1.1 les objectifs de l`analyse financiere 1.2 les utilisateurs de l

Avant d’entrer dans le détail des outils et des concepts de l’Analyse Financière, il nous paraît utile de cadrer le domaine
de cette discipline. Quatre points seront abordés :
Les objectifs de l’Analyse Financière
1. Les utilisateurs de l’Analyse Financière
2. Les sources d’information
3. La méthodologie générale de l’Analyse Financière.
1.1 LES OBJECTIFS DE L’ANALYSE FINANCIERE
L’analyse financière d’une entreprise doit permettre :
_ De connaître sa situation financière à une date déterminée,
_ De prévoir l’évolution probable de cette situation,
_ D’aboutir à des recommandations et de motiver, si nécessaire, le choix des mesures correctives à mettre en œuvre.
Un accent différent sera mis sur chacun de ces objectifs selon l’utilisateur de l’analyse financière.
1.2 LES UTILISATEURS DE L’ANALYSE FINANCIERE
Les nombreux utilisateurs de l’analyse financière ont des motivations particulières et s’attachent donc
plus spécialement à certains aspects de l’analyse.
1) Analyse financière et gestionnaires : L’étude financière effectuée dans l’entreprise est appelée analyse financière
interne par opposition à l’analyse financière externe faite par les analystes extérieurs. Basée sur des informations
nombreuses, l’analyse interne couvre l’ensemble des objectifs dégagés ci-dessus.
2) Analyse financière et actionnaires : Les actionnaires sont intéressés par la rentabilité immédiate (dividende) mais
également par la perspective de gains futurs (bénéfice par action, plus-value en capital). Les actionnaires étudieront le
secteur d’activité de l’entreprise et la place qu’elle y occupe.
Le calcul du bénéfice sera complété par une étude de la politique des dividendes et une étude du risque, de façon à
orienter les choix vers les titres les plus intéressants.
3) Analyse financière et prêteurs : Si l’analyse s’est rapidement développée dans les banques lorsque celle-ci
voulaient s’assurer de la capacité de remboursement de leurs clients, elle a été aussi utilisée par les entreprises qui
consentent des prêts ou des avances à d’autres entreprises, ou qui vendent à crédit. L’analyse financière est différente
selon qu’il s’agit de prêts à court terme ou à long terme.
S’il s’agit de prêts à court terme, les prêteurs sont spécialement intéressés par la liquidité de l’entreprise, c’est-à-dire sa
capacité à faire face aux échéances court-terme.
S’il s’agit de prêts à long terme, au contraire, les prêteurs doivent alors s’assurer de la solvabilité et de la rentabilité de
l’entreprise. Le paiement des intérêts et le remboursement du principal en dépendent.
Les techniques d’analyse financière varient selon la nature et la durée du prêt. Mais que le prêt soit à court terme ou à
long terme, les créanciers s’intéresseront également à la structure financière qui traduit le degré de risque de
l’entreprise.
4) Analyse financière et salariés : par les salaires qu’ils perçoivent et, dans certains cas, par leur participation aux
fruits de l’expansion, les salariés sont intéressés à double titre aux résultats de l’entreprise. Afin d’apprécier la rentabilité
et la signification des informations publiées par l’entreprise, ils peuvent recourir aux services d’analystes financiers.
5) Analyse financière et Administration : L’Administration peut recourir à l’analyse financière soit pour juger de
l’opportunité et de la nécessité d’apporter des fonds dans une entreprise (subventions par exemple), soit pour s’assurer,
outre de l’acquittement régulier des diverses impositions, de la conformité de certaines opérations avec les textes en
vigueur (amortissements par exemple).
1.3 LES SOURCES D’INFORMATION
Elles diffèrent selon la nature des utilisateurs. Le gestionnaire d’entreprise possédera une gamme d’informations
beaucoup plus grande que l’analyste financier externe (par exemple il pourra approfondir l’analyse du point mort sur la
base des données issues de la comptabilité analytique et budgétaire, et il disposera d’éléments beaucoup plus complets
pour procéder à des prévisions).
L’analyste financier externe – dont nous adopterons la position disposera essentiellement des états financiers de
l’entreprise.
Quelle que soit l’optique adoptée, il reste cependant fondamental de situer l’analyse de ces états financiers dans le
contexte général de la situation de l’entreprise.
Cette situation, et son évolution, reposent sur deux types de facteurs :
_ Des facteurs externes qui regroupent :
_ Les données générales sur le plan économique, monétaire, fiscal…
_ Les données sur le secteur auquel appartient l’entreprise étudiée, types de produits, structures de production,
contraintes d’approvisionnements et de commercialisation…
_ Des facteurs internes : nature des produits, organisation de l’entreprise, processus technologique, structure juridique
et financière…
1.4 LES OUTILS ET METHODES DE L’ANALYSE FINANCIERE
Dans le cadre du plan comptable général 1982, les états financiers disponibles sont :
_ le compte de résultat,
_ Le bilan,
_ l’annexe.
Les entreprises appliquant le système développé produisent aussi :
_ Le tableau des soldes intermédiaires de gestion,
_ Le tableau de financement.
Une présentation détaillée de ce plan fait l’objet du chapitre I.
