l’ouverture d’écoles partiellement ou totalement hébraïques notamment en Russie et dans
le reste de la Diaspora européenne.
Eliezer Ben Yehouda (1858-1922) est considéré comme le grand précurseur de la
renaissance de l’hébreu. Cependant, la portée historique de son action en faveur de
l’hébreu doit être nuancée.
La renaissance de la langue hébraïque s’accompagne également d’un renouveau de la
poésie avec de grands poètes tels que Naftaly Herz Imber (1856-1909) qui reste célèbre
pour être l’auteur de la Hatikva ou encore Menahem Dolitsky (1856-1931). Leur poésie
qui chante l’Amour de Sion est sentimentale et lyrique, mais abandonne le style
larmoyant propre aux périodes littéraires antérieures.
Ahad Ha-‘Am de son vrai nom Asher Ginzberg (1856-1927) fait partie des premiers
grands théoriciens du sionisme qui a fait basculer la littérature vers un hébreu plus
moderne. Il refuse la colonisation en Palestine et penche plutôt pour la création d’un
centre spirituel juif en Palestine, qui servirait de modèle à l’ensemble des juifs du monde
et préviendrait l’assimilation.
Ahad Ha-‘Am, qui est né et a été éduqué en Russie, est très critique vis-à-vis de
l’Occident et la condition des juifs d’Europe occidentale, héritée notamment de la
Révolution française qui a imposé aux juifs une identité plus individuelle que sociale, et a
ainsi contribué à une négation de la communauté et de la nation.
La théorie de la nation d’Ahad Ha-‘Am établit que ce n’est pas le monothéisme mais le
prophétisme qui définit le peuple juif en ce qu’il établit une justice morale et politique. La
religion en action dans une société constitue une morale. Si le peuple juif a survécu c’est
parce qu’il a conservé le modèle initial. Les juifs occidentaux selon lui ont perdu cette
morale.
Dans Vérité sur la Palestine, Ahad Ha-‘Am dénonce la colonisation de la Palestine, qu’il
considère calquée sur le modèle de la colonisation occidentale. Il insiste sur le fait que le
pays était en plein développement avant son exploitation par le peuple juif. Ahad Ha-‘Am
insiste également sur le rôle de l’écrivain hébreu dont le rôle n’est pas de développer une
littérature nationaliste prônant la colonisation, mais d’éduquer et d’approfondir la
connaissance du moi et du peuple.