AU-DELA DE LA TRAVERSE SECTORIELLE DE HICKS

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AU-DELA DE LA TRAVERSE SECTORIELLE DE HICKS:
CROISSANCE INSOUTENABLE ET FLEXIBILITE DU SYSTEME PRODUCTIF
MARC LAVOIE
Professeur titulaire
Mars 1998
Département de Science économique,
Université d'Ottawa,
200 rue Wilbrod
Ottawa, (Ontario)
CANADA K1N 6N5.
Télécopieur: (613) 562 5999
Courrier électronique: [email protected]
Pour l'ouvrage sur Hicks, Presses de l'Université de Montréal, collection "Politique et économie".
Au-delà de la traverse sectorielle de Hicks:
croissance insoutenable et flexibilité du système productif
1. Introduction
Bien qu'un grand nombre des contributions de John Hicks aient été reprises et incorporées dans le
courant dominant et les manuels, on ne peut en dire autant de l'analyse de la traverse, présentée tout
d'abord par Hicks dans le chapitre 16 de son livre Capital and Growth (1965a). Comme le dit Hicks
(1976f, 144; 1990a, 100), l'analyse de la traverse a pour objectif de placer l'économique dans le temps,
autrement dit de se situer dans le temps historique plutôt que le temps logique, ainsi que le réclamait
aussi Joan Robinson. La plupart des économistes, encore aujourd'hui, étudient les propriétés de leurs
modèles en comparant des états d'équilibre stationnaires ou semi-stationnaires. De son côté, Hicks
trouvait plus pertinent d'étudier le passage d'un état d'équilibre à un autre, tout en vérifiant si un tel
passage était possible. Comme il le dit si bien, *y-a-t-il un sentier possible C un sentier tolérable C d'un
équilibre à l'autre?+ (Hicks 1965a, 144). Pour Hicks, les économies se trouvent normalement en état de
transition, le long d'un chemin de traverse, et non à l'équilibre. Pour faire des recommandations de
politiques économiques, il est particulièrement important de se situer dans le cadre d'une analyse de
traverse.
*Quand on aborde les questions de politique économique, en regardant vers le futur et non le
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passé, l'utilisation de la méthode de l'équilibre devient encore plus suspecte.... On peut bien
espérer, après un changement de politique, que l'économie finira, éventuellement, et d'une
manière ou d'une autre, par s'installer dans une position d'équilibre; mais il doit
nécessairement y avoir une étape avant que cet équilibre puisse être atteint. Il doit toujours y
avoir un problème de traverse. Pour l'étude de la traverse, on doit avoir recours à une forme
d'analyse séquentielle.+ (Hicks 1980a, 153)
Il est intéressant de noter qu'un autre grand économiste britannique, Joan Robinson, endosse précisément
la même approche. Suite à un changement dans les conditions économiques, *pour estimer le temps qu'il
faudra à l'économie pour trouver un nouvel équilibre (s'il en existe un), et trouver le cheminement vers ce
point, il nous faut décrire toute l'histoire du comportement de l'économie quand elle n'est plus à
l'équilibre ...+ (Robinson 1985, 21). Mais les similarités entre Robinson et les économistes cambridgiens,
d'une part, et le Capital and Growth de Hicks, d'autre part, ne s'arrêtent pas là, ainsi que nous le verrons
plus loin.
Comme chacun le sait, Hicks est rapidement devenu insatisfait de sa nouvelle analyse dans le temps de
1965. Il pense que la méthode utilisée, à partir des modèles de type input-output, est inadéquate. Dans
son livre, Le temps et le capital (1975xx), publié en 1973, il adopte plutôt le cadre de secteurs
verticalement intégrés dont l'activité se déroule sur plusieurs périodes, mettant ainsi de l'avant une théorie
autrichienne de la traverse. Hicks (1975xx, 13) reconnaît toutefois qu'il serait *en définitive imprudent de
s'avancer dans une voie ou une autre+, chaque approche, sectorielle et horizontale, ou temporelle et
verticale, ayant chacune ses avantages et ses inconvénients. D'ailleurs, quand Hicks (1985a) revient
ultérieurement sur les questions de dynamique économique, il se contente de présenter la traverse
sectorielle horizontale. Mais quelle que soit la façon dont on doit aborder la question de la traverse,
Hicks (1990a, 100) reste convaincu, même à la fin de sa vie, que cette question est d'une importance
primordiale tandis que la comparaison des sentiers de croissance à taux constants est de peu d'intérêt.
