L’HYPERTHYROÏDIE DU CHAT Ce document est fourni par votre cabinet vétérinaire pour mieux vous aider à comprendre les problèmes de votre animal. QU’EST-CE QUE C’EST ? La thyroïde est une glande située dans le cou de nombreuses espèces animales. Elle est formée de deux parties (lobes) situés de part et d’autre de la trachée. Elle produit de la thyroxine, une substance qui est ensuite délivrée par le sang à toutes les cellules et dont la principale fonction est de contrôler l’activité des cellules. Pour cette raison, s’il y a trop de thyroxine dans le sang, les cellules travaillent trop vite. On parle alors d’hyperthyroïdie qui est rare chez le chien, mais une maladie commune chez les chats de plus de 8 ans. QUELLES EN SONT LES CAUSES ? 80% des chats hyperthyroïdiens souffrent d’une anomalie touchant les deux lobes de la thyroïde appelée hyperplasie adénomateuse. Dans 15% des cas, l’hyperthyroïdie est due à une tumeur non cancéreuse (adénome) située sur un lobe de la thyroïde, qui produit une quantité excessive d’hormone thyroïdienne. Dans environ 3% des cas, la thyroïde du chat est atteinte par une tumeur maligne (adénocarcinome). QUELS EN SONT LES SYMPTOMES ? Quelle que soit la cause de l’hyperthyroïdie, le résultat est le même : l’organisme est saturé en thyroxine et devient progressivement hyperactif. Les symptômes dépendent des individus, mais voici les plus fréquents : - Perte de poids Augmentation de l’appétit (polyphagie) Perte de poils ou mauvais état du pelage (poil piqué) Augmentation de la prise de boisson (polydipsie) Augmentation de la quantité d’urines émises (polyurie) Augmentation de l’activité : hyperactivité, nervosité… Certains de ces chats souffrent également d’un changement de comportement, et peuvent devenir irritables, agressifs ou imprévisibles. Plus rarement, ces symptômes sont accompagnés de vomissements et de diarrhée, ou bien de constipation. Encore plus rarement, les chats atteints ont des difficultés à respirer, sont essoufflés, perdent l’appétit ou montrent des signes de faiblesse musculaire. Ils manifestent parfois des bouffées de chaleur (halètement, recherche d’endroits frais). QUELS SONT LES EXAMENS NECESSAIRES ? En général, le diagnostic de l’hyperthyroïdie est assez simple. En effet, cette maladie est due à un excès permanent de thyroxine dans le sang. Il suffit donc de mesurer le taux de thyroxine dans le sang (T4). Toutefois, le taux sanguin de 3 thyroxine de certains chats hyperthyroïdiens peut être normal au moment de la prise de sang. Dans ce cas, il faut recommencer le prélèvement quelques jours à semaines plus tard. D’autres analyses complémentaires existent, tels que le « test de la thyroxine libre », l’échographie ou le scanner de la thyroïde. L’hyperthyroïdie fatigue l’organisme des chats atteints. C’est pourquoi votre vétérinaire peut vous recommander les analyses suivantes : - - Numération-formule sanguine, pour évaluer le nombre et la qualité des globules rouges et blancs Analyses biochimiques sanguines et analyse d’urine, ainsi éventuellement qu’une échographie abdominale, qui permettent d’évaluer le fonctionnement des organes vitaux Radiographies du thorax, pour évaluer la taille du cœur car l’insuffisance cardiaque étant une complication possible de l’hyperthyroïdie. QUELS SONT LES TRAITEMENTS ? TOUT D’ABORD, UN TRAITEMENT EST-IL NECESSAIRE ? L’état de santé des chats hyperthyroïdiens s’aggrave en général en l’absence de traitement. Ces chats maigrissent, s’affaiblissent, et de nombreuses complications peuvent 4 survenir. C’est pourquoi, dès lors qu’un chat a des symptômes d’hyperthyroïdie, il vaut mieux mettre en place un traitement. Il existe trois traitements de l’hyperthyroïdie féline. Ces traitements sont tous efficaces, et ont tous leurs avantages et leurs inconvénients. Ils permettent aux chats de retrouver un bon état de santé, et parfois, de guérir complètement de la maladie. Il faut donc déterminer en accord avec votre vétérinaire, la meilleure option thérapeutique à mettre en œuvre. Il faut néanmoins prêter attention à un effet secondaire du traitement : la guérison de l’hyperthyroïdie peut être suivie d’une réduction du flux sanguin arrivant aux reins, et au développement d’une insuffisance rénale qui peut être plus dangereuse que l’hyperthyroïdie. TRAITEMENT AU METHIMAZOLE Le méthimazole est un médicament sous forme de comprimés, qui bloque la production d’hormone thyroïdienne. Les symptômes de l’hyperthyroïdie réapparaissent dès l’arrêt du traitement : c’est pourquoi, le traitement peut être interrompu si des troubles rénaux se manifestent. Il est également possible, si une insuffisance rénale se développe, de baisser les doses jusqu’à trouver le bon équilibre : pas de symptômes de l’hyperthyroïdie ni d’insuffisance rénale. En raison de la toxicité de ce médicament, on recommande généralement de commencer à une très faible dose, qui n’est 5 pas suffisamment efficace, puis d’augmenter progressivement les doses jusqu’à atteindre l’effet escompté. En effet, le méthimazole peut causer des pertes d’appétit ou des vomissements, des dommages hépatiques ou des diminutions du taux de globules blancs, de globules rouges ou de plaquettes. Enfin, le traitement peut être à l’origine de démangeaisons intenses au niveau de la face. Ces effets secondaires sont rares mais alarmants. S’il n’est pas possible d’administrer des comprimés à votre chat, vous pouvez demander à votre pharmacien de reconditionner le médicament sous la forme d’une crème, à appliquer dans le creux de l’oreille. Demandez conseil à votre vétérinaire et n’oubliez pas de porter des gants. TRAITEMENT CHIRURGICAL Le traitement chirurgical de l’hyperthyroïdie consiste à retirer les lobes thyroïdiens anormaux. C’est un geste qui ne nécessite aucun traitement particulier, et peut régler le problème définitivement. Par contre, la chirurgie nécessite une anesthésie générale qui peut être trop dangereuse si le chat est en mauvais état. RADIOTHERAPIE La troisième option est d’utiliser de l’iode radioactive. L’iode est un composant primordial de la thyroxine. Du coup, l’iode radioactive est captée par les cellules thyroïdiennes, mais au lieu de fabriquer de la thyroxine, l’iode détruit la thyroïde et résout l’hyperthyroïdie de manière définitive. C’est un moyen 6 thérapeutique très efficace, rapide, sans anesthésie ni pilules… mais les structures habilitées à le faire sont rares (essentiellement : Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort à Paris) et les animaux doivent rester hospitalisés 2 semaines environ. CONCLUSION En résumé, l’hyperthyroïdie est une maladie grave, relativement fréquente du chat âgé et due à une augmentation de l’activité de la thyroïde. Ses complications peuvent être graves, mais il est généralement possible de mettre en œuvre un traitement efficace. Traduit et adapté d’après Edward C. Feldman, in Ettinger’s Veterinary Textbook of Internal Medicine, 6th Ed. 7 ESTIMATION DU MONTANT DES SOINS : PLAN THERAPEUTIQUE POUR VOTRE ANIMAL : PROCHAIN CONTROLE LE : 8