Prescription et interprétation de la ferritinémie

Prescription et interprétation de la ferritinémie
Ph.Arlet, L. Astudillo, R. Nicodeme, L. Sailler
Le dosage de la ferritinémie est apparu en biologie clinique il y a plus de 25 ans. Il
s’agissait d’un progrès majeur dans la biologie courante en particulier pour la médecine
générale.
La ferritine est la protéine de stockage du fer. Son taux sérique est soumis à
d’importantes variations puisque dans la pratique, on peut observer des situations cliniques
la ferritine est inférieure à 10, et d’autres elle atteint des valeurs de l’ordre de
10 000. Les valeurs normales se situent autour de 100 unités. Il est intéressant de noter
que la limite inférieure de la normale est donnée par les laboratoires la plupart du temps
comme différente entre l’homme et la femme, ce qui traduit bien la fréquence de la
carence en fer chez la femme en période d’activité génitale, mais il n’y a pas de véritables
raisons pour lesquelles la femme aurait une ferritinémie plus basse que l’homme autre que
des raisons statistiques, en rapport avec une situation bien connue et bien fréquente : les
pertes menstruelles de sang et donc de fer importantes tous les mois chez la femme en
période d’activité génitale.
Pourquoi la prescription de la ferritine est-elle devenue courante en pratique généraliste ?
Comme d’autres paramètres biologiques, le dosage de la ferritine rentre volontiers dans un
bilan biologique demandé en de nombreuses occasions, car les modifications de la
ferritinémie sont très fréquentes puisque les situations pathologiques la modifiant sont
également nombreuses et fréquentes.
La meilleure indication du dosage de la ferritine est la recherche et la confirmation d’une
carence en fer : en effet, la carence en fer est une situation fréquente, responsable de
symptômes divers et en particulier d’asthénie ; parfois c’est également un signe d’alerte
vers des pathologies en particulier digestives. D’un autre côté la découverte d’une ferritine
inférieure à 30 à une valeur prédictive positive extrêmement forte pour une carence en
fer. Il s’agit donc de la raison la plus forte et la plus importante pour considérer la
ferritinémie comme un très grand progrès de la biologie courante. Toute ferritine basse
affirme un état de carence en fer et justifie d’en rechercher la cause. Bien sûr chez les
femmes en période d’activité génitale, il s’agit le plus souvent d’un déséquilibre entre les
pertes menstruelles et les apports alimentaires. Par contre en dehors de cette situation, la
carence en fer est très volontiers en rapport avec des micro-saignements chroniques
digestifs et impose donc une recherche précise de cette étiologie par l’interrogatoire,
l’examen clinique et les endoscopies digestives.
Il est donc bien rentré dans la pratique courante de doser la ferritinémie chez un patient
ou une patiente fatiguée et surtout pour rechercher la carence en fer. Bien sûr, l’anémie
microcytaire doit y faire penser. Parfois les anémies sont multifactorielles, normo ou
macrocytaires et il faut aussi savoir doser la ferritine dans ces cas là.
Que signifie une ferritine normale ou élevée ?
Bien souvent c’est en cherchant une carence en fer que l’on va se retrouver avec un taux de
ferritine normal ou élevé.
Un taux de ferritine normal ou élevé n’élimine pas une carence en fer. En effet, si la valeur
prédictive positive de cet examen est excellente, la valeur prédictive négative est
mauvaise : en d’autres termes, il existe beaucoup de causes d’élévation de la ferritine et
qui peuvent être associées à la carence en fer, dans ces cas là, la ferritine est normale ou
élevée.
Parmi les causes d’hyperferritinémie, il y a bien sûr l’hémochromatose qui est une maladie
génétique qui peut se caractériser par de l’asthénie mais également par d’autres
symptômes ; ce sujet sera veloppé dans un autre chapitre. Il y a cependant beaucoup
d’autres causes d’hyperferritinémie, et le diagnostic étiologique d’une hyperferritinémie
est parfois difficile.
