les conditions matérielles du bien-être." Ici il s’agit d’une science (positive) de
l’homme, plus précisément de l’action humaine; mais seule une tranche de cette
action est considérée (celle qui a la vie économique pour but et non seulement
comme moyen), ce qui peut amener à des contradictions graves : un restaurateur
achète de quoi nourrir ses clients pour gagner de l’argent : cela tombe dans la dé-
finition de Marshall; l’intendant du couvent voisin achète les mêmes denrées pour
nourrir ses moines qui ne pensent qu’à la prière : ce n’est pas une action écono-
mique!?
Le français Léon WALRAS relie la notion de prix de marché et celle de ri-
chesse : "L’économie politique pure est essentiellement la théorie de la détermi-
nation des prix sous un régime hypothétique de libre concurrence absolue. L’en-
semble de toutes les choses, matérielles ou immatérielles, qui sont susceptibles
d’avoir un prix parce qu’elles sont rares, c’est-à-dire à la fois utiles et limitées en
quantité, forme la richesse sociale. C’est pourquoi l’économie politique pure est
aussi la théorie de la richesse sociale."
Lionel ROBBINS, économiste britannique, a donné en 1932 la définition sui-
vante qui est la plus célèbre : "L’économie est la science qui étudie le comporte-
ment humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usages alter-
natifs." C’est la science des choix. Cette définition est à la fois :
– trop générale, car tout comportement humain est choix; ce qu’il définit est
une science de l’action humaine, ce qu’un économiste autrichien, Ludwig
VON MISES, a nommé "praxéologie"; selon lui, la praxéologie est une dis-
cipline générale dont l’économie n’est qu’un aspect.
– et restrictive, en ce qu’elle n’évoque pas les conséquences sociales des choix
humains : elle semble définir l’économie comme une discipline seulement
individuelle; elle ne serait plus alors une économie politique.
2 Les grandes questions
Les économistes cherchent en premier lieu à comprendre comment les sociétés
humaines font face à ces quatre grands problèmes :
La rareté Le comportement économique est essentiellement un comportement
vis-à-vis de la rareté; en l’absence de rareté, ce dont nous avons besoin ou
que que nous désirons serait disponible sans restriction; il n’y aurait pas be-
soin de le produire, ni de l’économiser. Il existe des biens très utiles, qui
sont disponibles en abondance, comme par exemple l’air. De tels biens ne
donnent pas lieu à comportement économique, et ne sont pas échangés, n’ont
pas de prix : ce sont les biens libres. Les autres, qu’il faut produire (les biens
les plus courants), ou extraire (produits de base comme le minerai de fer ou
simplement l’eau), sont les biens économiques; l’économie ne s’interesse
qu’à ceux-là. La rareté est bien la condition fondamentale de notre existence,
même si on a pu parler de "société d’abondance" (GALBRAITH : The affluent
society) : cette expression signifie simplement que certaines sociétés ont re-
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