Introduction aux espaces métriques.
1 Préambule
Qu’est-ce-qu’un espace métrique ?
Un espace métrique est un ensemble muni d’une notion de distance
entre ses points. Par exemple l’ensemble Rdes nombres réels avec sa
distance naturelle : |xy|.
Quel est l’objectif de l’étude de ces espaces ?
La distance permet de définir la notion de convergence pour les suites
(et les séries) et la notion de continuité pour les fonctions.
Ce cours concerne donc essentiellement l’étude des fonctions conti-
nues tout comme le cours de calcul différentiel s’occupe des fonctions
différentiables et le cours d’intégration des fonctions plus irrégulières.
Quels sont les prérequis ?
Il est conseillé de réviser le cours d’analyse du L1 et du L2 car les
techniques classiques qui y sont enseignées (convergence simple et uni-
forme des suites et des séries de fonctions, intégration et dérivation des
fonctions classiques, etc...) vont servir de base à ce cours, en particulier
pour les exemples. La notion d’ensemble dénombrable doit également
être connue. Un polycopié de ces prérequis est disponible sur mon site :
http ://www.lmpt.univ-tours.fr/gallardo
Ces prérequis sont destinés aux étudiants du L3 en vue d’une lecture
personnelle.
Plan de ce chapitre
1) Préambule
2) Vocabulaire de la théorie des ensembles
3) Applications et fonctions
4) L’ensemble Rdes réels
5) Les nombres complexes
6) Rdet la notion de distance.
Notes du cours de L3 de M. L. Gallardo, Université de Tours. Cette introduction
n’a pas été présentée dans le cours en amphi en 2009-2010. Elle contient des rappels
très élémentaires auxquels l’étudiant pourra se reporter si nécessaire .
1
2 Vocabulaire de la théorie des ensembles
2.1 Ensembles et sous-ensembles
Soit Eun ensemble quelconque composé d’éléments
Appartenance : Si xest élément de E, on note xE.
Sous-ensemble, inclusion : Tout ensemble Acomposé d’éléments de
Eest un sous-ensemble (ou partie) de E. On dit que Aest inclus dans
Eet on note AE.
Ensemble vide : C’est l’ensemble qui ne contient aucun élément, il
est noté .
Détermination d’un sous-ensemble : En général un sous-ensemble
Ade Eest déterminé par une propriété Psatisfaite par certains élé-
ments de E, on écrit
A={xE;xsatisfait P}.
Exemple : Si E=R3,
A=(x1, x2, x3)R3;x2
1+x2
2+x2
3= 1
est la sphère de centre l’origine et de rayon 1.
Ensemble des parties d’un ensemble : L’ensemble de tous les sous-
ensembles de Eest un ensemble noté P(E). Il contient en particulier
et Ecomme éléments.
2.2 Opérations sur P(E)
Soit Iun ensemble d’indices et (Ai)iIune famille de parties de E.
Réunion des Ai: C’est l’ensemble
[
iI
Ai={xE;iI, x Ai}.
(La phrase "iI, x Ai" se lit : « il existe idans Itel que xAi»).
Intersection des Ai: C’est l’ensemble
\
iI
Ai={xE;iI, x Ai}.
Cas particuliers :
si I={1,2, . . . , N}(N1entier fixé), on a la réunion (resp. l’in-
tersection) de Nsous-ensembles de E.
si I=N, on a une réunion (resp. intersection) dénombrable des Ai.
On notera que l’ensemble des indices Ipeut être quelconque, la
réunion (resp. intersection) des Ai,iIest toujours possible. Par
exemple si E=R,I= [0,1] et Ai= [0, i], on a (exercice facile) :
[
iI
Ai= [0,1] et \
iI
Ai={0}.
2
Complémentaire : Si AE, le complémentaire de A(dans E) est
l’ensemble Ac(noté aussi ¯
A) défini par
Ac={xE, x /A}.
Propriétés conjointes des opérations : Soit AEet (Ai)iIune
famille de parties de E. On a
A [
iI
Ai!=[
iI
(AAi)
\
iI
Ai!c
=[
iI
Ac
i
[
iI
Ai!c
=\
iI
Ac
i.
3 Applications, fonctions (Rappels)
Soient E1et E2des ensembles. Une application f:E1E2est
une opération qui à chaque élément xE1fait correspondre un élément
unique f(x)E2. Si les Ei(i= 1,2) sont des espaces numériques Rd
ou Con parle plutôt de fonction que d’application.