Il faut d’abord savoir que le processus inflammatoire augmente la ferritine et que
découvrir une ferritine modérément élevée chez un patient qui par ailleurs à une VS et/ou
une CRP élevée ne doit pas amener de recherche étiologique autre.
Il en est de même pour des situations de cytolyse en particulier cytolyse hépatique,
hémolyse, pathologies hématologiques chroniques (myélodysplasies, syndromes
myéloprolifératifs), malades transfusés, alcoolique chronique.
Certaines maladies rares s’accompagnent de taux de ferritine très élevés, supérieurs à
1000 pouvant atteindre 10 000 : c’est le cas de la maladie de Still de l’adulte où ce
paramètre biologique est un bon argument de diagnostic, et on peut préciser l’anomalie en
recherchant le pourcentage de ferritine glycosylée qui est différent au cours de cette
maladie par rapport aux autres situations. Une autre situation fréquente et sévère peut
augmenter la ferritine largement au dessus de 1000 : le syndrome d’hémophagocytose ou
syndrome d’activation macrophagique qui se traduit par des situations de cytopénie
associées à des pathologies en général fébriles telles que les infections à cytomégalovirus,
les lymphomes, certaines maladies auto-immunes telles que le lupus en poussée…
Une maladie nétique peu symptomatique le syndrome hyperferritinémie cataracte peut
être en cause. On retrouve chez le patient et dans sa famille des cataractes précoces.
Les principales causes d’hyperferritinémie sont exposées dans le tableau ci-dessous
Causes des Hyperferritinémies
Comment procéder devant une hyperferritinémie isolée de découverte « fortuite » ?
Une hyperferritinémie dont le mécanisme ou l’étiologie n’est pas évidente doit amener à
une démarche clinique à la recherche des différentes pathologies connues, et à un minimum
d’examens biologiques comportant : la VS, la CRP, l’hémogramme, un bilan ferrique plus
complet pour disposer du coefficient de saturation de la sidérophiline. Il faut également
disposer d’un bilan enzymatique pourpister les maladies du foie et les cytolyses : Gamma
GT, phosphatases alcalines, transaminases et la lactico-déshydrogénase.
Ainsi lorsque le diagnostic n’est pas évident, on pourra différencier deux types
d’hyperferritinémie : celles qui s’accompagnent d’une surcharge en fer et qui ont un
coefficient de fixation du fer élevé, elles représentent environ la moitié des causes. Dans
l’autre moitié le coefficient de fixation est normal ou bas, et il n’y a pas de surcharge en
fer et les causes devront être recherchées parmi celles qui sont exposés dans le tableau
ci-dessus.
Une hyperferritinémie modérée, isolée, est une anomalie biologique fréquente qui ne doit
pas forcément amener à un bilan clinique ou paraclinique trop lourd ou inquiétant pour le
patient, dans bien des cas l’anomalie ne retrouve pas de cause, et peut être la conséquence
d’un épisode aigu et peut donc se normaliser avec le temps.
% saturation sidérophyline
Avec surcharge en fer
% saturation sidérophyline normale ou
Sans surcharge en fer
Alcoolisme avec et sans cirrhose
Syndrome inflammatoire
:
- Infectieux
- Non infectieux
Hépatosidérose dysmétabolique
Cytolyses
:
- Hépatopathies
- Cancers
- Lymphomes
Anémies chroniques
Syndrome d’activation macrophagique
:
- Infectieux
- Non infectieux
Tra
Maladie
de Still de l’adulte
Insuffisant rénal chronique dialysé
Divers
:
- Diabète
- Dysthyroïdies
SIDA évolué
Maladie de Gaucher
Porphyrie cutanée tardive
Syndrome d’h
yperferritinémie
-
cataracte
Sclérose latérale amyotrophique
HEMOCHROMA
TOSE GENETIQUE
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