Introduction à la macroéconomie

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Introduction à la macroéconomie
Définition des sciences économiques :
Elle fait partie des sciences humaines, c'est-à-dire qu’elle concerne :
- les actions de l’homme : comment on investit, le choix du temps de travail, de la consommation, etc.
- les relations entre les hommes et les biens : choix de production, etc.
- les relations entre les hommes et les hommes : salaires, contrat de travail, altruisme, etc.
Selon Alfred Marshall (1842-1924), l’économie politique (assimilée à la macroéconomie) est la part des actions
individuelles ou collectives consacrée au bien-être de l’Homme.
Comment l’atteindre en disposant de ressources limitées tels que l’argent, le temps, etc. ?
Un des éléments fondamentaux de la vie sociale et qui se trouve au cœur du cours est la notion de rareté : il faut
faire des choix selon le temps qui nous est imparti, notre revenu, etc.
Ce qui revient à nous demander : quels arbitrages va-t-on effectuer pour son bien-être ?
Buts de l’économie :
1) Quel(s) bien(s) produire ?
2) Comment le(s) produire ?
3) Pour qui le(s) produire ?
Il existe différentes réponses à ces questions.
I.
Trois grandes approches de l’économie : Smith, Marx et Keynes.
A. Adam Smith (1723-1790)
De ses écrits a découlé l’économie libérale du XIXe (bien que ce soit un auteur du XVIIIe) : le « laisser-faire,
laisser passer », soit la théorie de la main invisible.
« C’est lorsque chaque individu tâche le plus qu’il le peut à augmenter son propre gain, qu’il travaille de la
façon la plus efficace pour l’intérêt de la société, comme conduit par la main invisible. »
Son message est clair : l’Etat ne doit pas intervenir. Ex : pas de droits de douane, libre circulation, etc.
Aux questions posées il répond :
1) Quel(s) bien(s) produire ?
Ce sont les consommateurs qui vont donner les indications. Il n’y a donc pas besoin de beaucoup
d’informations, tout se résume par un vecteur de prix.
Illustration : si tout le monde se précipite sur un bien donné, son prix va augmenter, il faudra donc le produire
davantage.
2) Comment le(s) produire ?
En laissant faire la libre concurrence entre les producteurs : seuls ceux qui ont les bonnes méthodes, les
bonnes techniques de production, vont survivre, car ce sont ces biens produits qui vont être les plus demandés.
3)
Pour qui le(s) produire ?
Cela revient à se demander comment redistribuer les richesses entre les ménages. Ce sont les marchés
du travail qui vont fixer les rémunérations en fonction de la productivité de l’agent.
Smith dira même : « Chacun est libre d’exercer la profession qu’il souhaite selon son degré de
productivité. »
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Mais cette dernière réponse a été remise en cause pour des critères d’équité et de justice (l’accès à certains postes
dépendent de nos études, de l’endroit où on vit, etc.) et ne respecte pas le plan d’arbitrage efficacité/équité (il
nous décrit seulement comment atteindre la plus grande efficacité)
Rappel : on mesure l’efficacité grâce au surplus de production (« faire le plus gros gâteau possible »). L’équité
correspondrait au partage égal du gâteau pour tout le monde.
Albert W. Tücker (1905-1995) va montrer que l’économie a besoin d’une instance de coordination (comme
l’Etat) pour fonctionner, au travers du « dilemme du prisonnier ».
« Le dilemme du prisonnier »
Deux hommes, Paul et Jojo, sont soupçonnés d’avoir fait une association de malfaiteurs pour commettre
un vol. On retrouve chez eux les objets volés, mais rien ne prouve leur culpabilité et tous deux nient
farouchement. Au cours de l’enquête, ils sont arrêtés et emprisonnés chacun dans une cellule différente : ils n’ont
ainsi aucun moyen de communication. Les enquêteurs leur offrent deux options :
- soit ils parlent et chargent le copain
- soit ils gardent le silence pour protéger le copain.
