Fiche synthétique Leçon 2: Les Amants de Sion et la renaissance de l’hébreu L’Amour de Sion place au centre de la création littéraire le thème du retour à la terre d’Israël et le nationalisme. La période de Hibat Tsiyon constitue une période de transition entre la Haskala et la renaissance de l’hébreu, d’abord ancrée en Russie et en Diaspora. Pendant cette période l’autodidacte fasciné par l’Europe (Maskilim) est supplanté par l’écrivain engagé au service de son peuple, puis au service de la littérature et de la langue hébraïque. Moshe Leib Lilienblum (1843-1910), Peretz Smolenskin (1840-1885) et Reuben Asher Braudes (1851-1920), tous trois nés dans l’empire russe, se convertissent en Maskilim accomplis. Ils s’éloignent de la communauté traditionnelle pour développer une littérature typique de la période de la Haskala. Leurs écrits constituent les prémices du mouvement des Amants de Sion. Au cours de cette période sont développés trois points essentiels : la création d’une littérature hébraïque moderne avec le développement notamment de la prose ; l’ouverture du monde juif ; et le déplacement du centre culturel en terre d’Israël. Mendele Mokher Sfarim (1836-1917) « le vendeur de livres » est l’un des premiers auteurs en langue hébraïque à se rendre compte qu’on ne peut pas continuer à utiliser un hébreu biblique pour conter : il se tourne vers l’hébreu de la Mishna, et adopte ainsi un style plus alerte et quotidien qui se distingue clairement du style des premiers auteurs de la Haskala. La période de Hibat Tsiyon témoigne également de profonds changements ne relevant pas tous de la littérature et notamment la renaissance de l’hébreu parlé, grâce à l’ouverture d’écoles partiellement ou totalement hébraïques notamment en Russie et dans le reste de la Diaspora européenne. Eliezer Ben Yehouda (1858-1922) est considéré comme le grand précurseur de la renaissance de l’hébreu. Cependant, la portée historique de son action en faveur de l’hébreu doit être nuancée. La renaissance de la langue hébraïque s’accompagne également d’un renouveau de la poésie avec de grands poètes tels que Naftaly Herz Imber (1856-1909) qui reste célèbre pour être l’auteur de la Hatikva ou encore Menahem Dolitsky (1856-1931). Leur poésie qui chante l’Amour de Sion est sentimentale et lyrique, mais abandonne le style larmoyant propre aux périodes littéraires antérieures. Ahad Ha-‘Am de son vrai nom Asher Ginzberg (1856-1927) fait partie des premiers grands théoriciens du sionisme qui a fait basculer la littérature vers un hébreu plus moderne. Il refuse la colonisation en Palestine et penche plutôt pour la création d’un centre spirituel juif en Palestine, qui servirait de modèle à l’ensemble des juifs du monde et préviendrait l’assimilation. Ahad Ha-‘Am, qui est né et a été éduqué en Russie, est très critique vis-à-vis de l’Occident et la condition des juifs d’Europe occidentale, héritée notamment de la Révolution française qui a imposé aux juifs une identité plus individuelle que sociale, et a ainsi contribué à une négation de la communauté et de la nation. La théorie de la nation d’Ahad Ha-‘Am établit que ce n’est pas le monothéisme mais le prophétisme qui définit le peuple juif en ce qu’il établit une justice morale et politique. La religion en action dans une société constitue une morale. Si le peuple juif a survécu c’est parce qu’il a conservé le modèle initial. Les juifs occidentaux selon lui ont perdu cette morale. Dans Vérité sur la Palestine, Ahad Ha-‘Am dénonce la colonisation de la Palestine, qu’il considère calquée sur le modèle de la colonisation occidentale. Il insiste sur le fait que le pays était en plein développement avant son exploitation par le peuple juif. Ahad Ha-‘Am insiste également sur le rôle de l’écrivain hébreu dont le rôle n’est pas de développer une littérature nationaliste prônant la colonisation, mais d’éduquer et d’approfondir la connaissance du moi et du peuple.