analyser leurs présupposés ontologique, épistémologique et idéologique dans une
perspective métacritique qui analyse les limites des systèmes de pensée afin de les
dépasser dans une théorie critique de la société capable de conceptualiser à la fois les
forces de la domination et celle de l’émancipation.
Dans cette perspective critique, mais reconstructive et amicale, je vais faire
entrer en dialogue les théories de l’École de Francfort, de Habermas et de Freitag. Ma
critique sera surtout centrée sur l’analyse helvético-québécoise du « mode de
reproduction décisionnel-opérationnel », propre à la post-modernité, mais avant d’en
arriver là, je suivrai en gros les linéaments de la théorie générale de la pratique
humaine, de la société et de l’historicité à laquelle Freitag travaille depuis que je suis
né. Même si je ne le citerai pas toujours directement, mais passerai par Husserl,
Cassirer, Giddens, Bhaskar, Gauchet, Lefort, Dumont, Touraine, Caillé, Luhmann,
Foucault, Rose et quelques autres avant d’arriver, en fin de parcours, à la critique de
la critique de la post-modernité, je tiens bien à rendre hommage au Géant de La
Chaux-de-Fonds en suivant le déploiement interne de Dialectique et Société (Freitag,
1986).
En tous cas, la question qui guidera ma reconstruction directe et indirecte du
projet systématique d’une théorisation générale des sociétés modernes et post-
modernes sera la suivante: comment concevoir une théorie générale de la société qui
soit critique, au sens de Marx, en ce qu’elle est animée par un intérêt émancipatoire,
mais aussi au sens de Kant, en ce qu’elle analyse de façon réflexive les conditions de
possibilité et les limites de sa propre formulation. En centrant une fois de plus
l’analyse sur la question de la réification, que j’ai longuement analysée ailleurs
(Vandenberghe, 1997-1998), ma tentative de reconstruction dialogique de la théorie
critique est inspirée par la thèse métacritique d’après laquelle une théorie critique de