Jojo
Paul
Parler
Se taire
Parler
(-2 ; -2)
(0 ; -5)
Se taire
(-5 ; 0)
(-1/2 ; -1/2)
Les deux vont parler car Jojo et Paul ne sont pas sûrs de se connaître parfaitement. En effet, prenons le cas de
Jojo :
- S’il parle mais que Paul se tait, il ne va pas en prison.
- Si tous deux parlent, il écope de deux ans de prison.
- S’il se tait mais que Paul parle, il restera cinq ans en prison.
Il a donc tout intérêt à parler. Parler est donc ici la stratégie dominante, la moins risquée. Le fait que tous deux
parlent est sous optimal (ne pas aller en prison aurait été la solution optimale) car l’équilibre « parler/parler » est
paréto dominé.
Définition : Un équilibre est dit paréto dominé lorsqu’on peut augmenter le bien-être d’un des joueurs sans
diminuer celui de l’autre joueur (ex : « se taire/se taire » ou « parler/parler »)
Pour que le bien-être de Jojo et Paul soit optimal il aurait fallu une instance de coordination.
B. Karl Marx (1818-1883)
Il est le père des systèmes collectivistes. Cela signifie que tout est déterminé arbitrairement par les
responsables politiques : chaque entreprise reçoit son plan de production, sa grille de salaire, etc.
En URSS par exemple, on valorisait les tâches pénibles (les instituteurs étaient payés une misère), on favorisait
les industries lourdes aux industries des biens de consommation, et dans les industries des biens de
consommations les biens de nécessité étaient valorisés aux biens de luxe.
C. John Maynard Keynes (1883-1946)
Selon Keynes, il faut une coexistence du marché et de l’intervention de l’Etat, c’est-à-dire une économie libérale
de marché avec intervention de l’Etat.
Celui-ci doit intervenir au travers de trois fonctions :
- Fonction de production de biens et services
- Fonction de régulation et stabilisation de l’activité économique
- Fonction de redistribution des richesses
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
La fonction de production de biens et services :
Elle concerne les biens marchands.
Cette fonction n’a cessé de régresser en France depuis les grandes nationalisations de 1945 et plus tard en 1991.
La politique de l’Etat est au désengagement au travers des privatisations (ex : banque, énergie).
Il s’occupe maintenant principalement des services non-marchands, des biens publics, c’est-à-dire des biens
collectifs, tels que l’enseignement, les services de santé, etc.
Victor Hugo a même dit « chacun en a sa part et tous l’ont en entier » en parlant de la relation mère/enfant, ce
qui défini économiquement donne : « non excluabilité et non rivalité ».

La fonction de régulation et stabilisation de l’activité économique
L’Etat utilise des outils économiques tels que l’imposition, une politique budgétaire, une politique monétaire,
etc. pour gérer son économie.

La fonction de redistribution des richesses
C’est la fonction sociale de l’Etat. Elle est mesurée par les revenus secondaires (ex : allocation familiale, RMI
(plus d’un million de personne le touche en France), le minimum vieillesse, l’allocation adultes handicapés, etc.)
ou par les revenus prélevés.
Ces trois systèmes proposés pas ces grands économistes présentent des réponses différentes aux
questions posées. On se demande alors comment la science économique peut posséder un statut de science sans
être exacte, et comment elle se positionne par rapport aux sciences dures ? Bref, l’économie est-elle une
science ?
II.
La méthodologie des économistes
Il n’est pas possible d’appliquer à l’économie la totalité des critères de scientificité que l’on applique
aux disciplines comme les mathématiques ou la physique.
Il est ainsi presque impossible de prévoir parfaitement l’avenir en économie. Néanmoins, une théorie
économique est dite scientifique si les propositions sur lesquelles elle débouche ne peuvent pas être infirmées
par les faits (ou observations empiriques).
Définition : Une théorie économique est un mode de représentation causale (enchaînements de cause à effet).
Selon l’économiste Carl Popper (1902-1994), on ne peut jamais dire qu’une théorie est vraie
nécessairement, mais il suffit d’une seule observation pour qu’elle soit réfutée.