Bien que la notion de traverse de Hicks ait surtout donné lieu, récemment, à des travaux portant sur la
traverse autrichienne, je me pencherai ici sur les implications de la traverse sectorielle de Hicks, celle du
chapitre Traverse du livre Capital and Growth de 1965. Je rappellerai brièvement les caractéristiques de
cette traverse sectorielle, telle qu'établie par Hicks, puis je discuterai de certaines de ses implications.
Finalement, je discuterai des possibilités de modifier la traverse hicksienne de type sectorielle, en faisant
appel à la variabilité des taux d'utilisation de la capacité productive.
La traverse sectorielle de Hicks
Pour ceux qui ont étudié les modèles de croissance post-keynésiens des années cinquante et la théorie des
prix de Sraffa, le modèle de la traverse sectorielle de Capital and Growth a un attrait particulier. Hicks y
présente un modèle bisectoriel tout à fait identique à celui utilisé par les économistes de Cambridge pour
critiquer la théorie néoclassique (agrégée) du capital. D'abord, contrairement à ce que Hicks postulait
dans ses écrits antérieurs, Hicks suppose maintenant que les facteurs de production sont
complémentaires. Les coefficients de production sont fixes, tout comme le prônent Robinson et Nicholas
Kaldor. Deuxièmement, le modèle de Hicks comprend deux secteurs: il y a l'industrie productrice de
biens de consommation C les biens non-fondamentaux C et l'industrie productrice de biens
d'investissement C lesquels constituent le bien fondamental selon les définitions de Sraffa. Le bien
d'investissement constitue un bien de capital fixe qui est commun aux deux secteurs de production. Ainsi,
le modèle de Hicks, développé dans cinq des chapitres de Capital and Growth, est le même que celui
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déjà utilisé en 1956 par Joan Robinson dans son Accumulation du capital (1972), et déjà formalisé par
Findlay (1963). Comme il le dira ultérieurement, Hicks veut comprendre les modèles de croissance de
Kaldor et Robinson (Hicks 1976f, 143), et pour ce faire il s'engage dans la construction d'un modèle qui
est formellement tout à fait similaire au modèle sraffien (Hicks 1990a, 100). V la différence de Sraffa
cependant, Hicks veut considérer la croissance de façon explicite, et surtout il tient à définir sous quelles
conditions le passage d'un taux de croissance à un autre sera possible.
Le problème que se pose Hicks est le suivant. Prenons une économie croissant à un taux constant,
correspondant au taux de croissance de la main d'oeuvre, avec plein emploi des capacités productives et
plein emploi de la main d'oeuvre, les machines constituant les stocks de capital fixe et cette main
d'oeuvre étant réparties de façon adéquate entre les deux secteurs producteurs de biens de consommation
et de biens d'investissement. L'économie en question se trouve donc sur un sentier de croissance
permanent. Elle est dans une situation dite parfaitement ajustée. Supposons maintenant que le taux de
croissance de cette main d'oeuvre soit modifié de façon tout à fait inattendue, à la hausse ou à la baisse.
L'économie va maintenant faire face à deux problèmes.
Le premier problème est celui associé au problème de Harrod, et à son taux de croissance garanti. C'est le
problème keynésien de la demande effective ou, en termes marxistes, celui de la réalisation du profit. Il
faut que la répartition du revenu et que le rapport capital/output soient tels que la propension à épargner
agrégée de l'économie égale la part de l'investissement dans le revenu national. C'est le problème sur
lequel se sont penchés traditionnellement les économistes keynésiens et post-keynésiens. Mais est-ce là
le seul problème d'ajustement? Selon Hicks (1965a, 185), *il existe une école d'économistes (dont la voix
a pratiquement été enterrée par la fanfare de l'orchestre keynésien) qui a toujours maintenu qu'il faut
surmonter une difficulté additionnelle+.
Cette difficulté supplémentaire, c'est le réaménagement de la structure productive, c'est-à-dire la
réadaptation du stock de capital et des stocks de main d'oeuvre aux nouvelles conditions de croissance.
