Communauté éducative ou société scolaire démocratique ?
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doit être réprimé an que l’enfant découvre les lumières de la raison, grâce à son
instituteur ou professeur.
L’invention d’une «société scolaire, éducative et démocratique»
Pourquoi diable s’emmêler théoriquement en rééchissant sur le développement
de la démocratie au sein de la communauté éducative scolaire puisque, idéalement,
l’école devrait être une «société» démocratique, avec un type d’autorité rationnelle,
des contrats, des règles explicites auxquels tous les membres de la société scolaire
sont soumis. On peut prolonger en sociologie le raisonnement en pensant que la
forme «communauté » est la forme dominante des groupes traditionnels et qu’avec
la modernité, très progressivement, la forme «société» s’impose. Cette forme
«société» évolue: dans la première modernité (de la n du e siècle jusqu’aux
années soixante), sans doute comme transition avec la forme antérieure, la démo-
cratie est devenue «représentative»: il y avait des représentants de la raison,
l’intérêt général en est une des expressions. Le savant, le député, l’instituteur sont
les représentants légitimes de cette démocratie. Sous la seconde modernité, on passe
à un stade supérieur de la démocratie: les «petits», dans le régime démocratique,
veulent être aussi participants. La démocratie devient «participative», déstabilisant
la relation d’autorité «rationnelle». Les médecins ne sont plus maîtres de la relation,
ce sont les malades qui prennent la décision, ils donnent leur «consentement».
Même dans la famille, la loi de 2002, non avant-gardiste, une fois que les parents
sont reconnus comme disposant de l’autorité, souligne: «les parents associent
l’enfant aux décisions qui le concernent selon son âge et son degré de maturité».
«La société éducative scolaire» connaît la même évolution: les parents et les
enfants pensés comme «petits» dans la société antérieure (seuls les instituteurs,
les professeurs savent, et surtout lorsque les familles sont populaires). Aujourd’hui,
ce n’est plus possible, ils veulent être considérés comme des «individus» ayant
des droits, y compris à l’école. Il faudra un jour se demander pourquoi la famille,
«communauté éducative» s’est davantage transformée que l’école, «société» sous
la seconde modernité, mais c’est une autre question.
Il faut rompre avec le langage de la communauté. L’objectif de l’école républi-
caine est de créer un espace démocratique, une «société démocratique éducative».
Signalons que les leçons de morale relèvent d’un fonctionnement propre à la pre-
mière modernité, à la première phase démocratique, les enfants doivent apprendre
les règles, doivent savoir obéir, aujourd’hui on apprend ou on devrait apprendre
la démocratie autrement, comme les tenants de l’école «nouvelle» (en avance,
historiquement) l’ont prôné. Il est impossible de fonder une communauté éducative
regroupant parents, enfants et professeurs, et ce n’est pas non plus un objectif dési-
rable. En revanche, il est possible de fonder une société éducative scolaire, avec des
droits et des devoirs pour chaque groupe de cette société. Peu d’exemples, me semble-