Les analyses sont généralement effectuées sur les trois dernières années, mais il peut être intéressant de disposer de
cinq années.
oLe compte de résultat et le tableau des soldes intermédiaires de gestion permettent d’analyser les
principaux indicateurs de l’activité de l’entreprise, de dégager les soldes et de calculer les agrégats représentatifs de
sa rentabilité : Présentation et analyse du compte de résultat et Capacité d’Autofinancement).
oL’analyse des bilans de l’entreprise permet :
oLa détermination de l’affectation des résultats, qui traduit la politique de distribution des dividendes.
ol’appréciation de l’équilibre financier de l’entreprise
La méthode statique
Cette méthode s’appuie principalement sur l’étude du bilan. Elle permet d’analyser la situation financière, la solvabilité
et, mais de manière incomplète, la rentabilité de l’entreprise. Elle permet également de mettre en évidence les
incidences de la structure financière sur la solvabilité et la rentabilité.
L’analyse statique forme le noyau "classique" de l’analyse financière.
La méthode comparative
Un ratio est un rapport entre deux postes ou groupes de postes du bilan et/ou du tableau des soldes caractéristiques
de gestion.
L’analyse par les ratios permet de mesurer la rentabilité globale de l’entreprise et d’identifier les sources de cette
rentabilité. Elle permet également de mesurer des caractéristiques de la firme aussi importantes que l’intensité
capitalistique, l’indépendance financière, la rotation des stocks, la productivité, etc…
Elle permet enfin de pratiquer des études comparatives soit dans le temps (quelle est l’évolution de la rentabilité ?
L’indépendance financière a-t-elle été préservée, détériorée, renforcée au cours des 3 années passées ? etc…) soit
par rapport aux entreprises du même secteur (le taux de productivité de la main d’oeuvre de l’entreprise est-il au
dessus ou en dessous de la valeur moyenne du secteur ? des principaux concurrents ? etc…).
L’analyse par les flux
L’analyse par les flux financiers, encore appelée analyse dynamique ou analyse différentielle, est souvent complexe
mais elle est extrêmement importante en ce sens qu’elle étudie les flux animant l’entreprise. Elle permet de retracer le
parcours financier d’une entreprise en s’attachant à l’équilibre entre les emplois et les ressources à long, à moyen et à
court terme. L’analyse par les flux peu ainsi amener à une compréhension historique des problèmes de trésorerie que
l’entreprise a rencontrés.
Elle permet également de s’assurer de la viabilité de telle ou telle stratégie financière. Cet aspect prévisionnel conduit à
l’établissement de plans de financement où sont identifiés les besoins de fonds de l’entreprise, ses ressources internes
dégagées par l’activité, les financements externes nécessaires, les risques de difficultés de trésorerie, voir
d’insolvabilité.
Les analyses différentielles connaissent actuellement un remarquable développement et constituent le centre d’intérêt
des recherches financières
QUELQUES CONSEILS PRATIQUES
L’énoncé de ces principes pourra paraître tenir de l’évidence, mais il permet d’éviter certains contresens graves.
a) Ce qu’il faut faire
oRaisonner, suivant la taille de l’entreprise, en milliers ou en millions d’UM de façon à ne garder pour
chaque donnée numérique que 3 ou 4 chiffres représentatifs.
oRaisonner en sommant les données comptables par grandes masses ou agrégats afin d’arriver
rapidement à une vue globale, quitte à rechercher ensuite la décomposition de certaines masses dont le montant
paraît curieux.
oRaisonner sur une période suffisamment longue, mais homogène. Nous supposerons dans ce
chapitre que nous ne disposons que de 3 bilans et 3 comptes de résultats, c’est-à-dire d’une information sur :
3 années d’exploitation avec les 3 comptes de résultats.
2 années de politique financière avec les 3 bilans permettant d’expliciter deux intervalles de
12 mois.
Il pourra se faire que l’entreprise étudiée traverse une période de 24 mois de croissance et de 12 mois de
récession ; dans ce cas l’analyse portera sur deux périodes, même si celles-ci sont de durée inégale.
oNe calculer des ratios ou des concepts financiers que dans le but de tester une idée et non pas en
espérant
qu’un tel calcul permettre à lui seul de découvrir un point important.
oEffectuer une analyse axée autour d’objectifs clairs tels que par exemple l’analyse de la croissance,
de la
rentabilité, de la structure financière, des besoins de financement, de la gestion courante, etc…
oS’obliger à conclure l’analyse sans utiliser trop de termes proprement financiers, mais en se servant
plutôt de
termes généraux. En voici quelques exemples :
Premier exemple : une entreprise n’a pas prévu la baisse de son chiffre d’affaires
causée par une
mévente. Les décisions draconiennes permettant seules d’abaisser le niveau du point mort n’ont pas pu
être prises à temps. Aussi l’entreprise connaît-elle des pertes, dont elle n’arrive pas à obtenir le
financement. Elle se retrouve donc en dépôt de bilan ou contrainte d’ouvrir son capital à un groupe plus
puissant ou à des financiers.
Deuxième exemple : une entreprise est en phase de maturité qui se caractérise
par une forte rentabilité.
Son exploitation dégage donc un excédent de trésorerie qui lui permet, soit d’autofinancer sa
diversification, soit de distribuer des dividendes à ses actionnaires.
b) Ce qu’il faut éviter
oEffectuer une suite de calculs sans construire une démarche préalable.
oSe borner à rédiger le résumé des calculs en décrivant les variations des ratios ou des concepts.
oS’attacher à une sophistication excessive des méthodes de redressements comptables, ce qui
constitue une
perte certaine de temps et risque en outre de mener à des données financières sans rapport avec la réalité.
oSuivre de trop près la présentation et la démarche de la comptabilité, ce qui prive d’une
indépendance de
jugement indispensable.
Ces quelques conseils pratiques étant communiqués, il convient d’aborder l’analyse financière proprement dite, à
partir des états financiers d’une entreprise au cours de trois exercices consécutifs.
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