Sous quelles conditions sera-t-il possible de réaménager la structure productive afin que la nouvelle
structure corresponde aux exigences du nouveau sentier de croissance permanent? C'est essentiellement
le problème de la traverse, tel qu'évoqué par le jeune Kaldor et les économistes de l'école autrichienne, et
tel qu'il sera analysé en grand détail par un critique de l'école autrichienne, Adolph Lowe, dans son livre
The Path of Economic Growth (1976). Il est possible à nouveau de tracer un parallèle avec Robinson
(1985, 21). Lorsque celle-ci se réfère au temps historique, elle aborde, elle aussi le problème de
*l'adaptation de la structure de la production+, ce qui fait dire à sa traductrice que *l'un des thèmes
récurrents de la réflexion de Joan Robinson consiste à souligner que, dans le cadre de la courte période,
la composition physique du stock de capital est une donnée+ (1985, xii). On peut aussi associer le
problème de la traverse au problème marxiste de la proportionnalité historique, c'est-à-dire les disparités
entre la composition sectorielle des capacités productives issues du passé et les exigences de l'état présent
de l'économie (Bhaduri 1985).
Hicks se pose néanmoins un problème particulier de traverse, celui dit de la traverse néoclassique, qui se
donne pour contrainte le maintien continu de la pleine utilisation de la capacité et le plein emploi de la
main d'oeuvre lors de la transition d'un état permanent à un autre. Hicks postule aussi que la technologie
existante n'est constituée que d'une seule technique. Cette hypothèse est importante parce qu'elle va
permettre de dégager une relation de récursivité. Dans le schéma néoclassique, et même dans le schéma
sraffien, les modifications de prix, notamment les modifications du taux de profit, vont induire des
changements dans la technique utilisée, ce qui pourrait faciliter la traverse (mais en compliquer l'analyse
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mathématique). Avec une seule technique, cependant, les changements de prix n'ont d'effets que sur la
demande effective. L'introduction des anticipations de prix ne peut d'aucune façon modifier les
contraintes de plein emploi des ressources à laquelle fait face l'économie en situation de traverse dans un
tel cadre technologique.
Comme l'a relevé Joseph Halevi (1985), les résultats auxquels parvient Hicks peuvent s'expliquer de
façon intuitive en faisant appel à la simple définition du taux de croissance g. Par définition, on a:
g = I/M = (I/Mi)(Mi/M) = µ i/ai
Puisqu'il s'agit d'une simple définition, la relation est valable autant en situation de croissance équilibrée
qu'en situation de transition. La variable M représente le stock de capital du système productif C le stock
de machines disponibles. La variable I représente le flux de production de biens d'investissement (les
nouvelles machines produites, qui vont s'ajouter au stock existant de machines). Le ratio ai = Mi/I
représente le rapport capital/output dans le secteur de production des biens d'investissement. Il nous
indique le nombre de machines requis dans ce secteur pour produire une nouvelle machine. L'autre ratio,
µ i = Mi/M, représente le nombre de machines se trouvant dans le secteurs producteur de biens
d'investissement par rapport au nombre total de machines dans l'économie. Ces deux ratios sont exprimés
en quantités C en termes réels C puisque les prix n'entrent aucunement dans la composition de ces deux
ratios (ce que reflète l'utilisation du symbole M, pour machine, plutôt que K, puisque le terme capital a
une signification plus ambiguë).
Pour une technique donnée, le taux d'accumulation est donc une fonction directe de la proportion du
stock de machines localisées dans l'industrie productrice de biens d'investissement. Tant que les
coefficients techniques sont fixes, à un taux d'accumulation plus élevé doit nécessairement correspondre
une proportion plus grande de machines dans l'industrie productrice de biens d'investissement. Comme le
disait déjà Robinson (1972, 160), *pour atteindre le nouvel âge d'or correspondant à un taux de
croissance plus rapide, il faut un accroissement de la proportion de la capacité de production située dans
le secteur des biens d'équipement+. Il est également facile de montrer qu'à un taux d'accumulation plus
élevé doit nécessairement correspondre une proportion plus grande de travailleurs dans l'industrie
productrice de biens d'investissement (Lavoie 1997).
Les exigences ci-dessus proviennent des contraintes exercées par l'offre de biens d'investissement que le
système productif peut fournir. Ces exigences sont-elles compatibles avec la préservation du plein emploi
des ressources matérielles et humaines? Prenons pour exemple les cas 2 et 3 analysés par Hicks (1965a,
188-189). Supposons que le taux de croissance de la main d'oeuvre est maintenant plus élevé
qu'auparavant. Ceci signifie que la main d'oeuvre est plus abondante, relativement aux stocks existant de
machines. Pour préserver le plein emploi des hommes et des machines, l'économie se doit de réorienter
une partie de ses activités productrices vers le secteur qui est le plus intensif en main d'oeuvre. Dans le
cas 2 de Hicks, c'est le secteur des biens d'investissement qui est le plus intensif en main d'oeuvre,
autrement dit, c'est le secteur dont la production est la moins mécanisée. Ceci signifie que le nombre de
machines par travailleur est plus faible dans le secteur des biens d'investissement que dans le secteur des
biens de consommation (Mi/Li < Mc/Lc). La préservation du plein emploi mènera donc à une
augmentation de la proportion de machines et de travailleurs opérant dans le secteur producteur de biens
d'investissement. Ces changements vont engendrer des conditions qui vont permettre l'accélération du
taux d'accumulation du capital (le ratio µ i de l'équation (1) est en hausse), jusqu'à ce que, ultimement, le
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taux de croissance des machines parvienne à égaler le taux de croissance de la main d'oeuvre. Dans ce
cas, la traverse est possible.
