La mise en œuvre de l’approche interactionnelle passe donc par la conception de tâches
ancrées dans la vie réelle dont les acteurs ne soient pas exclusivement des apprenants et
dont l’enjeu soit réel. Nous introduisons ainsi un nouveau type de tâche – proche de la
notion de projet tout en s’en démarquant clairement – qui, en milieu éducatif, a pour
l’instant largement été écarté par les spécialistes, ceux-ci définissant les types de tâche
en fonction de leur proximité avec la vie réelle tout en excluant celle-ci du domaine de
l’enseignement-apprentissage des langues.
Sur la base de recherches qui, ces dernières années, ont fait ressortir les atouts de la
participation d’apprenants de langues à des sites Internet participatifs, nous montrons
en quoi le web 2.0 représente un terrain propice à la mise en œuvre des tâches ancrées
dans la vie réelle et montrons, à travers nos résultats de recherche, l’impact positif de
ces tâches dans le cadre de la mise en œuvre d’une communication authentique qui ne
soit pas faussée par la présence – même invisible – de l’enseignant.
Sur cette base, nous présentons le principe de « didactique invisible » pour la conception
et la réalisation de sites Internet de type 2.0 visant à promouvoir l’utilisation et
l’apprentissage des langues dans une approche interactionnelle.
Nous discutons également les limites de l’approche interactionnelle et revenons sur
quatre éléments de didactique des langues que cette approche, mise en œuvre sur le
web 2.0, remet en question : l’opposition entre interaction en milieu naturel et en milieu
institutionnel, de même que la distinction entre milieux alloglotte et homoglotte, la
distinction entre apprenant et usager et finalement le rôle de l’enseignant.
La mise en œuvre de l’approche interactionnelle et, partant, la pleine prise en compte
des interactions sociales restent embryonnaires en didactique des langues même
lorsque celle-ci s’intéresse à l’utilisation de l’Internet social. Si l’on se déplace dans le
domaine de la didactique de l’intercompréhension, une des approches plurielles et un
domaine émergent de recherche et de pratique en didactique des langues, force est de
constater que les interactions sociales sont encore moins considérées. Sur la base d’une
discussion de tensions épistémologiques qui sous-tendent le monde de
l’intercompréhension, nous mettons en effet en lumière le fait que si les chercheurs
définissent majoritairement l’intercompréhension comme un mode de communication
(interactif), la priorité a été / est souvent donnée à la réception écrite et que les