Comment choisir entre deux théories ? Pour Popper, ce choix s’effectue en faveur de celle qui a le contexte le
plus large, c’est-à-dire celle qui explique le plus de choses.
Les économistes cherchent ainsi une explication scientifique par rapport aux faits, et cette explication doit
permettre :
1) de décrire ce qui est, ce qui existe, et de le comprendre : c’est la proposition positive.
2) de décrire ce qu’il faudrait faire en émettant des jugements plus ou moins désirables d’une
politique : c’est la proposition normative.
Les théories économiques évoluent lorsqu’elles n’expliquent plus correctement les faits observés.
Exemple : À la fin des années 20, la pensée dominante de l’époque était celle des Classiques qui considéraient
que le chômage dans l’économie était un chômage volontaire, c’est-à-dire que le marché du travail était
équilibré.
Notion d’équilibre (notion fondamentale)
« Un mobile est dit en équilibre lorsque les oscillations cessent » cf. cours de physique chimie.
Le marché est le lieu de confrontation entre la demande et l’offre.
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Wp : salaire réel (p = prix) = salaire nominal = salaire de la monnaie du pays, ce qui revient à se demander
combien de paniers de biens je peux acheter avec mon salaire en euros ? C’est la définition du pouvoir d’achat
du salaire nominal.
Au point E, le marché du travail est dit équilibré car personne n’est contraint : L\S = L\d. Si en ce point il
y a du chômage, il est forcément volontaire car cela signifie que ces personnes refusent d’être payées au salaire
en vigueur (ils ne veulent pas travailler pour le prix qu’on les paie).
Dans les économies concurrentielles, les prix effectifs tendent vers les prix d’équilibre pour lesquels l’offre et la
demande sont égales. C’est la loi de l’offre et la demande.
Les Classiques considéraient également que l’Etat ne devait pas intervenir dans la vie économique, ainsi que la
loi de Say : toute offre crée sa propre demande, c’est-à-dire qu’il ne peut pas exister de crises dues à
l’insuffisance de la demande.
Mais le Krak boursier de 1929 et la crise des années 30 vont montrer l’inefficacité de cette théorie au profit de la
théorie Keynésienne. Cette théorie met l’accent sur la possibilité d’une insuffisance de la demande qui justifie
l’intervention de l’Etat.
A son tour, la théorie Keynésienne a été mise à mal dans les années 70 avec la stagflation (« stag- » pour la
stagnation de l’activité et « -flation » pour inflation) = montée du chômage et montée des prix. Ce fut
l’avènement des Monétaristes tels que Reagan aux Etats-Unis et Thatcher en Grande-Bretagne (aussi appelés
l’école de Chicago).
III.
Macroéconomie et microéconomie
La microéconomie correspond à l’étude des actions économiques des individus, c’est-à-dire qu’elle étudie :
- Comment le consommateur individuel guidé par ses préférences, ses goûts, et limité par ses ressources
financières, peut atteindre le maximum d’utilité possible en choisissant les quantités des différents biens
consommés ?
- Comment le producteur individuel est contraint par les techniques de production et ses capacités
financières peut atteindre le maximum de profits en écoulant sa production à partir de facteurs de
production qu’il emploie ?
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-
Comment le marché fonctionne-t-il ? Comment est déterminé le prix de vente des produits ?
La microéconomie est quant à elle consacrée à l’étude des caractéristiques globales d’une économie ;
par exemple l’étude de la consommation agrégée d’un pays (soit la somme de toutes les consommations
individuelles).
Il y a donc des liens étroits entre la microéconomie et la macroéconomie.
La macroéconomie est une science récente née avec Keynes ; auparavant il y avait l’analyse
économique (équivalent de la microéconomie). Keynes a montré que le passage micro/macro n’était pas si
simple et que ce qui était vrai au niveau individuel ne l’était pas forcément au niveau agrégé : c’est ce qu’il a
appelé le « no bridge ».
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