Par contre, dans le cas 3 de Hicks, c'est le secteur des biens de consommation qui est le plus intensif en
main d'oeuvre, autrement dit, c'est le secteur dont la production est la moins mécanisée. Ceci signifie que
le nombre de machines par travailleur est plus faible dans le secteur des biens de consommation que dans
le secteur des biens de d'investissement (Mi/Li > Mc/Lc). Pour répondre à la surabondance relative des
travailleurs, l'économie se doit de réorienter ses activités vers le secteur des biens de consommation, en
augmentant la part des machines et des travailleurs opérant dans le secteur des biens de consommation.
Ces changements ne peuvent mener qu'à une réduction du taux d'accumulation du capital (le ratio µ i de
l'équation (1) est à la baisse), et donc à un accroissement de l'écart entre le taux de croissance de la main
d'oeuvre et le taux de croissance des machines. L'économie s'éloigne de plus en plus du régime de
croissance permanent. La traverse est impossible. Le redéploiement de la main d'oeuvre et des machines
vers l'industrie productrice de biens de consommation, qui avait été rendu nécessaire pour préserver le
plein emploi des travailleurs, ne peut que mener à une baisse du taux d'accumulation, et donc ne peut en
aucun cas ramener l'économie vers le nouveau taux, plus élevé, de croissance de la main d'oeuvre.
Dans son analyse de la traverse, Hicks postule généralement que la propension à épargner s'ajuste selon
les nécessités de la demande effective, mettant ainsi de côté les complications évoquées par Harrod. Les
difficultés associées au cas 3 de Hicks ne sont donc pas liées à un problème de demande effective. Il n'en
reste pas moins que quand le secteur des biens d'investissement est plus mécanisé que le secteur des
biens de production, la traverse d'un sentier équilibré à un autre est impossible. Le réaménagement de la
structure productive requis par le plein emploi des travailleurs et la pleine utilisation des capacités
productives vient en contradiction avec le réaménagement requis par l'évolution du taux d'accumulation
du capital.
Les traverses hicksiennes
L'analyse traditionnelle de la traverse sectorielle hicksienne découle généralement d'une analyse de la
stabilité dynamique. À quelques exceptions près, ces contributions omettent toute représentation
graphique et prennent surtout une allure mathématique, qui procède habituellement en trois étapes.
Premièrement, à partir des valeurs tirées d'un régime de croissance permanent, on détermine une valeur
maximale réalisable du taux de croissance, obtenue en supposant que la consommation est nulle.
Deuxièmement, on dérive une équation différentielle qui est fonction du taux de mécanisation agrégé
(K/L). Troisièmement, l'examen de cette équation différentielle révèle que la valeur d'équilibre de ce taux
de mécanisation agrégé ne peut être positive que si la production du bien de consommation est plus
mécanisée que la production du bien d'investissement. Ceci constitue la condition de stabilité dynamique.
On montre ainsi qu'une traverse réussie n'est possible que si et seulement si la condition de stabilité
dynamique est vérifiée. Ce qui advient du système lorsque la traverse est impossible, ou lorsque les
fluctuations du taux de croissance de la main d'oeuvre excèdent la valeur maximale du taux
d'accumulation en régime permanent, est généralement passé sous silence.
Il en va cependant autrement de l'analyse de la traverse proposée initialement par Henry (1985) et reprise
par Henry et Lavoie (1997). Dans le cadre de leur analyse, l'évolution des variables est traitée non
seulement dans les cas où la traverse est possible, mais aussi dans les cas où la croissance de la
population est insoutenable. Autrement dit, la traverse va au-delà de l'analyse du comportement
asymptotique des variables considérées ou de l'analyse de stabilité dynamique; l'analyse de la traverse
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considère les conséquences immédiates et à moyen terme des changements postulés. Ce faisant, leur
analyse montre explicitement que la traverse constitue un processus de réaménagement de la structure
productive, ce que Jean Magnan de Bornier (1980, 8) appelait *un processus de réadaptation du stock de
capital à de nouvelles conditions extérieures+.
