessin n°3 : Dessin d’observation, coupe longitudinale et diagramme floral de la fleur femelle
Anthère
Sépale
Stigmate
Sépale
Ovaire
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