Image inverse : Pour tout yE2, l’image inverse de ypar fest le
sous-ensemble de E1:
f1(y) = {xE1;f(x) = y}.
surjectivité :fest surjective si
yE2, f1(y)6=.
injectivité :fest injective si
x, y E1, x 6=yf(x)6=f(y).
ou ce qui est équivalent
x, y E1et f(x) = f(y)x=y.
bijectivité :fest bijective si fest à la fois surjective et injective.
Ensemble dénombrable : Un ensemble Eest dénombrable s’il
existe une application bijective de Esur l’ensemble Ndes entiers natu-
rels (voir le poly de prérequis). Par exemple :
Z,Qet plus généralement Zdet Qd(dentier 1) sont dénombrables.
Tout produit cartésien fini d’ensembles dénombrables est dénom-
brable.
Toute réunion finie ou dénombrable d’ensembles dénombrables est
dénombrable.
[0,1],R,C,Rd,Cdne sont pas des ensembles dénombrables.
3
4 L’ensemble Rdes nombres réels
4.1 Quelques rappels importants
On suppose connues les principales propriétés algébriques de R
(structure de corps avec les deux opérations +et ×) ainsi que ses sous-
ensembles remarquables N(des entiers naturels), Z(des entiers relatifs)
et Q(des nombres rationnels). Les rappels qui suivent sont bien connus
mais il est indispensable d’en avoir une idée très claire et précise :
Relation d’ordre : Pour x, y R,xyéquivaut à 0yxet on
dit que ymajore xou encore que xminore y.
Majorant : un sous-ensemble Ade Rest majoré (resp. minoré s’il
existe un nombre MR(resp. mR) tel que
xA, x M(resp. xA, m x).
Propriété de la borne supérieure : Toute partie Amajorée admet
une borne supérieure c’est à dire un majorant M(noté M= sup A) tel
que
 > 0,xA, M xM.
(c’est la propriété caractéristique de la borne sup).
De même toute partie minorée admet une borne inférieure dont on laisse
le soin au lecteur d’expliciter la propriété caractéristique.
Valeur absolue : La valeur absolue de tout xRest définie par
|x|=xsi x0
xsi x0.
4.2 Distance et valeur absolue
La distance usuelle d(x, y)entre les réels xet yest définie par
d(x, y) = |xy|
Propriétés de la distance : pour tous x, y, z R, on a
1) d(x, y) = 0 x=y.
2) d(x, y) = d(y, x)(symétrie).
3) d(x, y)d(x, z) + d(z, y)(inégalité triangulaire).
Exercice : démontrer la propriété 3) (indication : examiner les posi-
tions relatives des points x,y,zet procéder par examen des cas).
Utilité de la distance : Elle sert à définir la convergence des suites
et des séries
Rappel : Une suite de réels (xn)converge vers une limite xRsi
d(xn, x)0quand n+. Précisément :
 > 0,NN, n N⇒ |xnx| ≤ .
4
4.3 Approximations décimales d’un réel
Soit xR. Il existe un entier relatif NZtel que Nx<N+ 1.
Cet entier Nest la partie entière de xet on a donc x=N+a, où
a[0,1[ est la partie fractionnaire de x.
Le nombre aadmet un développement décimal
a= 0, d1d2. . . dk. . .
dk∈ {0,1,...,9}est la k-ième décimale de a. Précisément cela
signifie que
a=
+
X
k=1
dk
10k(série convergente)
Exemple :2 = 1,4142136 . . . Ici N= 1,a= 0,4142136 . . . (d1= 4,
d2= 1,d3= 4, etc . . .)
On peut utiliser une autre base. Par exemple la base 2. Dans ce cas
a= 0, a1a2. . . an. . . =
+
X
k=1
ak
2k(série convergente)
où où ak∈ {0,1}est la k-ième décimale binaire de a.
n-ième approximation décimale : Le nombre
Dn= 0, d1d2. . . dn=
n
X
k=1
dk
10k
est la n-ième approximation décimale de aet vérifie pour tout n1:
|Dna| ≤ 1
10n
(et en particulier Dnasi n+).
Unicité de la représentation décimale : Les nombres décimaux
(i.e. ceux de la forme Pa
finie
dk
10k) ont deux représentations décimale ;
l’une se terminant par des 9, l’autre par des 0. Par exemple
1
2= 0,50000 ···
mais aussi 1
2= 0,49999 ···
Tous les autres nombres admettent une représentation unique. Donc si
par convention on interdit les représentations se terminant par des 9,
la représentation décimale d’un nombre a[0,1[ est unique.
Exercice : Utiliser la représentation décimale d’un nombre réel pour
montrer que l’intervalle [0,1[ n’est pas dénombrable. En déduire que R
et Cne sont pas dénombrables (voir le poly de Prérequis).
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