Dans l'analyse de Henry et Lavoie (1997), la propension à épargner agrégée est régie par la fonction
d'épargne classique: la propension à épargner sur les salaires est nulle et la propension à épargner sur les
profits est égale à l'unité. Ainsi, en tout temps, le taux de profit est égal au taux d'accumulation du
capital, autant en régime permanent qu'en période de transition. Cette hypothèse simplificatrice permet
de faire ressortir la récursivité du modèle de la traverse de Hicks. Le problème de la réalisation ou de la
non-réalisation de la traverse dépend uniquement des conditions de production, et se situe du côté de
l'offre. L'ajustement des prix ne sert, dans ce modèle, qu'à assurer l'égalité de l'offre globale et de la
demande globale: par exemple, la hausse du salaire réel qui accompagne la baisse du taux de profit sert à
absorber un taux de croissance plus rapide des biens de consommation. Comme le dit Joseph Halevi
(1992: 279), dans la traverse, les prix jouent un rôle purement passif. Autrement dit, la traverse des prix
se déduit de la traverse des quantités qui lui est préalable. L'évolution des deux composantes de l'offre
globale est entièrement déterminée par les nécessités du plein emploi des travailleurs et de la pleine
utilisation des capacités productives, avant, pendant et après la transition. Il est ainsi possible de retracer,
de façon tout à fait précise, l'évolution du taux de croissance de la production de biens de consommation
et le taux de croissance de la production des biens d'investissement, que la traverse vers le nouveau
sentier permanent soit ou non possible. Lorsque le taux de croissance de la main d'oeuvre s'est
brusquement accru, on peut considérer trois cas: (a) le cas où les conditions de production sont telles
qu'elles assurent la stabilité dynamique, et que le nouveau taux de croissance de la main d'oeuvre est
inférieur au taux d'accumulation maximal réalisable en régime permanent: c'est le cas qui est
habituellement traité; (b) le cas où les conditions de production sont telles qu'elles assurent la stabilité
dynamique, mais que le nouveau taux de croissance de la main d'oeuvre est supérieur au taux
d'accumulation maximal réalisable en régime permanent: ce cas de croissance insoutenable est
traditionnellement omis; (c) le cas où les conditions de production sont telles que la stabilité dynamique
ne tient plus.
Dans le cas (a), qui correspond au cas 2 de Hicks, on peut montrer que la hausse du taux de croissance de
la main d'oeuvre va engendrer une réorganisation de la production de la façon suivante: Dans un premier
temps, le taux de croissance de la production de biens d'investissement (le secteur le plus intensif en
travail) va brusquement augmenter, pour se situer à un niveau bien supérieur à celui du nouveau taux de
croissance de la main d'oeuvre, afin d'absorber la main d'oeuvre excédentaire. Ce taux de croissance de la
production de biens d'investissement va ensuite progressivement décélérer, pour rejoindre ultimement le
nouveau taux de croissance de la main d'oeuvre. D'autre part, le taux de croissance de la production des
biens de consommation va chuter dans un premier temps (il pourrait même devenir négatif, le nombre de
biens de consommation produits étant à la baisse). Ce taux de croissance va cependant s'accroître, pour
rejoindre lui aussi le nouveau taux de croissance de la main d'oeuvre. Le taux d'accumulation de
l'économie (g = I/M), quand à lui, va progressivement augmenter, engendrant ainsi une hausse du taux de
profit et une baisse simultanée du salaire réel, car la baisse relative de la production de biens de
consommation doit être absorbée par une baisse du pouvoir d'achat des ménages.
Au cas 2 de Hicks, qui correspond pourtant aux conditions de stabilité dynamique, on peut cependant
adjoindre un cas de traverse manquée. Il s'agit de notre cas (b), quand la nouveau taux de croissance de la
main d'oeuvre excède le taux de croissance maximal. A nouveau, l'équation (1) nous est très utile, car
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elle nous donne ce taux d'accumulation maximal. En supposant que toutes les machines soient situées
dans le secteur de production des biens d'investissement (µ i = 1), on voit que le taux maximal est donné
par g = 1/ai. Dans les analyses traditionnelles de la traverse, cette possibilité est exclue par hypothèse,
puisqu'il est démontré que l'équilibre du régime permanent exigerait que l'output de l'industrie
productrice de biens de consommation soit négatif. Ces analyses traditionnelles ne nous disent pas
cependant ce qui adviendrait si, partant d'un régime permanent d'accumulation répondant à la condition
de croissance réalisable, le taux de croissance de la main d'oeuvre était subitement poussé vers le haut, à
un taux supérieur à 1/ai, correspondant à un taux de croissance insoutenable.
