Évaluation spécifique de la fonction thyroïdienne
Le dosage de la T4totale est un bon test de dépistage qui permet
d’établir le diagnostic d’hyperthyroïdie dans la majorité des cas.
Lorsque le résultat ne permet pas de conclure, l’ajout de la dé-
termination de la T4 libre et/ou de la TSH canine (thyréostimuline
canine) permet d’établir le diagnostic d’hyperthyroïdie féline.
Plusieurs méthodes permettent le dosage de la T4 libre. La
principale indication du dosage de la T4 libre par la méthode de
dialyse à l’équilibre (radio-immuno-assay) est la suspicion de la
présence d’anticorps anti-T4chez le chien qui s’observe chez en-
viron 1 – 2 % des chiens hypothyroïdiens. Pendant le processus
de dialyse, la T4 libre est séparée des protéines sériques et de la
T4 liée aux protéines puis mesurée dans le dialysat. Toutefois les
anticorps anti-T4 ne jouent aucun rôle dans l’hyperthyroïdie féline.
De ce fait, la détermination de la T4libre chez le chat s’effectue
le plus souvent par la technique d’ÉlectroChimiLuminescence
Immuno-Assay (ECLIA) moins onéreuse et nécessitant moins
de matériel. Selon une étude récente, les résultats obtenus par
la méthode ECLIA seraient même plus précis. Néanmoins la
prévalence des résultats faux-positifs chez les chats malades
euthyroïdiens n’a pas été déterminée. En général, quelle que soit
la méthode de détection, la sensibilité du dosage de la T4 libre
est plus élevée que celle de la T4totale, mais sa spécificité est
nettement moins bonne (augmentation du nombre de résul-
tats faux-positifs). De ce fait, ce paramètre ne doit jamais être
demandé isolément mais toujours interprété associé aux résultats
des autres analyses et aux symptômes cliniques présentés par
l’animal.
À l’heure actuelle il n’existe dans le commerce aucun test spéci-
fique au chat permettant de mesurer la TSH. Toutefois des études
montrent que le dosage de la TSH canine peut également appor-
ter certaines informations diagnostiques chez le chat.
La discussion qui suit, présente ces différents examens de labo-
ratoire en fonction du taux de T4 totale, déterminé préalablement
en tant que test de dépistage.
Diminution de la T4 totale
T4 totale
Orientation diagnostique
· Signalement de l’animal
· Anamnèse
· Examen clinique
· Résultats des examens
complémentaires (hématolo-
gie, biochimie, vitamine B12,
échographie abdominale)
· Le cas
échéant TSH
canine endo-
gène (cTSH)
· Le cas
échéant :
T4 libre
Hypothyroïdie iatrogène : Si la diminution de la T4totale fait
suite au traitement d’une hyperthyroïdie féline, par exemple une
radiothérapie à l’iode 131, il faut mettre en place un traitement de
substitution par de la thyroxine. Lors de traitement médical, il est
également important d’ajuster la posologie des produits utilisés.
Hypothyroïdie congénitale primaire : En présence d’un
signalement (chaton) et de symptômes cliniques typiques
(comme un nanisme dysharmonieux), il faut suspecter une
anomalie thyroïdienne congénitale. Les animaux atteints,
généralement asymptomatiques à la naissance, manifestent
rapidement, alors qu’ils sont encore chatons, des symptômes
cliniques singuliers liés à l’évolution de la maladie. Dans ce
cas, il faut s’attendre à une diminution de la T4 totale accom-
pagnée d’une élévation de la TSH. Il est conseillé de comparer
les résultats obtenus chez le chaton malade avec ceux des
autres chatons de la portée ne présentant aucun signe de ma-
ladie. En effet, aucun intervalle de référence n’a été établi pour
les valeurs de la TSH chez le chaton. De plus, les valeurs de
la T4 totale varient fortement chez le chaton en bonne santé.
L’hypothyroïdie secondaire spontanée reste extrêmement rare
chez le chat.
Syndrome euthyroïdien : Un grand nombre de maladies non
thyroïdiennes peuvent engendrer une diminution de la T4tota-
le. La raison de ce phénomène n’a pas été encore totalement
élucidée. Ces valeurs basses de la T4 pourraient résulter d’une
suppression par la TSH, d’une réduction de la synthèse hormo-
nale intrinsèque et d’une plus faible liaison aux protéines. Dans
ce cas, la détermination de la T4 libre permet éventuellement
d’évaluer la fonction thyroïdienne car la T4 libre s’abaisse plus
tardivement que la T4 totale au cours des maladies non thyroïdi-
ennes (syndrome euthyroïdien).
T4 totale normale en présence de symptômes cliniques
d’hyperthyroïdie
T4
totale
normale
Suspicion clinique d’hyperthyroïdie
· Mesurer à nouveau la T4 totale 3 – 6 semaines
plus tard ou
· Dosage de la T4 libre et/ou
· Dosage de la cTSH
· Test de freinage par la T3
(si les résultats ne sont pas concluants)
Hyperthyroïdie infra-clinique (occulte ou fruste) : Le terme
d’hyperthyroïdie infra-clinique s’applique aux patients qui présen-
tent des symptômes cliniques évocateurs d’une hyperthyroïdie
malgré des valeurs de T4totale comprises dans l’intervalle de réfé-
rence. Le taux de T4 totale connaît des fluctuations au cours de la
journée, et celles-ci se produisent également lors d’hyperthyroïdie
manifeste, amenant les valeurs de la T4 totale à revenir dans
l’intervalle de référence. De ce fait, en principe, si les symptômes
cliniques sont évocateurs, il faut envisager de renouveler le test.
Chez environ 10 % de l’ensemble des chats hyperthyroïdiens,
et près de 30 % des animaux atteints d’hyperthyroïdie légère ou
débutante, les valeurs de la T4 totale peuvent se trouver dans
l’intervalle de référence, sans que cela dépende des fluctuations
quotidiennes.
De plus, comme nous l’avons décrit précédemment, certaines
maladies concomitantes non thyroïdiennes peuvent également
abaisser les valeurs de la T4 totale et masquer l’hyperthyroïdie
présente. Si les signes cliniques sont compatibles avec une
hyperthyroïdie, il faut poursuivre les investigations cliniques.
La T4 libre est élevée chez près de 95 % des chats atteints
d’hyperthyroïdie infra-clinique (mesure plus sensible que celle de
la T4totale). L’hyperthyroïdie est donc probable si la T4libre