VII.1. Logiques du premier ordre 181
formule dans le cadre d’une r´ealisation convenable, ici une structure de
type Σ. Cette section est purement descriptive. "
!Comme au chapitre VI avec la logique propositionnelle, le principe est de mimer autant
que faire se peut l’usage courant : autrement dit, il s’agit d’organiser en un syst`eme formel
pr´ecis les ´enonc´es math´ematiques usuels. Les d´efinitions dans la suite sont multiples, mais on
devrait se convaincre rapidement que toutes les notions sont, au moins implicitement, d´ej`a
toutes famili`eres : la logique du premier ordre est la prose du math´ematicien... $
1.1. Formules du premier ordre.
!On commence par la d´efinition des formules. Le point sp´ecifique, qui
explique qu’il y ait des logiques du premier ordre plutˆot qu’une seule, est
l’option consistant `a fixer un ensemble de symboles non logiques, appel´e
signature. "
!L’examen d’un texte math´ematique quelconque permet de constater que les formules qui y
apparaissent ob´eissent `a un mˆeme sch´ema g´en´eral, `a savoir assembler, `a l’aide de connecteurs
bool´eens ∧,∨,¬,⇒,⇔et de quantifications ∀et ∃, des formules simples du type t1=t2,
t1<t2,..., d’une fa¸con g´en´erale r
r
r(t1, ..., tk)o`u r
r
rd´esigne une relation k-aire, et o`u t1,..., tk
repr´esentent des ´el´ements de la structure consid´er´ee et sont eux-mˆemes soit des variables,
soit des noms d’´el´ements particuliers, soit des combinaisons de variables et de noms `a l’aide
d’op´erations ou de fonctions, sur le mod`ele de
∀x
x
x1∀x
x
x2(x
x
x1#x
x
x2⇔ ∃x
x
x3(x
x
x1+x
x
x3=x
x
x2)).(1.1)
C’est ce type de formule qu’on se propose de d´efinir et d’´etudier ici sous le nom de formule du
premier ordre.
Deux options sont retenues. La premi`ere est que, le but ´etant d’exprimer les propri´et´es
de structures vari´ees, il est plus commode d’introduire une famille de logiques plutˆot qu’une
logique unique. Ces logiques sont toutes bˆaties sur le mˆeme mod`ele, mais chacune d´epend d’un
choix sp´ecifique des op´erations et des relations consid´er´ees. Par exemple, en sus des variables
et des symboles logiques (dont l’´egalit´e) communs `a toutes les logiques du premier ordre, la
formule (1.1) met en jeu une relation binaire #et une op´eration binaire +, et on dira qu’il
s’agit d’une formule du premier ordre relativement `a la signature 1consistant en un symbole de
relation binaire #et un symbole d’op´eration binaire +ou, plus g´en´eralement, `a toute signature
contenant ces symboles.
La seconde option est d’´etablir une claire distinction entre les symboles qui figurent dans
une formule et les objets math´ematiques qu’ils repr´esentent : mˆeme si le contexte sugg`ere que
#repr´esente une relation d’ordre, voire plus pr´ecis´ement un certain ordre, par exemple l’ordre
canonique des entiers naturels, il est utile pour la suite de maintenir les formules `a un niveau
purement syntaxique, afin notamment de pouvoir interpr´eter une mˆeme formule dans plusieurs
contextes distincts et, par exemple, pouvoir d´eclarer que la mˆeme formule (1.1) est vraie dans N
et fausse dans Z. De la sorte, la formule elle-mˆeme, qui n’est qu’un mot, n’est ni vraie ni fausse
hors d’un contexte sp´ecifique. Pour rendre cette distinction visible, on utilisera, au moins dans
un premier temps, des notations distinctes, typiquement pour une relation (ensemble de k-
uplets) et pour le symbole qui la repr´esente ; pour ne pas compliquer, lorsqu’une notation pour
une relation ou une op´eration est usuelle, on utilisera par d´efaut la mˆeme notation en gras pour
le symbole correspondant. Par exemple, `a cˆot´e de la relation d’appartenance ∈, on utilisera ∈
∈
∈
comme un symbole de relation binaire. La distinction est que ∈est un ensemble de couples,
alors que ∈
∈
∈n’est qu’une lettre. $
D´
efinition 1.1.(signature) On appelle signature un ensemble, fini ou in-
fini, de symboles avec, pour chacun, la sp´ecification d’un type pouvant ˆetre
1ici au sens d’ensemble de signes