L'analyse de Henry et Lavoie (1997) permet de vérifier que, comme dans le cas (a), le taux de croissance
de la production de biens d'investissement sera subitement en hausse, pour ensuite diminuer
progressivement vers le nouveau taux de croissance de la main d'oeuvre. Ce taux ne sera cependant
jamais atteint, car entre-temps, le taux de croissance de la production des biens de consommation est
nécessairement négatif, et ne cesse de diminuer. Autrement dit, sous ces conditions, la production de
biens de consommation ne cesse de diminuer, et ce autant en termes absolus qu'en termes relatifs (en
unités par travailleur). Autrement dit, le taux de diminution de la production de biens de consommation
devient toujours plus grand. Bientôt toute la production va être entièrement consacrée à la fabrication de
machines, et plus aucun bien de consommation ne sera produit. Le taux de croissance excessif de la main
d'oeuvre, lié aux exigences continues du plein emploi des ressources, a finalement mené l'économie vers
un système productif dénué de biens de consommation.
Finalement, l'analyse de Henry et Lavoie (1997) permet d'observer ce qui arrive lorsque le taux de
croissance de la main d'oeuvre est plus élevé, et que le système économique répond à une situation
d'instabilité dynamique C notre cas (c) ou le cas 3 de Hicks. Puisque la main d'oeuvre devient abondante,
la décision de préserver le plein emploi des capacités productives et de la main d'oeuvre va conduire à un
réaménagement de la structure productive vers l'industrie la plus intensive en main d'oeuvre, c'est-à-dire
l'industrie productrice de biens de consommation. Ce réaménagement de la production va mener à une
baisse continue du taux général d'accumulation. On observera aussi une hausse continue du taux de
croissance de la production de biens d'investissement et une baisse continue du taux de croissance de la
production des machines. Éventuellement, le taux de croissance de la production de ces machines va
devenir négatif: malgré la croissance exponentielle de la population, le nombre absolu de machines
produites va décroître. De plus en plus de ressources vont être consacrées à la production de biens de
consommation. Paradoxalement, pour absorber par la demande cette poussée de la production de biens de
consommation, les salaires réels vont être à la hausse, malgré une main d'oeuvre relativement plus
abondante.
À un certain moment, la poussée dans la consommation par tête tirera à sa fin. Quand presque toutes les
machines serviront à la production de biens de consommation, il deviendra impossible d'accroître la
capacité nécessaire à l'augmentation de la production de ces biens de consommation. La consommation
par tête devra chuter, ou alors le système devra importer des machines et exporter ses biens de
consommation, ou encore il faudra restructurer entièrement l'économie. Si aucune des deux dernières
possibilités n'est possible, alors la chute du pouvoir d'achat deviendra irréversible et l'économie sera prise
dans une situation de décumulation. La traverse hicksienne, dans les cas d'instabilité dynamique et de
croissance insoutenable, conduit à des conséquences terrifiantes, qui ne sont pas sans ressembler à
l'expérience néfaste de certaines économies du Tiers-Monde ou des économies dites de transition.
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Les traverses avec taux d'utilisation flexibles
Malgré les résultats tout de même intéressants auxquels on peut parvenir avec la traverse sectorielle
horizontale de Hicks, la plupart des auteurs qui se sont intéressés au problème de la traverse ont préféré
adopter une approche en termes de secteurs verticalement intégrés. Outre le fait que l'analyse
verticalement intégrée semble plus adéquate pour analyser les changements de technique, l'une des
principales raisons ayant mené à l'abandon de l'approche sectorielle, c'est que, lors de la traverse, on doit
supposer que les stocks de machines déjà installées, ainsi que la main d'oeuvre leur étant associée, sont
déplacées d'une industrie à l'autre. Comme le dit Christian Gehrke (1998, 209), *dans les modèles
multisectoriels de traverse, la modélisation de processus d'ajustement de courte période reposant sur
l'hypothèse de biens de capital non-spécifiques, et donc pouvant être déplacés, apparaît comme un
exercice produisant des résultats pouvant induire en erreur+.
