Cours 4 : Keynes et la révolution keynésienne
L’école classique a suscité de nombreuses critiques qui ont progressivement conduit à une
réorganisation de l’économie et au XIXe siècle, on peut parler d’économie néo-classique.
L’école néo-classique suivra trois tangentes :
1. On met plus l’accent sur l’individu, en tant qu’être rationnel. Jeremy Bentham
avança l’idée que l’individu est utilitariste : l’Homo Oeconomicus est un être
rationnel qui calcule. Cette vision de l’homme est la base de l’individualisme
méthodologique.
2. On regarde l’économie en termes de choix rationnel (plutôt qu’en termes de
richesses) entre des ressources rares et limitées. Lionel Robbins a redéfini
l’économie en la présentant comme une allocation des ressources rares à des fins
déterminées. Il s’agit donc d’un choix rationnel opéré par l’individu.
3. On introduit une nouvelle idée : on fait appel à la physique pour intégrer dans le
champ de l’économie le concept d’équilibre général au détriment de l’idée
d’harmonie. Selon ce concept, si on laisse faire l’individu rationnel, le jeu
économique, à l’aide de la concurrence, tend vers l’équilibre et ainsi l’atteinte d’un
prix unique sera assurée. Selon cette vision, si l’équilibre est atteint, le système
fonctionne de façon optimale et il ne peut y avoir une meilleure allocation des
ressources.
John Maynard Keynes (1883-1946)
Keynes, auteur libéral, a profondément marqué le XXe siècle, si bien qu’on a même
parlé de révolution keynésienne. En 1971, Nixon disait : « Nous sommes tous des
keynésiens». Keynes croyait fermement à l’influence des idées dans l’histoire, ceci grâce aux
universitaires, aux fonctionnaires, les « conseillers du prince ».
Keynes a surtout écrit dans les années 1930, une période marquée par :
1. une crise économique profonde : certains croyaient même que c’était la fin du
capitalisme tant les taux de chômage étaient élevés et les inégalités de revenus et les
écarts de fortune atteignaient des sommets ;
2. une crise politique : le capitalisme était remis en question par la révolution
bolchevique et par la dérive du capitalisme.
La réponse des économistes : revenir à la concurrence et au libre-échange, sans que
l’État ni les syndicats viennent pouvoir fausser le jeu économique. Selon les économistes
orthodoxes, le problème réside dans l’État qui, en intervenant, fausse les jeux de
l’économie et du marché. Les rigidités sur le marché du travail (dues en grande partie au
rôle des syndicats) constituent l’autre dimension du problème.
Une deuxième réponse émanera de la troisième voie. Si le marché est incapable
d’assurer la répartition de la richesse, l’État autoritaire, lui, semble être en mesure
d’assurer cette répartition et de sortir l’économie de la crise. Les pays qui se sont engagés
dans cette voie parviennent plus rapidement que les autres à se sortir de la crise.
Keynes, insatisfait des deux réponses avancées, cherchera à savoir s’il est possible de
régler le problème du chômage et des inégalités sans tomber dans l’autoritarisme
(planification de l’économie et de la production) ni dans l’utopisme (le laisser-faire). Il
part à l’assaut de la « citadelle » (c’est en ces termes que les économistes de l’époque