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Bulletins économiques
tirée par la consommation privée. Avec l’extinction progressive
de l’incitant positif des revenus consécutif à la forte baisse des
prix de l’énergie, l’amélioration graduelle du marché du travail
européen est le principal moteur de la consommation. Les
écarts entre pays sont toutefois importants (taux de chômage
en Allemagne en août de seulement 4,2%, contre 23,4% en
Grèce en juin). Pour la zone euro dans son ensemble, le taux
de chômage suit une tendance baissière malgré la stabilisation
de ces derniers mois. En août, il a atteint 10,1%, contre encore
10,7% un an plus tôt (graphique 1).
Les investissements occidentaux restent
modestes...
Tant aux États-Unis que dans la zone euro, la croissance des
investissements reste le talon d’Achille de la conjoncture. Aux
États-Unis, la contribution des investissements pour le deu-
xième trimestre a, il est vrai, été revue à la hausse (bien qu’elle
reste négative). En outre, l’incertitude entourant la politique
budgétaire qui sera menée après les élections présidentielles
américaines pèsera encore au moins jusqu’à la fin 2016 sur la
croissance des investissements.
Dans la zone euro également, l’accroissement des investisse-
ments reste médiocre. Au deuxième trimestre, il n’a absolu-
ment pas contribué à la croissance. Ainsi que nous l’avons indi-
qué, la consommation privée participe
largement à la croissance tant dans la
zone euro qu’aux États-Unis. La grande
différence avec l’économie américaine
réside toutefois dans la part nette-
ment plus importante des exportations
nettes dans l’économie européenne.
Cette tendance démontre que les réformes structurelles visant
à restaurer la compétitivité portent leurs fruits, mais cela reflète
également la politique d’austérité budgétaire menée pendant
plusieurs années, à l’origine de l’envolée du taux d’épargne de
la zone euro. Après une longue période d’équilibre extérieur,
l’excédent de la balance courante de la zone euro par rap-
port à son PIB est aujourd’hui supérieur à celui de la Chine et
comparable à celui du Japon. Cette dépendance à l’égard des
exportations a son revers : une vulnérabilité accrue à un éven-
tuel essoufflement conjoncturel mondial et à l’appréciation de
l’euro. La stabilité récente du cours de change de l’euro pondé-
ré par les échanges commerciaux est toutefois rassurante dans
ce contexte. La dépréciation de l’euro attendue cette année et
l’année prochaine pourrait en outre donner un coup de pouce
supplémentaire aux exportations nettes.
...alors que les économies émergentes se
stabilisent
Il est également rassurant de constater qu’en Chine, les indica-
teurs conjoncturels les plus récents ont dépassé les attentes des
analystes, ce qui réduit d’ores et déjà le risque d’un atterrissage
forcé de son économie. La remontée progressive des prix des
matières premières est également une bonne nouvelle pour
d’autres économies émergentes. L’Amérique latine et la Russie
profitent notamment de l’augmentation de leurs principaux
prix à l’exportation. Cette stabilisation provisoire de la conjonc-
ture dans les économies émergentes réduit à son tour le risque
conjoncturel pour les économies déve-
loppées.
Jusqu’ici, le Brexit est un
non-événement sur le plan
économique
Contrairement à ce que nous avions redouté, l’économie
britannique affiche une vigueur étonnante depuis la décision
du Royaume-Uni de quitter l’UE. La confiance générale des
producteurs britanniques s’est en effet à nouveau fortement
améliorée en août, ainsi que l’excellent chiffre de septembre
le confirme. La livre sterling s’est cependant effondrée. À l’ap-
proche du referendum britannique, la devise s’était déjà affai-
blie face à l’euro et sa chute continue aujourd’hui. Selon nous,
cette tendance devrait se poursuivre dans les trimestres à venir.
La faiblesse de la livre sterling est une arme à double tran-
chant. La vigueur actuelle de la conjoncture britannique lui est
surtout attribuable étant donné qu’elle dope la compétitivité
de l’industrie manufacturière et donc, les exportations bri-
tanniques. L’économie britannique a ainsi évité (jusqu’ici) de
sombrer dans la récession redoutée, ce qui se reflète également
dans les excellentes performances de la Bourse britannique.
En revanche, les prix à l’importation flambent en raison de
la faiblesse de la livre sterling, alimentant ainsi l’inflation. En
août, l’inflation harmonisée a atteint 0,6% au Royaume-Uni
(source : Eurostat). Le risque est assez élevé de voir cette accé-
lération de l’inflation, tout comme durant la grande récession,
Les exportations nettes jouent un rôle
nettement plus important dans la
conjoncture de la zone euro que dans
celle des États-Unis.
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Graphique 1 - Le taux de chômage conserve une tendance
baissière dans la zone euro
(en % de la population active)
Source : Eurostat