On peut cependant probablement en dire autant de l'hypothèse de pleine utilisation des capacités
productives. Dans le monde moderne des grandes entreprises, les ingénieurs construisent des usines qui
peuvent être efficacement opérées à des taux d'utilisation différents. Autrement dit, en ouvrant ou
fermant différentes portions d'usines, les compagnies sont capables d'utiliser leurs capacités productives à
différents taux d'utilisation, à des coûts unitaires à peu près constants. Cette flexibilité dans le taux
d'utilisation de la capacité procure une flexibilité additionnelle au système économique, flexibilité qui
devrait faciliter la traverse. La possibilité de la sous-utilisation ou de la sur-utilisation des capacités
productives met en relief une hypothèse irréaliste qui est commune aux deux modèles de la traverse
développés par Hicks. Dans ses deux modèles, qu'il s'agisse de la traverse sectorielle ou de la traverse du
système productif verticalement intégré, il n'existe pas de fonction d'investissement indépendante. Dans
les deux cas, il est postulé que le niveau d'investissement est d'une valeur telle qu'il assure la pleine
utilisation des capacités productives. Il s'agit là de l'hypothèse dite de *pleine performance+. Comme le
mentionne Gehrke (1998, 216), cette hypothèse est loin d'être satisfaisante, car elle revient à réintroduire
la loi de Say. Pour remplacer l'hypothèse de la pleine performance, il faut donc introduire une fonction
indépendante d'investissement, et supposer la possibilité de taux d'utilisation qui divergent des taux
normaux.
Dès Capital and Growth, Hicks reconnaît qu'il a exagéré les difficultés de la traverse en postulant des
taux d'utilisation fixes. Comme le dit Hicks (1965a, 193), *quand nous avons introduit nos coefficients
fixes, j'avais souligné qu'ils représentaient les quantités normales d'inputs requis pour un output donné....
Lorsque certains biens de capital sont en nombre insuffisants par rapport à leur rapport normal, la
production ne doit pas être bloquée sous le prétexte que ces biens de capital ne devraient pas être utilisés
au-delà d'un taux normal d'utilisation+.
Dans l'une de ses toutes dernières contributions, celle qu'il a faite à la conférence sur Sraffa, qui s'est
tenue à Florence en 1984, Hicks revient sur la question. Après avoir affirmé qu'il ne croyait pas que des
fluctuations de prix (et les changements de technique qui y seraient associés) puissent aider à régler le
problème de la traverse, Hicks rejette cette solution néoclassique et suggère une alternative:
*Il existe cependant une alternative, qui ne repose pas sur les changements de prix. Il n'est
pas nécessaire d'interpréter les coefficients de production dans le sens rigide que je leur ai
attribué jusqu'à maintenant.... Non seulement nous pouvons permettre la sous-utilisation
durant la traverse, la sur-utilisation peut aussi être possible. Ceci fait une grande différence.
Car si les biens en déficit peuvent être sur-utilisés, alors les biens en surplus peuvent être
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utilisés davantage. La sur-utilisation tout comme la sous-utilisation rendent la traverse plus
facile.+ (Hicks 1990a, 102)
Depuis le milieu des années 1980, les économistes kaleckiens et sraffiens ont mis de l'avant des modèles
de croissance basés sur la notion de flexibilité des taux d'utilisation des capacités productives. On
pourrait donc croire que ces économistes et Hicks sont en plein accord. Ce n'est cependant pas le cas.
Chez les économistes kaleckiens et sraffiens, la sous-utilisation ou la sur-utilisation de la capacité
productive peut survenir autant dans la courte période que dans la longue période, autrement dit, autant
lors de la traverse que lorsque l'économie est parvenue à un régime de croissance régulier. Chez Hicks,
par contre, des taux d'utilisation autres que normaux ne peuvent survenir que lors de la traverse. Hicks
(1965a, 193) l'affirme dans Capital and Growth: *Quand nous étions dans le cadre de la croissance
équilibrée, il était tout à fait légitime de traiter, de façon rigide, les coefficients comme fixes; mais ceci
ne signifie pas que durant la traverse ils doivent rester complètement fixes+.
Et il l'affirme à nouveau, de façon encore plus claire à la conférence de Florence: *En croissance
équilibrée, ou en régime de croissance permanent, les coefficients techniques et les coefficients de
production sont identiques; ainsi le régime de croissance permanent n'est pas affecté par cette
interprétation. Par contre, hors de l'équilibre, ils n'ont pas à être identiques. Lors de la traverse, ceci
procure davantage de flexibilité+ (Hicks 1990a, 101). Cette restriction qu'impose Hicks est d'ailleurs
notée par un des sraffiens qui commentent le texte de Hicks. Comme le dit Vianello (1990: 111), il n'est
nul besoin de restreindre la flexibilité des capacités productives aux cas de traverses, c'est-à-dire aux
moments de transition entre deux régimes de croissance permanents.
Cette question est précisément au coeur des débats actuels entre économistes non-orthodoxes. Selon les
Kaleckiens et les Sraffiens, il est légitime de comparer des régimes de croissance équilibré dont les taux
d'utilisation de la capacité productive divergent du taux jugé normal (Kurz 1993, Lavoie 1996a). Selon
de nombreux Marxistes, de telles comparaisons sont illégitimes. Ces Marxistes jugent que les résultats
keynésiens auxquels parviennent les modèles kaleckiens ou sraffiens sont renversés lorsqu'on tient
compte du fait que les véritables régimes de croissance permanents requièrent l'égalisation des taux de
profit et des taux d'utilisation de la capacité égaux à leurs niveaux normaux. C'est ce qui fait dire à
Duménil et Lévy (1994) que l'on peut être keynésiens dans le court terme, mais qu'il faut être classique
dans le long terme. Autrement dit, il est possible d'obtenir des résultats keynésiens durant la traverse,
quand les taux d'utilisation de la capacité productive sont flexibles, mais pas avant ni après la traverse,
quand les taux d'utilisation doivent revenir à leurs niveaux normaux.
Le débat reste ouvert, mais il faut tout de même noter que si les taux d'utilisation normaux sont
eux-mêmes flexibles (et si les taux de profit normaux le sont aussi), il est possible de construire des
modèles unisectoriels qui retrouvent toutes les caractéristiques keynésiennes des modèles de croissance
kaleckiens habituels, tout en imposant la contrainte du taux d'utilisation normal en fin de parcours
(Lavoie 1996b; Dutt 1996). Il en va de même des modèles bisectoriels, construits sous l'hypothèse du
coût normal, comme l'aurait voulu Hicks (1965a, 195; 1990a, 102), qui conservent leurs caractéristiques
keynésiennes même en leur adjoignant une contrainte de taux d'utilisation normal en fin de traverse
(Lavoie et White 1998). Tous ces modèles utilisent une fonction d'investissement indépendante, ils
intègrent un équipement spécifique, qui ne peut être transféré d'un secteur à l'autre, et ils prennent en
compte la flexibilité des taux d'utilisation des capacités productives modernes. La contrainte ultime de
ces modèles, c'est que les divers taux d'utilisation de la capacité, à tout moment durant la traverse, ne
sauraient excéder leur valeur maximale (100%).
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Selon Gehrke (1998, 228), ce sont précisément ces caractéristiques, qui vont permettre de faire avancer
l'analyse de la traverse, en intégrant les questions de demande effective et les questions relatives à la
structure et la composition du stock de capital. Les plus récents modèles kaleckiens vont même plus loin,
en montrant que le point terminal de la traverse dépend du sentier parcouru durant la traverse. Ainsi, la
traverse ne mène pas à un équilibre qui serait pré-déterminé, avant même que la traverse ait eu lieu. Au
contraire, ce sont les considérations de court terme, celles qui accompagnent la traverse, qui déterminent
ce que sera l'équilibre de long terme. Il s'agit là de phénomènes d'hystérésis, qui replace véritablement
l'analyse économique dans le temps, comme le désirait Hicks.
Conclusion
Avec son chapitre sur la traverse de Capital and Growth, Hicks a porté un coup considérable à l'analyse
économique traditionnelle, tant chez les économistes dominants que chez beaucoup d'économistes
non-orthodoxes, du moins ceux qui se contentaient d'une analyse de statique ou de dynamique
comparative. Avec la traverse, Hicks fait valoir que le plus gros de l'activité économique se déroule hors
de l'équilibre, loin des états de croissance équilibrée. Connaître l'état terminal du système est moins
important que connaître la dynamique d'un système économique hors de l'équilibre. La traverse
envisagée par Hicks en 1965 était éminemment restrictive, puisqu'elle postulait le plein emploi des
travailleurs et des capacités productives, mais le problème soulevé par Hicks, celui de l'adaptation des
structures productives à des changements de régime, est encore injustement négligé par un trop grand
nombre d'économistes. L'une des portes de sortie suggérées par Hicks pour échapper à la trop grande
rigidité imposée par les coefficients techniques fixes et les prix fixes a été reprise par les économistes
kaleckiens et sraffiens. En remplacement de l'hypothèse de plein emploi des ressources productives,
ceux-ci ont intégré à leurs modèles de traverse des taux flexibles d'utilisation de la capacité productive et
une fonction indépendante d'investissement.
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